shit

Instincts et désirs assouvis jusqu’au petit matin. Le calme saisit à nouveau les corps et les âmes. Un pied hors de l’hôtel, Heath sort le premier. Quelques pas nous séparent. Je le suis, absorbée par la vidéo que je regarde depuis son téléphone. Je finis souvent par le lui emprunter. Parce qu’avec le sien, ça fonctionne toujours mieux, toujours plus vite. Et c’est injuste d’ailleurs. Nuances d’expressions collées au visage, je suppose qu’on peut y décrypter tout ce qu’on veut. Intense concentration. Légère excitation. Des paillettes papillonnent sous mes cils. Une énième envie s’éveille. Mes dents emprisonnent ma lippe inférieure. Je cale une mèche de cheveux derrière l’oreille et redresse la tête tout en pressant l’allure vers Heath.

__ Regarde toutes ces couleurs. Je prendrais peut-être un jour le holi festival en photo.

Je lui tends le petit bijou de technologie qui lui y ait si cher. Mes yeux vrillent instantanément sur lui, mais impossible de déceler une euphorie similaire à celle qui grouille dans mon ventre. Normal. Il s’agit de Heath après tout. Mais mon attention ne supporte pas bien longtemps l’absence de couleurs. Le temps se suspend pour quelques secondes.

__ Qui sait. Peut-être que je deviendrais photo-reporter, que je parcourrais le monde en quête de beau et d’instants de liesse… Pause. Mais je reviendrais toujours à mes premiers amours : shooter des sportifs en pleine action. Et on se reverra à ce moment-là. Toi sur le terrain et moi sur le bord à observer.

Chose que tu adores, avoue Heath. Rire léger. Et je fais réellement pause sur la vidéo.

__ À moins que tu ne sois en train de diriger le monde depuis ton ordinateur et que je ne finisse en honnête vendeuse de fringues à la Nouvelle-Orléans.

Le sérieux dans la voix contraste avec l’ironie des mots choisis et le rire qui s’échappe de mes lèvres.
Tandis que je lui fourre son téléphone dans la poche de sa veste, mon cerveau admet qu’il s’agit là de bien plus qu’une simple probabilité. Parce qu’il faut bien retourner auprès d’une mère qui trime depuis ma naissance et que je prenne à mon tour soin d’elle. Même si je pourrais nier que cela fait partie de mes nombreuses envies et de quelques uns de mes devoirs, je devrais au moins rectifier cette pensée. Retourner auprès d’elle n’est pas une obligation... Et puis, parce que je n’obtiendrais certainement jamais les capacités de faire plus, d’être une pro dans ce domaine dont je suis addict… Je finirais même par cumuler les boulots pour m’en sortir. Tant de choses inaccessibles, hors de ma portée. Tant de souhaits opposés. Mon âme soupire, presque fataliste.

__ En parlant de fringues, j’ai des courses à faire de ce côté-là. Et je vais voir pour un ptit job en extra. Mais chut. Tu sais, c’est pour le cadeau aux filles dont je t’ai parlé.

Un signe de main. Un « à plus tard ». Et nos chemins se séparent, comme si ces parenthèses qui occupent parfois nos vies n’avaient pas eues lieu. Enfin presque. Ma voix s’élève à nouveau, il se retourne.

__ Heath ! … Je me ravise. Non rien… Bye.

Qu’est-ce que tu voulais dire ? Merci peut-être ? Crétine ! Sourire esquissé, ma silhouette fuit. Je m’engouffre tête baissée dans la ruelle d’à côté. Et déjà une halte devant la deuxième boutique que je croise. Une petite annonce sur la vitrine capte mon attention et me fait oublier ma culpabilité.

H.S : FJKHGKFSZMNHMPF ♥ Charlie doit-elle craindre pour sa vie ?

Mon neurone dérape sur la fin de la phrase de l’annonce « recherche vendeuse dynamique. ». Il est peut-être tout seul à traîner dans mon cerveau en ce bon matin, mais il m’a permis de mettre un visage sur cette voix avant même que je ne tourne la tête en sa direction. Je la dévisage, elle me dévisage. Et mon cœur en rajoute une couche, loupe un battement et hurle SHIIIIIIITT.

__ Jo…

Je déglutis. Respire. Pourquoi. Pourquoi elle. Pourquoi elle et ses idéaux d’enfant romantique que je ne voudrais pas réduire en morceaux. Pourquoi elle, notre amie. Pourquoi c’est moi qu’elle assaillit et pas Heath. Pourquoi tout court. Et à cet instant, c’est moi qui fait l’enfant. Coupable. Prise sur le fait en pleine bêtise avec celui qu’il ne faudrait peut-être pas approcher. Un véritable kaléidoscope d’émotions défile sur le visage de Johanna. J’y devine l’incompréhension, la colère, le sarcasme et tant d’autres choses. Je détourne le regard. Je redoute l’esclandre. Je soupire anticipant le sale quart d’heure que je vais passer, puis je propose d’entrer dans le café d’en face.

Un faux-calme règne. Les commandes de café se font dans un silence de plomb. Et si je n’osais plus affronter son regard jusque-là, je lève la tête et rive mes yeux dans les siens. Je ne sais toujours pas ce que je vais lui dire. Dois-je mentir ? Affirmer qu’elle a mal vu et en rire. Camper sur une fausse position ; oui c’était l’unique et seule fois. Johanna est peut-être naïve parfois, mais elle est loin d’être conne.

__ Tu connais Heath. Picoler et être saoul ce n’est pas son genre. C’est peut-être plus le mien. Et encore.

Des détails, des détails. On s’en fout de tout ça Charlie. Tu vas juste passer pour une moins que rien aux yeux de ton amie.
Les boissons chaudes arrivent dans un claquement sur la table. Futile distraction.

__ Ça n’aurait dû être qu’une fois...

Ce murmure amorcerait presque ma chute. Mais je me raccroche à ma tasse. Me fais violence pour ne pas regarder ailleurs. Même si Heath est toujours d’accord et qu’il ne ferait certainement rien contre sa volonté, c’est bien moi qui aie créé cette situation.

__ Mais cela fait presque un an qu’on…

On fait quoi au juste ? Bonne question. Qu’est-ce que je fabrique avec Heath ? Je laisse parler mes instincts égoïstes. Et lui trop gentil, il me laisse faire ?

__ On fait comme dans ces films que tu ne mets certainement pas dans la case « romantique ». Je couche avec lui lorsque j’en ai envie.

Mes mots oscillent entre second degré et claque et pourtant je reste d’un calme olympien. Qui l’eut cru ?

J’aurais peut-être dû me cacher derrière un « on couche ensemble ». Et derrière le fait que nous sommes tous les deux d’accord sur ce qui se passe. Entre enfants consentants  ou quelque chose comme ça. On papillonne sans vergogne chacun de notre côté, la liberté en fer de lance, donc tout va bien non ? Et puis, après tout, dans un sens c’est vrai. C’est souvent quand moi j’en ai envie. Alors je tais la complicité qui est née de nos échanges privés. J’omets de préciser nos confidences. Je mens un peu pour ne pas attiser encore plus le rejet que je perçois maintenant dans ses yeux émeraude. Je baisse enfin les yeux.

__ J’ai sans doute besoin de plus d’attention que toi. Et c’est beaucoup moins mignon lorsque c’est moi qui en réclame. Mais que veux-tu. Je suis faible face à la gente masculine et Heath… Heath est juste là.

Je lui laisse le soin de tirer ses propres conclusions bien que je ne sache pas moi-même si j’essaye de lui faire croire que Heath ou un autre, c’est du pareil au même pour moi. Alors que c’est faux. Je sais bien que je devrais me détacher de lui avant que je ne fasse une connerie qui l’acculerait de regrets et moi d’un peu plus de remords. Mais je suis encore trop faible, je me laisse trop facilement attendrir par son « affection ». Peut-être que Johanna me convaincra. Je relève mon nez de la tasse. Je la fixe avec mes vœux contradictoires planqués au fond de mon cœur, tandis que mes lèvres accueillent le rebord de la tasse. Le nectar sombre me brûle la gorge, mais je ne le lâche pas pour autant.

__ Désolée.

Et si ce n’était pas toi en face de moi, j’aurais ajouté « que tu l’aies appris ». Parce que ça ne regarde personne. Mais je me fourvoie encore, n’est-ce pas ? Nous sommes liés. Je ne peux plus faire comme si cela n’aura aucune conséquence. Confrontation.

Mais désolée de quoi ? De ternir ses illusions ? De salir ces relations ? De te décevoir ? Comme si elle attendait quelque chose de moi. Et puis pourquoi je devrais me justifier ? Elle n’a pas besoin de savoir que je suis peut-être plus attachée à nos escapades charnelles que lui, mais que je ne dis rien vu que j’en demande déjà beaucoup. Que je me languis d’un mort et que je place des espoirs vains vers un autre bien vivant. Que je fantasme bêtement sur d’autres. Et que je me laisse séduire par certains. Certes, je ne réponds pas toujours à leurs attentes, alors je récolte ce que je sème. Je ne peux pas leur en vouloir. Puisque tout ceci n’est pas sérieux et que je suis ce type de personne... Pitoyable, misérable. I’m just a mess. On ne me chérit pas. On ne m’aime pas. Mais tout va bien. I’m already used to all this.

Une main dans les cheveux, gênée par tout ça, par toutes mes pensées qui m'assaillent et elle qui... Je m'enfonce dans ma chaise avec le sentiment que les leçons d’amis seront encore moins agréables que les coups d’un étranger. Mais vas-y Johanna. Surprends-moi. Secoues-moi. J’espère sincèrement que ta verve aura de l’impact.

__ Désolée pour quoi ? T’a pas à l’être, chacun vit sa vie comme il l’entend.

Sa réponse me surprend, mais c’est vrai que Jo’ est bien plus mature que ce qu’elle peut laisser croire. J’avoue que ke m’attendais à autre chose. Jugements, critiques et peut-être même insultes pour faire ça dans son dos et avec Heath. Parce que même si ce n’est pas forcément méchant, Johanna est une âme passionnée, franche et entière. Ce qui lui passe par le cœur, elle parvient à le dire haut et fort la plupart du temps. C’est ce qui fait sa fraîcheur, son enthousiasme, sa force aussi. Admiration. Les premiers pétales bougent au rythme de son inventivité et plus le cœur se dessine, plus sa tendresse apparaît.

Mes épaules se décrispent. Soulagement. Mais la suite me surprend à nouveau.

__ Hola hola miss journaliste...

Ma phrase se voulant inutilement pimpante meurt presque immédiatement. Interloquée, la tension revient dans ma mâchoire. Qu’est-ce que c’est que ces questions ? Je penche la tête sans m’en rendre compte -pensive- alors que mes prunelles s’attardent sur les rainures du bois sur lequel je suis assise.

__ Des sentiments... Pour Heath…

Les mots se décomposent entre mes lèvres en même temps qu’ils se réunissent dans mon esprit. Un léger rire m’échappe, comme réponse à ce vide qui m’accapare.

__ Je ne sais pas. Enfin si. Si nous n’éprouvions rien, si nous étions indifférents l’un à l’autre, on ne se verrait pas de la sorte. Mais…

Je me redresse, laisse glisser mes coudes sur la table. Une main reste liée à la tasse posée juste devant moi. Mes doigts en dessinent le contour, mécaniquement. L’autre main s’échoue dans mes cheveux près de ma nuque à laquelle je m’accroche.

__ Je ne sais pas si c’est plus, ou moins qu’un simple attachement. Je souris. Je m’adoucis. Et je le reconnais. Heath est un type bien, il est plus proche de ce qu’on pourrait attendre d’un HOMME que beaucoup de garçons de ce pensionnat, c’est sûr. Il mériterait de n'appartenir qu'à une seule et une unique femme...

La fatigue de la nuit. Je bats des cils et ma tête se pose sur ma main, nonchalante. Un an… Que je fais des caprices de mon corps sans réellement me laisser aller. Je reste dans la retenue. Un an que je suis plus seule que jamais au milieu de cette foule. Mes sourcils se froncent, un sourire se plaque sur mes lèvres. J’avale une nouvelle gorgée d’un café sucré et pourtant bien amer.

__ Un an, hein ? … Pas que ça ne me fait rien, c'est plutôt que je n’ai pas fait attention, je n’y ai pas réfléchi. Et ça fait déjà un an que je noie ma solitude dans ses bras...

La réalité me saute un peu plus à la gorge, féroce. Je me sers de lui. Je ne prends même pas la peine de sortir avec lui ou au moins de tenter le coup. Horrible être que je suis et qui vacille. Bon d’un côté, ce qui est rassurant, c’est que Heath ne semble pas se soucier d’un tel… détail. C’est qu’il ne le souhaite pas tout simplement. Je me racle la gorge, goûte une nouvelle fois au liquide noirâtre, comme pour faire passer la pilule.

__ Je suis juste égoïste et Heath l’est aussi à sa façon, en plus d’être trop gentil, mais certainement pas dupe. Honnêtement, je ne m’attends pas à ce qu’il assume quoique ce soit. D’ailleurs, je ne vois pas quoi ni pourquoi il le ferait. Lui non plus n’est pas sérieux à propos de tout ça. Et qu’il accepte de perdre cette liberté d’actions qui le caractérise m’étonnerait vraiment. Parce que je ne suis qu’une parmi d’autres… Héhéhé. The Heath Girls. Mon rire hébété s’estompe rapidement. Ce n’est pas grave, ça ne me dérange pas. Et c’est… plus simple comme ça. En plus, qui te dis qu’il n’entretient pas le même type de relation avec une autre ?

Et c’est vrai, je n’ai pas envie de savoir. Notre relation est pratique, nous convient telle quelle. Pourquoi vouloir plus au risque d’être déçu ? Heath... Je ne peux pas. C'est déjà la solution de facilité. Je toucherais le fond si je m'accordais le droit d'en vouloir plus. Je ne peux pas m'y autoriser.
Je souffle, je me détends. J’étire mes bras devant moi.

__ Dans tous les cas, je lui ai déjà dit. Lorsque Heath aura quelqu’un dans son cœur, je m’effacerais. Quant à moi, je n’aurais pas de petit ami. Tu peux le voir toi aussi, je ne sais pas ou du moins, je ne suis pas plus dotée de cette capacité. « Aimer ».  

Je souris à nouveau, calmée, persuadée ou résignée ?

__ Et la réponse est non. Il pourrait me suffire, mais ce n’est pas le cas. Il s’agit bêtement de sexe. Désolée, je ne suis pas romantique. On ne me prend pas au sérieux parce que je ne le suis pas, alors c’est normal que je n’ai rien en retour. Je ne peux rien y faire.

Rire. Je croise les bras et viens m’appuyer contre le rebord de la table pour mieux faire face à Johanna. Presque narquoise pour quelques secondes.

__ Avec de tels défauts, j’aurais dû naître homme. Mais je suis sûre que j’aurais plus de succès que Heath et Skygge réunis. À moins que je ne sois de la trempe de Léocade.

Légère grimace. Le pire c’est que ça se pourrait. Mais

__ Pour ma prochaine vie… Dis-moi. Dis-moi comment tomber amoureuse d’une belle façon. Parce que je t’envie. Même si je préférerais te protéger de ces canines qui se planteront un jour dans ton cœur… J’envie ta façon d’aimer et de les aimer. Et eux aussi. Ils ont de la chance. Ceux d’aujourd’hui et ceux que tu rencontreras.

Tanpis si je baisse dans son estime après cette discussion. Au moins j'aurais été franche. Du moins autant que je le peux au jour d'aujourd'hui. Car je sais pertinemment que vous êtes tous bien plus honnêtes. Toi ma Jo, tout comme Heath et même Ashley.

__ ... Tu m’envie quoi ? De jamais être réellement tombée amoureuse ? D’avoir un coeur tout mou, de craquer sur le moindre mec qui a un peu de charisme ? J’ten prie. Je suis ridicule et je le sais. Y’a pas d’Amour. C’est juste dans ma tête. Il suffit que je sois dans ma période Sport pour être à fond sur Skygge... Quand j’admirai le skateboard c’était Heath, et quand j’admirai les hipsters j’ai craqué pour Léocade... J’ai même eu une sérieuse attirance pour Jim quand j’étais dans mon délire punk... Je tombe pas amoureuse, c’est bien le problème. J’ai un nouveau crush tout les mois. Je leur parle pas, il se passe rien, et je craque pour un autre. Super. Un vrai conte de fée.

Je fronce le nez, le regard légèrement amusé. Que de révélations aujourd’hui. Alors qu’un petit être -goddess in my inner world ?- se moque et tente de me hurler « VOUS N’ÊTES PAS SI DIFFÉRENTES ! WAKE UP !! » /tg !

__ Tu te sous-estimes. Ce n’est que le début. Ton cœur tout mou cherche juste sa forme idéale.

__ Je peux pas te dire comment tomber amoureuse d’une belle façon. Je l’ai jamais réellement été. Demande à Sarah, ce sera bien plus passionnant que mes histoires de merde..

Je manque de m’étouffer avec le café lorsque le nom de Sarah vient bourdonner à mes oreilles. Et ma gorge laisse échapper un éclat de rire en entendant la maigre consolation de Johanna l’intellectuelle. Comment Johanna peut-elle être sérieusement aussi imprévisible ?

__ Sarah ?! Sérieusement ? Au moins tes histoires de merde comme tu dis ne te ravagent pas jusqu’à la moelle. Il y a des passions tout aussi vibrantes et dévorantes mais beaucoup plus saines. Regarde Mo’ et Jim.

Je me redresse sur ma chaise. Petite pensée positive pour ces deux-là. Je croise les doigts, me mordille la lippe inférieure malgré le sourire qui se pend à mes lèvres. Leur relation fait envie, ça c’est sûr. Mais jamais ô grand jamais je ne l’avouerai. Et j’irai encore moins leur demander des conseils. Nous ne sommes pas vraiment dans les mêmes catégories… Et surtout, vu les fausses notes du début de leur histoire, espérons que la suite de la partition soit moins lyrique (<< dédi à Sarah ♥).

À mon sens, belle histoire ne devrait pas avoir à rimer avec désolation, haine et consort. Si tu as le goût du dramatique Johanna, il y a de grande chance que ça se finisse mal. Tu devrais profiter de ton conte de fée ma belle. La vie est déjà bien assez chienne, il ne manquerait plus que le chaos nous atteigne encore plus. Et à mon petit niveau, je donne déjà. Alors je me garde bien de lui dire. Et d’ajouter que si je m’accordais quelques espoirs, je serais définitivement une romantique. La loose.

__ Et ne dis pas que tu es ridicule. Ma voix s’est faite étonnamment sévère. Je me radoucis. Tu es toi, c’est tout.

Une adolescente. Une femme qui se forge. Une incorrigible rêveuse.

__ Laisse le temps et les découvertes à venir faire leur travail et bientôt, ça sera toi qui attrapera le cœur que TU auras choisi sur le volet.

Tendre sourire. Et je me drape dans le silence.
Tout est une question de confiance. C’est certainement horrible à dire, mais depuis mon appareil photo, je me plais à imaginer ce qui pourra leur arriver. À force de les observer se mouvoir, j’ai mes petites théories. Et j’ai confiance. ‘Cuz it’s the easy way.

Mais d’où vient cette altération ? Keeping high my hopes for others ; let mine going down. Encore un travers qui trouve sa pseudo-justification dans un passé familial en demi-teinte ? Maybe. Je ne me pose pas ce genre de questions. Je les esquive. D’ailleurs je m’étonne moi-même d’avoir laissé filtrer autant de choses en l’espace de quelques gorgées de café. Me & myself : on grimace à l’intérieur. Parce que shit. Cette journée était supposée être sans prise de tête, pour bien continuer sur la lancée de la nuit passée.

Je lâche enfin Johanna des yeux qui retrouvent leur liberté en s’échouant sur les passants qui les ignorent depuis la ruelle. Machinalement, je fais tinter la cuillère dans ma tasse qui est pourtant quasiment déjà désertée de son contenu. Il n’y a plus rien à remuer.
Je suis le vide et ils sont le plein qui emplit l’éprouvette nommée fièrement « Prismver ».