everytime i close my eyes it's like a dark paradise
La vérité fait mal. C'était connu et Ulysse en avait la preuve. Deux jours, deux jours depuis leur dispute. Deux jours à saigner à cœur ouvert mais à se remettre de ses séquelles. Petit à petit tout allait mieux. Plus de Fani à tout va. Plus d'images qui n'ont aucun sens. Juste des souvenirs, des vrais souvenirs qu'elle avait refoulés pour ne plus y penser. Ce n'était jamais la bonne solution, elle le savait mais elle persistait. Parce que ça faisait mal. La blessure était trop fraiche. Épargne toi plus de mal. Douce ironie. Si seulement il savait à quel point taire la vérité lui avait fait encore plus de mal. Comment pouvait-elle se relever et s'en sortir si elle n'avait même pas les bonnes bases ? Comment pouvait-elle avancer en se basant sur un mensonge? Quel idiot. Quel sombre idiot. Et elle était si en colère contre lui de lui avoir menti, parce que pour elle sa démarche n'avait absolument aucun sens. Ce n'était pas sincère, c'était lâche. Il n'y avait aucun bon sentiment, aucune affection. C'était juste une porte de sortie, un mensonge lâché pour se sortir d'une embrouille. Un coup du renard. Ça n'avait aucun sens. Vraiment aucun sens.
Et les souvenirs n'étaient toujours pas ordonnés. Il y avait encore du fouillis. La paix n'était pas présente, et ça, elle en avait plus que marre Ulysse. Plus que ras-le-bol de tout ça. Maintenant qu'elle connaissait la vérité, elle voulait remettre de l'ordre. Elle ne voulait plus être la victime de ses pensées, encerclée par celle-ci. Car elle était la maitresse de son esprit. Elle l'avait toujours été.
Mais il y en avait trop, beaucoup trop pour remettre de l'ordre par elle-même. Elle allait devoir demander de l'aide. Mais à qui ? Oh ça elle le savait. Elle avait déjà sa petite idée depuis longtemps. Parce qu'il était de retour.
Neil.
Parce qu'il était le responsable de ce bordel. Et le pire c'est que d'après ce qu'elle avait pu entendre il ne s'en souvenait même plus. Il lui fallait une raison. Une raison valable pour qu'il l'aide. Et au fond d'elle la raison venait s'imposer d'elle-même et pourtant il y'avait la chaine des scrupules qui venait l'empêcher d'aller plus loin.
Mais après tout Ulysse n'était-elle pas avide de liberté ?
14h infirmerie. Elle lui avait donné rendez-vous, allait-il venir? Oh elle en était sûre, qu'il viendrait. On lui avait sûrement parlé d'elle. Ne serait-ce que mentionner son nom. Même si au fond il ne savait pas ce qu'il lui avait fait, il ne savait plus. Quel dommage qu'il est eu tant de vigueur à s'effacer la mémoire alors qu'il n'avait effacé celle d'Ulysse qu'en surface. Ça lui aurait évité bien des soucis.
Un bruit, elle se retourne. Il était là dans l'encadrement de la porte, suspicieux. Mais les soupçons étaient fondés. Il n'avait vraiment pas l'air de la reconnaître. Quel lâche. La haine lui prend aux tripes mais elle se maitrise Ulysse. Hors de question pour elle d'exploser de nouveau.
Bonjour. Il s'avance, ferme la porte. Ulysse ne bouge pas, elle sourit poliment. Elle se tient droite. Elle est calme. Ses yeux se plissent. Je ne vais pas y aller par quatre chemin. Mon nom est Fani Ulysse Kopulos je suis sortie avec Heath pendant trois mois, j'étais amoureuse de lui, et tu m'as effacé la mémoire par jalousie, m'enlevant tout souvenir de notre ami commun et mettant une sacré pagaille dans mon cerveau au passage. Elle relève le visage, laisse l'information planée quelques secondes. Si je t'ai demandé de venir aujourd'hui c'est parce que je veux que tu m'aides à tout remettre en ordre. Sourire prononcé, le poignard de ses mots ne va pas tarder à trancher. Transmission ça faisait longtemps mais elle en est capable. Elle le sait. Ce n'est qu'une phrase après tout. Et ne penses même pas à refuser sinon je divulgue l'identité du chef d'entropy à l'administration. Tu sais ? Notre cher et tendre ami commun : Heath.
Elle s'avance à sa hauteur, se plante devant lui. Elle doit lever les yeux mais pourtant elle ne se démonte pas, elle n'a pas peur. Et elle n'a aucun scrupule à menacer Heath. Elle est trop en colère pour y penser, mais aussi bien trop attaché à lui pour réellement mettre ses menaces à exécution. Mais Ulysse est bonne actrice, elle l'a toujours été. Sourire en coin.