Time to talk || PV Prudence

Cela fait si longtemps que tu attendais une personne assez compétente pour déjouer les plans d'Entropy. Cela fait si longtemps que tu travaillais pour faire disparaître la haine et la violence de ce pensionnat. Cela fait si longtemps que tu faisais des efforts pour atteindre le niveau du B lambda pour aider les autres. Cela fait si longtemps que tu cherchais à te lier d'amitié avec la déléguée. Et si ta nouvelle classe peut te permettre de réaliser tous ces souhaits, alors tu ne regrettes en rien tout ton parcourt. Prudence se montre déjà plus sympathique, plus respectueuse, plus attentive à ton égard par rapport au passé, où son regard froid lançant des éclairs prouvait qu'elle se retenait de glacer ton sang pour te voir souffrir. Elle a l'air plus gentille maintenant, enfin, c'est ce que tu te disais jusqu'à ce qu'elle t'attrape le bras un peu brusquement et t'entraîne avec elle.

▬ D'autres élèves pourraient être français, ne l'oublie pas. Suis-moi, nous allons parler de tout ça. Et tu vas me dire tout ce que tu sais. Je suis au courant de tes entrevues avec certaines personnes, donc ne fais surtout pas l'innocente. prévient Prudence.

Tu es un peu perdue à présent, parce que Prudence a utilisé cette langue sans retenue, et lorsque tu décides de l'imiter, elle s'inquiète aussitôt. Tu n'as non plus pas compris ce qu'elle voulait dire par "tes entrevues avec certaines personnes". De quoi te soupçonne-t-elle exactement ? Tu ne sais pas du tout qui de tes connaissances pourraient faire partie du mouvement que tu crains tant, tu ne l'as demandé qu'à très peu de gens. Tu as tendu les bras vers la première personne qui te tombait dessus ; la première a été Mabel ; la deuxième Prudence. Mais peu importe. Son emprise est un peu douloureuse, et tu essaies de lui faire remarquer que sa dureté te fait mal en gémissant un peu. Elle s'apprête à sortir de la classe, mais avant elle se tourne vers une fille aux cheveux blonds tressés, plutôt petite, plutôt mignonne avec son air un peu enfantin et ses yeux bridés.

▬ Surveilles la classe en mon absence. J'emmène cette intruse chez la Conseillère Principale D'éducation. ordonne Prudence.

L'élève à laquelle elle s'est adressée te dévisage, un peu surprise de ton air affolé et confus à propos de la situation, et vous fixe intensément comme deux suspects. Malgré tout, elle plisse les yeux.

▬ Entendu. soupire la A.

Prudence lance ensuite un regard au professeur encore présent dans la salle.

▬ Excusez-moi Monsieur, je serai de retour quand cette histoire sera réglée. s'excuse Prudence.

Tu ne comprends plus rien. Tout devient flou et incompréhensible dans ta tête alors que tu cherches désespérément une explication à l'attitude complètement changée de la déléguée. Te demandant ce que tu as bien pu faire de mal, tu remarques qu'elle te demande de te taire pendant qu'elle ferme la porte de sa classe. Elle traverse les couloirs, les escaliers, le hall d'entrée, sort du bâtiment et se dirige vers la Tour Annexe, là où se trouve le bureau de la CPE, cette femme sérieuse mais effrayante. Une affreuse culpabilité t'envahit en voyant la grande tour se rapprocher, alors que tu n'as commis aucun délit, aucune faute, aucune infraction, rien. Des larmes sont sur le point d'apparaître dans tes yeux de chien battu, tu murmures des "pourquoi" continuellement, cependant elle t'emmène dans une autre direction, et tu arrêtes instantanément de faire une tête de victime. Ta bonne humeur refait surface tranquillement en voyant l'effrayant bâtiment s'éloigner. Elle se rend vers les dortoirs des 12-16 ans en grognant contre les adolescents qu'elle croise en cours de route ; elle entre dans un cabanon — très probablement le sien —, qui a l'air d'être le sien, ferme la porte et vérifie qu'absolument personne exceptées vous deux ne se trouve par là. Serait-ce une invitation ? Certainement. Du coup, tu sautilles joyeusement vers un lit et t'étales dessus sans gêne, étant donné qu'en tant qu'enfant tu ne connais pas totalement les bonnes manières.

▬ C'est chouette comme cabanon ! t'exclames-tu en agitant les bras.

▬ Bien. Maintenant racontes-moi tout. En français, évidemment. réclame Prudence.

Pourquoi en français ? Tu pensais pourtant qu'elle l'a parlé tout à l'heure pour ne pas attirer l'attention des A qui parlaient anglais.

▬ Pourquoi faut encore parler en français ? demandes-tu.

Tu t'assieds plus convenablement sur le lit pour regarder Prudence dans les yeux. Le calme. Clignant quelques fois des yeux, laissant régner le silence quelques instants, balançant un peu les jambes au bord du lit, tu essaies de comprendre ce qu'elle veut que tu lui racontes. Mais, tu as beau réfléchir, tu ne vois absolument pas de quoi elle parle.

▬ Hein ? Tu veux que je te raconte quoi ? Tu détournes le regard en marquant une pause. En plus tu as même pas dit ce que tu voulais faire pour anéantir Entropy. te plains-tu.

Tu la regardes à nouveau, un sourire éblouissant illuminant ton visage dans son intégralité.

▬ Alooooors ? Tu veux procéder comment ? Je peux être utile comment ? questionnes-tu avec un air impatient.

C'est à croire que tu ne diras rien d'autre jusqu'à ce que sa réponse te satisfasse. Les mains appuyées sur tes jambes, tu t'apprêtes à l'écouter avec la plus grande attention du monde.

Prudence réfléchissait à toute allure. Anshu n'avait rien voulu lui dire et elle avait été trop faible physiquement pour l'y forcer, ou le demander plus fermement. Le sommeil l'avait emportée en quelques instants. Depuis, elle n'avait même pas cherché à revoir l'égyptien, préférant nettement ne pas l'avoir en face d'elle, même s'il était probablement l'une des clés qui la mènerait à la victoire. Sauf que cette clé menait à une porte piégée, que la déléguée voulait éviter à tout prix. Si Noëlle se montrait utile, alors tout irait pour le mieux.

Mais cette enfant était si agaçante que Prudence craignait de ne pas être capable de la supporter. Les poings serrés pour ne pas laisser libre cours à sa colère, elle endure ses idioties, ses gamineries bref son attitude si déplorable que l'idée de faire refaire son éducation germa dans l'esprit de la française. Elle ne répondit à aucune de ses questions, ne releva aucun de ses commentaires. Un sourire naquit sur son visage, froid, calculateur, carnassier. Mais elle ne dit rien, elle ne prononça pas un mot. Ses pieds la portèrent jusque sur son propre lit, où elle s'installa convenablement, à savoir dans une position assise et droite. Ses mains aux ongles assez longs pour effrayer se posèrent sur ses cuisses, les tapotant doucement.

Elle resta immobile pendant plusieurs secondes, jusqu'à ce que la dernière question posée par l'enfant la pousse à bout. Se redressant d'un bond, elle franchit l'espace qui les séparaient et leva le bras. Sa main s'abattit durement sur la joue pâle de Noëlle, y laissant une marque rougie. Son visage se ferma au même instant et, finalement, elle daigna lui adresser la parole, sur un ton si calme qu'il en était terrifiant.

« Écoutes-moi bien, Noëlle de Castellane. Tu n'es pas ici pour poser des questions mais pour répondre aux miennes. Assieds-toi correctement et ferme ton clapet jusqu'à ce que je t'autorise à l'ouvrir. Est-ce bien clair ? » Simple question rhétorique, elle n'attendait pas de réponse de sa part. Levant par ailleurs son index pour l'empêcher de dire quoi que ce soit, elle reprit place sur le matelas, ses pieds ne touchant pas le sol malgré la hauteur relativement basse du lit. Ses bras se croisèrent lentement, elle prit une profonde inspiration.

Non, elle n'avait pas l'intention de s'excuser. Ayant été élevée et éduquée d'une façon quasiment similaire, elle estimait normal de faire pleurer une enfant lorsque celle-ci était déplaisante. Même si elle espérait que la blondinette n'allait pas tenter de s'enfuir, puis qu’après tout, Prudence n'était pas une tortionnaire. Elle lui lança un regard lent, et rouvrit la bouche. « Bien. Visiblement tu n'as pas compris l'importance qu'avait cette entrevue, alors je vais t'éclairer. Tu es ici, dans mon cabanon, pour me donner toutes les informations que tu aurais pu récolter avec n'importe qui, au sujet d'Entropy. » Le seul mot anglais, nom de l'organisation, était néanmoins le plus important, aussi la déléguée l'avait presque chuchoté.

Son but premier n'était pas d'informer Noëlle sur ses propres intentions, mais de récolter le moindre détail qui l'aiderait à démasquer l'organisateur de tout ça. Persuadée que les attaques de front se répèteront, elle n'avais cependant pas l'intention d'intervenir, préférant les observer silencieusement, dans le noir. Son visage dur s'adoucit très légèrement, la simple pensée qu'elle pouvait mettre fin à tout ça la réjouissant un peu. Elle soupira. « Tu n'as pas besoin de connaître mes plans, le pensionnat entier sera au courant en temps et en heure. Maintenant, parlons sérieusement. Est-ce que tu sais qui pourrait être le leader de cette stupidité ? »

Elle n'avait aucun espoir sur l'éventuelle réponse de Blondie, persuadée que, non, elle n'en avait aucune idée. Mais qui ne tente rien n'a rien, aussi elle n'abandonnerait pas même si cette petite s'avérait inutile.

Malgré ta réponse qui aurait dû la mettre en colère, Prudence reste sereine et s'approche du lit, afin de s'y installer à son tour. Tes lèvres forment un sourire naïf et enfantin en voyant que la jeune fille te rejoint, contente qu'elle ne te repousse pas, mais qu'elle daigne même être à côté de toi. Depuis tout à l'heure, l'humeur de ton "amie" se balance pratiquement d'un extrême à l'autre, entre sérénité et mécontentement, et tu es un peu perdue. L'incertitude t'angoisse. Cela t'angoisse de ne pas savoir si elle te hait toujours ou si elle devient un peu compatissante à ton égard. Là, tout va bien. Prudence a l'air de t'apprécier, et cela te rassure. Mais lorsque tu poses ta dernière question, elle se lève d'un bond pour se mettre en face de toi. Tu la suis des yeux, un peu confuse de la situation, levant la tête pour la regarder. L'expression sur ton visage ne change pas, même lorsqu'elle lève son bras.

Et lorsque sa main gifle ton visage, que tu as senti l'impact douloureux sur ta joue devenant rose, tes yeux deviennent ronds, tandis que tu restes en totale stupéfaction, bouche entrouverte. Choc. Tu as de la peine à réaliser même ce qu'il vient de se passer, du geste qu'elle vient d'exécuter, que tu refuses même de croire. Et lorsque tu acceptes enfin la réalité, tu ne bouges pas d'un pouce, mais laisses une larme perler le coin de tes yeux et couler le long de la marque présente sur ta joue.

▬ Écoute-moi bien, Noëlle de Castellane. Tu n'es pas ici pour poser des questions mais pour répondre aux miennes. Assieds-toi correctement et ferme ton clapet jusqu'à ce que je t'autorise à l'ouvrir. Est-ce bien clair ? gronde Prudence avec autorité.

Tu acceptes de tourner son regard à nouveau vers elle, avec un air de chien battu, humble et craintive à la fois. Personne ne t'a jamais frappée de la sorte dans le passé. Finalement, tu n'as pas eu si mal, mais c'est la signification de son acte qui t'a bouleversée, qui t'a rendue si triste ; tu pensais qu'elle t'aimait bien maintenant, mais non. Son visage s'est endurci, plus froide, comme à l'époque où tu l'agaçais. Tu hoches la tête discrètement.

▬ Bien. Visiblement tu n'as pas compris l'importance qu'avait cette entrevue, alors je vais t'éclairer. Tu es ici, dans mon cabanon, pour me donner toutes les informations que tu aurais pu récolter avec n'importe qui, au sujet d'Entropy. explique Prudence.

Tu baisses la tête, essaies de te calmer intérieurement. Oui. Tu essaies de faire ce que tu veux pour te consoler, car Prudence ne se donnera pas la peine de le faire elle-même. Ton cœur se serre.

▬ Tu n'as pas besoin de connaître mes plans, le pensionnat entier sera au courant en temps et en heure. Maintenant, parlons sérieusement. Est-ce que tu sais qui pourrait être le leader de cette stupidité ? demande Prudence un peu plus calmement.

Un leader ? Entropy est, selon les rumeurs, une simple organisation sans chef, ni leader. Alors pourquoi te parle-t-elle d'un chef ? Tu as du mal à le croire, beaucoup de mal à penser que les rumeurs soient fausses.

▬ Mais... les rumeurs disaient qu'il... y avait pas... souffles-tu.

Cela en disait long sur ce que tu savais : rien. Tu détestes Entropy mais tu ne sais aucune véritable information dessus, absolument rien. Le silence persiste, alors que tu mets du temps à réaliser que tu es une véritable inculte sur le sujet, et que Prudence l'a probablement remarqué. Néanmoins, tu ne veux pas qu'elle te jette, qu'elle voie toute ton inutilité et qu'elle s'en aille. Cela te déchirait complètement. Tu as eu l'espoir, l'espoir de servir à quelque chose, l'espoir d'aider à anéantir Entropy, et tu ne veux pas perdre cet espoir. Il faut tenter le tout pour le tout.

▬ ... Je sais pas, mais je crois que quelqu'un peut nous aider... si tu permets que j'essaie. affirmes-tu.

Tu relèves la tête, déterminée, et te lèves sans demander son avis, te dirigeant vers la cuisine ; tu ouvres le réfrigérateur et trouves directement un peu de poisson. Sans permission, tu t'empares d'un peu de poisson et retournes vers la porte d'entrée, sans un regard vers Prudence. Voyant que la porte est verrouillée, tu gémis, va en direction d'une fenêtre, l'ouvres, et te penches un peu pour regarder les environs. Si la déléguée te demande ce que tu fais, tu l'ignoreras, parce que tu es beaucoup trop concentrée sur ce que tu cherches à faire. Tu agites doucement le bout de poisson par la fenêtre, dans l'espoir de faire venir Mytraël, le lézard de Francesca. À ce moment de la journée, il doit errer un peu partout, mais il te faudrait beaucoup de chance pour qu'il soit par ici, même si tu es prête à lui donner ce qu'il préfère par dessus tout — du poisson. De la chance. Heureusement, celle qui peut utiliser la chance à sa guise, c'est toi. Tu as le niveau d'une B à présent, alors avoir assez de chance pour voir Mytraël arriver n'est pas difficile. Tu actives ton don, et environ une minute après, le reptile montre le bout de son nez.

▬ Petit, petit, petit ! Viens ici ! J'ai quelque chose pour toi ! dis-tu en anglais au petit lézard en agitant le morceau de nourriture.

Il s'approche vers toi, entre dans le cabanon par la fenêtre et s'empare du bout de poisson pour le savourer tranquillement. Pendant ce temps, tu prends une feuille de ta poche et va prendre — sans gêne — un crayon qui traîne par là, et écris rapidement quelque chose dessus.

▬ Voilà, je veux que tu apportes ça à Fran' ! Dépêche-toi et t'auras encore pleeeein de poisson. ordonnes-tu pleine d'entrain.

Tu déposes le bout de papier dans son petit sac intégré en lui. Les B n'ont pas cours à cette heure, alors Francesca doit être dans sa cabane. Une fois que tu le vois partir, tu regardes à nouveau Prudence, quand même craintive de la voir s'énerver après ton étrange idée, à la fois impulsive et culottée.

▬  ... Francesca va peut-être le savoir... elle me dit qu'elle espionne souvent ce que fait Entropy sans être avec eux... elle aime bien me dire après ce qu'il s'est passé ! Tu fais une pause après ces paroles, de nouveau dites en français. Et elle répond vite... Alors attends, s'il te plaît... murmures-tu, en faisant des arrêts bien nets à la fin de ses phrases, un peu paniquée.

Pour le moment, elle ne t'a jamais dit le fonctionnement du mouvement. Mais cela va bientôt changer, maintenant que tu sais quoi demander. Ton don toujours activé, tu attends patiemment une réponse à la question que tu as posée dans ton LMS, et espères que la A ne va pas te jeter dehors.

Chaque parole, chaque geste de Blondie aurait dû mettre Prudence hors d'elle. Si elle n'avait pas appris à ses dépends que l'impulsivité ne menait à rien, elle aurait probablement laissé libre cours à cette tension qui faisait battre la chamade à son coeur, ce trop-plein de stress, mélangé à l'impression d'avoir la responsabilité du pensionnat entier sur ses frêles épaules mettait la française dans un état presque assez dangereux pour qu'elle perde le contrôle de son don. Si elle s'abandonnait à l'euphorie de faire souffrir, tout serait fini pour son avenir, elle tuerait probablement ds élèves et elle finirait son existence dans un lieu suffisamment horrible pour que la mort l'emmène en peu de temps.

Mais, comme on dit, avec des "si" nous pourrions mettre Paris en bouteille. C'était ce genre de pensées qui permettait à Prudence de rester d'un calme effrayant - en général -, réfléchir aux conséquences la soignait du désir de se défouler sur les autres. C'était ces réflexions qui lui permettaient, pour l'heure, de ne pas tout simplement arracher la tête blonde qui remuait en face d'elle, avant de la lancer en pâture à Tartiflette. Croisant ses fines jambes, la Reine attendit avec la plus grande patience que l'enfant revienne à elle.

Mais Noëlle aurait dû être inutile. Elle ne savait rien d'Entropy, moins encore que la déléguée. Alors pourquoi ne l'avait-elle pas chassée ? Pourquoi n'avait-elle pas congédier cette petite fille agaçante ? Par pure curiosité. Prudence savait que la B désirait sa considération. Elle était au courant de ce désir d'amitié qui brûlait en elle, ce feu bien vite noyé par le caractère glaciale de De Boissieu. Et pourtant, elle n'avait pas abandonné. Cette obstination seule suffisait à attiser sa soif de connaissance. Rien que pour ça, De Castellane ne serait pas repoussée.

« ... Francesca va peut-être le savoir... elle me dit qu'elle espionne souvent ce que fait Entropy sans être avec eux... elle aime bien me dire après ce qu'il s'est passé ! Et elle répond vite... Alors attends, s'il te plaît... »

Un simple hochement de tête pour réponse. Les minutes passèrent et, enfin, le lézard réapparut. Arrachant le papier de sa gueule, la reine le lut, grognant légèrement. Évidemment qu'elle avait raison, il y avait bien un chef. Ses soupçons n'en furent que renforcés, alors qu'elle lançait le message dans la poubelle la plus proche. Un sourire aimable se peignit sur son visage calme, elle se tourna lentement vers Noëlle, se forçant à être le plus polie possible. « Bien. Visiblement, nous n'en savons pas plus l'une que l'autre. Mais je connais quelqu'un qui aura les réponses... Même s'il est certain qu'il ne me les donnera pas, tch. De Castellane, tu as été suffisamment utile pour aujourd'hui, je ne te retiens pas plus. » Elle déverrouilla la porte. « Je n'ai plus besoin de toi et nous avons cours. Tu seras recontactée en temps voulu et, si tu as la moindre information, viens me voir en personne. Pas de lms, les messages peuvent être interceptés, comme l'a bien dit Lucchini. »

Sans attendre de réponse de la part de la blondinette, Prudence glissa hors de son dortoir et lui siffla de refermer correctement derrière elle. Elle traversa les couloirs sans chercher à savoir si Noëlle la suivait, et s'engouffra dans la salle de classe des A après avoir frappé.

« Pardonnez mon absence, c'est terminé. » Rictus trop carnassier pour être qualifié de sourire, suivi du bruit de tes salons pourfendant le silence. Elle s'installa sur son siège et commença à travailler, oubliant momentanément Entropy & tout ce qui avait un rapport proche ou lointain avec cette idiotie.

Prudence bouillonnait de colère durant toutes tes actions aussi impulsives les unes que les autres, elle donnait l'impression de se retenir de te chasser de la manière la plus cruelle et impitoyable qui soit. Mais, à la fin, elle a préféré rester clémente face à ta proposition, et a accepté d'attendre le retour du lézard d'un petit hochement de tête. Ton cœur qui battait la chamade dû au stress, à la crainte d'être à nouveau haïe par la déléguée, reprend son rythme habituel. Un soulagement. Tu souris gaiement sans rien dire de plus, certaine qu'elle sera satisfaite de la prochaine réponse de Francesca. Cette B, mine de rien, est une fille de confiance, intelligente et très bien renseignée sur le sujet d'Entropy. Tu crois en elle...

L'espoir fait vivre. Et cette expression n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui.

Quand le reptile revient, apportant un message de la future journaliste, ton sourire s'agrandit Immédiatement. Tu t'apprêtes à t'emparer du LMS, pour le lire afin de jouer la porte-parole entre Francesca et Prudence, mais cette dernière te devance en saisissant le bout de papier, avant toi. Arrêt. Tu t'assieds par terre en regardant la réaction de la Française. Tu t'attends à apercevoir de la satisfaction sur son visage neutre, un large sourire fendant définitivement son air froid. Néanmoins, à ta grande surprise, c'est un grognement d'agacement qu'elle émet, à la vue du texte. Ton sourire disparaît alors, tout en voyant le message terminer dans la corbeille à papier.

▬ Bien. Visiblement, nous n'en savons pas plus l'une que l'autre. Mais je connais quelqu'un qui aura les réponses... Même s'il est certain qu'il ne me les donnera pas, tch. De Castellane, tu as été suffisamment utile pour aujourd'hui, je ne te retiens pas plus. grogne Prudence.

Elle est déçue, et toi aussi. Elle, elle est déçue de ne pas avoir pu récolter autant d'informations qu'elle le désirait ; elle pensait que tu lui donnerais la clé lui permettant d'anéantir Entropy une bonne fois pour toute. Et toi, tu pensais obtenir son intérêt en parlant de choses qui lui plairaient, afin d'obtenir enfin son amitié. Mais, aucun des buts n'a été atteint. Aucun. C'est un échec. Elle déverrouille la porte, en signe d'adieu.

▬ Je n'ai plus besoin de toi et nous avons cours. Tu seras recontactée en temps voulu et, si tu as la moindre information, viens me voir en personne. Pas de lms, les messages peuvent être interceptés, comme l'a bien dit Lucchini. prévient Prudence.

Il t'a fallu un peu de temps pour te rappeler que Lucchini était le nom de famille de Francesca. Mais, ce n'est qu'un détail, un problème minime comparé à ton humeur actuelle. Tu ne sais plus du tout lequel de tes sentiments dominent tous les autres, lequel est le plus puissant, lequel est le plus ressenti en ce moment même. La déception de ne pas avoir été une aide utile ? La tristesse de ne pas être parvenue à être l'amie de Prudence ? La joie d'entendre qu'elle acceptera de te revoir à condition de lui apporter des informations ? L'espoir de pouvoir te lier d'amitié avec elle à l'avenir ? Tout est flou dans ton esprit. Tu ne sais pas s'il faut pleurer ou te réjouir, s'il faut gémir ou sourire. Et pendant ce temps, la Reine des A sort du dortoir en te laissant seule derrière elle, sans même daigner t'adresser un regard ne serait-ce qu'une dernière fois.

Silence.

Tu restes un moment sur le sol, assise sans bouger en pleine réflexion sur la suite des événements. En levant le regard vers la porte toujours ouverte, tu décides enfin de te lever dans le but de partir à ton tour. Tu passes devant la corbeille à papier, te rappelant comment a terminé la réponse de Francesca, dirigeant ton regard vers le contenu et reconnais rapidement le LMS. Qu'y a-t-il d'écrit dessus ? Ce n'est pas bien de fouiller dans les poubelles, mais tu t'en moques complètement. Personne ne sera là pour t'en empêcher, ni te gronder par la suite. Alors, tu l'attrapes, et le déplies bien délicatement pour pouvoir le lire. Tu comprends. Francesca n'a pas donné d'information bénéfique dans ce bout de papier, et c'est pour cela que Prudence a été déçue. Cependant, tu sais que la B sait quelque chose, et tu vas plus que jamais la harceler. Sur cette résolution, tu sors à ton tour.

Pour Prudence, pour retrouver ta joie légendaire, et pour ne plus avoir à entendre parler d'Entropy.