Il a rétorqué. À chaque chose que j’ai dite. J’ai fait semblant de ne pas l’entendre sur le coup, comme si il ne réagissait pas, parce que d’habitude, c’est ainsi qu’il fonctionne, comme si rien ne l’atteignait vraiment. Mais en réalité… It was loud and clear. And I remember everything. Aussi dur que moi. Notre tendresse s’est dissipée. On s’est dit des horreurs, on s’est déchiré… En fait non. T’as tout fait toute seule Charlie comme une grande. En même temps, c’était prévisible que je ferais l’autruche, n’acceptant rien. Et oui, effectivement, tu t’écroules. Avec brio. Une prestation digne de Broadway.
L’écart de conduite violent a coupé court à mes idées. Nouant ma voix au fond du cœur avec frayeur. Alors mon visage vrille en direction de mes jambes, je fais la sourde oreille. Un peu plus. Il se casse. Encore. À sa remarque « Fais pas n’importe quoi », je hoche légèrement la tête de gauche à droite. Il me prend pour qui ? Pour quoi ? J’ai plein de défauts, mais quand même ! La porte claque, me fait sursauter, mais je m’obstine, refusant de le voir s’éloigner. Mes jambes viennent se plier sur ma poitrine, mes bras les entourent. Puis il revient, lâche une bombe qui sort de nulle part. Pour seule réaction : je cille, mes iris se dilatent, je le sens. Ébranlée. Mais je ne dis rien. Je suis pas en mesure d’analyser ou même chercher un quelconque sens caché si il y en a un. De toute façon, c’est peut-être pour une fois simplement la stricte vérité, sa conclusion sur nous deux qui se résume évidemment à un rien. Et puisque c’est comme ça, c’est comme ça.
Je n’entends pas sa dernière phrase. Et ça s’arrête-là. Pendant de longues minutes. Amorphe.
Puis c’est comme si je revenais à moi, étrangement calme bien qu’un subtil tremblement se détecte dans mes mains qui se cramponnent au volant. Contact, je tourne la clé. Puis ré-éteins tout. Quelques minutes passent après avoir surfer sur mon téléphone, comme Heath le ferait certainement. Et enfin, je redémarre le véhicule. L’envie furieuse de tracer ma route sans demander mon reste à qui que ce soit me trotte dans la tête et dans les tripes au fur et à mesure que les panneaux indiquant d’autres directions défilent dans le miroir du rétroviseur. Main dans les cheveux. Il va être à la porte de l’appart’ puisque ma mère n’y est pas. Je suis obligée de rentrer.
Mais pas tout de suite.
Je sors des grands axes, reviens vers la capitale de la Louisiane et ses abords. Lafayette me guide. Ma destination sera le cimetière portant ce nom. Sans mauvais jeu de mots ou de circonstances, j’erre dans les allées de caveaux telle un zombie à la recherche de la tombe d’Aaron que je finis par trouver en en reconnaissant d’autres. Étrange de voir ce que le cerveau décide d’enregistrer dans des moments de désarroi pour y imprimer ses cicatrices.
Et je fais face pour la première fois au tombeau de celui que j’ai bien trop aimé sans jamais lui dire mon affection. Je toise le nom gravé une seconde. L’œil mauvais. Déflagration. Je rejette toute la faute sur lui dans un nouvel éclair de rage. Tout est de sa faute. Et je hurle presque jusqu’à vouloir réveiller les morts. Je hurle mes sentiments refoulés : je te déteste, je t’ai aimé et je ne t’aime plus. Ne m’en veux pas, ne me déteste pas. Pardonne-moi. Laisse-nous en paix. Tout est lâché dans le désordre, avec violence. Les pots de fleurs défraichis et vides valsent même, s’explosent au sol comme mes larmes sur mes joues. Libération. Ça fait combien de temps que personne n’est passé ? On s’est tous terrés dans notre chagrin et on a oublié l’essentiel. Et dans les déambulations de mes pensées, je réalise que je n’aurais peut-être jamais eu de relation avec Heath si Aaron n’avait pas fait son overdose. Je n’aurais pas cherché à soulager mes peines dans ses bras. Puis je ne me serais pas ouverte autant à toutes ces personnes qui composent aujourd’hui ma vie. Le cœur se pince un instant en résumant la situation par « un mal pour un bien ? » que je rejette en bloc. Non, c’est plus simple que ça. Je devais les rencontrer. Et je suis contente de l’avoir fait. Qu’Aaron soit dans ma vie ou pas ne changerait rien et n'aurait rien changé à cela. J'en suis certaine.
Abasourdie et épuisée, le calme est revenu dans mes muscles. De mes mains, je cherche à nettoyer la scène de mon pétage de plomb. La terre et la céramique dans les mains. Je me salis avec indifférence avant de quitter le lieu de ma perdition avec un souhait égoïste : ne jamais y revenir.
***
Nonchalamment, je grimpe l’escalier qui mène à mon appartement. Il est assis par terre, à côté de la porte. Nous restons muets. Mais je me défais de sa veste en cuir pour la lui rendre. On pénètre le lieu. Le silence dans l’appartement est aussi pesant. Il y a un malaise évident. Haut-le-cœur. Est-ce que cela va être pire qu’avant entre nous ? Est-ce que ça va se détériorer toujours un peu plus à chaque fois ? Je ne veux pas de ça.
Je pose juste mon regard vide sur lui. Incapable de formuler une pensée claire vu le boulet de plomb qui retient mon cœur. Je reste silencieuse un moment, le regard toujours fixé sur lui alors que je devrais m’excuser, implorer pardon pour avoir bafoué ses intentions. En plus je le suis vraiment… Et ça se décante enfin quand j’y pense. __ Désolée. Tu as eu raison. Et tu as bien fait… de partir, de t’éloigner. Douce et cruelle résignation dans la voix, la moitié d’un sourire fend mon visage. Je baisse la tête, pivote à moitié, repense à un détail. Ah oui c’est vrai… Je sors mon téléphone de ma poche, y glisse mes doigts puis referme le tout. Mail transféré à l’intéressé. __ Ton avion est demain soir. Désolée, il n’y en avait pas avant…
Qu’il s’offusque, qu’il s’énerve, qu’il m’assassine, qu’il prenne cet avion ou pas. Peu importe. À cet instant précis, je n’ai plus assez de forces, ni même l’envie de répliquer quoique ce soit. Pourtant, ce n’est pas comme si je n’avais pas un autre milliard de choses -moins dures- à lui dire. Maintenir la connexion, continuer la conversation ? Un autre jour, certainement. Je ne sais pas ce qu’il veut. On ne se comprend pas ou plus ? On ne s’accepte pas ou plus ? Qui sait ? Confusion éternelle dans la fourmilière. Mais ce n’est pas un rejet, j’ai vraiment besoin de rester seule ici pour régler définitivement mes problèmes et espérer avancer. Il n’y a plus rien à faire ici pour Heath puisqu’il a déjà permis une prise de conscience de mon âme misérable. Que ça n’allait pas fonctionner ainsi. Oui, les remerciements seront définitivement nécessaires. Même si il « s’en branle » et n’a besoin de rien. Surtout pas de moi. Je me raccroche à sa propre certitude : Joach. Le pilier du piler est là. Je reviendrais à Prismver quelques jours plus tard. Parce que l’île me manquera trop. Ils me manqueraient tous trop. Ils sont devenus aussi importants que ma famille d’ici. Je viens seulement d’en prendre conscience. Grâce à Heath et sa gueulante, aussi blessante fut-elle.
Je m’éclipse dans la salle de bain. Lentement je m’enferme avec cette pensée. Lessivée. À l’ouest. Et j’aimerais faire taire tout ce qui grouille en moi, devenir insensible. Retrouver le tombeau de glace m’effleure l’esprit. Mais que ça n’atteigne que certaines parties de moi : c’est pas possible, n’est-ce pas ? Un grincement de robinetterie. L’eau coule. Un rire nerveux qui éclate en sel. C’est toujours aussi ridicule. J’efface ces pensées qui polluent mon esprit. J’ai peut-être mis à terre ma relation avec le chef d'Entropy, ami proche et colocataire, mais ce n’est peut-être pas irrécupérable. Il faudra juste fonctionner différemment. Rien n’est trop tard. Il n’est pas mort lui. Il n’est pas malade. Il va bien.
Ils vont tous bien. Et j'ai encore mes chances pour bien faire, pas vrai ?
Mes jambes flanchent, mes mains cognent contre le rebord de la baignoire auquel j’ai essayé de me rattraper. Définitivement vulnérable.
Il voulait que je pleure -ils voulaient tous que je pleure ?- et bien voilà chose faite. Comme je l’avais prédit, je n’arrive pas à m’arrêter. L’hyper-sensibilité me transperce. Et je ne sais même pas pourquoi mes sanglots tombent.
Kiss away my tears.
#ff6633
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Sujet: Re: N-O. Ven 4 Juil 2014 - 21:10
Yeux clos. La tête contre la vitre. Le rythme lent du tram. Un homme y joue de l’accordéon, à croire qu’on ne peut jamais avoir la paix dans cette ville où tout bouge sans cesse, en musique. Il soupire, souffle de plus belle; tout ça ne l’enchante plus. L’euphorie de la découverte s’est transformée en amertume, et le besoin d’être loin de Prismver est devenu manque de cette dernière. Manque de Joach. Si seulement il était là, assis à côté de lui, Heath pourrait continuer de cracher sa rage, pourrait dire tout ce qu’il pense de Charlie, pourrait la critiquer comme il sait si bien le faire - regarde comme l’herbe du voisin est pourrie, mais non, ne nous intéressons pas à la mienne. Et c’est là la prétention et l’arrogance d’Heath qui lui remue les entrailles: il a raison, elle a tort. Il est fort, il sait ce qu’il fait, et elle est faible et paumée.
Vraiment, Heath ? Tu es fort ?
Son regard de braise est fixe, sous lequel défile le décor de la ville. Il n’est plus là. Il n’est même plus sur ce continent. Entropy. C’est à ça qu’il pense pour ne pas penser au reste - essayer d’arracher une autre mauvaise herbe quand la première ne veut pas venir. Heath n’a jamais eu la main verte, et si jardin secret il y a, il est en piteux état. Mais il faut canaliser cette colère, la rediriger ailleurs. Parce-que Charlie n’est responsable de rien, Charlie est une victime, et tout lui cracher à la gueule était une erreur - mais une erreur dont elle avait besoin, il en reste certain. Il a néanmoins jeté sur elle toute sa frustration à lui; oh discrète frustration bien enfouie au quotidien sous des couches d’assurance et une pointe de prétention. Heath est le mec qui gère la situation, quelle qu’elle soit.
Ou pas !
Et c’est Prudence, Anshu et Nemesis qui occupent ses pensées. Oublier Charlie, apaiser ce qu’il ressent pour elle. Focus l’ennemi. Si les jeux vidéos ont quelques effets négatifs, ils lui apportent aussi bien des capacités: la concentration, la stratégie, le jeu d’équipe. Mais concernant Entropy il est plus que fatigué des stratégies - concernant les filles aussi, d’ailleurs - parfois, au cours d’une partie, la dernière solution est de jeter toute son armée dans une bataille qui semble perdue d’avance. Surprendre. Coup de poker. ‘Tu t’écroule, Charlie. Sois plus forte. Tu les emmerde.’
... Tu t’écroule, Entropy. Sois plus fort, Heath. Tu les emmerde. Tous.
Ce n’est plus Prudence. Ce n’est plus Anshu. Ce n’est plus Nemesis. C’est Prismver. Les Jedis n’ont pas tenté de mettre un Président à la tête de l’Etoile Noire. Ils l’ont explosée. Peut-être que quand un système est gangrené, il vaut mieux le détruire, pour mieux le rebâtir.
Et se sont des idées folles qui défilent derrière ses pupilles fixes.Tout casser ? Se relever. Etre plus fort.
Non, la violence n’est pas la solution. Mais n’est ce pas par elle que se sont réglés tout les conflits ? L’homme fait la guerre depuis la nuit de temps, depuis qu’il existe. Dans le monde entier. A toutes les époques. Il a fallu la guerre pour éradiquer le nazisme. Il a fallu la guerre pour renverser les tyrans. A une minuscule échelle, peut-être faut-il la guerre pour secouer cet incapable de Ruthel. Lui vient à l’esprit le Ranker, les S. Et si on jouait le jeu ? Quelles seraient les conséquences, si toutes les classes se faisaient réellement la guerre dans un chaos monstrueux ?
L’abolition des classes. C’est une évidence. Conscience. Entropy était trop gentille.
Il est toujours dans cet état de semi-transe lorsqu’il sonne à l’interphone. Personne ne répond. Il sonnes chez tout le monde, en mode gros relou, mais on fini par lui ouvrir. Il grimpe les escaliers, son corps progresse, mais son esprit est loin, très loin. Faut-il garder tout les membres ? Faut-il s’entourer de l’essentiel ? Joach sera inévitablement de la partie. Pytha sera...
Pytha...
Oeillade sur la porte, la poignée n’ouvre pas. Pytha sera probablement avec Charlie, d’ici peu. Si il en croit aux pensées de l’un et de l’autre, pensées qu’il ne cherche pas à entendre mais qu’il entend quand même. Et si il embarquait son copain dans une telle affaire, quelles seraient les conséquences... ?
... Il l’emmerde. Elle, Sarah, et tout les autres qui leur diront qu’ils font erreur. Sois plus fort. Il se laisse glisser le long du mur, s’assied. Elise ? Jacklyn ? Elles suivront probablement, même si la façon d’agir pourra sembler... stupide et désespérée. C’est le cas, c’est clairement le cas. Heath n’est pas un boeuf qui a pour habitude de frapper pour se faire entendre. Mais il en est venu à la conclusion que ce mal est nécessaire.
Un mal pour un bien.
Le mail est fait à Joach depuis son téléphone. Un simple ‘On arrête de farm dans le vide. Faut se feed et faire péter le Nexus. Teamfight.’ Il comprendra. L’heure est checkée régulièrement, le calcul est fait: il lui accorde encore une demi-heure, après quoi il appellera les flics. Il laisse finalement tomber sa tête contre le mur, ferme les yeux, et cette fois, se force à ne plus penser à rien. Ni elle, ni eux. Personne. Des bruits de pas; il ouvre les yeux, mais ce n’est pas Charlie. Une fille pas beaucoup plus vieille qui passe, voisine de palier. Elle lui demande si tout va bien, il acquiesce, signale qu’il est à la porte et attend quelqu’un. Elle remarque son accent, lui demande si il est du coin, il lui dit qu’il est anglais et elle dit qu’elle a adoré visiter Londres l’an passé. Le silence se fait, et la brunette minaude, enfonçant sa clé dans sa serrure. Elle espère qu’il ne va pas passer la nuit là, il répond un « Oh pourquoi ? Nan franchement j’aime bien, j’adore le concept... » en caressant le sol autour de lui. Elle rit. Elle est charmante. Il l’est aussi - d’après ce qu’elle en pense. C’est tellement facile de plaire aux filles. Les filles qu’il ne reverra jamais. Car pour ce qui est de ses connaissances, non, des filles qu’il convoite de près ou de loin, c’est toujours un vrai sac de noeud. Charlie. Ulysse. Et que dire d’Hannah. Pourquoi s’emmerder avec ces nanas insupportables, alors que concrètement, il a un succès dingue avec les étrangères ?
- Sérieux, tu m’fais pitié là... Ca m’embête de te laisser tout seul... - Bah reste avec moi ?
Un sourire, elle baisse les yeux, se mordille la lèvre. Et Charlie débarque. La rousse zappe la brune, ou ne la voit pas; elles ne semblent pas se connaître, peut-être que la brunette habite ici depuis peu. Quoi qu’il en soit, Charlie rend sa veste à Heath sans un mot, et la voisine comprend vite le malaise qu’il y a entre eux. Elle pince les lèvres, adresse un sourire discret à Heath, un geste de la main et disparaît derrière sa porte tandis qu’Heath emboîte le pas à la rousse.
Adieu jolie inconnue, retour aux emmerdes. ... Mais ces emmerdes, il les cherche. Il en a besoin. Et il les aime. Voila pourquoi Charlie. Pourquoi Ulysse. Pourquoi Hannah. Heath court après les sentiments. Les bons, les mauvais, les simples, les compliqués; qu’importe. Les jolies brunettes, qu’elles soient rencontrées dans un avion ou sur un pallier, ça va un temps, mais ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. Est-ce qu’il court après l’amour ? Il était là, l’amour, il était dans les yeux d’Ulysse, si fort. Et il l’a repoussé. Il l’a fuit.
Après quoi tu cours, Heath ? ... Concentre toi sur Entropy mon vieux, au moins avec ça, même si tu fail, tu sais après quoi tu cours.
« Désolée. Tu as eu raison. Et tu as bien fait… de partir, de t’éloigner. » Il retient un ‘je sais’ comme il retient une excuse, préfère ne rien dire, par peur de déclencher de nouvelles hostilités ou simplement parce-qu’il est fatigué de parler. « Ton avion est demain soir. Désolée, il n’y en avait pas avant… » BAM. La colère qui revient en bloc. Parce-qu’on n’impose rien à Heath D. Ackland. Le leader s’offusque en silence, serre la mâchoire bien que son regard trahisse son ressenti. Oui, lui peut s’imposer dans un voyage, mais on ne peut lui imposer de partir. Il en est ainsi; c’est lui le chef.
Chef de quoi, Heath ? Ce n’est là que la fierté d’un mec qui n’aime pas qu’une femme décide pour lui. Heath est un homme, un vrai, avec toute la galanterie que cela impose; mais il serait naïf de croire qu’il n’a pas aussi son lot de machisme derrière tout ça. ‘Aucune femme ne me séparera de Joach’ - c’est bien la l'aveu qu’il n’a nullement l’intention de se laisser dominer par une fille, quelle qu’elle soit. Et lui vient alors en tête, fracassantes, ses disputes avec Charlie, Ulysse et Hannah. De sacré caractères, toutes les trois. ... C’est pour ça que ça ne marche pas.
... Alors pourquoi courir après ces filles là ?
Charlie s’éclipse en silence, direction la salle de bain. Pas un mot. Il la suit des yeux, se rend compte qu’il n’a pas dit mot depuis qu’elle est rentrée. Mais c’est déja trop tard; elle a disparu derrière la porte, et lui ne sait toujours pas quoi dire. Sa colère s’est apaisée dans le tram, après qu’il ait réussi à la transformer en une rage dirigée vers l’ennemi, et non vers les siens. Il n’est plus en colère, mais il est las.
Peut-être que prendre cet avion est la meilleure chose à faire. Peut-être qu’il aurait dû lui laisser de l’espace. Plus d’espace. Ne pas être là pour elle pendant ce voyage, ne pas la suivre comme une ombre, aussi rassurant se voulait-il. Et une conclusion qui lui fait baisser les yeux dans un cillement. Ce voyage était une erreur.
Echec cuisant. Encore.
Ulysse. Entropy. Charlie. C’est quoi la prochaine cible de tes erreurs, Heath Dean Ackland ? Gautier ? Pytha ? Elise et Jack ? Il ferme les yeux, entendant Charlie pleurer. Il chasse ses doutes. Sois plus fort. Elle pleure, et lui est là, planté comem un idiot au milieu de l’appartement. Evidemment, qu’il songe à la rejoindre. La consoler. La rassurer. La prendre dans ses bras.
L’embrasser.
Pourquoi ? Aucune idée. Aucun sens. Et des conséquences plus compliquées encore.
Fais simple, Heath. Pour l’amour de Dieu, fais simple. Et s’humectant les lèvres, il se dirige vers le canapé, ôtant son tee-shirt qu’il balance sur son sac. La conclusion de ce voyage est qu’il aurait mieux fait de ne pas venir, que Charlie a besoin d’espace: pour preuve, elle le chasse. C’est ce que signifie ce billet acheté. Et puisqu’elle le chasse, il se tiendra à l’écart d’ici au décollage. Tu veux de l’espace ? Je vais t’en donner.
Et il est déçu. Triste. Et en colère. Parce-que c’est de pire en pire. Elle va où, cette relation ? Elle s’émiette depuis qu’il a mis fin à leurs entrevues nocturnes, et là, il a l’impression qu’il n’y a plus rien à émietter. Sensation de vide dans le ventre. Il est du genre à penser que les choses sont comme elles sont - peut-être que la relation d’Heath et Charlie a un point final, et qu’ils y sont. Défaitiste. Après seulement une dispute ? Tu n’es pas plus combatif que ça, Heath ? Il s’est assis sur le canapé et a désormais le visage des les mains, coudes sur les genoux et doigts effleurant ses cheveux. Trop compliqué. Et quand tout se complique, il faut revenir à l’essentiel. Que ferait Heath, l’essence même du Heath, celui qui n’est pas parasité par un milliard de questions ?
Il irait toquer chez la jolie brunette, ferait en sorte de passer la nuit avec elle, et ne se soucierait pas du lendemain.
Il se laisse tomber en arrière, enfoncé dans le canapé, et ses yeux se posent sur la porte d’entrée. Hésitation. Ses doigts tapotent le canapé, nerveusement. Nouveau sanglot dans la salle de bain. Egoïsme, empathie. Solitaire, protecteur. Distance, rapprochement. Ses doigts tapent plus vite. Canaliser ses pensées. Le skate le lui a permis, toute à l’heure. Mais pas de skate, pas de ballon de basket à l’horizon. Son autre main tape le canapé, accompagnant en rythme les doigts qui le pianotent de l’autre côté. Et son pied tape à son tour, gestuelle du corps essayant de retrouver la sensation de la manipulation d’une batterie.
Replonger dans la tornade rousse ou s’évader dans le ciel brun, sans nuage, léger. Il défait ses pompes et s’allonge. Il se penche, attrape son mp3 et glisse ses écouteurs dans ses oreilles, lançant une chanson d’Emma Lind pour s’aérer l’esprit. Yeux ouverts parce-que la fatigue n'est pas là, il fixe le plafond, respirant lentement.
Spasmes. Ça ne s’arrête pas. Pourquoi ça ne s’arrête pas ? Je me raccroche à la baignoire, mes doigts glissent car l’eau a coulé, éclaboussé. De la vapeur d’eau a envahit la pièce réchauffée. Une jambe pliée, puis l’autre. J’ai l’impression de réapprendre à marcher alors que je ne fais que me relever. Les vêtements sont abandonnés à même le sol. Je traine mon corps sous le jet. Je vacille. Mains et front contre le carrelage. Le flot se réduit enfin petit à petit alors qu’un autre me submerge de l’extérieur. Je souffle. Reste sous cette « pluie battante et brûlante » encore quelques minutes. Puis les gestes habituels se mettent en place. Shampoing, gel douche, rinçage. Je m’essuie rapidement, m’enveloppe dans la serviette que je noue comme à mon habitude au-dessus de la poitrine. J’essore mal mes cheveux, n’accorde aucun regard à mon reflet. De toute façon, je me doute bien de la sale gueule que j’ai. Mes doigts sous les yeux. C’est gonflé. Et j’ai la sensation de rivières gravées sur mes joues. J’hausse les épaules comme si je me disais à moi-même que ce n’était pas important, au point où j’en étais…
Ma sortie de la salle de bain laisse échapper ce léger nuage dans mon sillon. Pas un regard non plus vers Heath car la honte mord aussi ses joues. Direction la cuisine, gant en main, j’y glisse quelques glaçons à l’intérieur, entreprend de les briser. À l’aide d’un rouleau à pâtisserie. Miettes. Puis j’applique le tout sur mes yeux une fois fait avant de rejoindre ma chambre lentement. Ah oui c’est vrai. Je devais dormir sur le canapé et lui dans ma chambre. J’étais supposée bien traiter l’invité imprévu. Le chérir. Amertume. Je referme la porte dessus. Ma peau encore humide retrouve t-shirt et short avant que je ne m’étale sur le dos au-dessus de la couette. Instant d’apesanteur. Étrange sensation. Je ne me sens pas chez moi. La main tenant le gant sur mes yeux n’a pas bougé d’un millimètre. Mais ma bouche se crispe sous une nouvelle tension. L’envie de pleurer revient. Ça continue ? Sérieux ? J’suis censée faire dégonfler tout ça, par re-pleurer. Irritation.
Je me redresse vivement sur le matelas. C’est de sa faute aussi. Il a… Il a… Il a quoi, Charlie ? J’en sais rien. Soupire. It’s like his emotions exploded. It was a hair-raising experience. That inside of him were emotions this rich. Lassitude. Je me laisse retomber mollement. Je lui en veux de m’avoir tout balancé comme ça. C’était vachement le moment. Mais d’un autre côté, je l’ai bien cherché. J’ai de moi-même tout craché. Et j’ai pas fini. Non. J’ai encore des choses à dire et il va les entendre. Soulèvement. Les cheveux mouillés laissent leurs traces sur l’oreiller. Je rebrousse chemin jusqu’à Heath, mais cille immédiatement en le voyant étendu sur le canapé, écouteurs vissés dans les oreilles. Il ne veut pas m’entendre plus, c’est même certain. Je me faufile tout de même entre lui et la table basse sur laquelle je finis par m’asseoir. Une main empoigne le gant glacé, l’autre se permet de faire tomber un écouteur.
__ Heath, je… La voix haute et claire s’éteint presque aussitôt. … Pardon. Je déglutis, tête baissée, mes doigts se rapproprient l’objet cotonneux nerveusement. Je voulais pas... Je voulais pas te blesser si c'est le cas. Tu t’inquiétais pour moi, pas vrai ? Alors désolée. Piteux état. Ça se résume à ça. Coudes sur mes genoux, le gant retrouve mes yeux. Ma bouche se tord à nouveau. L’envie de pleurer revient et ça, ça va être chiant à gérer. I’m afraid. Inconsistency. Turmoil. Self preservation. Self sacrifice. Everyting crashes. The flimsy pride that we’re trying to rebuild… could totally fall apart. __ Tu sais que… comme toi tu as la tienne, j’ai besoin de ma propre forteresse pour être simplement un peu plus insouciante ou idiote et m’y planquer. Je tente un sourire même si je n’ai toujours pas relevé la tête vers lui et que mes yeux sont toujours enfouis. __ Mais malgré tout ça, je voulais quand même te remercier d’avoir été là. J’ai dégagé mon champ de vision pour échouer mes prunelles sur lui une seconde. Tu m’as aidé… Je devrais parler au présent. Et j’ai été injuste. Mais je n’ai jamais voulu perdre le lien qu’on a. Non…
Une main se détache du gant comme pour aller le trouver lui, mais le mouvement infime est avorté. Je me ravise. Est-ce trop tard ? Même si j’ai l’impression de me répéter, au moins j’aurais pu m’excuser proprement. Je le fais à nouveau d’ailleurs. Tan pis si ça l’est. Ce voyage marquera la fin de ce qu’on est, peu importe ce qu’on est…
More now than ever, I thought, that I would have fought to keep the people who are precious to me around. But I fail.
__ Et j’espère que tu ne m’en voudras pas trop.
La voix est faible sur ce « trop ». Je me détourne, me relève et repart du salon. Je glisse un « bonne nuit » en même temps qu’une mèche de cheveux derrière l’oreille. C’est pas du tout ce que j’étais censée dire. Je devais m’énerver et crier une énième fois, mais j’ai pas pu. Parce que l’honnêteté était là, voulait sortir au moins une fois. I want to scoop out the feelings piled up within me. I’ve come to want to share them, Little by little. So now. Please, don’t hate me for being lame.
Espoir tendu. Peut-être vain. La forteresse reprend sa tendre et lente construction empilant de nouvelles questions comme... Qu'est-ce qu'on va devenir dans ce bungalow ?
#ff6633
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Sujet: Re: N-O. Sam 5 Juil 2014 - 3:19
Interruption. Elle est là. Elle et ses mots. Elle et sa douceur retrouvée. Elle et cette chose pétillante qui la caractérise, mais en ce moment éteint. Il la fixe, silencieux, serein. Les voix de Charlie et d’Emma se mêlent dans une symphonie qui le touche. Et l’affection le reprend. Parce-qu’il ne peut pas s’en passer.
... Il ne peut peut-être pas se passer d’elle.
Et il cille, baisse les yeux, le coeur lourd. Lourd du poids de leur dispute, mais pas seulement. Il est lourd de tout ce qui se détruit depuis quelques mois. Gravas, encombrants; des choses qui s’écroulent et leur pèsent, à tout les deux. Peut-être qu’on a besoin d’un break. Un vrai break. Pas celui ou ils se croisent au bungalow, pas celui ou ils traînent dans la même bande.
Peut-être qu’il faut rompre.
Un vide s’empare de lui, et sa gorge se noue; sensation qu’il connaît peu. Et il ne l’entend presque plus, du moins, n’a pas les mots pour lui répondre. Son regard empli de tristesse doit en dire long sur ce qu’il ressent. Pourtant, elle s’excuse, il y a là quelque chose de positif. Ils devrait sourire, la prendre dans ses bras, lui dire que ce n’est rien, c’est oublié, c’est pardonné. Mais ça va beaucoup plus loin que cette dispute, que ces excuses. Le calme est revenu, après la tempête. Mais tout est brisé. Il le voit, il le sent. Ils le savent. Yeux dans les yeux, ils se comprennent, au delà de ces quelques excuses. Ils ont besoin de rompre.
Leurs chemins se séparent. Ils se séparent depuis quelques mètres, mais ils se tenaient toujours la main; et à force de se pencher l’un vers l’autre, ils sont tombés.
Il est temps de se relever, de se lâcher, et d’avancer chacun dans sa direction. Parce-que, si jusqu’ici chacun était un moteur pour l’autre, les choses sont différentes désormais. Freins. Quelle est sa place, à lui, si elle se met en couple avec Pythagore ? Il sera le colloc’ qui est plus présent que son copain ? Le colloc avec qui elle s’amusera au quotidien, la prendra dans ses bras en riant, avec toujours cette ambiguïté beaucoup trop réelle ? Et lui, peut-il prétendre songer à Hannah si elle est encore là, au milieu d’eux ? Elle et ses petits shorts, elle et son rire, elle et ses jolies jambes ?
Peuvent-ils seulement avancer dans leurs vies respectives alors qu’ils fantasment tout deux sur ce passé qu’ils ne veulent pas lâcher ?
Il faut appeler un chat un chat. Leur relation était équilibrée grâce au sex. C’est par lui qu’ils communiquaient. C’est par lui qu’ils se comprenaient. C’est par lui qu’ils se motivaient, se réconfortaient, pansaient leurs plaies. Cette relation charnelle était le socle d’une belle amitié, mais aussi belle soit-elle, elle s’écroule désormais. Ce n’est pas qu’une histoire de cul. Ce serait bien plus simple. Mais non. Ce sont des sentiments, des émotions, des vies qui se partageaient par ce biais.
Leurs corps fusionnant ensemble était le meilleur psy pour ces deux troublés de la vie. Et le psy partit, le malade erre, le malade se perd. Oui, il y a Joach. Holly. Pytha. Skygge. Gautier. Ils sont tous là. Mais eux deux se sont perdus, retrouvés, reperdus encore; ils s’accrochent l’un à l’autre à une relation qu’ils ne souhaitent plus mais dont ils n’arrivent à se passer.
Elle se lève, et il n’a pas trouvé mot. Il est bon orateur, Heath, mais il est à terre. Les filles auront sa perte, il l’a toujours dit. Et parfois, les actions valent mieux que tout les mots du monde, même pour le renard. Tiens, celui là n’a pas fait surface depuis longtemps, d’ailleurs. Honnête. Il est là en toute honnêteté, dans ce voyage. Et ça lui fait un bien fou. ... Est-ce que c’est vraiment pour elle qu’il a entreprit ce voyage ? Ses mots lui reviennent en tête. Egoïste. Faux bon Prince. ... Alors le Renard serait toujours là, jouant avec quatre coup d’avance, tant et si bien qu’Heath ne se rend même pas compte de sa propre fourberie. Il croit bien faire, il croit être juste et généreux; et finalement il y a toujours quelqu’un pour lui dire que ce qu’il fait, il le fait pour sa gueule.
Blessé. Et cette pensée l’écoeure. Puisqu’au final, c’est toujours pareil, pourquoi ne pas assumer ? Pourquoi ne pas être qu’un connard égoïste, ouvertement ? Il ne se sent pas comme ça. ... Il est un homme, un vrai. Il est celui qui mène. Celui qui donne la force. Celui qui guide et qui rassure. Il est l’homme...
Tourné, nez contre le dossier du canapé, il ferme les yeux. Il a cette tristesse en lui, profonde, un gouffre sans fond. Elle va changer de bungalow. Elle va s’éloigner. Et il fera de même. Il le sait. Il le sent. Même longueur d’ondes - il n’a pas besoin de lire dans ses pensées pour le savoir. Ils se ressemblent trop. Se comprennent trop. Et c’est pour ça qu’il faut faire un choix. Assumer, et se mettre en couple, ou se séparer. Se séparer complètement, jusqu’à ne plus ressentir cette attirance qui les dévore. Il faut faire le choix.
... Mais il est déja fait, ce choix. La chaleur grimpe à son visage, et ses yeux s’humidifient. Il ferme la bouche, ses lèvres tremblent imperceptiblement. Parce-que la rupture est en train de se faire. Et il sait qu’elle la ressent. Leur couple n’a pas d’avenir. Il est voué à l’échec. Évidence. Ils l’ont toujours su. Et si jusqu’ici il était excitant de maintenir cette ambiguïté, aujourd’hui elle n’est plus permise. Parce-que Pytha va entrer dans l’équation, mais pas seulement. Parce-qu’Ulysse en a souffert. Et parce-qu’Heath s’apprête à déclarer une guerre que Charlie ne cautionnera pas comme elle a cautionné Entropy. Cette fois, il y aura des dégâts. Il y aura des blessés. Et son tendre Pytha suivra Heath dans ce carnage.
Fils d’un couple divorcé. Fils qui a toujours préféré son père. Ami qui chérit son "frère" plus que tout. Et pote qui préférera se séparer de n’importe quelle fille plutôt que de briser un lien avec un de ces mecs qui l’entoure. Vulgairement, on dit les potes avant les putes. Sans aller jusque là, Heath est un homme qui voit le monde à travers les yeux de son père. Son père, séducteur, qui s’est marié trois fois. Son père qui considère qu’un homme ne doit pas être défini par sa femme. Son père qui lui a toujours appris que l’amitié est bien plus puissante que l’amour. L’amour, c’est aléatoire. L’amour, c’est éphémère. L’amour, c’est psychique, et psychologique. ‘Ne lâche jamais tes potes pour une fille.’ Il cille, étend un infime sourire. Il a fallu tout ce temps pour qu’il se rappelle de cette base. Il a fallu qu’il se retrouve sur ce canapé, retenant des larmes, pour se rendre compte de ce qu’il doit faire.
Il doit abandonner Charlie pour garder Pythagore. Les bros avant les filles. Au moins, eux, ils ne te font pas pleurer.
Elle s’échappe, la larme, aussitôt essuyée par une main franche et fière. Il se redresse, inspire avec force. Son regard éteint, morne et humide se lève vers la porte d sa chambre. Il faut rompre. Clôturer ce chapitre. Ecrire le suivant l’un sans l’autre. Se retrouver beaucoup plus loin dans le livre, plus solides, plus construits. Différents. Elle va quitter le bungalow, et il le sait. Ils se diront un vague bonjour. Elle évitera la bande, et lui préférera le duo à la petite troupe. Ils fuiront les tête à tête. Ce sera triste. Mais nécessaire.
Un mal pour un bien.
Sa main sur la poignée, et il ouvre la porte de sa chambre. Il entre, silencieux, la referme derrière lui. Et lorsqu’il lève les yeux sur elle, la main toujours sur le fer, il y a tout ça, dans ses yeux.
Il y a la fin. Et cette fin arrivera avec la fin de ce voyage. Une nuit. Une journée. Un vol. Et terminé.
A leur retour, elle sera à Pytha. A leur retour, il reverra Hannah. A leur retour, il se plongera dans Entropy, plus que jamais. Entropy, non, c’est terminé. Il faudra un nouveau nom. De nouvelles méthodes.
Un pas en arrière. Quelque chose en moi hurle un bref « NO. » Ultime entêtement rebelle. Mais ce son ne sera même jamais prononcé en entier. Grandir, mûrir, évoluer, changer pour mieux que… ça … Voir ses larmes fracasse mon cœur. Et les miennes montent, chutent.
Écho silencieux.
C’est fini. Atrophie du cœur.
Et c’est nécessaire. On pouvait pas continuer comme ça. Sans se soucier des conséquences que notre ambiguïté a sur les autres et surtout sur nous. Did we have been half-hearted with each other until now ? C’est évident maintenant. Je l’admets, le comprends, le confesserais presque. Tout comme lui.
Simplement vouloir rester près l’un de l’autre -résister ensemble dans les troubles, maintenir des lambeaux entrelacés avec toute notre volonté de veiller l’un sur l’autre… Ça n’aura pas été suffisant. And it’s not enough.
Je ne suis pas sûre de savoir ce qui est le plus difficile, le plus blessant. Que ce soit la fin ou de le voir pleurer. Certainement les deux. La crise de panique pourrait si facilement m’emporter à ce moment-là. Mais je retiens l’impact destructeur sur mes ruines déjà installées. Seul mon corps en trahit la répercussion. Turbulences dans l’appareil organique. Mon néant tremble. Parce que pendant tous ces mois, on s’est mentis l’un à l’autre et à nous-même. Trapped ourselves. Alors que nous n’avions jamais eu cette volonté là : se faire du mal.
Et il n’y a plus ce refrain imprimé dans la tristesse qui se happe entre nos regards : qui a commencé quoi ? Qui est responsable ? Ça n’a plus d’importance. Parce que tout ce que je veux retenir c’est qu’on voulait au moins un peu se sentir bien, se faire du bien, se renvoyer ce qu’il y a de meilleur en nous et être là. Simplement. The truest reflection of who we are.
Tout n'est qu'une question de timing. Pas le bon contexte, le bon créneau, les bons sentiments ? L’étau de plomb se referme un peu plus sur le vacillement du cœur. Pas la volonté d'exiger plus, ni même de s'en donner les capacités, de s’y adonner avec tout le sérieux qu’on mérite. On a des tas d'excuses en stock. Et la meilleure reste qu’on a tout bêtement été nous-même à un moment donné mais que nous n’avons pas réussi à nous adapter à la suite. On s’est accroché à une habitude, on est restés coincés dans la routine de notre incertitude, sans se lâcher parce qu’il y avait là quelque chose de rassurant pour tous les deux. Très certainement. Pas réellement de couple, mais une routine. Et il n’y a pas à regretter ce qu'il n'y a pas eu. VOEU : Je veux apprécier ce qu'on a vécu et m’y tenir. Je ressens ce besoin si facilement parce que Heath est en vie. I was lucky to have you. Il m’a offert déjà bien plus que ce que je n’aurai jamais osé demander à cette époque, dégoupillant en moi cette tendresse que je n’avais jamais pu donner ni partager. Nœud au fond de la gorge, au cœur des tripes, dans les tréfonds de mon cœur informe.
Certain words perpetually rot inside of me and refuse to come out. Even if I'm particularly aware of the need to say important things out loud. For others as for me. Mais il y a toujours eu cette autre façon de faire. Juste agir, laisser mon corps me trahir. I put my hand against his chest, just over his heart, and felt its beat against my palm, a unique time signature that was all its own. L’électricité s’attaque à mes muscles, mes maigres forces qui retiennent un raz-de-marée. Peine qui cogne. Crispation soudaine, je quitte son regard, tête baissée, mais cette même main se dirige sur sa joue… pour essuyer ta peine comme la mienne. Et dans une infime hésitation, je fais taire ma pensée celle qui impose le chagrin, cette sansation, ce vide que je ne connais que trop bien lié à la perte de quelqu’un de précieux. J’étouffe un sanglot plus violent, serre les dents à m’en éclater la mâchoire. Ma main se détache de sa joue. Et deep down, je me raccroche à une autre perspective qui se profile.
Ça va aller. I’m sorry. On ira bien. Toi. Et moi. I’m so sorry. Je te fais confiance.
Je n’ai toujours pas décoché un seul mot malgré le rapprochement et ces deux derniers contacts brûlants de douleur. Maybe that moment give us this tiny piece of courage, between the tears, about being better than we used to be. Et cette fois encore, c’est toi Heath qui t’es montré fort en premier. The next girl of your life will be lucky. Et je n’ai rien à dire. Il a tout résumé. Il a raison. On le sait tous les deux. Je ne peux rien dire d’autre. Et j’en bien suis incapable. Des griffes s’attèlent pour l’instant à lacérer chaque mot que j’aurai pu imaginer et prononcer pour lui. Mon regard dans le sien parle certainement pour moi. Mais je crains toujours qu’il ne comprenne pas. Je ne suis plus sûre de moi depuis longtemps. Déphasée de moi-même. Le rouage bloque une nouvelle fois. Brisure mécanique.
Alors je me dresse sur la pointe de pieds. Une nouvelle main sur sa joue, mon front sur sa tempe, mes lèvres sur son autre joue. J’inspire. Les vitres de mon âme se ferment, tentent de stopper les perles d’émotions fragiles qui dévalent encore mon visage en silence.
Toi, tout ton être, l’homme que tu es, vous avez eu tellement d’impact sur moi. I will always think about you as the special guest. The one who’s always finding his way to my core. Every word you say. The silly ones, the mad ones, the beautiful ones, the sad ones and the ones that are only for me. I treasure them inside of the promise of letting you go. For our own sake : thanks again.
Je ne sais pas si il aura lu cette pensée qu’est la mienne. Je reste encore un peu comme ça, juste pour lui souffler à l'oreille.
__ Apparemment oui. C’est fini.
Et même si je douterais certainement toujours de lui avoir apporté quelque chose de plus qu’un simple « réconfort charnel ». Maintenant, cette question… has just to fade away with this state of our relationship.
Loss. And future gain. What's gonna happen to us... We’ll see with the new wave of our life.
#ff6633 Désolée, parfois ça vient mieux en anglais...
InvitéInvité
Sujet: Re: N-O. Sam 5 Juil 2014 - 19:33
[ Et je clôture ce topic de la façon la plus sadique qui soit pour nos lecteurs, si lecteurs il y a, laissant Heath et Charlie ainsi. 8D Vous avez le droit de venir me frapper sur Skype parce-qu'on ne saura pas (tout de suite) la suite.]