Il se tenait là, appuyé contre la porte, plus silencieux que jamais. Toby était affreusement mal à l'aise. Il ne se sentait même plus capable de la regarder dans les yeux. Il avait été lâche. Le jeune homme avait fui. Des émotions contradictoires l'assaillaient de toutes parts. Colère. Remords. Peur. Soulagement. Colère contre lui-même d'avoir ainsi agi. Remords d'être parti comme un voleur. Peur de la réaction de Hope. Et soulagement… d'avoir pu arrêter la machine infernale qu'il était. Lui qui d'habitude montrait sans peine son côté indompté, animal, regrettait d'être sauvage. Peut-être que s'il avait mieux apprivoisé cette part de lui-même, le jeune A n'en serait pas là. Cette scène lui rappelait lorsqu'il n'osait pas se montrer à son grand frère quand il avait fait une bêtise. Au final, il n'avait pas changé. Toujours aussi peureux, incapable d'assumer ses propres actions. Il se mordit l'intérieur de la bouche. Sa colère contre lui-même se transformait peu à peu en rage.
Le brun releva la tête vers l'irlandaise. Ses yeux croisèrent les siens et il se sentit défaillir. Il y lut facilement cette lueur qu'il avait lui-même dans les yeux la plupart du temps : de la tristesse. Pendant un moment, ils s'observèrent sans rien dire. Pour Toby, c'était presque insoutenable. Il aurait voulu la prendre dans ses bras et lui murmurait des mots de réconfort à l'oreille jusqu'à ce que cette lueur disparaisse de son regard. Mais il ne savait pas s'il pouvait le faire. Finalement, elle vint d'elle-même. Avec un soupir de soulagement, il l'entoura de ses bras protecteurs. Les paroles de la jeune femme suffit à éteindre ce sentiment de honte qu'il avait. Elle ne lui en voulait pas. C'était tout ce qui comptait pour lui. La seule chose qu'elle demandait, c'était de ne pas la laisser. Bien sûr que non, il ne la laisserait pas. Comme certains disaient : « jusqu'à ce que la mort nous sépare ». Avant sa rencontre avec Hope, Toby avait toujours trouvé ses paroles niaises et idiotes. Mais maintenant qu'il était aussi lié avec une personne chère, il comprennait mieux le sens de cette phrase.
La main de l'irlandaise vint saisir la sienne et elle l'entraîna dans sa chambre. Un grand sourire illumina son visage. Cette scène, il l'avait déjà vécu plus tôt dans la soirée. Devant le lit, un geste de la jeune A lui intima de s'y allonger. Il s'y laissa tomber volontiers ; les évènements de la soirée avaientfini de lui soutirer le peu d'énergie qui lui restait. Hope se cala contre lui et il ferma ses bras autour d'elle dans un geste protecteur. Toby sentit qu'il se détendait et que ses yeux se fermaient. Le sommeil le rattrapait à grands pas et bientôt il sera en train de ronfler calmement. Il regarda un instant la jeune femme puis déposa un baiser sur son front.
« Bonne nuit. »
Il se ferma les yeux et bientôt, un ronflement paisible, lent et régulier emplit la pièce. Dans l'obscurité, on pouvait remarquer que Toby arborait sur son visage un air d'abruti heureux.