Sujet: L'autre là, le mec tout seul. Mer 7 Mai 2014 - 13:55
- Bonjour jeune homme. Tu prendras quoi ? J'avais pointé du doigt l'assiette de ratatouille, préférant le plat de légumes à l'indémodable steak frite qu'on proposait en alternative. En fait, au vu du médiocre succès de la ratatouille, il aurait été plus juste de dire que c'était les légumes qui étaient servies en alternative. Je n'était plus vraiment un "viandard", si bien que lorsque j'en avais l'occasion, je me tournais vers une nourriture végétale. Evidemment, pour éviter des remarques telles que "faiblard de végétarien", je me gardais bien de m'en vanter. D'autant plus qu'il m'arrivait quand même d'en manger de la viande, mais seulement quand je ne pouvais pas faire autrement. Bref. Après avoir disposé l'assiette fumante sur mon plateau, j'avais gratifié le cuisinier d'un geste de la main plutôt que de vive voix. Peut être avais-je eu l'air nonchalant ou vaguement insolent dans ma manoeuvre parce que je crus entendre une jeune voix prononcer derrière moi : - ça lui arracherait le bec de dire merci à c'ui là ? Mais j'avais choisi de ne pas perdre mon temps à savoir qui pouvait bien cracher son venin dans mon dos, d'abord parce que ces mots avait été prononcés sur le ton du "gars qui rage tout bas en espérant qu'à moitié être entendu pour ne pas prendre de risque mais pour montrer à ses potes qu'il a des balls", mais surtout parce que ce signe de main, c'était ma seule façon de remercier le cuistot. Ce dernier le savait, d'ailleurs. Ainsi, laissant mon détracteur glisser sur les rails de mon impériale indifférence, je me mis en quête d'une table libre. Quand j'y repense, j'aurais quand même dû me retourner ; jouer autant le type blasé ne pouvait que cultiver cette fausse image de mec détaché qui ne daigne même pas dialoguer avec les autres parce qu'il s'estime au dessus. Tant pis. Je n'en souffre guère, ça me permet même de plaisanter, parfois.
Tandis que j'évoluais dans le grand réfectoire, cherchant toujours une place tranquille, je ne pouvais m'empêcher de me rendre compte que même à l'heure de manger, les gens s'acharnaient à rester bien groupés entre eux. Il n'était là pas question de bandes d'amis, mais bien de groupes sociaux autour desquels s'imposaient de fragiles frontières. Par exemple, à la grande table que je venais de dépasser, une dizaine de A était rassemblée sur l'une de ses extrémité et à l'autre bout, on avait des C. Et au milieu de ces deux groupes, trois insignifiantes places vides. Ça n'avait l'air de rien comme ça, mais ces trois pauvres chaises d'écart signifiaient à elles seules l'ampleur de l'abîme qui se creusait entre des personnes pour une simple question de niveau. Ces trois pauvres places, c'était la zone de démarcation, celle qu'on avait pas le droit de franchir à moins de devenir meilleur (et il valait mieux éviter de s'y asseoir, croyez le). Pire : ces deux groupes de personnes ne semblaient même pas rancunière l'un envers l'autre ; la frontière entre eux s'était imposée d'elle même, naturellement. Bah... Par un coup de chance, j'étais parvenu à repérer une petite table qu'un quatuor de dindes standards venaient de quitter. J'y ai déposé mon plateau, glissé mon sac de cours sous ma chaise, puis j'ai pu commencé à savourer mes légumes. Et je n'avais de cesse de regarder les autres, sans spécialement chercher à accrocher leur regard pour générer de la gêne. Je m'amusais de certaines blagues que j'entendais, j'étais dépité lorsque des idioties glissaient jusqu'à mes oreilles... En somme, je m'incrustais par l'ouïe à défaut de pouvoir parler. Et je les enviais tous, même ceux qui me semblaient bien niais. Je les enviais de pouvoir parler, simplement, "normalement", de pouvoir interagir avec aisance. Si j'avais pu, j'aurais été m'invité à une table, au hasard. Si j'avais pu. Mais comme ça n'était pas le cas, je restait là. Peut être qu'un malchanceux, comme c'est le cas parfois, devrait venir me tenir compagnie à défaut de places libres. Lorsque ça arrive je m'amuse toujours, jouant sur les rumeurs qui tournent sur mon compte. "Grande gueule", "Dédaigneux", "Sans pote", "Type bizarre". Parfois, l'un de ces malchanceux s'avère être un curieux, si bien qu'un jour j'eus droit à quelque chose comme "Ah, t'es le type qui parle jamais ? C'est que t'as un soucis, ou qu'on est pas assez bien pour toi ?" Le type en question était un jeune black, si bien que je lui avais fait comprendre qu'il y avait encore moins de chance que je lui réponde à lui puisque j'étais un fervent adepte des pratiques et croyances du Ku Klux Klan. Il avait changé de table. J'avais ris. Et il se disait depuis ce jour que j'étais, en plus du reste, un "putain de gros raciste". Ils ne comprennent rien à l'humour, ces jeunes.
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Sujet: Re: L'autre là, le mec tout seul. Jeu 8 Mai 2014 - 0:36
L'autre là
le mec tout seul
Maggie laissa s'exprimer sa joie en une forte exclamation qui fit se retourner pas mal des autres élèves faisant la file pour se servir à manger. Elle fixait, l'eau à la bouche, le sublime steak saignant et sa garniture dorée, bien déterminée à leur faire leur fête. L'anxiété la gagnait au fur et à mesure où elle avançait et où elle voyait le plat se vider, laissant bientôt pour seul nourriture une ratatouille peu alléchante. Plus les élèves défilaient, plus elle craignait de devoir laisser ses instincts carnivores insatisfaits, une fois de plus... Ceci dit, elle n'aurait pas trainer dans la cours en regardant les jolies nouvelles fleurs qui avaient été plantées, elle aurait certainement eut une place plus avantageuse dans la queue, et donc de meilleures chances de rassasier son estomac... Ce fut le tour de Maggie.
" Ouf ! Il reste encore un steak ! ♥ Le moins beau, mais bon c'est déjà ça ! "
- Bonjour, ma mignonne. Qu'est ce que tu veux aujourd'hui?
- Oh, bonjour Madame ! Je voudrais le dernier steak, s'il vous plait, ça serait très gentil !
C'est alors que sa voisine de derrière lui attrapa le bras. Maggie la regarda d'un air interrogateur. Elle ne connaissait pas cette jeune fille... Enfin, pas personnellement... Il lui semblait qu'elle devait être en B, et elle était plus âgée qu'elle... Derrière elle, il y avait sa copine, qui souriait d'un air moqueur... Enfin, c'est ce que toutes autres personnes que Maggie aurait compris, car évidemment la petite jeune fille était d'une naïveté exceptionnelle, et c'était une qualité qui lui valait une petite renommée à elle seule...
- Oh, non, ma choutt' ! T'es pas sérieuse ? Tu vas quand même pas prendre ça ?! Tu n'es donc pas au courant... Ce n'est pas du boeuf... C'est du chat !
Maggie la regarda avec de grands yeux effarés, et elle balbutia "Du... Chat?" d'une façon presque inaudible...
- Mais oui ! Du chaton ! Ils les séparent de leur mère aux plus jeunes âges, ils les engraissent, puis ils les noient ! Après ils les passent à la trancheuse... Alala ! Tu me dégoûtes, vraiment ! Manger ce truc, c'est encourager ces agissements barbares ! T'as vraiment aucun cœur !
Bien sûr, Maggie goba immédiatement l'histoire... Elle devint blanchâtre et une forte nausée la gagna... Elle se sentit coupable... Et passa son tour au stand des plats principaux... Elle ne prêta bien sûr nul attention à la jeune fille de derrière qui s'empressa de réclamer le butin de son bobard : le dernier steak-frites. Elle prit un yaourt à la framboise et traversa lentement la salle de cantine, à la recherche d'une petite place où s'asseoir sans se faire mordre par un total inconnu... Mais elle se faisait jeté absolument partout où elle s'arrêta, sans même avoir eu le temps de faire sortir un seul son de sa bouche... Finalement, elle repéra une petite table où n'était assis qu'un seul garçon... Dont elle avait déjà entendu parler d'ailleurs ! Ce jeune homme était réputé très solitaire... Même pire, il était une petite légende à lui seul. On disait qu'il ne prononçait jamais un seul son, jamais un seul mot... De quoi vous glacé le sang... Maggie n'était pas sûr d'avoir très envie de manger en face d'un type qui ne disait jamais ce qu'il pensait... Et surtout, dont on ne savait rien ! Mais d'un autre côté... Certaines rumeurs disaient que c'était une grande gueule, un chercheur d'embrouilles qui n'hésitait pas à dire ses quatre vérités à tout à chacun. Bien sûr, cette perceptive là n'enchanta pas plus notre mignonne jeune fille aux cheveux à la légère teinte rosée, qui était aussi impressionnable qu'elle en avait l'air. Maggie hésita un moment... Elle trouva qu'il avait l'air un peu... déprimé... tout seul dans son coin... Peut être que dans le fond, il ne parlait pas parce qu'il n'avait personne avec qui le faire. Ou peut être qu'il s'énervait parce qu'il était très timide... Mais en fait, quoi qu'il en soit, Maggie se dit qu'il méritait mieux... Même si mieux revenait à dire elle, et donc revenait à dire qu'elle n'était pas du tout logique puisqu'elle était une vraie catastrophe ambulante.. (Confirmation dans quelques lignes) Maggie s'approcha donc, toute timide devant ce joli jeune homme incalculable...
- Euh... Salut... Je m'appelle Maaaaaaaahhh !
Quelqu'un la bouscula en passant derrière elle, la faisant trébucher en avant et du coup percuter la carafe d'eau qui se renversa sur la table... Heureusement, celle-ci ne contenait que très peu d'eau, ayant très certainement déjà servie à d'autres élèves avant le jeune homme... Maggie se releva dans la hâte, posa dans la précipitation son plateau sur la table et entreprit d'éponger l'eau qui coulait dangereusement en direction du garçon. Elle était rouge comme une pivoine et ne rêvait que de se carapater...
- Oh non ! Je suis vraiment désolée ! C'est de ma faute ! Tu n'es pas mouillé ? Ca n'a pas touché ton plateau ? Oh non, non ! Je suis tellement maladroite ! Désolée, désolée, désolée !!
Elle en était au bord des larmes....
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Sujet: Re: L'autre là, le mec tout seul. Jeu 8 Mai 2014 - 1:58
Et le malchanceux fut en fait une malchanceuse. Enfin, malchanceuse dépendant du point de vue.
Ce fut le bruit de ses pas incertains qui l'annoncèrent quelques secondes avant qu'elle ne donne de la voix ; un bref intervalle de temps qui permit au jeune homme de lever les yeux de ses légumes pour mieux dévisager l'arrivante. Lorsqu'il se livrait à un tel exercice d'observation, il embrassait d'abord la silhouette de son interlocuteur d'un vague regard avant de ne se focaliser plus que sur son visage, comme pour parvenir à déceler de quel bois il était fait. Une pratique qui pouvait paraître un peu dérangeante de prime abord mais qui ne se voulait certainement pas intimidante. Vraiment, Anders ne cherchait pas à mettre l'arrivante dans de mauvaises dispositions. Juré. Mais à voir ses manières et son timbre hésitant, on l'aurait déjà cru sur le point de défaillir !
Au final, c'en devenait comique. Elle ressemblait à s'y méprendre à ce genre de personnage dans les livres avec un traits de caractère -ici la timidité- mis bien plus en valeur que les autres. Pour coller à la perfection à l'image d'un personnage naïf, il aurait juste fallu qu'elle commette une maladresse et... Et à peine Anders eut-il formulé cette pensée que la jeune fille fut bousculée avec une indifférence notoire, échappant sa carafe d'eau pour la laisser s'échouer sur la table. Le tout dans ce genre de grand bruit dramatique qui concorde pile avec un vicieux moment de silence et qui fait se retourner tout le monde vers vous. Applaudissements et rires dans la salle. Bien sûr, l'impacte du récipient contre la surface de la table avait fait gicler de l'eau jusque sur le visage d'Anders et dans son assiette. Mais il n'avait fait que fermer les yeux par réflexes sans même bouger d'un pouce. Il n'en revenait simplement pas. Cette fille était l'archétype même de la nunuche amusante et attachante qu'on trouve dans les bouquins d'aventure. Tout concordait, même ses bégaiements navrants qu'elle débitait à toute vitesse en guise d'excuse. Là, Anders tenait une perle. Loin d'être fâché, il donnait tout ce qu'il avait pour ne pas rire d'une situation si typique. Il FALLAIT qu'il s'amuse un peu avec elle, elle lui avait déjà tendu des perches de tous les côtés, quoi ! Alors, après avoir attendu avec indulgence que les applaudissements dans le réfectoire se taisent pour achever de saluer la singulière maladresse de la jeune fille -histoire d'ajouter à son mal aise-, Anders passa lentement les mains sur son visage pour chasser le peu d'eau qui y perlait. Bien sûr, il avait rendu son geste lent et dramatique, comme s'il se demandait à quelle sauce il allait bien pouvoir manger la petite impertinente. Il finit par rouvrir des yeux faussement irrité... Pour croiser un regard éploré qui entama grandement son envie de plaisanter, d'un coup, comme ça. Il se sentit même un peu con d'avoir voulu la taquiner en voyant un tel air de chien battu. Mais merde, quoi. Une occasion pareille... Allez, il devait continuer ! Rapidement, pour mettre fin au flot d'excuse incessant de la jeune fille comme s'il ne pouvait plus le supporter, Anders ouvrit de grand yeux en posant un index sur ses propres lèvres, et un second sur les lèvre de la jeune fille. Il avait franchement l'air de dire "Oula, oulala, mais chut, arrête, tais-toi vite, stop, ça suffit, maintenant, hop, silence à tout jamais", ou quelque chose dans un genre aussi sur-excité. Quand il eut enfin obtenu un semblant de silence, il posa un regard ostentatoire sur son plateau, se passant de tout commentaire puisque le carnage parlait de lui même : de l'eau étaient tombée sur son plat. Très peu, mais assez pour justifier un froncement de sourcil furieux feint à la perfection. Visiblement très insatisfait, le jeune homme heurta la table du bout des phalanges en une série de petits coups rapides et nerveux en dévisageant la maladroite, avant de lui faire signe de s'asseoir. Sans cesser de la surveiller évidemment, histoire d'être sûr qu'elle ne tente pas de s'enfuir.
Anders aurait pu s'en tenir là. Peut être l'aurait-il dû. Mais comme une occasion comme ça n'arrive qu'une fois, autant jouer les salopards jusqu'au bout s'était-il dit. C'est ainsi qu'il en vint à fixer le yaourt de cette "Maaaaaaahhh" d'un air caricaturalement sombre qui laissait suggérer que l'empotée n'aurait peut être pas d'ennuis si elle cédait son dessert à la victime de sa maladresse. Restait maintenant à voir si elle allait croire en la rage fictive du jeune homme et remettre son maigre repas pour éviter des représailles imaginaires, ou si elle pouvait le surprendre d'avantage.
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Sujet: Re: L'autre là, le mec tout seul. Dim 18 Mai 2014 - 16:10
Maggie agissait en gestes vifs et furtifs, si embarrassée de la situation qu'il lui semblait que son visage était un gyrophare. Toute la salle applaudit le bruit de verre par des exclamations et des applaudissements joyeux. Elle eut l'impression d'être de retour à la maternelle, lorsqu'elle se payait une gamelle et que tout les autres enfants se moquaient d'elle... Mais pire, le regard profondément agacé du jeune homme lui donnait une profonde envie de se terrer six pieds sous terre... Ou peut être pouvait elle s'enfuir? La jeune fille calcula rapidement ses chances... Voyons voir... Elle n'était pas du tout sportive, petite, terriblement gênée des regards et très visiblement reine des gamelles... Et lui, grand et apparemment très en colère... Il avait de bonnes motivations pour la pourchasser, et à vrai dire il était fort probable qu'ils n'aient pas atteint la porte quand il l'attraperait par l'oreille. Il valait mieux oublier. Tout soudain, alors qu'elle se confondait en excuses, il posa un doigt sur sa bouche. Maggie leva les yeux sur lui, surprise. Il mit alors un doigt sur ses propres lèvres, la forçant au silence. D'un mouvement des yeux, il l'invita à s'asseoir en face de lui... Enfin, encore une fois, elle eut plutôt l'impression qu'on lui demandait de se posté à la place de l'accusé... Maggie déglutit. Elle hésita un instant, mais après avoir tout bien reconsidéré, il s'avéra qu'elle n'avait pas vraiment le choix... Aussi, s'assit elle. Le jeune homme semblait si en colère... Mais une chose sembla alors évidente : la seconde rumeur était infondée, il n'hurlait pas à tout va... Cette pensée la rassura grandement... Au moins elle ne se taperait pas l'affiche. Le garçon regarda son yaourt à la framboise avec intensité. Maggie ne comprit pas trop au départ. Puis elle vit le plat végétarien du jeune homme anéanti par l'eau qu'elle avait accidentellement renversé. Elle regarda avec déception son dessert qui lui faisait pourtant très envie, et qu'elle avait faim... Mais Maggie était une fille décidément trop gentille... Et aussi bien peureuse. Elle lui tendit le yaourt avec un petit sourire qui dissimulait mal son inquiétude.
- Oh, tiens peut être que tu le veux ?
Elle espéra alors de tout son coeur qu'il ne lui mordrait pas la main, par pure vengeance... Elle lui fit un sourire incertain, tremblant légèrement des mains. Une jeune fille s'approcha d'eux.
- Est ce que je peux m'a...
Voyant la situation, un tableau digne du nouvel esclave et de son maître, Maggie dans le même état qu'un épicier se faisant braqué... Elle revint sur sa décision.
- Non rien, désolée,bon apétit...
Maggie lui lança un dernier appel à l'aide... Qu'elle ne sembla pas comprendre. Elle allait devoir survivre à cette situation, seule et sans aide...
-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-
HJ : Désolée du temps de réponse, et de sa qualité... J'ai eu quelques gros soucis cette semaine.
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Sujet: Re: L'autre là, le mec tout seul. Dim 18 Mai 2014 - 18:50
(Ne t'excuse jamais pour ton rythme de réponse ; chacun à ses priorité et je peux comprendre que le RP n'en soit pas une. Quant à la qualité, elle est très bien alors il ne faut pas s'en faire.)
La teinte de rouge ultra saturée qui s'étalait sur le visage de la maladroite -elle était presque luminescente la pauvre-, ses gestes de moins en moins assurés... Tout continuait de se dérouler comme dans un Anime haut en couleur. En ça, Anders jubilait. Il trouvait la situation presque hilarante. Enfin, jusqu'à ce qu'il ait noté la profonde et sincère détresse dans le regard de sa "victime" lorsqu'une importune qui venait pour s'asseoir décida finalement de s'en aller loin d'ici. D'amusé il passa à penaud. Ah, mince. C'en est trop pour elle, pensa-t-il. Mais d'un autre côté... Elle marchait à fond ! Et puis si ça pouvait servir a entretenir toutes les bêtes rumeurs qui tournaient sur sa pomme, il pourrait en profiter pour s'amuser d'avantage au dépend de tous les autres... Non, non. C'en était définitivement trop. Il percevait tant l'affreux mal-aise qui exsudait de cette petite personne en face de lui qu'il se sentait plutôt coupable. Sensibilisé, apitoyé même, il fit doucement faire au yaourt à la framboise le trajet inverse pour le reposer sur le plateau de sa propriétaire, affichant une moue circonspecte. Il garda le silence un moment avant de déposer discrètement son propre dessert -saveur vanille- sur le plateau de la jeune fille. Puis, toujours sans un mot, il se pencha au dessus de son sac de cours, le fouilla pendant quelques brèves secondes pour en sortir une petite tablette tactile toute simple. Il se hâta d'écrire en tâchant de ne pas se laisser déconcentrer et, lorsqu'il en eut fini, il fit pivoter l'écran vers Maggie. Elle pouvait y lire : - Héla, ne va pas jusqu'à pleurer non plus s'il te plait. C'était certes pas cool de ma part, mais... C'était comme si t'étais à toi toute seule un paquet de perches tendues. Enfin, il ne manquait plus que les "GOMEN GOMEN GOMEN" pour compléter ta panoplie du petit personnage aussi désolé qu'effrayé, et on y était quoi. Tu vois ? Il se rendit compte après un instant que si la jeune fille n'y connaissait rien en manga, elle ne comprendrait certainement pas la référence. Il guetta sa réaction avant de reprendre sa tablette pour y réécrire quelque chose en vitesse, craignant toujours un soudain débordement de larme de la part de l'émotive : - Ça n'est rien que de l'eau qui est tombé dans mes légumes, hein ! De toutes façons les légumes sont de base plein d'eau. Ça reste mangeable, regarde. Il prit une petite part de ratatouille, retenant une sale grimace quand il éprouva sur sa langue une saveur dénaturée. Au moins, il n'aurait pas soif après ça.
Au terme de quelques instants de silence que le jeune homme avait laissé s'écouler pour offrir un répit à la jeune fille, il se remis à écrire plus calmement sur son petit appareil : - Alors ça va mieux ? N'ai pas l'air trop détendu non plus, 'faudrait pas qu'on puisse conclure que je suis un gentil nounours, tenta-t-il en guise de trait d'humour pour la détendre un peu. Il jeta un coup d’œil autour de lui, reprenant un air renfrogné quand il croisait un regard. Ses doigts revinrent au dessus de la tablette, où ils hésitèrent un instant, juste un très, très bref instant durant lequel un vilain éclair de malice passa dans l'esprit du jeune homme. Il se retrouva à lutter contre une nouvelle envie de jouer la comédie. Ah allez, une dernière, juste une dernière, pensa-t-il avant d'écrire : pourquoi tu as choisis cette table, au fait ? Ah, sans doute pour voir si ce qu'on t'a dit sur mon compte est vrai. Il y a tout plein de bruits qui courent, comme celui qui sous entend qu'il me plait de... Marcher sur les gens que j'ai snobé pour souligner à quel point je suis au dessus d'eux. Anders fixa alors la jeune fille comme on pouvait fixer d'un air vide un bête paillasson. Il poursuivit son petit manège, incapable de ne pas déconner pendant plus de quelques minutes : tu n'es pas Juive au moins ? Parce qu'il paraît que je suis antisémite. Si si. Mais j'ai oublié ma croix gammée dans ma chambre, tu aurais pu la voir sinon. Et c'était vrai. Enfin, il était vrai qu'une telle rumeur tournait, quant à savoir si elle était fondée... Tiens, dernièrement on raconte que j'expérimente une nouvelle technique de raquette qui consiste à garder de force des jeunes filles dans ce réfectoire jusqu'à ce qu'il soit déserté pour leur subtiliser leur Prismes et leur demander de faire tout ce que je veux. Il laissa à la jeune fille le temps de lire tout ça, à la fois très curieux et blagueur. Il doutait sincèrement du fait qu'on puisse croire en cette dernière rumeur puisqu'il venait de l'improviser en se basant sur la réalité immédiate, d'autant plus qu'il avait trahis sa nature amicale quelques instants avant, mais Maggie était-elle assez naïve pour tomber dans le panneau ? Il l'observait intensément, prêt à afficher un gros "je plaisantais" sur son écran si jamais elle inspirait pour hurler quelque chose comme "Au secours !"
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Sujet: Re: L'autre là, le mec tout seul. Mer 11 Juin 2014 - 17:49
Maggie essayait de dissimuler sa peur... Mais ce n'était pas très efficace. Le jeune homme la fixa un petit moment, semblait avoir un petit conflit moral. Il attrapa son yaourt, mais au lieu de la dévorer comme le monstre qu'il devait surement être, il le reposa sur son plateau à elle. Maggie le regarda avec un regard mi-effrayé, mi-soupçonneux. N'était ce pas un piège ? Si elle le mangeait devant lui, il allait lui faire un truc horrible... Comme lui jeter du sel dans les yeux... Ou lui faire manger du poisson ! Oh non, pas du poisson ! Il mit alors aussi sur son plateau son propre yaourt, à la vanille. Maggie commença à paniqué. C'était surement pire... Il allait l'exécuter ! Peut être qu'il l'éventrerait ! Il était hors de question qu'elle touche ces deux yaourts de malheur, il ne l'aurait pas comme ça. C'est alors que Anders sortit de son sac une tablette tactile, et il se mit à pianoter dessus. Elle le regarda avec curiosité. Il tourna l'écran vers elle. Elle lu rapidement le message... Mais resta dans l'incompréhension... Elle ne comprenait pas tout les mots... Mais le sens général semblait être une critique.. Enfin, il lui semblait... Dans le doute elle ne réagit pas... C'était mieux que de réagir de travers, non ? Mais est ce que l'usage de cette tablette signifiait qu'il était muet ? Ou avait il juste la flemme de parler ? Ou peut être qu'il avait une voix absolument illarente... Curieux en tout cas. Il récrit, cette fois ci le message était pour la réconforter. Maggie se détendit un peu, surtout en le voyant enfourné une bonne fourchetée de légumes à l'eau dans sa bouche. Elle ne remarqua pas qu'il réprimandait une furieuse grimace, parce que Maggie cherchait à se rassurer... Alors elle ne voyait que ce dont elle avait envie... Puis il réécrit encore, et la pria de ne pas paraître détendue, sinon il perdrait sa réputation de méchant asocial. Maggie essaya donc de simuler de la gêne.. Mais encore une fois, c'était une mauvaise actrice... Mais à peine eut il fini sa phrase suivante qu'elle n'eut plus à faire semblait... Un fort malaise, une irrépressible envie de prendre ses jambes à son cou... Elle rougit de nouveau comme une pivoine. Puis en lisant, elle devint pâle.
" Il... Il veut me marcher dessus? "
Elle sentit une grosse pierre lui tomber dans le ventre... Elle ne voyait pas trop comment l'en dissuader là... Il lui en rajouta en se décrivant lui même comme un antisémite... Même si elle n'était pas juive, elle se sentit étrangement encore plus inquiète. Il continua à la terrorisée. Anders lui dit qu'il aimait garder en captivité des jeunes filles pour leur faire faire tout ce qu'il désirait... La réaction de Maggie fut alors immédiate. Elle se leva d'un bond.
- Non ! Pitié laisse moi tranquille !
Tout le monde se tut et les regarda à nouveau. Des larmes roulaient sur les joues de Maggie. Elle était plantée là, debout devant lui, terrorisée, mais pourtant incapable de s'enfuir... Peureuse ? Je vous le fait pas dire... La jeune fille qui était venu les interrompre un peu plus tôt, et qui s'était assise deux tables plus loin, se pencha vers une de ses copines.
- Ouaw... Dire que j'ai failli manger à côté de ce barjot... - Ouais bah c'est rien comparer à cette nunuche...
Maggie, entendant cela, se sentit vraiment bête, et gênée de la sensation de tout ces regards sur eux...
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Sujet: Re: L'autre là, le mec tout seul. Mer 18 Juin 2014 - 23:45
Et voilà, le coup de trop. Aussi loin qu'il se souvienne, Anders n'avait jamais poussé quelqu'un jusqu'à une telle extrémité. Il avait dû essuyer des frustrations, des tensions, des colères, du dédains quant à ses farces... Mais jamais une telle terreur. La pauvre gamine était littéralement morte de trouille ; naïve qu'elle était, elle avait tout gobé sans même réfléchir et s'était mise dans un état si déplorable qu'Anders se sentait plus que jamais coupable. Hé, il avait juste voulu plaisanter un peu ! Il tenait juste à gentiment perpétuer la fausse image de salopard qu'il colportait, rien que pour son amusement. Tout ça allait bien trop loin à son goût. On ne peut plus penaud, le jeune homme dû subir en plus l'assaut d'une vague de peur parasite qui vint glisser à l'orée de sa conscience. Le sentiment avait une "saveur" étrange, une marque particulière ; ça n'était pas quelque chose né du coeur du garçon, mais plutôt quelque chose qui était venu s'y greffer sans son avis, comme le fruit d'autrui. Et même si cette frousse étrangère était plutôt tenue, elle était assez dérangeante pour laisser Anders immobile un moment. C'est au terme d'une poignée de seconde qu'il en vint à se ressaisir pour remarquer d'un lent coup d'oeil circulaire qu'en plus d'avoir laissé sa "victime" dans un état lamentable, leur altercation était devenue l'attraction principale d'un réfectoire sur lequel planait un silence de mauvais augure. Par réflexe, il ouvrit la bouche pour tenter de formuler que tout allait bien, mais le seul son qu'il parvint à produire fut une très brève syllabe inaudible. Soupir agacé. Il leva lentement les mains en signe d'apaisement, de moins en moins à l'aise dans une ambiance si tendue. Et plus il réfléchissait à ce qu'il pouvait bien faire pour désamorcer la situation plus il se sentait mal. Ah, cette fois-ci, il avait vraiment déconné. Puis, sur une impulsion, avant que le personnel du réfectoire ou des élèves ne finissent par venir porter secours à la jeune fille après avoir entendu ses cris, Anders se leva rapidement avant d'attraper Maggie par le poignet afin de l'entraîner au dehors. L'Anglais sentit bien que la trouille que ressentait la petite à son égard l'avait fait se raidir à son simple contacte. Il contint une grimace contrite et désolée avant de forcer le pas malgré les éventuelles protestations de la jeune fille, directions la sortie, laissant là deux plateaux sur une table momentanément inoccupée.
Il déboula dans la cours en traînant son léger fardeau par le poignet, tournant vers elle un visage qui n'avait rien d'hostile -au contraire- et en posant son index sur les propres lèvres pour lui intimer le silence. Là, il la fit s'asseoir sur un banc très à l'écart, lui servant un sourire aussi navré que sa conscience pouvait l’être avant de vouloir s'emparer de sa tablette. Qu'il avait oublié dans le réfectoire avec ses effets personnels et ceux que Maggie aurait pu laisser. Une toute dernière fois, avant d'y retourner, il fit signe à la jeune fille de bien vouloir rester en place, priant pour qu'elle soit toujours là quand il reviendrait !