Complot contre Entropy || PV Mabel et Artémis

Désespoir. Ces derniers temps, tu as un peu de mal à rester constamment joyeuse et souriante, alors que d'habitude, tu as cette attitude naturellement. Ta bonne humeur s'est en quelque sorte dissipée, envolée, est partie laissant derrière elle une petite fille incapable de montrer ce qu'elle n'a plus depuis un petit moment — la joie de vivre chaque jour. Tu ne te sens plus d'humeur à rire comme d'habitude, ni à jouer, ni à rien. Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui a réussi à éteindre la lumière que tu étais ? Qu'est-ce qui t'a autant attristé, toi, qui semblait impossible à calmer et déprimer ?

Entropy. Oui. Entropy est le seul responsable de ton inquiétude.


Dans le passé, la guerre des classes et les conflits qui régnaient dans le pensionnat ne t'intéressaient pas le moins du monde, tu n'avais aucun avis sur le sujet, tant l'importance était nulle. Tu ne comprenais pas le principe, ni le but, et comme le Ranker ne se montrait jamais, pas même un soupçon d'inquiétude n'avait pu naître en toi ; le recrutement de S, qu'il avait fait, n'avait pas changé grand chose, on n'en avait entendu parler que très brièvement. Non. Le premier événement qui t'avait tourmentée était le classement présent dans les salles communes, celui qui désignait les personnalités les plus puissantes du pensionnat, les personnalités qui avaient la capacité de détruire des armées entières. Tu avais peur de voir des disputes se déclencher simplement à cause de ces affiches, alors tu avais pris l'initiative avec Mabel de vider les salles communes. Néanmoins, par manque d'organisation — ou autre —, vous n'étiez parvenues qu'à vider la salle commune des C, et un bout de la A. Certaines rumeurs disaient que les S étaient entrés en action, à cette occasion, prouvant qu'ils pouvaient bien se montrer, te prouvant qu'ils allaient bien agir au nom de la guerre des classes. Entropy était né peu après. Était-ce dû au classement ? Peut-être, et cette simple pensée te hante à présent. C'était une organisation, venant des E, qui protestait contre le système et voulait l'égalité des classes. Jusqu'ici, rien ne te dérangeait, bien au contraire, l'égalité était une valeur que tu avais toujours eue ; mais les manières violentes dont le groupe faisait preuve par contre étaient effrayantes. Ils détruisaient des salles de classes, volaient du matériel, complotaient pour semer la zizanie plus tard, faisaient des discours enflammés, et ce n'était pas le symbole de paix que tu aurais voulu constater. Ce n'était pas le sauveur qui serait venu pour sortir les élèves des griffes de la guerre des classes. Ce n'était qu'un regroupement de terroristes, qui risquait de prendre de l'ampleur, de devenir de plus en plus dangereux et de plonger le pensionnat dans le chaos. Il s'agissait du rival du Ranker. Tu ne te sentais plus vraiment en sécurité dans l'enceinte du pensionnat, comme si une guerre pouvait éclater à tout moment. Une chose était certaine, tu n'aimais aucun des deux camps.


Tu marches, la tête baissée, dans les rues de la ville de Prismver. Tu as bien évidement fait part de tes craintes à Mabel, sur un LMS, confessé tes peurs, et même une de tes larmes, qui s'est posée sur le message. Elle n'aime pas Entropy, elle non plus, et cela t'a réconfortée, toi qui pensait que tout le monde approuvait l'organisation. Lorsque tu l'as revue, tu lui as dit que tu voulais en parler, et vraiment faire quelque chose. Elle te l'a promis sur son LMS. Ce jour-là, vous avez prévu de vous retrouver un week-end, dans un endroit amusant — les manèges —, où elle amènera une "amie proche" pour en discuter. Elle t'a mentionné le nom de cette amie, mais comme tu ne la connaissais pas, tu ne l'as pas retenu — tu préfères mettre un nom sur un visage, le moment venu. Vêtue d'une petite et simple robe rouge, d'un petit bonnet blanc, tu traverses une par une les grandes routes de la cité, en atteignant finalement ta destination au bout d'une trentaine de minutes.

Des carrousels. Des marchands de glaces. Une grande roue. Des montagnes russes. Des rires. Des sourires. De la bon humeur. Tu ne peux t'empêcher d'esquisser un sourire amusé en voyant tant de joie. Cela fait si longtemps que tu ne t'es pas sentie aussi bien, aussi contente. Même si l'épisode avec Connor — le garçon qui t'a fait pleurer à la sortie du parc d'attraction — t'a marquée, tu ne pourrais jamais haïr ce lieu. Peut-être qu'après la discussion, vous iriez faire un tour de carrousel ? Cela te remonterait le moral.

Entropy. Depuis quelques jours tout le monde n’a que ce mot là à la tête. Ils sont même venus dans votre classe, une nuit, et on tout détruits. Le lendemain, tu étais une des premières sur les lieux et avait pris de photos, pour te souvenir de ça. Derrière, tu avais écris à l’encre rose



Pour te souvenir de ce qu’ils avaient fait. Et puis, tu avais légèrement perdue ta joie de vivre. Comme si ce qu’il s’était passé avec Elise t’avait fait réaliser quelque chose. Désormais, tu te demandais souvent si les gens ne te voyaient pas exactement comme toi tu les voyais. Et si la plupart te trouvaient tout bonnement insupportable ? C’était une chose que tu n’avais jamais envisagé, tellement ça te semblait improbable et maintenant…
Noëlle t’avait envoyé un LMS. Pour elle, tu ne pouvais pas te montrer maussade et triste. Tu dois sourire, rire et la faire rire. Elle aussi a entendu parler d’Entropy, sauf qu’elle en a peur. Et ce n’est pas une bonne chose. Il ne faut pas qu’elle en ait peur. Alors tu as essayé de la réconforter du mieux que tu pouvais. Et ça à l’air d’avoir plus ou moins marché. Tu t’en félicites.
Aujourd’hui, vous avez une sortie de prévu. Entre-vous, aux manèges. C’est toi qui lui as proposé ça, pour qu’elle puisse s’amuser et rire. Et tu amèneras Artémis. Parce qu’elle aussi n’a pas l’air d’aimer Entropy. Du moins, c’est ce que tu penses. M’enfin, au moins vous pourrez faire des manèges. C’est pour ça que t’as choisi ça, parce que si jamais vous avez rien à dire, vous pourrez faire des manèges, ça compensera.
Juste avant de partir, t’étais allée kidnapper Artémis et t’étais dépêchée d’aller au rendez-vous. Pour ne pas trop faire attendre Noëlle.
Une fois là-bas, tu ralentis l’allure et cherche la petite C du regard. Et tu l’aperçois, là-bas, près du carrousel. Tu souris et cours vers elle, pour ensuite la prendre dans tes bras.

─ Coucou toi !

Tu la reposes ensuite par terre, lui ébouriffes les cheveux et lui désigne Artémis.

─ C’est elle mon amie, tu te souviens, ? Je t’ai parlé d’elle.

Tu ne préfères pas trop parler et fourres tes mains dans les poches de ton pantalon. Ça te fait bizarre de ne pas avoir ton appareil photo. Mais tu estimais ne pas en avoir besoin, alors tu l’as laissé dans ta cabane.

Tu vois les enfants courir dans tous les sens, et les envies d'être enthousiastes, dans ton coin. Jamais tu n'aurais cru que ce soit possible de voir ton moral détruit à ce point ; même les manèges, que tu allais souvent faire dans le passé, ne te font plus le même effet. Auparavant, tu attendais le week-end avec impatience pour te rendre ici et faire un tour de carrousel, t'acheter une glace à la vanille ou au chocolat, pour t'incruster dans des groupes d'enfants, et même utiliser ton don secrètement pour rendre ce lieu plus amusant qu'il ne l'était déjà. Mais cela, c'était avant. Parce qu'à présent, si ce n'est plus le week-end pour lequel tu patientes, c'est pour l'abolition d'Entropy que tu patientes dans la peur. Raison pour laquelle tu attends l'arrivée de Mabel. Elle est joyeuse, elle. Elle n'a pas l'air si triste, elle. Elle arrivera très certainement à te faire retrouver ta joie de vivre, elle, parce que tu en as vraiment besoin. Tu es dans le même état que lorsque tu utilises un peu trop ton don — même si la fatigue arrive de moins en moins souvent grâce à l'aide que t'as apporté Mabel. Espoir.
À ce moment-là, quelqu'un te prend dans ses bras, en te soulevant.

▬ Coucou toi ! salue ton amie.

Tu pouffes de rire. Tu reconnais cette voix. Mabel. Cependant, tu trouves qu'il y a quelque chose de différent dans son ton. Sa voix ne sonne pas comme d'habitude, comme si elle était plus sérieuse. Enfin, c'est l'impression qu'elle te donne en tout cas. Puis, elle te dépose par terre, t'ébouriffe les cheveux et te montre la personne qui l'accompagne.

▬ C’est elle mon amie, tu te souviens ? Je t’ai parlé d’elle. dit Mabel en présentant la jeune fille qui l'accompagne.

▬ Ouiii ! La fille qui aime pas Entropy ! Mais je sais plus son nom... réponds-tu en te tournant vers le nouveau visage, tout en diminuant ta voix sur la dernière phrase

Une fille plus grande que toi avec une chevelure blonde tressée. Elle semble être en forme contrairement à toi, contrairement à vous plutôt. Mais tu ne te rends pas compte qu'elle est la plus énergique de vous trois.

▬ Arrêtez de tirer une tête pareil, bordel de Zeus. On dirait qu'un avion s'est écrasé sur vos pompes. Sérieux. Vous devriez déjà courir vers les barbes-à-Papa ou vers les manèges, non ? Remuez-voouus, on est pas là pour pleurnicher, roh. Autant profiter des attractions, nan ? se plaint-elle.

Tu te retournes soudainement vers elle, un peu surprise qu'elle vous gronde de cette manière — ou du moins, tu le prends comme une reproche. Mais, cela te fait un peu de bien qu'une membre du trio soit de bonne humeur, car visiblement, Mabel n'a pas l'air dans son assiette. Silencieuse, alors qu'habituellement, elle est la première à parler de tout, à rire de tout, à prendre l'initiative de t'aider, le genre de fille que tu n'as pas besoin de forcer à parler, elle le fait toute seule. Sauf aujourd'hui. La blonde avec la tresse te saisit un bras pour t'entraîner avec elle, ainsi que celui de ton institutrice de don.

▬ Bougez vos fesses, pensez à votre affreuse cellulite. Restez pas plantées là. On commence par ça. continue-t-elle.

Elle a l'air de désigner le carrousel que tu regardais tout à l'heure. Sourire discret. D'une certaine manière, cela te fait plaisir de ne pas être la seule à aimer les manèges, de pouvoir être enfin en compagnie d'amies, au lieu de jouer la solitaire.

▬ Oh oui ! Oh oui ! Même si je sais pas c'est quoi la cellulite. Ça veut dire que t'aimes bien les carrousels aussi ? cris-tu.

Erreur grammaticale, mais venant de toi c'est normal. En voyant l'attraction en marche, tu vois plusieurs chevaux défiler, dont certains sont montés par des enfants qui s'amusent. Ce qui a toujours été drôle avec les carrousels, c'est que les chevaux n'ont pas tous des couleurs normales, par exemple certains sont roses. Poney rose. Tu éclates de rire, amusée.

▬ Mabel ! Regarde ! Les chevaux ils sont roses ! On va dessus ? t'exclames-tu joyeusement.

Les passants ne comprennent pas, te regardent de travers et se disent au final que tu n'es qu'une enfant t'émerveillant devant un rien. Mabel et son amie seront les seules à comprendre. Heureusement que tu n'en as pas plus dit concernant le pouvoir de Mabel, parce que cela t'arrive d'oublier que la ville de Prismver n'est au courant de rien.

Artémis. Un drôle de nom que voilà. Oui, c'est joli et tu ne le nieras pas, mais tu ne l'as jamais entendu dans le passé — comme une grande partie des noms au pensionnat. Mais passons, ce n'est pas si important. Mabel s'extasie sur le poney de sa couleur préférée en hurlant quelque chose d'encore moins discret que ta remarque précédente. Décidément, vous formez une belle paire d'insouciantes. Heureusement, les passants ne saisissent pas de quoi vous parlez, préférant continuer leur chemin plutôt que de tenter de comprendre le "trip" de trois filles assez hystériques. De ton côté, tu hésites entre le poney rouge et le bleu qui se présentent devant toi. Le rouge est tout de même ta couleur préférée, la couleur des lentilles que tu portes actuellement, mais le bleu est la couleur de la classe B, ta future classe. Finalement, après une minute de réflexion, tu choisis le bleu qui est à côté de celui de Mabel. Tu montes dessus en t'installant confortablement ; puis tu agites la main en regardant Mabel.

▬ Coucou ! ris-tu en faisant signe à la A.

Puis Artémis revient avec des petits coupons, qu'elle vous distribue. Dès que tu prends le morceau de plastique, tu arrêtes systématiquement de rire aux éclats comme avant. Détaillant le coupon, bouche entrouverte, c'est à ce moment-là que tu remarques que tu as oublié de payer le tour en manège, et qu'elle a dû le faire à ta place. Te sentant un peu coupable, ton sourire disparaît.

▬ Artémis je te rembourseraaaai ! gémis-tu d'une voix désolée.

Assise sur le poney, tu attends que le carrousel démarre enfin. Normalement, quelqu'un doit vous prendre vos coupons et devra ensuite démarrer l'engin. En patientant, tu fixes Mabel.

▬ C'est long... ça commence quand ? te plains-tu.