A very long time ... [PV Drew]

Assise à un bureau, une jeune fille, de longs cheveux blonds cendrés tombant en cascade sur ses épaules, cachée derrière le haut dossier de son fauteuil.
Un sourire aux lèvres, elle signa le bout de papier sur lequel elle était en train d’écrire et le roula ; puis elle tapota sur le lézard qui était actuellement enroulé autour de son annuaire droit pour le lui remettre, à destination de Drew. Cela faisait un bout de temps qu’elle ne l’avait pas vu et, pire que tout aux yeux de Selphie, elle n’avait même pas eu l’occasion de voir de ses propres yeux si il était bel et bien revenu entier de l’hôpital ! Alors quand elle avait mis la main sur le t-shirt actuellement plié sur son bureau et appartenant au jeune homme, l’excuse était toute trouvée pour aller s’incruster dans son cabanon ; et un sourire s’était emparé de ses lèvres en voyant la dernière phrase du message du brun « Et oublie malencontreusement le tee-shirt, comme ça, on pourra réutiliser ce prétexte la prochaine fois. ».

Après avoir répondu, elle s’écarta donc de son bureau et retourna à son armoire pour glisser le vêtement dedans, qui resterait soi-disant introuvable jusqu’à la prochaine fois. Puis elle attrapa ses propres affaires – raison pour laquelle les fouilles archéologiques dans son placard avaient débutées – et se glissa dans la salle de bain pour se changer. Rester à moitié vêtu était, certes, bien plus pratique pour la demoiselle, mais point très seyant pour aller se promener … Et encore moins pour aller rendre visite à quelqu’un !

Une jupe, ample et simple à enfiler, et un chemisier noué pour ne pas tomber trop bas sur ses jambes. Pas de chaussure, comme la moitié du temps, la demoiselle n’ayant pas du tout envie de s’embêter à essayer désespérément de les enfiler sur ses pieds morts. Ses cheveux encore humide de la douche qu’elle venait de prendre, elle en profita pour les relever légèrement, une demi-queue venant dégager les côté de son visage, tout en les laissant toujours dévaler dans son dos et sur ses épaules.

Sortant de la salle de bain, elle aperçut Ouroboros sur l’accoudoir de son fauteuil, avec une réponse de Drew ; un nouveau sourire et elle posa le papier dans la boite où elle conservait tous ses messages. Le lézard vint se replacer, tel une bague, à son doigts, mordant sa queue comme toujours.
Elle attrapa un livre en attendant qu’une heure s’écoule, afin de rejoindre son ami et se plongea dedans … Un peu trop. Quand elle releva la tête, il était 21h30 …

« Oh MINCE ! »

Elle claque le livre, le jeta sur son lit et sortit en trombes, manquant d’écraser deux élèves sous son fauteuil sur son passage. Enfin, elle toqua à la porte du cabanon de Drew, remettant ses cheveux plus ou moins en place en attendant qu’il vienne lui ouvrir ; et lorsque ce fut le cas, c’est face à sourire resplendissant que le brun fit face, suivi des bras de Selphie qui vinrent le rapprocher d’elle dans une étreinte.

« Drew ! T’es entier et tout ! »

Elle lui plaqua une bise sur la joue et le lâcha, toujours sourire aux lèvres. Ça lui faisait vraiment plaisir de voir le jeune homme, elle l’appréciait vraiment énormément et cela faisait bien trop longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de lui parler.

« Tu m’as manqué je crois, héhé »

La table était belle, Drew était souriant, l’odeur des plats était merveilleuse. Tout semblait être parfait et pourtant, même pour l’esprit naïf de Selphie, quelque chose clochait. Levant les yeux vers le jeune homme en s’installant elle répondit au sourire qu’il lui adressa et mit rapidement son pressentiment sur le compte de l’inquiétude qu’elle avait pu éprouver, ou bien de la convalescence du brun ; et rapidement, elle retrouva sa volubilité habituelle, enchaînant les sujets de conversation entre deux bouchées, riant et s’amusant.

Elle avait toujours apprécié la présence du jeune homme, et ce qu’elle connaissait de lui : le garçon à la fois attentionné avec elle sans pour autant la traiter comme un être débile et incapable de se débrouiller seul, celui qui se perdait dans son appareil photo et qui, par cet objet, semblait capable de voir la beauté du monde là où les autres ne voyaient rien. Elle se doutait, bien sûr, qu’elle ne connaissait pas tout de lui, mais elle était loin de savoir à quel point …

Assiette terminée, elle croisa ses couverts à l’intérieur et s’appuya un peu plus sur son dossier, complimentant Drew sur ses qualités de cuisinier, sourire toujours aux lèvres. Tu as toujours cherché à être une lumière, n’est-ce pas Selphie ? Aussitôt que la colère et la haine s’étaient échappées de son esprit, suite à la naissance de son soleil de petite sœur, la jeune femme avait eu cette espèce de manie ; celle d’essayer de chasser les ténèbres dans le cœur des autres. Mais comment chasser quelque chose dont on ignore l’existence ?

« Enfin bref. Je parle, je parle et je ne te laisse même pas la parole ! »Un rire étouffé « Tout va bien depuis la dernière fois qu’on a eu l’occasion de se voir ? »

Enfant. Ne se rend-elle donc vraiment pas compte de la question qu’elle lui pose ? De la réponse évidente qui se lit dans ses yeux azur ? Ce non, criant, qui tente de s’exprimer, celui-là même qui a toujours, toujours existé, mais que la demoiselle à toujours inconsciemment ignoré. Joli jeu dont l’acteur principal est l’instigateur, pour une raison que la blonde ne connait pas, elle non plus.

Une grimace prend soudainement place sur le visage de la demoiselle et elle se penche doucement pour toucher sa jambe droite en marmonnant. « Je ne comprends vraiment pas comment des jambes paralysées peuvent encore engendrer des douleurs chroniques … ». Vague massage du bout des doigts, sans être capable de pouvoir dire si elle appuyait trop ou pas assez sur sa peau insensible. Elle relève la tête avec une légère moue, ressemblant plus ou moins à un sourire.

« Je me plains encore, héhé. Alors que je te revois  pour la première fois depuis que tu es revenu de l’hôpital … C’est encore douloureux ? Ça te fais des cicatrices en plus, non ? » Clin d’œil « Arrête-moi si je pose trop de question, j’ai moi-même l’impression d’être un moulin à paroles ! »