Sujet: Victoire amère || CHARLIE Dim 19 Oct 2014 - 20:09
C’était presque trop beau pour être vrai. T’avais pris l’habitude de regarder les news tous les jours, lire les rumeurs de Shu avec ton oeillade blasée. Affalé derrière l’écran que tu connaissais si bien, agitant ta sourire avec une vitesse sans égale pour dévorer ces quelques lignes qui tombaient au moins deux fois par mois. Au début, tu te moquais complètement de savoir pour Joselle avait trompé Bernard malgré deux mois et demi de relation, mais quand ce genre de soucis amoureux avait dérivé sur quelqu’un que tu avais appris à connaître, les choses avaient tourné différemment dans ta tête. Tes sourcils s’étaient froncés, ta langue battaient contre les bords de ta bouche avec nervosité, t’arrachant à cette coquille d’insensibilité que tu avais réussi à te créer. Les rumeurs, au sujet de l’unique entité à t’avoir cerné, mis-à-part Zelda, Charlie Bennett.
Deux ans. Deux ans sans la voir, lui parler, même l’accepter - deux ans après l’avoir littéralement effacée, te fermant à tout contact. T’avais pas l’habitude à l’époque, de sentir les gens si proches de toi, de te reposer sur quelqu’un mis-à-part Zelda. T’avais voulu la baisser plus bas que terre, cette D, pour la simple couleur qu’elle abordait ; désiré l’enterrer, pour te hisser plus haut que tu ne l’avais jamais été. Elle était censée être un tremplin, mais cette lutte que vous aviez mené, elle s’était montré plus forte et c’est toi qui avait fini par craquer, t’attachant dangereusement à elle. La blague Hadès, c’était tellement idiot et évident que t’en avais rit. Un génie comme toi, qui avait omit un détail si simple, un attachement envers une fille.
Amour ? Amitié ? Réconfort ? Admiration ? Pas la moindre idée. Et c’est la peur qui t’avait poussé à la rejeter, la peur qui t’avait poussé à te renfermer comme tu l’avais toujours été. Et, poussé par cette crainte, dégoûté par ton propre échec, t’avais fini par faire le pire. T’avais utilisé ton pouvoir, pour lui illustrer ton monde, la vie qui t’incarnait. Tu l’avais transporté dans les pires horreurs que t’avais vécu, mélangé ta connaissance des jeux aux récits sombres qu’on avait pu te raconter. C’étaient tes hontes et tes peurs qui avaient modelé ces mondes que tu l’avais forcé à affronter. Et puis, comme un cadeau d’adieu, t’avais fini par disparaitre de toi-même, l’éviter du mieux que tu pouvais.
Seulement, le goût de cette victoire était entaché de cette profonde culpabilité dont tu ne pouvais te débarrasser. T’avais tout essayé pour la faire disparaître, mais au final, même le fait de torturer Artus Théodore Myers n’arrivait pas à te soulager. C’était cruel pourtant, lui faire revivre quotidiennement le traumatisme qu’il avait dû affronter, mais ça n’était pas assez. Lui cracher au visage aurait été pire qu’envoyer réellement l’autre incapable de E dans la chambre d’hôpital d’où il venait - et l’attachement te tuait, chaque jour dans lequel tu y repensais. Zelda n’avait pas eu à demander pour comprendre ce que tu ressentais, et c’est avec surprise qu’elle s’était levée quand tu avais proposé de sortir pour prendre l’air.
Soleil, pire des poisons pour vous - mais dans ton cas, tu doutais de pouvoir tomber plus bas que tu ne l’étais. Après une douche rapide — chacun de son côté, mais l’autre dos contre la porte, sinon c’est déjà trop loin —, t’avais enfilé un simple t-shirt et une veste à capuche avant de prendre le large, ta main glissée dans celle de Zelda. Il y avait cet endroit dont on pouvait accéder depuis une ruelle, un escalier caché menant vers la tranquillité. Tout le trajet, t’avais songé à cette rumeur, la trahison que ce E avait mené envers Charlie. Sans même prendre la peine de vérifier la véracité de ces propos, t’avais laissé un sentiment de dégoût te submerger, comme un gamin à qui l’on vole son jouet. T’avais assez suivi les rumeurs pour savoir qu’elle le méritait, mais tu détestais ça, sans savoir ce qui motivait ton poing à vouloir broyer le visage de ce type.
Peut-être que les choses devaient finir de cette façon - t’en savais rien, te contentais de classer cette colère comme le refus d’avoir perdu ton rôle au profit de quelqu’un d’autre. Et puis, ce dégoût pour la cravate rouge n’aidait pas, te cantonnais dans cette perpétuelle mauvaise vue du hollandais. Mais, face à toute cette haine que tu prenais plaisir à lui adresser, tu savais que tu étais l’unique responsable de ce qui était arrivé - si t’avais fait face et assumé ton rôle de proche, peut-être que t’aurais pu lui éviter toute cette souffrance. C’est le regret qui était là, entre celui de n’avoir su affronter et celui de ne toujours pas arriver à oublier - tes jambes de plombs te menèrent jusqu’à la haute place, au final d’un trajet interminable.
T’avais pris cet escalier mille fois, fait ce trajet si longtemps que t’en connaissais jusqu’à l’effort à donner. Mais peut-être, qu’au fond de toi, tu savais ce que tu allais y trouver. Parce que, dans chaque belle histoire que t’avais expérimenté derrière ton écran, après l’océan de regrets dont le héros s’accable, il finissait toujours par retrouver l’objet de son mal - debout là, les bras posés contre la barrière ; le visage comme lavé de toute cette souffrance que tu lui avais offerte. Comme si elle te revenait maintenant, se libérant au travers d’un rire résolu. Fais face Hadès, car nul ne connait mieux la compétition que toi.
« … C’notre place, ici. On peut voir l’aquarium, le clocher et la plage sans mourir d’un torticolis. »
PV. Charlie • Début septembre • mediumpurple
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Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Lun 20 Oct 2014 - 23:26
hello again
J’aurais dû prendre un foulard… C’est cette pensée bien simple qui tourne en boucle dans mon esprit depuis que j’ai fini mon service et quitté le café. Vieux réflexe, je remonte le col de ma veste trop fine autour de mon cou. Il commence à faire de plus en plus frais, même en pleine journée et malgré le soleil voilà d’un blanc éclatant. Je ne devrais plus avoir à me soucier de ma santé puisque je me guéris toute seule. Mais les habitudes ont la dent dure. En quatre ans à Prismver, j’ai dû m’habituer à tellement de choses, mais aussi à tellement de gens et à tous les changements qui nous bousculent sans cesse… C’est presque déroutant de fatigue parfois.
C’est peut-être pour ça que j’ai gardé mon habitude principale : celle de prendre mon temps et d’aller me balader, mon appareil photo lové pas loin au fond de mon sac en bandoulière couleur camel –comme mes bottines en cuir qui égayent mon jean slim bleu foncé. Mes talons claquent contre les pavés, faisant résonner ce léger bruit reconnaissable contre les murs de cette ruelle assassine qui nous oblige à grimper doucement mais sûrement des escaliers un tantinet dangereux. L’accès y est difficile presque méconnu, mais le jeu de zigzag entre les pavés défoncés et la mousse glissante en vaut la chandelle. Car en haut, la vue est imprenable. On domine littéralement la haute place. Et le reste du monde peut grouiller tranquillement en bas. Sans nous.
Arrivée à bon port sans m’être tordue la cheville, mon sac atterrit sur la rambarde. Un instant où j’observe ce qui se passe loin devant moi. Puis mes pensées dérivent sur Pytha qui doit être en plein face-à-face avec Skygge. Je le préviens tout de même d’un discret lms que je suis en vadrouille et qu’on se retrouvera après.
P. Matthijs Hemelrijk a écrit:
to charlie
fais ton p'tit tour, moi j'mets une raclée à Skygge (tu devras deviner le score) et on s'retrouve pour la sieste après. comme d'hab' 8)
Notre échange me fait sourire. Rire au fur et à mesure que les sous-entendus se font. C’est loin d’être désagréable de se laisser aller à cette forme de complicité panachée. Un battement de cils. Les secondes s’égrènent plus calmement et dans mon dos, deux passants viennent faire une halte sur le banc. Leurs mots ne m’atteignent pas tout de suite, plus préoccupée par les réglages de mon réflexe. Mais les histoires des deux femmes se mêlent et certaines phrases me frappent.
« … Tu peux pas savoir ce que ça me manque. Tellement que j’en ai le vertige parfois. Ou le mal de mer. Comme un haut-le-cœur de solitude parce que j’ai perdu une seule petite attache. »
Je me racle doucement la gorge. Me redresse. Alors que son amie passe un bras sur ses épaules et l’invite à venir boire un café chez elle.
Les manques. Comme ses aiguilles en plein cœur. Je vis avec eux moi aussi. Ils sont déjà trop nombreux. Ceux à qui je n’ai pas pu dire au revoir. Et le principe même de la vie laisse présager que cela n’est que le début. Ma plus grande peur. Et si on ajoute à cela les relations qui se détissent pour tout un tas de raisons, le plomb s’insinue un peu plus dans le sang. Lourd.
Mais Hitchcok réapparaît pour alléger mon air. Nouvel échange. Nouveau rire. Et je ne remarque pas tout de suite le duo qui surgit. Pas jusqu’à ce que mon regard ne tombe sur la présence détectée.
__ … C’notre place, ici. On peut voir l’aquarium, le clocher et la plage sans mourir d’un torticolis.
Hadès. Un de mes manques. Malgré tout.
Il ne va pas m’éviter aujourd’hui ?
__ Je sais. C’est la meilleure place.
Mon esprit fait la connexion directement. C’est pour ça qu’ils sont là. Zelda et lui. Un spot où ils doivent se sentir bien. Je me redresse en esquissant un sourire faiblard. Je me décale d’un pas sur le côté, me posant sur sa route.
__ Combien de temps Hadès ? Je croise mes bras. Et mon regard oscille entre eux. Tu comptes me fuir encore combien de temps ? Encore trois ans ? Quand on ne sera plus sur cette île ?
Est-ce que c’est vraiment à moi de faire le premier pas ? Après ce qui s’est passé ? Son monde d’horreurs dans lequel il m’a noyé ? Non. Je ne crois pas. Alors pourquoi tu lui parles Charlie ? Pourquoi tu le regardes ? Pourquoi tu t’interposes dans ses plans, le poussant presque à rester là, avec toi, près de ce banc vide qui domine la ville.
Parce que j’ai envie de laisser une chance comme celles qu’on m’offre ? Lui, il se débrouillera certainement mieux que moi pour ne pas la piétiner. C’est un génie après tout.
Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Ven 31 Oct 2014 - 19:21
La meilleure place. Réservée aux meilleurs. L’éventualité d’un sourire te traverse, tu finis par y renoncer, barre ton visage d’une expression fermée. Charlie. Ca fait combien de temps ? Facile à deviner, facile de se souvenir pour toi. Les années ont effacé ce manque mais c’était difficile au début, pourtant, tu as fini par comprendre les choses : Zelda te suffit. Alors qu’est-ce qu’elle espère en essayant encore ? Qu’est-ce qu’elle cherche en te questionnant ? C’est comme Dahlia l’a dit. Hadès, maître des enfers, un nom auquel il doit faire honneur - un nom qui montre que vous n’appartenez pas au même monde. Et au fond, elle n’est pas la seule, car tu ne l’as invitée dans ce royaume que quelques fois pour l’y détruire - et cette agaçante détermination l’a fait se relever à chaque fois, pour souffrir à nouveau.
Par fierté ? Par amour ? Par refus de l’abandonner ? Ca dépassait l’entendement. Et cette incompréhension de toute l’humanité qu’elle dégageait finissait par te rendre fou. Le regard de braise, allumé d’une flamme de colère, ta main serre un peu plus celle de Zelda pour s’accrocher à elle. A sa présence. Sauve-moi. Ramène-moi. Parce qu’à chaque fois que tu menaces de te perdre, c’est elle qui te ramène. Peut-être qu’au fond, vous êtes tous deux perdus dans votre sanctuaire de folie, peut-être qu’elle ne fait que te ramener de nouveau dans votre monde que vous avez créé pour vous deux. Peut-être que l’un et l’autre, vous ne vous sauvez pas, mais vous ramenez à la réalité, dans laquelle vous vous êtes connus.
Combien de temps ?
Au fond ça n’a pas d’importance. Des semaines t’avaient suffit pour oublier, et à partir de là, le reste n’avait pas d’intérêt. Elle pouvait bien regretter, te détester, te maudire et nourrir pendant des années sa rancoeur à ton égard, rien n’y changerait - parce que pour toi, ce passé était maintenant effacé. C’est comme ça que les choses fonctionnent pour toi, non ? Avancer, sans se retourner, mépriser et ignorer - gagner, gagner, toujours gagner. Ca doit te sembler facile. Mais au fond, c’était naïf de ta part de penser que les vestiges de tes combats ne te toucheraient pas. Insensible ? Sans doute pas Hadès. Et la vision de sa souffrance te prend à la gorge quand ses yeux trouvent les tiens, la culpabilité enfouie, effacée, écrasée par cette haine des jaunes.
Cette haine des autres. Cette haine du monde.
Comme si ça pouvait suffire. Prendre la fuite avait semblé être la meilleure option, l’unique option possible à vrai dire. Parce que battre en retraite n’était pas synonyme de défaite si tant est que la victoire tait au bout du chemin. Partir pour mieux revenir. S’éloigner pour mieux détruire. Lâcheté ? La prudence semblait mieux convenir pour qualifier tes agissements. Et au fond, la victoire était pour toi un prétexte plus que suffisant pour tourner le dos à ton humanité et aux liens que tu avais noué. C’était ça Hadès, la vérité livrée sur un plateau d’argent que tu n’hésitais pas à renverser si ça pouvait servir ton intérêt, ton incessant combat. La victoire, la victoire, une addiction, la victoire, indispensable et jusque là toujours présente, au terme de chacune de tes batailles.
C’était ça Hadès. Une victoire amère. Une satisfaction tachée par la trahison et le dégoût. Il mutilait son propre plaisir à force de se détruire pour l’obtenir. Et pourtant, ça n’y changeait rien. La victoire demeurait plus importante que tout à ses yeux, la victoire avant tout. Hadès qui ne réalisait pas qu’il avait déjà perdu les dernières bribes de sa raison pour l’obtenir.
« T’as l’intention de bosser un peu plus et revêtir une cravate violette ? Parce que sans ça, ça peut durer encore longtemps. Moi ça ne me dérange pas. »
C’est ça Hadès. Ignore-la, cette humanité. Tourne-lui le dos. Ecrase tes sentiments, écrase cette attachement dont tu n’as pas besoin. Qu’est-ce qu’elle va t’apporter Charlie ? Qu’est-ce qu’il va t’apporter, ce lien ? Des problèmes, de la rancoeur, des souffrances - et peut-être, sait-on jamais, de la jalousie. C’est ça Charlie, reviens avec cet air dégoulinant d’humanité, reviens réveiller cette culpabilité qu’il a tout fait pour supprimer. Lui refuse de traîner ce poids inutile que chacun s’exerce à obtenir.
« Et encore, il te faut la mentalité correspondante. T’attends quoi, Charlie ? Que je revienne vers toi ? Me fais pas rire. J’comprends pas votre délire à tous, j’vois bien tous les problèmes que vos attaches vous apportent. Tu veux quoi ? Me récupérer pour m’entraîner dans des problèmes comme ceux que t’as eu avec Ackland ? » Regard pour Zelda et son don scoop, pas besoin de davantage d’explications. « Masochiste ou juste stupide, je comprendrai jamais ça. »
Sans ajouter un mot, tu t’avances pour prendre la place qui te revient, soulevant Zelda pour l’asseoir sur le bord de la rambarde. Comme toujours. Habitude, cercle vicieux, coincés dans ce monde loin de la réalité. Aveugle, les yeux bridés par le mensonge.
PV. Charlie • Début septembre • mediumpurple
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Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Lun 3 Nov 2014 - 10:45
goodbye again ?
- T’as l’intention de bosser un peu plus et revêtir une cravate violette ? Parce que sans ça, ça peut durer encore longtemps. Moi ça ne me dérange pas. Et encore, il te faut la mentalité correspondante. - Oh god. Depuis quand la couleur d'une cravate définit une mentalité ?
Mes mains s’élèvent en l’air -comme ma voix- avant de s’abattre dans le vide. Exaspérée. I'm sick of this. Cette guerre des classes me fait chier. Putain, voyez plus loin ! Une fois sortis de cette île, tous vos petits jeux et votre gueguerre n'aura servi à rien.
- T’attends quoi, Charlie ? Que je revienne vers toi ? - Hoo... Revenir vers moi ? Non ça serait trop d'honneur apparemment. Mais ne viens-je pas de faire le premier pas ? Hé oui j'ai eu cette bassesse-là. Qu'on me pardonne. - Me fais pas rire. J’comprends pas votre délire à tous, j’vois bien tous les problèmes que vos attaches vous apportent. Tu veux quoi ? Me récupérer pour m’entraîner dans des problèmes comme ceux que t’as eu avec Ackland ? Masochiste ou juste stupide, je comprendrai jamais ça.
Sourcils froncés, mâchoire serrée, j’inspire pour tenter de calmer ce qui bout à cet instant dans mes veines. Mais rien à faire, même dans le moindre de ses gestes, il y a le dédain. Toujours ses mêmes lances venimeuses qu’il balance dès qu’il peut. Alors il me suffit d’un pas, d’un mouvement pour l’obliger à me faire face. C’est toujours mon impulsivité qui me donne le plus de force.
Et la gifle part. Eclate sur sa joue.
Et je m’étonne moi-même de la puissance que j’y ai mis. Presque choquée. Ma main est littéralement engourdie. Ça picote comme des milliers de fourmis sous la peau et il y a ce très faible tremblement qui sévit. Blessés. Lui et moi c’est évident que nous le sommes. Mais lui ne l’admettra jamais. Je me détourne à moitié, levant tout de même mon regard sur son visage, sa joue rougie. L’émotion grignotant toujours le brun de mes yeux, mon autre main vient masser celle qui vient de le gifler.
- Tu as raison. Les attaches ça ne servent strictement rien. On se demande bien pourquoi tu mènes cette guérilla vu que ce n'est donc absolument pas pour tes propres camarades. Sévère et froide, ma voix a claqué également. Mes iris tombent sur la jeune fille que j’adore pour sa singularité. Elle qui m’a appris à jouer aux échecs. Je les adore alors que je ne devrais pas ? Et au fait, est-ce qu'un jour Zelda aussi tu vas la considérer comme un lien négligeable et t'en défaire comme si elle n'était qu'une gêne ? Je les dévisage tous deux. Mais la n'est pas la question, pas vrai ? Ce n’est qu’un détail. Et mon ton se change en pierre. Dure. J’inspire avec force. Tu es juste effrayé. Je te fais peur. On te fait tous peur. Et c’est ce qui te rend plus humain que tu ne le crois Hadès. Pathétiquement humain.
Et ces derniers mots écorchent mes lèvres. Je ne devrais pas avoir à dire ce genre de choses pour espérer le faire réagir. Personne ne devrait le dire. Et personne ne devrait l’entendre. Ça me paraît cruel. Laisse un arrière-goût horriblement au fond de la gorge. Parce qu’en réalité je n’ai même pas la force de me montrer différente de lui. Je lui renvoies purement et simplement la balle. Et ce n’est pas en agissant ainsi que ça risque d’avoir un quelconque impact. Mon regard s’échappe. En peine. Et mon corps amorce la même mécanique. On s’est tout dit apparemment. Mais je me stoppe dos à lui. Mon visage se tourne à peine au-dessus de mon épaule.
- Je suis déçue. Le génie devrait savoir faire ressortir le meilleur de l’humain. Et trouver son propre équilibre si il veut vraiment nous surpasser. C’est dit doucement. Mais tu sais, être amis ne veut pas dire vouloir quelque chose de l’autre. On n’a pas être dépendants l’un de l’autre. On peut juste avancer ensemble. Et même pas besoin d’être sur le même chemin, faut juste savoir être là aux croisements. Mais ça, c’est peut-être trop dur pour toi.
Je déglutis. C’est amer. Je souffle, dépitée et triste. Engageant l’abandon de leur spot en resserrant le col de ma veste autour de mon cou.
Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Mar 4 Nov 2014 - 13:42
Colère. Parce que tu n’aimes pas être contredit, parce que tu es toujours persuadé d’avoir raison en tout point et que les remarques qui vont à ton encontre te semblent futiles. Parce qu’une D qui tente de t’apprendre la vie, ça te met en rogne - et tu devrais presque la remercier pour ça. Merci Charlie d’avoir piqué sa fierté à vif, merci Charlie de lui donner l’opportunité de s’en sortir. Il avait peur de ça tu sais, il avait peur de toi. Il voulait pas te revoir parce qu’il craignait de s’attacher, de perdre la fil comme il l’avait déjà fait. C’était le résumé exact de cette relation depuis le début - une course-poursuite incessante.
Pourquoi Charlie ? Pourquoi tu le laisses pas tranquille ? Tu vois pas qu’il en veut pas de ça ? Zelda lui suffit tu sais, il aurait pu continuer encore longtemps. C’est pas lui le plus cruel dans l’histoire, il a eu le bon sens de t’éviter. C’était dans son propre intérêt, mais ça t’a quand même fermée à toute souffrance. T’as bien vécu non ? Laisse-le vivre lui aussi, rouvre pas cette plaie. Trois ans ont passé mais il est toujours le même, obsédé de victoire et terrifié de souffrance. Il fera tout pour l’éviter, quitte à te faire du mal de nouveau - parce que t’auras beau faire, il ne pourra pas s’attacher à toi sans éprouver de regrets.
C’est contre-nature. Contre sa nature.
« Oh god. Depuis quand la couleur d'une cravate définit une mentalité ? »
Sourire amer. La réponse tinte à tes oreilles d’elle-même, nichée dans la question. Le fait-même qu’elle lui demande prouve déjà la différence de mentalité entre un jaune et un violet. Fier d’avoir un coup d’avance, fier de comprendre là où elle échoue - fier d’être à nouveau le génie que tu clames être. Et mêlé à cette frayeur, à ce refus de souffrance, cette satisfaction te ramène à toi et creuse la distance entre vous, te redonne contenance. C’est l’erreur qu’elle a faite, l’erreur de s’afficher comme toutes ces personnes que tu tentes d’écraser.
Au fond tu l’as toujours su, tu l’as appréciée malgré cette mentalité. C’est sans doute rien de plus qu’une excuse pour à nouveau te détacher.
Et la gifle part lorsque tu termines ta tirade, l’évocation d’Ackland l’a faite craquer. Tu restes debout, porte une main à ta joue, pas vraiment surpris de sa réaction. Tu savais très bien à quoi t’attendre en prononçant chacun de tes mots, simplement, mais tu dois bien admettre que tu ne pensais pas qu’elle en arriverait là. Clignement d’oeil tandis que la douleur s’estompe doucement - tu vois bien à sa main toute la force qu’elle a mise dans son geste.
« Tu as raison. Les attaches ça ne servent strictement rien. On se demande bien pourquoi tu mènes cette guérilla vu que ce n'est donc absolument pas pour tes propres camarades. » « La victoire évidemment. T’es certaine que tu me connais ? »
Le ton est amer. Tu n’es pas rancunier mais tu n’aimes pas les imprévus, et le fait de n’avoir pas vu venir ça te met en colère contre toi-même. C’était pourtant logique. C’était pourtant évident. Maintenant que les choses sont faites, ça t’énerve. Se mettre hors d’atteinte de toutes les classes rivales et même des A gênants, et s’en prendre une venant d’une vieille amie ? C’est presque ridicule. Ca te fait même sourire, et tu te débarrasses de cette frustration au profit d’un certain amusement. Apprends de tes erreurs, c’est plus facile que de les rassasser - pour le peu qu’elles sont, de toute façon.
« Et au fait, est-ce qu'un jour Zelda aussi tu vas la considérer comme un lien négligeable et t'en défaire comme si elle n'était qu'une gêne ? » « Sérieusement ? Là tu dois te foutre de ma g... » « Tu es juste effrayé. Je te fais peur. On te fait tous peur. Et c’est ce qui te rend plus humain que tu ne le crois Hadès. Pathétiquement humain. »
Silence. Ton regard se pose sur Zelda et tu hausses les sourcils, faussement surpris par cette affirmation. Etonnant qu’elle arrive à dire ça après tout ce qu’elle a traversé par ta faute - et c’est tellement surprenant que tu ne trouves rien à y redire. Oui, tu es humain. Bien joué Charlie, pour cette remarque perspicace. Et alors ? Qu’est-ce que ca change ? C’est censé lui provoquer une prise de conscience, le faire arrêter au nom d’une pseudo-humanité qu’il est loin de posséder ? Quelle blague. Il a jamais eu de mal à piétiner ses propres relations auu profit de ses objectifs.
Tu te sens différente ? Au dessus ? Unique ? T’emballe pas Charlie. T’as peut-être pas tort de penser qu’il t’a appréciée mais avec lui, ça représente rien. Alors, c’est comment de savoir que l’on peut se faire jeter sans remords à n’importe quel moment ? Il est humain c’est vrai, cruellement humain. Il sourit, s’apprête à répondre, avouer peut-être, pour mieux briser les vestiges de cette amitié qu’ils ont un jour construite, mais elle reprend la parole. Elle lui tourne le dos, formule trois mots qui froncent ses sourcils dans une expression sérieuse. Déception. Elle enchaîne, remet en cause son génie, l’une des trois attaches qui conservent son identité.
T’es sérieuse ? Tu veux jouer sur ce terrain avec lui ? T’as déjà vu l’enfer Charlie, c’est lui qui te l’a montré. T’as déjà vu bon nombre de choses, mais il en a trop en réserve pour que tu puisses un jour toutes les voir. Et pourtant, tu le provoques ? Hadès c’est un gamin tu sais, un gamin qui aime pas perdre. Il se donne à fond, il veut les regards, l’admiration, il veut la victoire. C’est pas sage de faire ça, c’est pas intelligent de le provoquer là où il est assuré de gagner. T’as eu son affection oui, mais il est pas bâti comme toi. Chez lui, la fierté c’est bien plus important que n’importe quel lien qu’il pourrait bien construire.
Regrette ces mots Charlie, parce que ce sont les derniers qu’il voudra entendre de toi.
« Tu nous fait quoi là ? Tu me provoques ? Tu sais comme ça va finir. Tu dois être tarée, Bennett. Mais ok, je vais te montrer à quel point l’humanité peut être cruelle. »
Le décor change, le monde parallèle se modèle, retrace la vie de Charlie. On y voit Pytha, le visage décomposé, on y voit Charlie et Heath dans leurs exercices dont ils ont l’habitude. Cercle vicieux dont elle s’est débarrassée mais qui ne cessera pas de la hanter. Et Hannah s’ajoute, déçue et attristée de l’attitude de son amie. Regarde à nouveau Charlie, la souffrance que tu créé. Regrette de l’avoir rencontré, le Maître des Enfers.
PV. Charlie • Début septembre • mediumpurple
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Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Ven 7 Nov 2014 - 19:27
obstination
- Tu nous fait quoi là ? Tu me provoques ? Tu sais comme ça va finir. Tu dois être tarée, Bennett. Mais ok, je vais te montrer à quel point l’humanité peut être cruelle.
Pause. À peine le temps de me retourner. D’inspirer -comme si ça pouvait retenir la chute. Mes tripes le sentent, en frémissent d'effroi -traumatisées. Mes jambes aussi. Étrange sensation. Ce n’est pas censée être notre… ou plutôt ma réalité. Ou si, mais ailleurs. En parallèle. Et pourtant la sensation de changement fait trembler les muscles de mes jambes. La respiration devient difficile quelques secondes. L’apnée est presque même nécessaire. Et ce haut-le-cœur infernal auquel s’ajoute une sueur froide qui glisse sournoisement le long de ma colonne vertébrale. Horreur.
J’ai fermé les yeux. Et en les rouvrant, le paysage frappe par sa familiarité. Mon regard se plisse. Mon cœur aussi. Trituré, torturé, affligé. Juste en peine. C’est toujours aussi poignant. Leurs expressions. Je déglutis, mal à l’aise. Mais je ne détourne pas le regard pour autant. Bouffée d’air. Je serre la mâchoire avec force. Sourcils froncés. Regard droit devant moi, je croise les bras. Tête de mule.
- T’es certain que tu me connais Hadès ? Je fixe un point dans le vide comme si il était juste là, devant moi. Je n’ai pas la prétention de pouvoir briser une de ses créations mais… Je croyais que tu savais ce qui me faisait le plus souffrir. Bien sûr, ça en fait partie. Oh que oui. Le dégoût de soi est toujours là. Virulent. C’est affligeant. Et la plaie se rouvre si facilement. Béante et à vif. Mais ce n’est pas le pire. J’ai déjà fait pire. Et tu le sais. Alors vas-y. Qu’est-ce que t’attends ?! Creuse plus loin. Tu sais ce qui me fait le plus de mal. Extirpe-le. Matérialise-le. Et brise-moi. Brise-nous. Puisque tu n’attends que ça, fais-toi plaisir.
Ma voix s’est voilée. Coincée dans un étau de colère, de provocation et d’assurance que je ne me connais pas. Car oui, ce n’est que de l’esprit de contradiction. Que de l’obstination. Advienne que pourra. Je ne veux plus forcer qui que ce soit d’une quelconque façon. Parce que c’est vrai. Heath s’est senti obligé de veiller sur moi par la suite, en acceptant cette relation bancale, cette situation que j’ai créée et dans laquelle on s’est engouffrés. Inconsciemment certes, mais ce n’est en rien une excuse. L’exigence est là. L’intolérance à sa propre faiblesse aussi. Persistante. Et c’est ce qui nous lie certainement le plus. Hadès et moi. Mais plus que jamais, aujourd’hui, j’ai envie de croire que chacun est maître de ses décisions. Et si c’est ce qu’il veut, je vais même lui offrir les moyens d’anéantir notre relation. Offrande. Parce que je ne sais pas non plus me battre. Je ne suis pas forte, même si mon regard ne se détourne pas. Ce n’est pas de la force. C’est de l’entêtement.
Blesse-moi. Je guérirais. Brise-moi. Je recollerais les morceaux. As I always do.
Même si l’instabilité de mon être est déjà bien branlant. Un peu plus ou un peu moins. Je m’en fiche. Impulsivité amère. Les regrets s’accumulent. Le poids du cœur s’alourdit. Il y a comme un étranglement infime. Car la petite voix au fond de moi hurle : "Tu vas en perdre un autre. Et encore une fois, ça sera de ta faute."
So be it !
- Venge-toi de ce que je t’ai fait, puisque me côtoyer est si insupportable. Corrige ma faute d’avoir voulu être ton amie et rien de plus. Vas-y Hadès.
Représente le monde. Représente ton monde à travers le mien. On verra si je résiste ou si je m’écroule. Roulette russe !
Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Lun 10 Nov 2014 - 3:50
Tu le vois pas Charlie ? Pourtant c’est clair. Pourtant c’est là. Tu la vois pas son envie de te voir disparaître ? Tu la vois pas son envie d’avancer sans qu’on ne lui emboîte le pas ? Au fond t’as pas tort quand tu parles de vraie dépendance. Au fond t’as même raison quand tu parles de ces liens qui sont si forts. Il est humain lui aussi tu sais, il a besoin de ça - il a juste décidé de pas s’éparpiller et s’en remet simplement à Zelda. C’est vraiment mal de vouloir éviter de souffrir ? C’est vraiment mal de repousser les liens par tous les moyens possibles pour s’éviter de se blesser avec ?
Il comprend vraiment pas tu sais, il voit pas ce besoin de s’attacher au risque de se faire mal. La vie a jamais été qu’un jeu dans laquelle il s’est battu pour exister et elle est là sa victoire. Il a jamais pris le risque de créer des liens parce qu’il savait qu’il finirait par le regretter, et seul un idiot se lancerait d’un combat sans avoir de chances de gagner. Il voulait juste éviter de souffrir Hadès, t’es pas capable de comprendre ça ? C’est pour ça que tu reviens non ? C’est pour ça que t’espère le rattraper ? Mettre fin à cet éloignement, mettre fin à cette douleur - et lui est résolu à l’accepter, convaincu d’en éviter une plus grande encore.
Et c’est à ça que lui sert son pouvoir, à contrôler la situation. C’est à ça que lui sert cette peur, à fermer cette bouche porteuse de vérité. Tais-toi Charlie, arrête de lui rappeler son humanité. Il veut pas se lancer, c’est ça que vous avez tous du mal à piger. Pourquoi se jeter dans la réalité si c’est pour s’y casser la gueule ? Laisse-le Charlie, laisse-le cogiter dans son monde si bien imaginé, laisse-le vivre dans ce décor rêvé. Tu regrettes pas maintenant ? Tu regrettes pas de pas faire comme lui ? Ouvre les yeux toi aussi, regarde autour de toi, regarde cette souffrance que cette amitié a rouverte. Regarde cette souffrance que tes liens ont provoqué.
Pourtant tu restes debout, entêtée, courageuse, forte. Pourtant tu lui laisses aucune place Charlie, tu refuse de la laisser dominer. Alors c’est ça ? Tout tient de l’entêtement ? Tu refuses de le laisser gagner ? Faut bien admettre qu’il a raison pourtant, il est bien lui, loin de cette toile de liens que chacun s’est décidé à tisser. Regarde le résultat de cette humanité, de cette confiance que tu lui as accordé. T’as raison Charlie, il sait maintenant, il sait comment te briser parce que t’as fait l’erreur de t’attacher. Tout est là Charlie, alors pourquoi tu laisses pas juste tomber ? Pourquoi t’admets juste pas qu’il a raison ? Il connaîtra peut-être jamais le bonheur comme toi, mais lui risque pas de se briser étant donné qu’il s’est jamais lancé.
« T’as tort sur toute la ligne Charlie. On a passé des bons moments, tu sais ? J’les ai pas oubliés. J’en veux juste plus. »
Et maintenant c’est trop tard pour toi. T’aurais dû t’y résoudre plus tôt, parce que Hadès va pas t’épargner. Il a cette arrogance infinie, cette persuasion d’être au dessus du lot et exact dans sa vision du monde. Pourquoi tu t’es juste pas détachée comme il l’a fait ? Pourquoi t’as juste pas tourné le dos à tout ce qu’il était ? T’aurais dû tu sais, t’aurais dû l’oublier, t’aurais dû faire comme lui, briser les autres avant de se briser lui-même. Par égoïsme. Par lâcheté.
« Notre lien était réel, mais comme t’es une source à problèmes et que j’en veux pas, j’me suis dit que j’allais me barrer. »
C’est naturel. C’est cruel parce que c’est la vérité qu’il te formule avec ce ton monocorde. C’est cruel parce qu’il sait où frapper, parce qu’il connaît ce manque d’estime et c’est ce qu’il compte empirer. T’es forte Charlie, tu sais te relever, lui va juste veiller à ce que t’oublies jamais à quel point ce geste ne fera qu’empirer les choses. Vas-y Charlie, relève-toi, bats-toi. Fais du mal aux autres par ta seule existence.
« J’veux pas souffrir par ta faute, c’est une décision raisonnable et j’pense que tout le monde devrait en faire autant. Franchement, après un tel coup de pute, j’comprends pas comment l’autre hollandais a pu de nouveau te regarder. »
Il a vu tout ça Hadès, il a enregistré toutes les informations qu’il savait utiles. Tu crois que Pytha souffre pas en te voyant arriver ? Tu crois qu’il voit pas ce désir pour Heath dans ton regard ? Tu crois qu’il oubliera un jour ce coup que tu lui as fait ? Peut-être qu’il pourra au fond, il en sait rien Hadès, il va juste veiller à ce que ce soit jamais le cas - et pour toi, encore davantage.
« T’es forte Charlie, t’es vraiment forte. T’arrives à te voiler la face assez pour penser que tu fais pas que du mal autour de toi. Si t’es si humaine alors vas-y, agis pour les autres. Peut-être que si un jour tu comprends que ça fera du bien à tout le monde, t’arrêteras de lutter pour te relever. »
PV. Charlie • Début septembre • mediumpurple
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Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Mar 11 Nov 2014 - 20:48
suffering
Non, ce n’est pas mal. Moi aussi j’étais comme ça. Je le suis peut-être toujours un peu. Je pose juste mes barrières différemment. J’ouvre la porte. Mais il y en a une autre. Une porte dérobée et cadenassée. Et là pour l’atteindre, c’est différent. J’en ai conscience. Que depuis la mort d’Aaron, j’ai peur. Autant que toi. Peut-être même plus si ça se trouve. Mais je ne peux pas m’empêcher de m’intéresser, inconsciemment vouloir plus. Rencontrer et apprendre à connaître quelqu’un : c’est précieux, ça devrait se chérir. Ça devrait.
- Notre lien était réel, mais comme t’es une source à problèmes et que j’en veux pas, j’me suis dit que j’allais me barrer.
Première salve. Ça commence. Le venin est là.
- J’veux pas souffrir par ta faute, c’est une décision raisonnable et j’pense que tout le monde devrait en faire autant.. L’acide en aérosol se diffuse. Ronge et ravage toujours alors que l’éboulement du palpitant démarre. Il y a l’accélération. Tout se crispe. Mécaniquement. Une vaine tentative de tout retenir. On fait moins la fière déjà. Franchement, après un tel coup de pute, j’comprends pas comment l’autre hollandais a pu de nouveau te regarder. … Puis l’apnée. Tout tremble.
Moi non plus je comprends pas. Moi non plus je ne sais pas pourquoi. Et ça me fait peur. J’ai cette constante appréhension. Ce risque qui étreint mon coeur. De décevoir Pytha encore une fois. De perdre encore quelqu’un. À cause de moi. Toujours à cause de moi. Je le sais déjà tout ça. Je le sais déjà. Je le sais déjà. Je le sais déjà.
Je ferme les yeux comme pour ne pas perdre l’équilibre, me placer dans le ventre de la tempête de mon propre esprit. Et pourtant, j’ai chaud, j’ai froid. J’ai mal. Mal au coeur.
- T’es forte Charlie, t’es vraiment forte. T’arrives à te voiler la face assez pour penser que tu fais pas que du mal autour de toi. Si t’es si humaine alors vas-y, agis pour les autres. Peut-être que si un jour tu comprends que ça fera du bien à tout le monde, t’arrêteras de lutter pour te relever.
Mes mains viennent se plaquer contre mes oreilles. La tête dans les épaules. Je me cramponne à rien. Tout se comprime.
- Tais-toi. Tais-toi Hadès ! Je le sais déjà tout ça. Je le sais.
Est-ce lui qui vient de supprimer l’oxygène de ce monde ou est-ce moi qui replonge tête la première ? Crise de panique. Le monde tourne. Et le mien tournerait mieux sans moi ? Non. Non. Non. Non. Non. Non. Stop. J’en sais rien. Je veux pas savoir. Je veux pas me poser la question. Je ne veux pas y penser.
Et entre deux hoquets où mes poumons cherchent de l’air, je relève mes yeux embués dans le vague.
- J’veux pas faire de mal. Personne ne veut. Et j’veux pas t’en faire non plus. Mais j’peux rien garantir, Hadès. J’suis désolée. Je déglutis difficilement à cause de ce chaos qui étouffe ma cage thoracique. J’suis désolée, Hadès. Mais je peux pas m’empêcher de Tournis. Le paysage se floutte. Ça part en vrille. Littéralement. ...d’être moi. D’être humaine.
Mes jambes me lâchent. Genoux à terre. Les mains plaquées au sol, je m’y fixe malgré les nerfs qui chancellent. Je tremblerais presque plus que lorsque je faisais face à Nathan. Mais c’est moi. Je sais que c’est moi. Mon propre ennemi. De longues minutes trépassent alors que je tente de reprendre contenance. Torturant mes poumons pour qu’ils cessent de se contracter aussi rapidement. Que l’air rentre. Que la suffocation se coupe nette. Mais l’esprit tordu ne laisse pas sa voix sortir de ma tête comme ça. Ça serait trop facile. Et pourtant... Malgré la peine, le remords et le dégoût de soi qui défilent sur les traits de mon visage, j’ai ce regain d’obstination. Un brin de fierté qui me fait lever la tête.
- C’est pas à moi de t’accepter. Je l’ai déjà fait. C’est l’inverse qui doit se faire, Had...
C’est à toi de savoir ce que tu peux encaisser à cause de moi. Ma force est dérisoire par rapport à la tienne. La preuve. Je suis déjà à terre. La plus instable. La plus déséquilibrée.
Et pourtant, je suis celle qui s’échine toujours à essayer. Et se rétame toujours royalement.
Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Sam 15 Nov 2014 - 21:05
Tu le sais Charlie, tu le sais mais t’as besoin de l’entendre. Tu le sais mais t’as pas appréhendé, tu le sais mais t’arrives pas à exécuter. C’est ça qu’il te reproche, c’est ça qui l’a blessé. Tu savais et t’as rien fait. Tu savais et tu l’as pas laissé s’éloigner. Il aurait pu lui aussi, il aurait pu juste rester en continuant à te blesser, il aurait pu cesser de fuir sans rien écouter. Il t’a donné une chance de pas retomber dans ce cercle vicieux, il t’a offert une chance de ne pas finir cette histoire couverte de culpabilité.
T’aurais pu mettre fin à ça facilement, t’aurais pu lui tourner le dos et pas chercher davantage à t’accrocher. Mais t’es humaine Charlie, et c’est ce qu’il te reproche, il est humain et c’est ce qu’il se reproche. Et j’veux pas t’en faire non plus. Menteuse, menteuse. Pourquoi t’es revenue alors ? Pourquoi tu continues de rester ? Pourquoi tu t’accroches comme s’il ne s’était rien passé ? Il comprend pas Hadès, il veut même pas essayer. Il t’a fait du mal alors tu devrais juste t’éloigner. Tu lui a fait du mal alors lui s’est éloigné. Il voulait pas au début tu sais, il voulait rompre tout ça sans rien casser. Il voulait disparaître et faire en sorte que tu l’oublies aussi vite qu’il était arrivé.
Pourquoi t’es revenue ? Pourquoi tu l’as pas écouté ? Il t’a fait du mal après ça, il a fait tout pour que tu veuilles partir de toi-même et que t’en arrives à le détester.
Il essaie de se convaincre Hadès, il se dit que c’est pas sa faute. Au fond il a pas tort, mais il se persuade de rester de marbre devant le black-out. Trop fier pour agir, trop fier pour l’aider, il observe juste en écoutant ses mots avec attention. Les excuses lui brûlent le coeur alors qu’il s’efforce de garder une mine impassible, se mord la lèvre pour se retenir de répondre. Désolée d’être toi - c’est plutôt à lui de s’excuser de l’être. T’es très bien comme t’es, t’as juste eu la malchance de tomber sur lui alors qu’il était encore paumé.
Silence quand la dernière phrase est coupée par le malaise, il sait pas comment agir, s’en veut de lui faire plus mal qu’il ne l’avait déjà fait. Regard pour Zelda, mais il reste de marbre, laisse tomber ses sentiments pour cette fois. Elle peut bien cogiter, elle est pas sans savoir que le choix est déjà fait. Alors Hadès s’avance, passe ses bras autour de son corps inanimé et la porte jusqu’à l’école. Trajet silencieux, alimenté de quelques regards pour une Zelda sceptique. Il s’en soucie pas pour une fois, il la ramène, la pose sur le lit de l’infirmerie sans un regard pour le personnel présent. Il a décidé de pas rester pour mettre un terme à tout ça, alors il se contente d’un mot sur la table de chevet.
Je prendrai jamais ce risque et tu pourras pas m’y forcer. Contente-toi d'oublier. Désolé —
PV. Charlie • Début septembre • mediumpurple
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Sujet: Re: Victoire amère || CHARLIE Sam 15 Nov 2014 - 21:05