Retrouvailles • Ft. King Julian

Aujourd'hui est un jour comme un autre et Julian est de bonne humeur. Il a un air de musique dans la tête qui swing et dont il n'arrive pas à se débarrasser. Il chantonne. Cela pourrait être cool, si ce n'était pas une chanson Disney -la marche des éléphants pour être plus précis- et s'il ne chantait pas faux également. Des élèves le regardent de biais, d'autre le saluent : Julian se contente de donner des sourires. Insouciant, il vadrouille dans le pensionnat. Pomme en main, il fini par lire quelque trucs sur le panneau d'affichage. Des rumeurs, des annonces. Des noms de pensionnaires sont énoncés, certains lui disent vaguement quelque chose, mais impossible de mettre une tête dessus. Soupire. Il n'a jamais vraiment eu la mémoire des noms. Il hausse les épaules : tout ça lui passe au dessus de la tête de toute façon. Les trois quarts de ce qui est écrit n'est pas très sérieux. Ça l'amuse juste un peu. Il croque dans sa pomme et mâchouille, regard à ce qui se passe autour : des gens, des C, D et des A. Un A.

Il débloque.

Son cœur a eu un raté. Non, non on ne parle pas de coup foudre ou de crise cardiaque ici. Il a cru reconnaître la silhouette de son frère, à l'instant. Il cille, l'air béat -ou juste con-. Il arque un sourcil et se met à suivre l'inconnu en bousculant un peu les autres. Un E râle méchamment et il essaie d'être discret. Complètement perturbé il loupe une marche et se ramasse dans les escaliers. Fabulous. Il en perd sa pomme qui a decidé de dévaler les marches en sens inverse.... Juste au moment où Ivy passe à coté de lui. Super. Il a le droit à une petite pique désagréable et un regard moqueur. Julian aurait bien entamé une conversation avec sa petite sœur de cœur, elle aussi apparemment. Mais il coupe cours et donne rendez vous plus tard à la jeune fille.

Il a perdu le type du regard. Panique.

Il se rappelle avoir vu la couleur violette sur sa cravate et il continue de gravir les escaliers. Pas très sur de lui, il atterrie dans le couloir des B et des A. Sourcils froncés : un regard à droite, un regard à gauche et moue sceptique. On sent qu'il cherche quelqu'un. En dehors de cette ambiance pompeuse, y'a pas grand monde ici heureusement. Puis il le voit, il n'a pas rêvé son petit frère est au pensionnat. Deuxièmement air béat. C'est alors le bordel dans sa tête, c'est la fête, que des ''hudiqdnjhbeh'', ''nianianiniana'' plus rien de rationnel. On vient de perdre Julian. Son ventre papillonne. Il trépigne, il fangirlise complètement -comme une fan de Justin Bieber devant son idole-. Sauf que ces folles sont toujours tenue éloignés de leur idoles. Ici, non.

Il s'avance dangereusement de sa cible et lance :

- WAH NESTOOOOOOOR ! JE SAVAIS QUE C’ÉTAIT TOI. Non, il n'en était pas sur. Il n'en croyait pas juste ses yeux. Putain, qu'est ce que tu fais ici ?! Question con. T'es là depuis combien de temps ? T'aaaurai dû me prévenir.

En effet, ça aurait mieux valu pour lui. Il continue de s'approcher, à l'ouest il pousse un mec qui était dans le groupe de Zack. Ouai, il s'incruste complètement. Ses yeux pétillent et il chope son visage entre ses mains. Comme pour s'assurer que c'est bien lui. Il tire sur ses joues, comme les grands mères font aux petits, complètement gaga.

Yeux marrons, mèches de cheveux en vrac, air méprisant. La bouille de Zack sans aucun doute. Il le lâche après cette auscultation du visage.

- T'es trop BO'. Il donne un coup de coude au mec d'a coté Regardez, c'est NESTOOR mon petit frère.

La honte.

Crash total, ses capacités cognitives ont foutu le camp. L'Australien ne réfléchit plus. Euphorique, il perd un peu les moyens. Zack est devant lui alors qu'il pensait ne pas le voir avant des semaines. Ils pourraient se voir plus souvent, peut-être que leur relation s'amélioraient ainsi… Ou pas. Sourire jusqu'aux oreilles, Julian ne remarque pas le malaise qu'il peut créer, ni même les regards moqueurs des camarades de son frère. Encore une gourde qu'il aura le temps de regretter plus tard.

Son frère le repousse un peu quand il veut lui chopper les joues, mais ça ne lui fait pas grand chose : Julian a toujours été le plus fort des deux.

- C'est bon, t'as fini ? Son ton est glacial, son regard également. Mon prénom c'est Zack, imbécile, ZACK, rentres-toi bien ça dans ton pauvre cerveau de minable. Et si je t'ai rien dis c'est parce que justement je voulais que tu ne saches rien.

Julian pouffe. Son petit frère n'a pas oublié d'amener son mépris dans ses valises. Des grossièretés gratuites sont énoncées, mais Julian est vacciné contre cela depuis longtemps. Les méchantes remarques lui passent complètement au dessus de la tête. Il prend tout avec le sourire, il prend la parole et s'adresse aux mecs qui sont à ses cotés. Décontracté, enjoué.

- Il a jamais assumé son vrai prénom… Zack c'était un nom de code quand on jouait petit... Il a l'air méchant comme ça, mais faut pas faire attention. Regard vers son frère, presque fier de lui. Rien n'est dit méchamment de sa bouche. Comment t'as cru que je pouvais te louper, franchement ? Je sais que tu es content de me retrouver au fond, Nestor.

Non, il n'en est pas sûr. Il lui donne un petit coup amical sur l'épaule comme pour ponctuer ses dires. Ses regards emplis de dégoût semblent sincères, comme si il lui vouait une haine féroce derrière ses airs de jolie de cœur. Et quand Julian y repensera ce soir, ça va le bouffer.

- Merci d'avoir gâché ma journée.

Réponse cinglante : son cœur fait un faux pas. Son sourire reste là, comme figé sur son visage. Il réagit au tact-tac, naturellement.

- HAHA. Ca va, y'a pas mort d'homme : je suis juste content de te voir.

Il lui adresse un clin d’œil alors qu'un mec commence à se taper une barre à coté de lui. Il répète le surnom de Zack entre ses dents -pensant surement qu'il puisse s'agir de son vrai prénom-. Une poignée d'élèves se sont ameutés fasse au raffut que faisait le C. Le calme impérial du couloir des A est perturbé aujourd'hui.

- ... Y'a un truc qui me perturbe. Il agite sur index fasse à Zac, plisse les paupières un brin intrigué. T'as changé quelque chose ? Pause. La cravate, nan.

Il secoue la tête, négativement. Le regarde de bas en haut,  y'a un truc qui cloche, quelque chose de différent chez son frère -c'est pas la première fois qu'il se permet de juger l'apparence ou l'accoutrement de son frère-. Ses yeux s'écarquillent, sa bouche forme un ''O'' avant de reprendre la parole après quelques secondes d'inspection.

- Wha, t'as enlevé ton appareil dentaire ! C'est génial : t'es super comme ça. T'avais les dents tout de coin avant ...

Oups. Il s'arrête de parler brusquement, sentant que là, il a fait une gourde. Il regarde un peu interloqué les autres autour de lui.

- C'est pas vrai, ça.

Crédibilité : zéro.