Time to talk [Pv Drew ♥]

Le LMS que tu avais envoyé à Drew était plein de ratures, aussi embrouillé que ton esprit au moment où tu l'avais écrit. Il y en avait eu d'autres, des petits papiers sur lesquels tu avais écris, qui avaient tous fini à la poubelle, parce que tu n'arrivais pas à formuler ta demande ; surement parce qu'elle n'était pas très claire dans ta tête. Une chose était sûre à tes yeux : il fallait que tu lui parles. Absolument. Après ce qui s'était passé dans le réfectoire il y a à peine une semaine, tu avais besoin de discuter avec lui. Seul à seul. La présence d'Anshu, là bas, t'avais perturbée, à un tel point que tu t'étais laissée aller à pleurer, ce dont tu n'étais pas fière, du tout.

Tu n'étais pas sûre de ce que tu allais dire, tu n'étais même pas sûre qu'il accepte de te voir à vrai dire. Parce que oui, dans ton esprit, c'est lui qui risquait de refuser de te revoir, alors que n'importe qui t'aurais affirmé qu'il était plutôt étrange que ce soit toi qui fasse le premier pas pour le revoir. Tu n'avais pas vraiment grand chose à te faire pardonner face à ses mensonges, si ? A tes yeux, si. Parce que tu n'avais pas vu qu'il était en train de couler, parce que tu t'étais exprimé un peu trop violemment à ton goût, te laissant emporter par l'ambiance glacial de ce réfectoire. Tu tremblais encore en te rappelant les visages des gens, fixés sur vous, et le sang sur le sol.

Tu secouas la tête pour reprendre tes esprits. Et puis, alors que tu allais sortir pour aller en cours, Ouroboros était arrivé avec une réponse. Ton rythme cardiaque accéléra alors que tu dépliais le papier ; inquiétude. Tes yeux le parcoururent rapidement avant que tu le pose sur ton bureau ; soulagement. Un fin sourire éclaira même ton visage lorsque tu arriva à la fin du message : non seulement il avait fait en sorte de pouvoir comprendre la phrase qui lui était adressé dans ta langue natale, mais il y avait même répondu. En suédois. "Tack". « Mais de rien.» Un murmure, prononcé seule. Tu étouffas un rire en te rendant compte que tu te mettais à agir comme dans les héroïnes de mauvais film et puis tu passas le seuil de ta cabanes pour te rendre en cours, laissant le t-shirt de Drew où il était. Tu irais le voir à la fin de la journée, sans lui.

[...]

Trois petits coups à la porte d'un cabanon qui n'était pas le tien. Ton coeur battait à une allure surhumaine, tu étais en plein stress. Tu te morigéna intérieurement ; il avait accepté de te voir, ce n'était pas un adieu vu qu'il t'avais demandé d'oublier une nouvelle fois son t-shirt. C'était ... Un renouveau, voilà. En tout cas, c'est ce que, toi, tu avais décidé. Tu avais l'intention de parler de ce qu'il s'était passé, des mensonges de Drew envers toi, bien sur, mais tu comptais repartir d'ici en ayant forgé avec lui une nouvelle amitié, en continuité avec celle que vous aviez avant qu'il ne sombre sans t'en informer.

Alors lorsque la porte s'ouvrit, c'est presque par réflexe que tu adressas au jeune homme un sourire doux, presque rassurant.

« Hej ! »

I choose the light.

« ... Hallå. »

Ton sourire se fit plus large, plus lumineux. Le fait de l'entendre te parler suédois, aucun doute là-dessus. Tu aimais tellement ta langue natale, ses intonations, sa musicalité, sa prononciation si particulière. Et l'entendre prononcée par lui était d'autant plus agréable que tu savais qu'il s'agissait d'une attention particulière étant donnée que lui ne l'était pas, suédois.

Il s'écarte pour te laisser rentrer et tu t'avances doucement dans la pièce, ton fauteuil grinçant horriblement dans ce silence un peu pesant, tu devais bien l'avouer. Le bruit de la porte qui se ferme derrière toi et ton ami se dirige vers la cuisine et durant le temps qu'il y passe, tes yeux restent fixés sur lui. Il est habillé en blanc, tu ne l'as jamais vu en clair, ça t'étonne un peu ; mais ça lui va bien. Ce qui te dérange le plus, c'est la maladresse dans ses gestes : bien sur, tu te doutes que la blessures que ... l'égyptien lui a infligée doit le faire souffrir, mais c'est bien ça qui te dérange à vrai dire.

Et puis, au bout d'une minute, Drew revint vers toi et te tendis une tasse que tu attrapas. L'odeur de violette se fit sentir rapidement et tu ouvrit légèrement la bouche, bêtement touchée par une attention comme celle-ci. Parce qu'on offrait pas vraiment au hasard un thé à la violette à quelqu'un, ce qui signifiait donc que l'écossais avait gardé en mémoire l'information de ta boisson favorite. Et ça te rendait toujours heureuse qu'on fasse attention à ces petites choses là, ce qui s'exprima sur ton visage par un nouveau sourire, attendri.

« Merci... »

Et puis il s'installa, face à toi, assis sur le lit. Vos regards se soutirent l'un l'autre un instant, azur contre indigo. Il prit une inspiration et ton coeur reprit un rythme rapide sous l'appréhension de ce qu'il allait dire. Et il prit la parole.

« Je suis désolé Selphie. Excuse-moi de t’avoir caché ce que je suis. J’avais honte. j’ai honte. Je... je t’ai admiré à la seconde ou j’ai posé les yeux sur toi. Je voulais te faire honneur. Je voulais être quelqu’un de bien pour toi. Alors c’est ce que je faisais. Je ne voulais pas te décevoir. Je ne voulais pas te perdre. J’avais besoin de toi. Je n’ai pas joué un rôle. Je me suis juste efforcé de donner le meilleur de moi-même à chaque fois que j’étais avec toi. Tout ce qu’on a vécu, ce n’était pas faux. Et ça compte énormément pour moi. »

Ta bouche s'ouvrit légèrement et la première chose qui te vint à l'esprit furent les mots de Pytha ; la volonté de paraître meilleur en étant à tes côtés. Mais tout ce qui concernait les mensonges s'effaça lorsque le jeune homme continua. Il n'avait pas joué un rôle, votre amitié n'était pas un mensonge et comptait pour lui autant qu'elle comptait pour toi. L'odeur entêtante de la violette qui emplissait tes narines semblait là pour te le prouver. Une pause. Son regard toujours ancré dans le tien.

« Je ne voulais pas que tu découvre l’autre partie de moi. Je la hais, plus que tout. Mais désormais, je l’accepte. Je veux... Je veux juste être en paix avec ce que je suis. Et j’aimerai, plus que tout... que tu accepte mes démons. Je veux les vaincre. Mais je ne le peux que si tu me montre comment faire Je n’ai pas revu Anshu. Je ne veux plus le voir. Je ne veux plus avoir à faire à lui. C’est fini.»

Tu restas silencieuse un instant, juste le temps de bien prendre en compte toute les informations que venait de te révéler ton ami. Il ne faisait aucun doute que tu l'aiderais, tu étais incapable de le lui refuser, mais tu avais tout même besoin de bien intégrer tout ce qu'il venait de te dire. La raison de ses mensonges, son repentir, son appel à l'aide qui t'étais destiné et ses intentions à propos d'Anshu. Très honnêtement, tu n'avais rien à lui dire sur ses fréquentations, mais tu étais soulagée par cette information après ce que le A avait pu te dire au réfectoire, son intention absolument pas dissimulée d'entraîner Drew encore plus profondément dans les ténèbres dans lesquels il coulait peu à peu. Sans le connaître, tu éprouvais envers lui une répulsion presque physique après cet épisode quelque peu traumatisant.

Et puis, finalement, tu te rapprocha de lui, attrapant ta tasse par sa anse tu posas ta main sur son bras, contact physique se voulant rassurant après les révélations qui venaient de t'être faites ; tandis que tes lèvres avait retrouvées leur habituel sourire.

« Je serais là. »

Trois mots simples et pourtant tellement éloquents. Mais, si nécessaires, insuffisants dans cette situation.


Tu ne quittes pas son regard, toujours souriante, ta main toujours appuyé sur son bras, comme par une volonté de prouver autant par tes paroles que par tes gestes, ton soutien au jeune homme.

Quelques secondes à peine après que tu aies posé ta main sur le bras de Drew, le jeune homme se dégagea, te laissant un peu perplexe, tandis que ton regard ne le lâchait pas, un peu soucieux, mais surtout tendre. A ce moment précis, tu es simplement ravie qu’il soit venu, de lui-même, réclamer ton aide et, même si tu n’avais pas la prétention d’être certaine d’être à la hauteur de ce qu’il espérait de toi, le fait que ce soit lui qui fasse, cette fois, le premier pas pour faire en sorte que tu essayes de le remonter à la surface était, à tes yeux, le point le plus important pour que vous y parveniez. A partir du moment où tu n’avais plus à le tirer, de force, vers le haut, ton rôle se résumait à être l’appui et peut-être la conscience qui lui rappellerais ce qu’il t’avait promis et s’était promis à lui-même. Te voilà devenu Jiminy Cricket et cette pensée te fait sourire.

Et puis ton ami, après avoir déclaré qu’il fallait qu’il te dise quelque chose puisqu’il avait promis de tout te raconter, se mis à faire les cents pas, visiblement embarrassé de ses futurs révélations. Ton sourire se fit amusé et, rapidement, tu mis cette gêne sur le compte du manque d’habitude du jeune en ce qui concernait le fait de raconter sa vie. Après quelques secondes, l’annonce sort enfin.

« Je sors avec Selwyn.»

Oh. OOOOH. Tu ne t’attendais pas vraiment à ça, à vrai dire, et tu restas silencieuses un instant, bouche légèrement entrouverte, surprise oblige ; puis tu portes ta tasses à tes lèvres et avales une gorgée de thé, comme dans le but de te redonner une contenance, tandis que le jeune écossais semble se sentir obligé de se justifier, avant de se tourner face à la cuisine.

Ta réaction se fit un peu attendre, pour la simple et bonne raison que tu ne savais pas comment réagir. Quoi dire. Quoi faire. Pour une fois, tu étais à court de mots et tu cherchais désespérément ce que tu devais dire dans une telle situation. L’ange gardien que tu semblais représenter pour Drew aurait dû se montrer tout simplement ravie d’une telle annonce mais il y avait deux obstacles devant ceci.
Jalousie, se nomme le premier. Mais pour rien au monde tu ne l’aurais avoué, parce qu’il ne fallait pas. Ton but était de réapprendre à connaître ton ami, tu ne pouvais décemment pas arriver et lui dire que tu aurais préféré être à la place de ta camarade. Hors. De. Question. Affaire classée. On en parle plus. De plus, tu refusais de lui mentir, pas après qu’il ait, lui, décidé de tout te dire. Et finalement tu prends la parole.

« Je suis contente » ça, c’est un mensonge Selphie. « Que tu me l’aies dit. » Mieux. Parce que oui, tu es contente qu’il te parle de lui, de sa vie.

Et finalement, après avoir mordillé ta lèvre quelque seconde, tu poses la seconde question qui te taraude, ta voix s’élevant doucement.

« Tu l’aimes ? »

Cette question n’est même pas uniquement pour toi, mais bien également pour lui. Parce que tu ne peux pas t’auto-convaincre que tu es heureuse pour lui si c’est une autre de ces relations vaines, qui contribuent à le détruire petit à petit, alors avant de t’estimer contente qu’il soit avec quelqu’un de façon stable, il faut d’abord que tu saches si c’est vraiment le cas, n’est-ce pas ?

Mais tu n’auras pas le temps d’entendre sa réponse puisque déjà, le jeune homme grommèle après ses colocataires pendant que la fumée se répand dans la pièce et que Drew t’aides à sortir de la pièce. Tu toussotes à cause de cette dernière et ton ami n’est pas dans une meilleure forme. Une nouvelle gorgée de la boisson que tu as toujours dans les mains et tu relèves les yeux vers l’écossais, votre conversation étant inachevée. Mais lui regarde derrière toi, puis baisse les yeux, sans repasser par toi. Alors, intriguée, tu vas pour jeter un œil par-dessus ton épaule avant de découvrir que ce que tu y vois est très loin de t’enchanter.

« Salut. T’as toujours pas retrouvé tes jambes, toi ? »

Et tu te forces à garder une voix douce et neutre, lui offrant même un sourire qui te brûle les lèvres, parce que l’égyptien est bien le seul à réussir à faire ressortir les sentiments négatifs que tu avais si bien su enfouir loin, très loin au fond de toi quand tu avais décidé de te relever et qu’à chaque fois que tu dois lui adresser la parole, l’unique envie de tu as est de lui cracher tes mots à la figure.

« Anshu. Quel heureux hasard. Toujours aussi subtil.»

Puis il s’adresse de nouveau à Drew, lui montrant les restes de la blessure qu’il s’était lui-même infligé. Tandis que toi, toi, tes yeux cherchent le regard du jeune homme, une brusque inquiétude remplaçant la joie que tu éprouvais il y a quelque secondes, à l’idée qu’il irait mieux. Et tu le supplies, silencieusement. Regarde moi, écoute moi, crois en toi, en moi. Tu as besoin de moi ? Je suis là. Prend ma main, accroche-toi. Ne le laisse pas t’entraîner vers le fond, pas encore. Moi aussi j’ai besoin de toi. Du vrai Drew.