invinsible [FLASH-BACK]

Une semaine et demi. Quelques jours de pur calme, au loin des médias et à l'abri des caméras - du moins, c'est ce que tu a cru. À peine êtes-vous arrivez à Miami que le son du déclic agressant d'un appareil photo se fait entendre, tout de suite suivis par une mélodie de ce même son. Les nombreux flashs éblouissants et agaçants ne tardent pas non plus à se joindre de la partie, t'aveuglant alors que tu essaies du mieux que tu peux de te faufiler entre les caméras qui bloquent votre chemin, à toi et Mike. Insupportable.

Des vacances bien méritées, tu t'étais dit.
Loin de tout. Au calme, avec Mike, tu t'étais dit.
Ce sera bien, tu t'étais dit.

Eh bien, ce n'est pas le cas. Juste l'idée d'avoir enfin du temps pour toi et Mike t'excitait, mais les paparazzis préfèrent ruiner tes plans. Quand est-ce que tu apprendras que les lunettes de soleil ne sont pas aussi efficaces qu'une chirurgie plastique ? Déjà que vous n'aviez presque pas d'intimité dans le temps où vous étiez encore célibataire, depuis que vous êtes un couple, c'est tout bonnement impossible à vivre. Mike est tout simplement envahi par ses photos-shoot, ce qui ne vous laissent pas vraiment le temps de vous voir. S'en est décevant. Tu pensais que cette semaine serait amusante, mais ces stalkeurs te mettent des bâtons dans les roues.

Un taxi et une adresse, c'est assez pour s'enfuir de ces personnes encombrantes. Le chauffeur ne tarde pas à partir, les abandonnant loin derrière alors que ton copain et toi vous dirigez vers votre hôtel. Mike n'a fait que franchir le pas de la porte principale de l'hôtel qu'une autre foule de ces dégénérés sont encore sortis de nulle part. C'est enrageant.

Le majordome s'empresse de nous débarrasser de nos bagages et tu pars t'isoler dans l'ascenseur vitré. Tu passes une main dans tes cheveux tout en enlevant tes lunettes de soleil avant que la porte se referme sous les flashs. Un soupir découragé s'échappe d'entre tes lèvres et tu admires le coucher de soleil jusqu'à ce que vous arriviez à votre étage.

« Espérons que demain on sera tranquille... Sur les plages ils n'ont pas le droit.
- Oui, ce serait bien, te contentes-tu de dire. »

Ces paparazzis ont gâché ta journée, mais tu ne le laisses pas paraître. Tu préfères t'étirer et bâiller alors que vous sortez de l'ascenseur. Le majordome vous ouvre la porte puis déposes vos bagages avant de repartir, vous laissant seule dans la suite luxueuse. Après son départ, Mike enroule ses bras autour de ton cou et te souffle au visage avant de déposer un léger baiser sur ta joue et de se séparer de toi.

« Monsieur est fatigué ?
- Ça paraît tant que ça ?, répondis-je en esquissant un sourire amusé. »

Tu le rejoins près de la baie vitrée alors qu'il regarde à l'extérieur. Tu enroules tes bras de manière possessive autour de lui pour finalement déposer un baiser sur sa nuque avant de regarder à ton tour à l'extérieur, appréciant le coucher de soleil et les palmiers.

Vous restez dans cette position un court moment avant qu'il ne décide de déposer sa tête contre ton torse et qu'il ne t'emprisonne de ces bras frêles. Quant à toi, tu ne fait que l'approcher davantage, lui embrassant la tête, les mains rassembler au bas de son dos. Cela faisait un moment que vous n'aviez pas eu la chance d'être seul ensemble. Le travail de Mike a pris le dessus sur votre relation, ce qui te portes parfois à croire qu'il chérit plus son boulot qu'il ne t'aime. C'est un peu décevant, à vrai dire.

« Ça te plais d'être là ? »

Sous l'effet de surprise, tu hausses un sourcil. À quoi il pensait ? Si ça ne t'aurait pas plus, tu ne serais pas venue. Bien sur que tu es content d'être ici, seul avec lui, éloigné de tous ceux qui auraient pu vous interrompre. Vous avez enfin le temps de sortir ensemble - du moins, c'est grâce à Mike qui a sans doute annulé ses photos-shoot pour cette sortie.

« Bah voyons. Si je n'aurais pas voulu, je ne serais pas venu, dis-tu en lui souriant.
- Dis moi tout Noah, et je commande le plus bon champagne de l'hôtel. »

Tu n'es pas très "' champagne ", mais tu le laisses tout de même faire. Tu n'es pas obligé d'en boire après tout. Tout ce qui importe pour le moment, c'est lui et toi ; car c'est tout ce à quoi tu penses en ce moment. À votre relation, son évolution, vos problèmes et surtout, comment se tenir ensemble sans pour autant mettre la puce à l'oreille du monde entier. Tu n'es pas très intéressé par le fait de t'afficher publiquement et Mike le sait. De plus, tu as peur que cette nouvelle puisse nuire à vos métiers respectifs, quoique l'ont sois au 21e siècle. Sauf que tout ce que tu penses, tu ne lui dis pas. Tu ne veux pas que tes pensées négatives et inutiles remettent en doute votre sincérité.

Tu t'assis sur le canapé avant de passer une fois de plus ta main dans tes cheveux.

« Franchement, je n'ai rien de particulier à raconter, dis-tu avec un sourire en coin. Et toi ? Avec tous ces shootings, tu dois bien avoir quelque chose à dire, non ? »

Alors que Mike se change, toi, tu te remets du voyage en t'allongeant sur le canapé, laissant tes bagages à la porte d'entrée avec tes chaussures. Tu t'empares de la télécommande puis ouvre la télévision écran plasma pour ensuite le mettre au poste de radio et finalement reporter ton attention sur les paroles de ton copain.

« Non, pas vraiment... À pars qu'on a voulu me teindre les cheveux en roses... J'ai dis non, t'imagines ? Venir à Prismver avec des cheveux rose barbie ? La honte... Je dois bien avoir d'autres trucs à te raconter... Laisse moi réfléchir... »

Tu fronces les sourcils, un peu inconfortable avec cette histoire de cheveux roses. C'est plutôt... original, même si ta réaction n'aurait pas été des plus belles s'il aurait accepté cette demande. Tes bras viennent s'entrecroiser à l'arrière de ta tête alors que tu fermes les yeux, visionnant l'image.

Ça n'aurait pas été joli à voir. Ça aurait même été un massacre - du moins, selon ce que tu as vue dans ta tête. Tu ne sais pas trop à quoi pensent ces photographes ; tout ce que tu sais, c'est qu'ils ont du très bon stock. Peut-être même un peu trop bon. Tu te relèves et prends ta valise à ton tour pour finalement le rejoindre dans la chambre. Tu enlèves ton short et le remplace par un pantalon harem noir et te débarrasse de ton chandail. C'est qu'il fait chaud à Miami, même à l'air climatisé. Tu retires également tes chaussettes et rassembles le tout de vêtements sales pour le mettre dans le panier à linge. Une fois de plus, tu t'étires et retournes dans le salon alors que Mike, lui, se dirige vers le téléphone en te laissant sur une phrase plutôt intrigante.

« Mmmm... J'ai bien un truc important à te dire, vraiment important... Il faut vraiment que je te le dise, mais... Il va falloir me tirer les vers du nez pour le savoir. »

Comment tuer la romance en 0,5 secondes. Cette expression a toujours eu le don de te donner des hauts le cœur insupportable. Tu t'efforces donc de chasser cette phrase de ton esprit. Tu n'es pas de nature curieux, mais tu comprends le petit jeu de Mike, alors tu le laisses faire. Tu le rejoins avec un sourire narquois, le soulevant et enroulant tes hanches de ses jambes tout en déposant un baiser sensuel sur ses lèvres.

« Oh, vraiment ? Depuis le temps, tu devrais savoir que je suis plutôt bon à ce genre de jeu. »

Tu ne joues pas. Tu n'as pas l'habitude de jouer. Normalement, tes adversaires n'ont pas assez d'ambitions pour parvenir à te battre à ce genre de chose et le jeu ne dure jamais très longtemps ; voilà pourquoi tu ne joues pas. C'est beaucoup trop facile pour toi et il faut croire que c'est un don, et Mike ne fait pas exception. Le seul problème, c'est que tu n'aimes pas jouer. Tu es vite ennuyé ; c'est pourquoi tu es plutôt content que tes adversaires abandonnent vite. Après un trop long moment, tu deviens irritable et impatient, voilà pourquoi tu ne joues pas.

Tu lui mords la lèvre avant de laisser tes mains baladeuses se promener sous son débardeur, comme pour le tenter mais aussi pour le narguer. Tout ce que tu veux, c'est lui montrer que toi aussi, tu sais tenir le coup et être insupportable. Insupportable à ta manière - et puis comme tu as faim, tu es irritable. Insupportable et irritable ; le duo qui donne des envies suicidaires. Tant mieux, il crachera le morceau beaucoup plus vite.

« Je sais, je sais... Mais peut-être que ce soir tu es bien trop fatigué pour gagner !
- Tu sais bien que j'ai toujours de l'énergie quand il s'agit de jouer. »

Tu le couvres de baiser et le couches sur le lit, continuant de parcourir son corps à l'aide de tes mains. Tu n'en as rien à faire de tes avances ; tout ce que tu penses, c'est à la nourriture. Tu es affamé et jouer ne fait qu'empirer ton envie de manger. Tu joues de charme pour le faire abandonner, mais dans le fond, son petit secret t'importe peu sauf que tu sais que Mike aime te provoquer, même si ça ne fonctionne pas toujours. Tu joues la comédie pour lui faire plaisir - et toi, tu en profites pour l'exciter.

Un sourire séduisant en coin, tu plaques tes lèvres contre les siennes, te perdant dans un baiser passionner et improviser. S'il y avait bien quelque chose que tu aimais de lui, c'était le goût de ses lèvres. Ce n'est pas qu'elles ont un goût particulier, mais c'est le fait que tu en sois tellement habitué qu'elles en sont maintenant une drogue pour toi.

Tu ne t'arrêtes pas pour la simple et bonne raison que tu apprécies d'une certaine façon la situation. Tu espères toi-même que Mike décide de t'offrir plus que des simples baisés mais, manque de chance, c'est tout le contraire qu'il t'offre ; c'est-à-dire rien du tout. Il cesse vos accolades, cédant sous la pression et t'avouant la précieuse " nouvelle " à laquelle il semblait tant tenir.

Déception.

Tu t'attendais à quelque chose de plus... soudain et surprenant. Quelque chose que tu ne savais pas, surtout. Tu considères cela comme une preuve d'amour légèrement kitsch, mais tu aimes cet aspect vieux-jeu.

Tu étouffes ensuite un rire suite à cette déclaration banale avant de susurrer les mêmes mots à son oreille. Tu ne sais pas pourquoi mais un élan de romantisme t'a pris d'assaut - et ce n'est pas rare. En réalité, ça t'arrive fréquemment. Tu l'aurais normalement poussé sur le lit et tu serais aller cherché quelque chose pour calmer ta faim insupportable, mais ton excès d'amour t'en a empêché. On peut clairement deviner que tu es désappointé, mais tu agis comme si tu ne l'étais pas. Il faut croire que tu as un petit fond de curiosité à quelque part en toi. Après tout, personne n'est parfait.

Tu te lèves et te diriges vers la petite cuisine, fouillant un peu partout dans les armoires jusqu'à ce que tu trouves les objets de tes pensées ; plus précisément un petit verre et du Jack Daniel's. Le coude sur le comptoir de cuisine et le poing sous le menton, tu repars la discussion.

« Ce n'est pas que je ne t'aime pas, mais j'ai eu ce que je voulais. Un sourire se dessine sur tes lèvres alors que tu continues. On "s'amusera" plus tard, si tu veux, finis-tu en insistant sur les apostrophes. »

À bien y penser, tu n'as jamais eu le tour en ce qui concerne les relations amoureuses et la vie à deux. Tu ne cherches pas réellement à être romantique - et même si tu essayerais, tu échouerais lamentablement. Les mots n'ont jamais été un atout pour toi, même qu'ils étaient plutôt un handicap. Tu as autant de mal à construire tes phrases correctement que tu as de difficulté à les formuler de la bonne manière. En fait, l'amour et toi, ça fait tout simplement deux. Pour toi, t'exprimer, faire une preuve de quoi que ce soit, c'est comparable aux mathématiques ; tu n'y comprends rien et tout ce que tu crois faire de bon est en fait mal.

Tu le sais, mais ça t'est égal. Tu as appris à accepter tes défauts comme tout le monde le font et tu vis bien avec. Mike est sans aucun doute ta première relation amoureuse depuis plus de cinq ans, pour ne pas dire plus. Tu ne connais pas grand-chose à la stabilité. Ce n'est pas vraiment dans tes habitudes. Pour toi, une relation amoureuse n'est faite que de contact physique ; du moins, à ce que tu croyais au départ. Ces démonstrations embarrassantes ne te préoccupaient pas encore dans ce temps-là, mais maintenant que tu en connais l'existence, tu essayes encore de t'adapter à cette nouvelle facette de l'amour. Car oui, tu ne fait encore que la découvrir et Mike est présentement celui qui t'enseigne comment aimer.

Tu l'observes du comptoir, les bras croisés alors qu'il s’assoit et tu le rejoins par derrière, l’enlaçant de tes bras musclés avant de déposer un léger baisé sur sa joue droite. Tu viens ensuite t'asseoir à ton tour en t'emparant de l'autre pizza. Le serveur, quant à lui, repart aussi vite qu'il est arrivé après que tu l'aies remercié, vous laissant dans le silence alors que tu t'apprêtes à déguster le mets.