►► Oops, I dit it again » Swann

Oops, I did it again

J'y suis presque. Je suis à deux doigts, ou plutôt deux chaises de bâtir la plus grande pile de chaises du monde. Perché sur mon échelle, tenant à bout de bras le meuble, je le pose avec délicatesse sur le haut de la pile qui tient d'un équilibre précaire. Je respire à peine, c'est si étrange d'être si près du but ! L'avant dernière chaise est posée. Je m’arrête de bouger pendant une minute, pour éviter à mon œuvre de se casser la gueule. Une fois sûre qu'elle ne risque plus rien, je m'attaque à la dernière pièce de mon puzzle. Concentration et maîtrise de soi. Alors que je m'apprête à achever mon chef-d’œuvre, une personne franchement stupide hurle mon nom.

Je me réveille en sursaut.

Mon professeur me fixe d'un œil noir de colère. J'essuie discrètement un filet de salive au coin de ma bouche et lui lance un sourire. Un de ceux qui veulent dire « désolée de m'être endormie dans votre cours pour la deux-cent quatre vingt dix-huitième fois cette année, je vous jure que ça n'a aucun rapport avec le fait que votre matière soit dénuée d’intérêt et que vos cheveux sentent le fromage de chèvre ». Vous voyez de quel genre de sourire je parle, évidemment.

— Rappelez moi comment vous vous êtes retrouvés en classe D ?

Il me crache ses paroles à la figure comme le ferait un serpent avec son venin. Ce qu'il peut être susceptible, ce professeur ! A l'entente de sa question, je hausse les épaules. C'est une question que je me pose tous les jours. « Mon dieu, Zoé ! Comment se fait-il que tu ne portes pas de cravate rouge ? »

‪— Je ne sais pas trop, j'imagine que les examinateurs ont jugé que le jaune m'allait mieux que le rouge.

Je souris. La classe éclate de rire. Monsieur Jaiboubliélenom explose. Pas littéralement bien sûr. Il tend son doigt vers la porte et me crie de sortir. Je ne proteste pas. Je me contente de me lever et de partir. Tant pis, je ferai mieux la prochaine fois.

Mon sac à bandoulière rempli de bordel sur l'épaule, je sors dans les couloirs du troisième étage, étonnamment plein, au vu de l'heure. Au fur et à mesure que je progresse, je fais des signes de mains et de tête aux personnes que je connais. En même temps, je réfléchis à ce que je pourrais faire, maintenant que j'ai du temps libre.

Je sais !

Un foot évidemment ! Je farfouille dans mon sac et en sors mon ballon gonflable. Je commence à souffler dedans. À souffler encore et encore et encore. Note pour moi-même : acheter une pompe.

Mon ballon gonflé à bloc, je m'amuse à jongler en même temps que j'avance dans les couloirs, lorsque mon regard est attiré par une tignasse blonde parfaitement reconnaissable. Swann. Devant lui, adossée au mur, une fille est en train de sourire à ce qu'il raconte. L'occasion est trop belle.

‪— SWANN ! REFLEXE.

Au même moment où je hurle ça, je joute dans mon ballon, visant bien évidemment son visage. C'est pas que je l'aime pas mon petit Swanni, et puis, je lui avais promis de pas recommencer, mais qui aime bien châtie bien, pas vrai ?

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On peut même plus draguer tranquille..      

Oops ! I did it again.

Alerte rouge. Alerte rouge. Alerte rouge. Alerte rouge. Des lumières de détresse clignotent dans ma boite à cerveau. Ce dernier semble cependant être absent. Hello ! Tu m'entends là haut ? J'ai mis en colère un vilain garçon de douze mètres de haut ! On transmet quel ordre au reste du corps ? Pas de réponse ? Tant pis. Et trop tard aussi. Déjà Swann a parcouru la mince distance de protection qu'il y avait entre lui et moi, et m'écrase l'arme de mon crime sur le visage. Je ne peux m'empêcher de remarquer deux choses. La première, Swann est un énorme rageux. La seconde, je vise incroyablement bien ! Aussi, je ne peux me retenir d’éclater de rire quand je vois la marque rougeâtre qu'a laissé mon ballon – maintenant mort – sur son visage.

—Putain j'te jure je sais pas ce qui me retient de te tirer les tresses, espèce de jufgeiyfz...

Je fais mine de réfléchir, en prenant mon menton entre mon pouce et mon index. Une position, qui selon moi, me donne un air extrêmement raffiné et intellectuel. Ce que je suis loin d'être, nous l'aurons tous compris.

— Je sais ce qui t'en empêche, Swanni chéri. Tu m'adores, c'est tout. Tu peux rien faire contre ça.

Sur ces mots, je lui tire la langue en lui faisait un clin d’œil. Grand Dieu, je suis formidable ! Mais ma capacité à pourrir la vie de mon blondinet préféré ne s'arrête pas là. Oh non. Cet enfant eux cheveux soleil fait un peu trop le mec avec les donzelles. Il est, par conséquent, de mon devoir de faire de ses plans drague, des plans largue. On est tous d'accord là dessus ? J'en étais sûre. C'est donc avec un nouvel élan que je me lance vers Miss JeRigoleAuxBlaguesDeSwannParceQuIlEstTropBg – ce nom est beaucoup trop long, vous en conviendrez – et lui dit avec un air sincèrement compatissant.

— Tu sais, c'est pas une très bonne idée de fréquenter Swann. Pour de nombreuses raisons, déjà on est toutes les deux d'accord pour dire qu'il est nul au foot et puis regarde le. Regarde moi cette tête de chips, tu veux vraiment sortir avec un gars qui ressemble à une tortilla ?

Je pointe mon accusé du doigt, lui adressant un bisou dans l'air. Maintenant j'en suis sûre. Aujourd'hui est le jour de ma mort. Dites à mon PC d'annuler le piratage de la base de données de la NASA. Je répète, l'opération piratage de la NASA est annulée.

Je ris. Bon sang, je suis géniale.

© Great Thief sur Epicode

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