Tu détestes l'infirmerie. Ce n'est pas pour rien que, tous les jours, tu fais de ton mieux pour éviter quelconque blessure que ce soit. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, tu n'es pas limitée à une simple superficialité - et au contraire, ce qu'on pense de toi n'a pas grand intérêt. Tu détestes juste être blessée. Certes, une plaie nuit toujours à ta beauté qu'il serait idiot de nier mais ce fait ne t'avait pas traversé l'esprit ; tu n'aimais pas la faiblesse, c'est tout.
Te retrouver à l'infirmerie, c'était comme l'admettre - et ce, même à titre temporaire. Une mentalité stupide, oui, mais ça avait beau te causer des problèmes, poursuivre ton quotidien était plus important que les imbécillités qu'on pleuvait à ton sujet. Gamine, froussarde - et sûrement d'autres bien pires, mais ça avait autant d'impact sur toi qu'une frappe de mouche sur la Tour Eiffel.
Cette fois pourtant, tu n'avais pas eu le choix. Un petit dérapage avec le pouvoir d'un misérable E -qu'est-ce qu'elle les trouvait idiots- et une bonne coupure au beau milieu de la paume de la demoiselle. Avec une plaie pareille qui lui transperçait la peau du pouce au petit doigt, pas moyen d'écrire au tableau ou porter un sac - parce qu'il fallait que ça tombe sur ta main droite. Les gauchers étaient vraiment cool, décidément. Il n'aurait pas été exagéré de dire que tes capacités en terme de médecine frôlaient le zéro - d'autant plus que tu n'avais qu'une main pour exercer cette tâche déjà difficile.
Direction l'infirmerie, malgré toi. Pourtant, tu ne détestais pas particulièrement Swann - et même si tu n'avais eu que très peu d'occasions de lui parler, tu te doutais qu'il n'allait sûrement pas t'en coller une pour tes pensées que tu n'avais partagé à personne. C'étai aussi dans son intérêt, à vrai dire. Tu quittais donc ta chambre, jetant tes mouchoirs à la poubelle - pas très bonne technique de soin, mais au moins, ça n'avait pas sali le dortoir. La plaie ne saignait plus assez pour que le liquide écarlate ne coule sur le sol - et c'est le plus rapidement possible que tu te dirigeais vers la partie médicale. Les couloirs et l'infirmerie elle-même étaient vides - un des avantages des cours, d'autant que tu avais l'après-midi disponible.
T'installant sur le lit de l'infirmerie, tu remarquais que tous ces mouvements avaient rouvert la plaie qui n'étaient peut-être pas si légère que ça, au bout du compte. Tu lâchais un juron, attendant la venue de Swann. Cet élève allait le payer, volontairement ou pas.
Ça commence à huit heures le matin et ça finit à dix-huit heures. Entre ce laps de temps relativement long, des élèves plus ou moins comédiens font leur apparition. Les filles empruntent les toilettes non pour faire leurs besoins, mais pur se refaire une beauté dans le miroir, car les toilettes de l’infirmerie sont tellement plus hygiéniques. La tentation de fermer la porte à clé et de préparer innocemment ses compresses d’alcool est pourtant bien présente, mais hélas, il n’en faisait rien. Il grognait, simplement laissant les allés et venus des élèves s’effectuer.
Début d’après midi, il devait quitter l’infirmerie afin d’aller chercher quelques papiers que les élèves devaient remplir, la date échéante étant aujourd’hui même. Bien entendu, les trois quart n’avaient rien rempli ou avaient simplement prétexté la plus typique des excuses : “Je l’ai oublié.”
Y pouvait-il réellement quelque chose ? Déçu de cette pêche infructueuse, il retourna donc à son lieu de prédilection qu’était l’infirmerie. C’était une grande histoire d’amour. pfpf.
Entrant donc, il vit à travers les rideaux une chevelure rose. Haussant d’abord un sourcil, il s’approcha doucement et tira alors ledit rideau qui entravait sa vue.
attend un peu. mais. Sa vue n’était rien d’autre qu’une professeur qu’il connaissait plus ou moins bien - plutôt pas mal à vrai dire, ce serait mentir de dire le contraire -. Son regard quelques instants plongé dans le sien, il poussa un profond sourire.
Eilween. Qu’est-ce que tu fiches ici ? Son regard glissa alors le long de son corps, et sa paume où reposait sa plaie n’échappa pas à ses yeux. Ah. Je suppose que la question ne se pose pas, n’est-ce pas ?
Enfilant alors des gants en latex - on aurait pu croire qu’il allait l’opérer, mais non, c’était juste pour pas mettre des microbes partout - qu’il avait au préalable saisit dans son tiroir, il se dirigea vers la pharmacie afin de sortir ce qui était nécessaire pour sa guérison.