Parce que finir démembré 4 étages plus bas ne me fait pas plus envie que ça... [PV: Blaze Scott]

Je pouvais y arriver! Après tout la distance n’était pas si impressionnante que ça. Néanmoins la chute qui résulterait de mon échec l’était bien plus. Bah ouai, mine de rien ça faisait assez haut...Mais je ne devais pas me mettre dans de mauvaises conditions mentale! Après tout : « Quand on veut on peut ». Même si je supposais que je pouvais prier aussi fort que possible afin que la gravité aille se faire foutre, cette dernière n’en ferait rien. Cette chère attraction terrestre était intraitable: Tu te loupes tu tombes. Et actuellement: Si tu tombes, tu crèves.
Bref, c’est avec un regard sceptique que j’observais le petit gouffre qui me séparait de la cloison qui me faisait face. Non que je sois particulièrement tourné vers le suicide en mode crêpe, mais j’étais surtout un mordu d’adrénaline. Notamment dans le domaine de l’escalade. J’aimais prendre de l’altitude et jubilais de savoir que mon intégrité physique dépendait de ma dextérité. Pouvoir contrôler pleinement ce genre d’instant me procurait une sensation des plus plaisantes que j’appréciais retrouver régulièrement.
Mais il y avait un petit problème. Ce dernier étant que Prismver n’avait pas de mur d’escalade et que si ce pensionnat en installait un, je serais dans l’obligation de porter un harnais de sécurité. Chose que je refusais complètement. Où était le stresse quand on se savait de toute façon protégé d’un accident mortel ? Où était l’adrénaline de se savoir complètement dépendant de sa propre habilité? Où étaient les battements de cœur endiablés quand on avait réussi sans la moindre issue de secoure? Au final ce sport était la seule chose que je respectais, que j’aimais et dont je ne me vantais pas. Pourquoi? Parce que ça ne regardait personne, juste moi et le vide.

Bref, accroché à la paroi et me trouvant juste à coté des fenêtres de la salle des miroirs, je pesais le pour et le contre de mon saut afin de saisir la façade suivante un étage plus bas.
Il était tard, vu que je ne le faisais que lorsque le pensionnat était fermé pour ne pas être emmerdé, mais la pénombre ne m’aidait pas vraiment. Je me devais de me méfier des jeux d’ombres et donc de ma perception des distances qui s’en trouvait altérée.  
Puis décidant que de toute façon j’avais tenté bien pire, je prenais une grande inspiration et me jetais sur mon objectif.
…

Franchement, j’avais plutôt bien évalué les distances. J’avais donc réussit à saisir les prises que je convoitais sur le mur suivant malgré le choc qui s'était répercuté dans mon corps au moment de l'impact. J’avais même réussit à affermir ma pose en un rien de temps.
Mais (un "mais" dont je me serais  bien passé) j’avais négligé un tout petit truc. Le genre de truc qu’il valait mieux éviter d’oublier: La fiabilité de la prise.
En effet, ce que je prenais pour une rambarde en métal n’était qu’une barre en bois sombre. Et cette dernière, visiblement mécontente de se retrouver sollicitée par un poids de plus de 70 kilos, céda en un craquement sinistre...

Me trouvant tout de même au niveau du 4ème étage, je savais que je ne ferais pas de vieux os si je ne tentais pas quelque chose. C’est donc avec le courage de la dernière chance, que je me raccrochais à une infime prise dans le mur vu que la barre traitreusement non métallique avait décidé de me jouer un sale tour. Mes jambes se balançant dans le vide sans la moindre possibilité de trouver un interstice pour se stabiliser, je commençais sérieusement à me demander si pour une fois je n'avais pas agis bêtement. Fort heureusement pour moi, mon égo s'en trouva outré et décida d'envoyer très loin ce genre de pensées scandaleuses et me fit parvenir la motivation nécessaire pour me bouger le fion. Ainsi, me hissant tant bien que mal vers une fenêtre, je faisais jouer ma musculature. Alors que j’envisageais de briser la fenêtre très certainement fermée avec un coup de coude que j’amorçais, je tombais nez à nez avec un visage de l'autre côté de la vitre...

"Euh... fort belle soirée n'est ce pas?"

Dixit le mec suspendu à la fenêtre en pleine nuit...Allez pour peu que j'adopte un air décontracte, j'avais peut être des chances d'avoir l'air super à l'aise en me tenant crispé contre mon support pour ne pas finir démembré 4 étages plus bas...
Ce fût donc avec un petit sourire made in colgate que je soulignais ma phrase au visage féminin qui me faisait face.

La jeune femme qui me faisait face n’avait pas l’air super motivé à se bouger le popotin. Mais dans ma grande bonté, je daignais lui accorder quelques secondes pour digérer sa surprise.  Après tout qui ne resterait pas stupéfait face à une apparition telle que moi? Néanmoins, si elle osait me laisser comme ça et retourner à ses occupations… je vous laisse imaginer le scandale.
Mais BIEN EVIDEMMENT, ma vis-à-vis opta pour l’unique option respectable et m’ouvrir la fenêtre. C’est avec un contentement évident que je me laissais glisser à l’intérieur de la salle de classe. Soulageant mes avants bras douloureux, je les massais à tour de rôle dans le but d’atténuer les étirements qui m’élançaient par intermittence. Au passage, je constatais que le lieu où je venais de pénétrer était vide… hormis moi et la demoiselle. Du coup, je m’interrogeais sur la présence de ma sauveteuse ici. En effet, je ne voyais aucun petit copain dissimulé ou groupe d’amies qui aurait pu justifier sa présence en ce lieu et à cette heure. A tous les coups, y avait un truc louche dans l’histoire! Un rendez vous pour des affaires de drogues ? Très certainement… Quoi qu’elle se prostituait peut être le soir en donnant rendez vous à ses clients… Moi jugez sur la taille de sa poitrine ? Mais PAS DU TOUT! A moins qu’en réalité elle soit l’esprit d’un élève mort dans cette école qui revient hanté le lieu où elle a périt… ce serait cool ! Glauque, mais cool! Mais mon imagination s’emballait peut être un peu trop. Si ça se trouve, elle avait juste eu un prof abominablement chiant et s’était endormi pour ne se réveiller que maintenant. Possible. Certes pas autant que mon hypothèse sur la prostitution mais l’idée se défend! Et mes conjectures vous emmerdent!
Bref, ce fût la voix de la prostitué qui me sortis de mon débat interne :

« Je peux savoir d'où tu sors ? »

Hum… je doute que « du ventre de ma mère » soit la réponse qu’elle attendait. Pourtant ce type de question débile méritait une réponse du même genre. Mais vu que la demoiselle m’avait dépêtré d’une situation peu confortable, je daignais lui accorder mon silence et passer outre cette perche tendu pour se faire descendre.

« Tu voulais imiter spiderman ou quoi ? »

L’homme araignée? Bah au moins, j’avais un rapide aperçu de ses références.  Mais non, je n’étais pas un fana de spidy. Les collants et les toiles dégoutantes n’avaient jamais fait parti des trucs que je trouvais enviable. En faite, ce héros de dessin animé me faisait pitié. Parce que franchement, même pas j’oserai me saper comme ça pour le carnaval. D’ailleurs je n’avais jamais compris ce que Mary Jane lui trouvait.

« Ou t'es peut être un suicidaire...? »

Pour un suicidaire, je me trouvais vachement déterminé à m’accrocher au bord de la fenêtre. Mais bon, tout le monde ne peut pas avoir des hypothèses aussi juste que les miennes pour décrypter les mystères du monde! (le premier qui fait un commentaire…).
Bref, refermant la fenêtre d’un geste distrait, je répondais à la demoiselle :

«  Je suis juste un mordu d’escalade. Mais suicidaire peut être synonyme en fonction des points de vues. »

Je lui adressais un sourire amusé en haussant les épaules avec désinvolture. Puis je la pointais avec un index accusateur.

« Et toi pourquoi t’es là? Affaire de drogue ? Prostitution ? »

Puis pour faire bonne mesure, je lui lançais un regard suspicieux comme si je tentais de lire la vérité dans ses yeux que je discernais à moitié avec l’obscurité. Bien que dans les faits, je tentais surtout de voir si son visage m’était connu ou non. Je ne vous cachais pas que si je la connaissais déjà et lui savais une appartenance aux A, notre dialogue allait connaître une fin précipitée. Heureusement pour ma sauveuse, ses traits ne m’inspiraient absolument aucun prénom ni aucune silhouette familière. Je me contentais donc de la détailler avec une insistance dont l’impolitesse me passait au dessus. Il fallait dire que je n’avais jamais été très doué pour respecter un temps soi peu les codes moraux de notre société…
Mais pour tout vous dire, je le vivais très bien!