Sujet: grace marked your heart || CASSANDRE Mer 1 Oct 2014 - 1:37
Les yeux embrumés, masqués par tout un voile d’émotions différentes et indéfinissables. J’avançais, dans le couloir, faisant face aux rires moqueurs, aux regards compatissants, parfois ironiques, hautains des personnes depuis la veille. Mon message tout frais sur le blog de l’école m’avait valu d’être rabaissé par la plupart des gens impliqués dans la guerre, à l’exception de quelques uns qui avaient pris ma défense. J’avais beau dire, j’étais dans tous mes états. Heureux d’avoir enfin pu lâcher RED, mais d’un autre côté, toute cette rancune pesait. Tous ces regards posaient. Je m’en foutais, c’est vrai, mais un moment venait ou même le mec le plus nonchalant vis-à-vis de sa réputation finissait par faire un gros ras-le-bol.
Ca n’était pas mon cas. J’avais envie d’envoyer chier la plupart des gens, de pousser un coup de gueule, leur expliquer que non, les choses n’étaient pas si simples que ça. J’aurai voulu leur dire la souffrance que ça pouvait être de voir ses liens s’effriter, la frustration d’être obligé d’abandonner malgré son courage intact et sa détermination sans failles. Pas tant que ça au bout du compte, puisque j’avais fini par laisser tomber, mais j’étais quand même d’accord avec les idéaux de RED. D’accord avec la bataille pour l’égalité. Que valaient quelques chaises face au destin de dizaines d’élèves ? Sérieusement, même maintenant que j’avais raccroché, je n’arrivais pas à comprendre.
Grand soupir sur une énième remarque d’un élève à la cravate rouge, je roule ma langue dans ma bouche pour éviter de balancer une connerie. Je ne l’ai jamais vu se pointer dans une opération de RED et il ose me critiquer ? Bullshit. Je roule des yeux, lui adresse un regard équivoque et continue ma route, étanche à toute critique de la part d’un type comme lui. RED m’a tout de même appris à ne pas m’attarder sur les gens qui n’en valent pas la peine, à ignorer les regards sans importances ou dénués de jugement réel. Heath en grande partie - et c’est son lms que j’ai en tête lorsque je me dirige vers la cabane 9. Une chance qu’elle soit toute proche de la mienne, ça m’évite d’en prendre trop plein la tête en trajet.
Je toquais à la porte, priant pour que Léocade ne vienne pas ouvrir - je connaissais les élèves présents dans ce bungalow, pour peu que j’aie fait la liste des effectifs et des chambres dans le but de préparer la seconde opération. Enfin, ça n’avait aucune importance puisque je me permis tout de même d’entrer avant d’obtenir une réponse - le salon était vide. Haussement d’épaules, puis je me dirigeais vers la chambre de Cassandre, croisant la Miss Prismver au passage, la mine étrangement inquiète. Mon regard la suivit tandis qu’elle reprit la direction de sa chambre et, la curiosité piqué au vif mêlée à une pointe d’anxiété, je poussais la porte entrebâillée.
« Hey Cass…andre. »
Légère hésitation dans la voix, l’élan coupé par la vision à laquelle je faisais face. Mon regard coula vers l’écran animé, observant le film pendant quelques instants, puis se déporta de nouveau vers elle. J’ignorais qu’elle était malade - et au premier regard, j’étais loin de penser que c’était un malaise temporaire ou une vieille grippe. Silence awkward, ma langue vient glisser sur mes lèvres avec nervosité, comme d’habitude, puis je reprends la parole.
« J’suis venu pour te remercier encore, et te parler de ce que tu m’as dit en début de mois. A propos des retards sur mes cours, tu sais. »
Le ton est léger, mais le coeur lourd, mon regard submergé d’interrogation reste planté sur elle, bien que j’essaie de paraître le plus naturellement possible. Reprends-toi Gau, elle n’aimerait pas ça, tu le sais. Personne n’aimerait ça. Et puis, pourquoi tu t’en mêlerais, de sa vie personnelle ? C’est rien de plus que ta déléguée. Tu la connais à peine.
« T’as tapé ces discours héroïques sur le blog depuis ton lit ? Quand j'pense que t'as calmé toute l'école comme ça. J’ai jamais vu quelqu’un être aussi badass en restant allongé. »
Haussement de sourcils, sourire amusé. Là, c’est parfait. On le retrouve, le Gau amusant d’origine.
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Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Mer 1 Oct 2014 - 18:09
Me and my broken Heart
Ca l'avait prise pendant la nuit. Cette impression d'étouffer. De ne plus respirer. Râles mêlés de sanglots, Cassandre convulse dans son lit, agrippant du mieux qu'elle peut ses draps comme pour se retenir à la réalité. La pression augmente, son ventre explose et elle tousse. Elle tousse. Elle tousse. Si il lui restait un brin de conscience, Cassandre s'attendrait presque à recracher ses poumons. Mais ceux ci restent ferment accroché dans sa cage thoracique. C'est de la bile qu'elle rend à la place. La douleur est insoutenable, décuplée par la peur de la fin, Cassandre appelle. Hurle. Pleure. Et puis plus rien. Tirée de rideau. Fin. Non je déconne. Elle ouvre tant bien que mal les yeux, essaye de se redresser mais la douleur revient et Cassandre essaye de parler. Plus de voix. Un murmure sort de ses lèvres et soudain on s'active autour d'elle. Les lumières lui agressent les rétines, et les voix les tympans. Elle grimace pour protester, tentant de comprendre la situation.
« Cassandre, tu es réveillée. »
Non sans blague. Lentement, les informations montent à son cerveau et Cassandre reconnaît les murs de l’hôpital. Bien. Elle n'est pas morte. Pas encore. Déglutissant, elle sent qu'elle a du mal à respirer. La canule dans son nez la picotent et elle esquisse un geste pour la retirer, on lui tape sur le bras.
« Non, non. Ecoute moi bien. Tu as fais une crise la nuit dernière. Plus violentes que les autres. »
Silence. Elle lèvre enfin les yeux pour rencontrer ceux de son médecin. Sérieux, ils lui donnent une assez bonne indication de la situation.
« Ton état se détériore Cassandre. J'aimerais avoir d'autres nouvelles, mais ce n'est pas le cas. Tu te sur-ménage trop. D'ici un mois ton cœur ne tiendras plus du tout le rythme. »
Comme si elle ne le savait pas. Cassandre soupire doucement, s'étire, tousse à nouveau. Et s'ensuit un long monologue sur sa condition de fille malade, qu'il faut qu'elle se préserve, qu'elle devrait quitter l'école et rentrer chez elle. La blague. Après plusieurs minutes de discussion douloureuse, Cassandre passe une série de tests pour vérifier si il n'y a pas d'autres problèmes. On aimerait la garder une semaine en observation mais Cassandre refuse.
« Si jamais ça recommence, je viendrais et je ferais tout ce que vous voulez. Mais laissez moi juste sortir. S'il vous plaît. »
C'est dingue, cette manie qu'on les médecins à chercher de l'espoir là où il n'y en a pas. Ils tentent de la préserver tant bien que mal, petite poupée dans son cocon de soie, intacte. Hypocrites. Vous ne voulez juste pas avoir un tâche à votre dossier. Qu'on vous reproche d'avoir laisser filé une pauvre fille innocente. Et c'est Felicia qui entre dans la pièce, rayonnante comme toujours, elle lui tend ses vêtements pour qu'elle puisse sortir dans une tenue un peu plus décente. Lentement, Cassandre enfile un survêtement avant de s'agripper à son amie pour atteindre la voiture. Le simple fait de se tenir debout lui donne l'impression d'avoir cent ans. « Pardon Feli. Merci. »
Pardon d'être si pathétique. Si pitoyable. Pardon d'être si égoïste et de te faire mal comme ça. Mais elle a besoin de toi. Tellement. Tellement. Arrivée dans sa chambre, Cassandre se glisse dans son lit et soupire. Dire qu'elle avait prévu de chercher Warren pour discuter de l'avenir de WIP, et puis d'organiser une réunion de soutient scolaire, et puis il y avait la répétion avec le groupe... Une larme coule sur sa joue et Cassandre enfouie sa tête dans son oreiller. Bon dieu ce qu'elle se hait. Elle et la maladie qui l'habite depuis trop longtemps. Après plusieurs minutes à tousser, Cassandre se relève. Non. Elle ne se laissera pas abattre. Pas maintenant alors que tout tombe en cendre autour d'elle. Pas question. Alors elle lance son film de guerre. Dirty Dancing sur l'écran, cheveux sous le bonnet que portait Jasmin, peluche entre les bras, elle s'évade. Enfin, tente de s'évader. Mais c'est Gautier qui la brise dans son élan, ouvrant la porte de sa chambre, découvrant enfin la pauvre fille qu'elle est en réalité. Malade. Et sa se lit sur son visage à lui, la stupéfaction. Ca lui donne envie de rire, Cassandre. Attrapant la télécommande, elle stop le film sur un déhanché parfait de Johny et se redresse.
« Hey Gautier »
Sa voix abîmée la fait sourire. Non. Elle ne lui laissera pas l'occasion de s’apitoyer sur son sort. Elle va bien Gautier. Ne t'en fait pas. Ne la plaint pas. Elle t'en supplie Gautier. Elle n'a pas besoin de ça. Silencieuse, elle écoute le jeune homme, sourire engageant sur le visage, sourire qui s’agrandit pour illuminer son visage blafard. Elle voudrait le remercier. Mais le remercier serait avouer. Alors non. A la place, elle laisse échapper un petit rire étranglé avant de tapoter le devant de son lit pour l'inviter à s'asseoir.
« Que veux tu... Mais c'est mon petit secret. Ca reste entre nous pas vrai ? Après les gens seront trop impressionnés pour me parler et ça sera pas drôle ! »
Clin d’œil malicieux, elle met un doigt sur sa bouche pour l'inviter au silence. Double sens. Ne dit rien Gautier. Ne dévoile rien au reste du monde. Laisse la briller, fausse perfection, peau saine sous laquelle se cache la vermine. Croisant les bras sur sa poitrine, elle fiche le jeune homme de son regard bleuté. Oui, Gautier. Elle voulait te parler. Au fond, c'est plutôt bien que tu sois venu, elle a l'impression de servir à quelque chose enfin.
« Plus sérieusement. Oui, je voulais te parler. Tu as du mal, pas vrai ? En B ? A suivre le mouvement, les cours, tout. Il faut te reprendre Gautier, sinon les profs vont te faire descendre en C. Et moi j'ai pas envie que ça arrive. Crois le ou non mais je peux t'aider. »
Oui. Cassandre est bien plus intelligente qu'elle n'en a l'air sous ses cheveux roses et son air de gamine paumée. Elle aurait aimé être prof plus tard, si elle avait eu ne serait-ce que 10 années en plus. Mais la vie n'avait plus ça en stock, alors peut être que pour se faire pardonner, elle lui envoyait des gars comme Gautier.
« Tu quitte RED, tu rejoins WIP. Tu es en B, moi aussi et je suis ta déléguée. Je pense qu'on va être ammenés à se croiser plus souvent, alors autant partir sur de bonnes bases. Et tant que responsable de classe, je ne te laisserais pas tomber. On m'a pas élue pour être passive. »
Petit sourire aux lèvres elle se rapproche et ne peut s'empêcher d'ajouter : « d'autant plus qu'on a plus d'un ami en commun ! Ca serait bête d'oublier ça ! Enfin j'ai cru comprendre hein. »
Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Mer 1 Oct 2014 - 23:14
Ne pas prendre les malades en pitié est plus dur qu’il n’y paraît. Vous devez faire semblant de ne pas remarquer leur visage blafard, leur regard empli de force mais submergé par la faiblesse, mimer de croire à leurs sourires davantage présents pour les rassurer eux-même plutôt que vous. Vous devez agir comme si vous faisiez face à une personne totalement valide, et croyez-moi, c’est quelque chose de très difficile. Certains avaient peut-être un excellent jeu d’acteur, ce n’était pas mon cas - trop honnête dans mes expressions comme dans mes mots, je faisais cependant de mon mieux.
Au final, chacun faisait des efforts, chacun voulait agir comme si la fin était encore loin, comme si leur vie était exempte de problèmes. C’était sans doute imprudent et mensonger, c’était la dernière chose qu’on pouvait reprocher à ce genre de personnes - l’envie de normalité.
Alors, j’ai tout balayé. J’ai balayé cette surprise sur mon visage, ôté ces gants de mes mains brutes, ce plastique de sur ma langue enflammée de curiosité, et j’ai décidé d’agir naturellement. Quelque part, c’était peut-être un mensonge, mais je m’en moquais. Au diable mes principes d’honnêteté, j’estimais que ça n’avait pas d’importance, en comparaison avec son bien-être. Baffe intérieure pour me convaincre d’y consacrer tous mes efforts, et je décidais d’arrêter d’y penser. Arrêter de penser à RED, à sa maladie, à tous ces soucis - passe juste du temps avec ta déléguée qui semble tellement obtus à l’idée de vouloir devenir ton amie.
« J’dirai rien ! »
Symbole de scout imité avec la main, air espiègle gravé sur le visage, c’est toute un système humoristique pour me détourner de la réalité. Mais au fond, ça a toujours été mon truc, les conneries pour éviter le sérieux, les excuses pour éviter les conneries, le silence pour éviter les excuses. Peut-être que je mérite pas Cassandre, de m’asseoir sur le bord de ton lit et d’hériter de ton attention. Peut-être que toutes ces promesses brisées ne me donnent pas le droit de mener une vie normale, peut-être que toute bêtise mérite d’être puni avec quelque chose d’amplement plus grave que de simples travaux bénévoles. Je sais pas Cassandre, mais je veux bien oublier ma culpabilité et mes doutes, pour une fois, je veux bien me laisser prendre.
Y’aura sans doute jamais d’excuses tu sais, parce qu’une part de moi appartient toujours à RED et les soutiendra jusqu’au bout. Et c’est peut-être ce sentiment, au final, qui allume cette étincelle de distance et me rend si hésitant. Sans doute que c’est davantage ces propres remords envers moi-même plutôt que cette maladie qui me fait hésiter. Mais je ne reculerai pas, j’ai décidé de repartir sur de nouvelles bases - et ce n’est pas pour m’enfermer dans ma propre culpabilité. Mes yeux croisent à nouveau les siens, j’écoute ses paroles, pas vraiment surpris de la savoir tellement confiante - on devient pas déléguée en étant à la traîne dans ses résultats.
Je mords mes lèvres un instant, observe à travers la fenêtre, réfléchissant à sa proposition. C’est vrai, ça me serait bénéfique et ça semble lui faire plaisir, mais est-ce vraiment la meilleure chose à faire après mon départ de RED ? Les paroles d’Hercule me reviennent en tête - ses conseils, ses avertissements, son refus de m’afficher en tant que membre de WIP. Pour protéger les autres. J’avais beau dire, il avait raison, et je n’avais pas envie de mettre Cassandre en danger simplement pour le bonheur de garder une cravate bleue.
Enfin, ça n’était pas tout à fait exact. Encore aujourd’hui, je me baladais sans cravate, incapable de me décider entre la bleue et la rouge. C’était un des nombreux détails que je la soupçonnais d’avoir remarqué, au-delà de mes résultats bancals, et un des nombreux dilemmes que j’étais incapable de résoudre. Je savais que, tôt ou tard, cette hésitation me retomberait dessus, mais j’aimais autant profiter de mes moments de tranquillité pour réfléchir à d’autres questions plus importantes. Ma tête se tourne de nouveau, mes iris viennent trouver ceux de Cassandre pour lui répondre avec franchise, passant sous silence mes propres doutes.
« T’es géniale Cassie, j’te le revaudrai très bientôt. J’ai déjà commencé à me reprendre en main, maintenant que… mes activités extra-scolaires, disons, ne me prennent plus de temps. J’ai déjà pu récupérer mes cours en retard, mais, j’avoue que je galère pour comprendre avec tout ce que j'ai manqué. Sourire gêné. S’il te plait, alors. »
Courbette maladroite et mon front se cogne contre l’extrémité du lit - juron emprisonné entre mes lèvres, je soupire silencieusement en frottant l’endroit de l’impact. Un sourire naît sur mes lèvres, et c’est toute une amitié qui semble également s’ouvrir. Déjà des rires, un surnom, un secret partagé - les conseils sont peut-être justifiés, mais j’ai toujours géré de ce côté-là, et je pense pouvoir le faire. Tant que je ne crierai pas l’existence de ces cours particuliers sur tous les toits, il ne devrait pas y avoir de problème. Je souris, mon expression se transformant rapidement en un visage surpris lorsqu’elle parle d’amis en commun. Je hausse un sourcil, incompréhensif, pense à Sonera, ou même à Zephyr. Des amis en commun ? Vraiment, je ne vois pas.
« Ouais certainement ! Tu penses à qui ? ‘fin… j’commence à connaître plus ou moins tout le monde dans la classe, mais pas au point de savoir qui connaît qui. Puis, on peut pas dire que tous m'apprécient... »
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Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Dim 5 Oct 2014 - 15:51
Me and my broken Heart
Ça la fait rire. Ça la soulage. Un peu. Cette façon d'envoyer le problème aux ordures, d'oublier un instant que l'éternité n'était qu'un concept, que la fin arriverait bien trop vite. Merci Gautier, elle n'avait pas besoin d'autre chose maintenant. Juste de ta présence rassurante, ton regard sincère. Elle répond au salut solennel par un hochement de tête approbateur.
« J'espère bien. Sinon je devrais partir à ta recherche et te séquestrer pour que tu ne parles pas. »
Elle le regarde s'asseoir au bord de son lit, hésitant. Pourquoi Gautier ? Pourquoi ? Elle aimerait te comprendre un peu plus. Un jour tu es démon, le lendemain agneau, montrant patte blanche. Es tu sincère ? As tu quitté RED réellement ? Est ce que WIP représente tes nouveaux idéaux ? Elle aimerait y croire Cassandre, à ta nouvelle personnalité. C'est de l'espoir que tu lui offre Gautier, peut être assister à un petit miracle avant de disparaître complètement. Silencieuse, elle l'observe. La balle est dans son camp à lui, alors patiente elle attend l'impact. Il est drôle Gautier, avec son air un peu paumé, son coup dénudé, libre de couleur. Elle aimerait le prendre dans ses bras pour le rassurer, lui expliquer qu'il faut être fort et se battre jusqu'au bout. Cassandre grimace légèrement lorsqu'il se met à l'appeler Cassie. Personne depuis Jasmin lui avait donné se surnom et le ramener sur la table fait remonter des souvenirs douloureux. Ses derniers jours, quand il ne prononçait plus que ce mot : « cassie, cassie, cassie. Je ne veux pas crever ». Oh Jasmin. Si tu savais comme elle te comprend maintenant. Ses mains se resserrent sur son drap.
« T'inquiète pas. Je t'aiderais du mieux que je peux, bon sauf pour tout ce qui est contrôle de don là j'avoue que.... Je suis moi même pas douée du tout alors bon ! Mais pour les autres matières pas de problème. T'as un truc particulier qui te bloque ? »
Cassandre le regarde courber la tête et se cogner contre le bord. Eclat de rire incontrôlé, elle porte la main à sa bouche pour cacher son sourire amusé. Sourire qui apparaît en parallèle sur ses lèvres à lui. Pardon Gautier. Elle sait que tu vas t'attacher, elle sait qu'elle va te blesser. De la pire façon qu'il soit. Elle te fait croire que tout vas bien, elle t'interdit de penser le contraire. Mais la maladie est là. Un peu partout. Elle hante la pièce comme une mauvaise odeur tenace. Et Cassandre se remet à tousser. Un peu plus fort, un peu plus longtemps. Un peu paniquée elle attrape son verre d'eau pour faire passer la toux. C'est drôle de penser que la cause de tout ça c'est un cœur un peu pourri. Un ventricule gauche mal formé. Juste un petit ventricule. Un sur les deux. Et pourtant si peu négligeable. Calmée, elle retourne poser sa tête sur son oreiller avant de répondre doucement, la voix un peu rauque. « Je veux parler d'Olympe. Tu sais. C'est ma meilleure amie. Et elle m'a parlé de toi. Oh et puis je sais que tu connais Spencer ! Son cousin. »
Eux. Elle. Surtout lui. Cassandre sent son cœur malade se serrer à l'évocation du nom de Spencer. Bon dieu ce qu'elle l'aime. Elle était prête, Cassandre. Prête à accepter son sort, son destin. Prête depuis longtemps. Et puis Spencer était apparu, avec sa démarche un peu maladroite et son sourire charmeur. Et toutes ses bonnes résolutions s'étaient envolées. C'était injuste de la part du Seigneur d'avoir agit ainsi. D'abord en lui enlevant Jasmin. Maintenant en lui offrant un homme qu'elle n'aurait jamais. « Laisse tomber les gens de la classe Gautier. Il leur faut du temps, quand même. C'est sur qu'on a tous été un peu pris de court quand vous avez débarqué. Et s'ils même après tout ce que tu fais, ils ne t'apprécient toujours pas. Eh bien c'est qu'ils sont cons. Je suis sûr qu'aucun ne t'as jamais vraiment parlé. Alors ne t'en fait pas. »
Petit sourire encourageant, Cassandre tend une main pour la poser sur l'épaule du jeune homme. Elle sait ce que ça fait. Le rejet. Les regards méfiants. Les gens qui vous jugent sur votre passé. Ces gens étaient cons. Complètement cons. Ce qui était du passé appartenait au passé et tout le monde avait le droit à une seconde chance. A changer. A devenir meilleur. Ignorer cela et se murer dans des remparts de négations, était du point de vue de Cassandre, un comportement complètement immature.
« Laisse leurs du temps Gautier, rattrape ton retard, montre au monde quel point t'es génial. Et là les gens fermeront leurs grandes gueules. »
Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Mer 8 Oct 2014 - 17:39
Eclat de rire. Tu vois Cassandre, tu construis déjà des choses. T’es déjà la responsable idéale, quoi que t’en dises. Il faut pas énormément de choses pour me faire comprendre, il suffit de peu de mots pour me faire rire. Il faut simplement trouver les bons. Il faut simplement être sincère, juste, compréhensif, pas juste écouter ma tirade d’une oreille distraite, bercé par l’impatience d’y répondre de la sienne. T’es pas comme ça et ça se voit, t’as ce regard compatissant et attentif, t’as ces yeux matures et résolus, ceux d’une personne qui aimerait faire quelque chose d’utile avant de ne plus avoir l’occasion de l’être. J’ai tout compris maintenant, et je ne le montrerai plus - ce n’est pas mon rôle d’en compatir, je fais seulement parti de ces étoiles que tu espères faire briller avant de disparaître.
D’une certaine façon, c’est presque rassurant. Rassurant de se dire que je fais parti de toi, que tu m’acceptes déjà comme je suis - la lumière pâle, bancale et assombrie de mes rayons ne semble pas t’effrayer, au contraire. C’est un défi tu sais, un pari difficile - la pente déjà remontée, il sera sans doute difficile de me faire briller de nouveau. Impossible, de me faire rayonner comme avant - mais avec toi j’ai envie de croire que je peux aller loin. C’est pas seulement cette maladie et la compassion qui viennent avec, ce sont ces sourires sincères que tu me lances si facilement, cette tolérance que tu m’as adressé en si peu de temps. Cette tolérance que je ne mérite pas.
Je hausse les sourcils, souris bêtement en mimant le geste de silence, promesse muette mais plus sincère que tu ne le crois. Je ne dirai rien, promis, ce secret mourra avec toi comme il aurait pu le faire avec moi si tout n’était pas déjà écrit. C’est un pincement au coeur à cette pensée, une confiance aveugle qui tire à moi un attachement dangereux - la souffrance est là, me guette au tournant, le regard me déconseillant presque de m’attacher autant à toi. Mais au fond, ça m’est égal, parce que tu le mérites, parce que ma peur de la souffrance ne doit pas brider ton affection - et peu importe que je souffre, parce que je suis prêt à ça maintenant - j’ai déjà bien trop fuit mes propres liens pour m’éviter toute souffrance.
Aimer, m'attacher, juste une fois de plus - pour dessiner un sourire sur ton coeur défaillant.
Et cette pensée me fait oublier sa question, je croise son regard, bêtement, mets quelques secondes avant d’y repenser. Mon visage se transforme en une moue sceptique, ma main caressant mon front avec douleur - toujours pas remis du choc précédent. Je fais rapidement le tour des matières dans ma tête, cherche ce qui pourrait bien faire obstruction à mon intelligence sans limite - et la réponse ne met qu’un instant à arriver.
« Maths. Biologie aussi. Philo. Histoire ! …En fait, je suis bon qu’en littérature et en sport. Je me débrouille dans les autres matières, mais sans plus. Héhé… »
J’ai tenu jusque là mes notes bon an mal an, mais je commence à couler un peu partout. Manque de formation, d’antécédents, comprendre le programme actuel ne suffit pas - et je n’ai pas le temps de tout reprendre du début. Ca semble impossible, trop long, trop difficile, les espoirs sont trop lourds à porter - alors je n’en attends plus rien. Je n’espère plus grand chose de ces demandes d’aide, sinon un rire pour le ton que j’aie employé pour. Délaisser l’avenir, faire rire, ça me suffit - mais c’est un toussotement que j’obtiens pour seule réponse. J’intériorise toute réaction, observe en silence - mon oeil mouillé d’une larme l’espace d’un instant, bien vite balayée par un clignement d’oeil.
Ce n’est pas à moi de craquer. Je n’en ai pas le droit. Alors c’est un sourire franc qui se dessine sur mon visage, celui du gars qui n’a plus envie de lâcher maintenant qu’il s’est si bien accroché. C’est presque une claque que la réalité m’administre à la figure, une motivation supplémentaire à écouter, à forcer l’entrée. Olympe. Un nom qui m’est connu - je la laisse finir sa phrase, ravise la réponse automatique qui me vient. Cousins. La blague. Elle n’est pas au courant ? Je roule ma langue dans ma bouche pour m’offrir une expression faciale comique, masquant tout scepticisme, hochant simplement la tête comme un gars nonchalant. Oui, bien sûr que je le connais, comment pourrai-je oublier ?
Comment pourrai-je effacer un si gros mensonge de mon esprit ?
Et je me contente d’un sourire à nouveau, parce que je n’ai pas la foi de répondre à ça. Parce que je n’ai pas l’envie de te mentir à l’orée de la mort, ternir de noir les dernières années que tu passeras ici. J’écoute attentivement de nouveau, cette sincérité, cette protection, j’écoute toute cette affection couler dans mes veines me redonner contenance - une déléguée qui n’hésite pas à tourner le dos à sa classe pour un arriviste de E. Pourtant, dans cette trahison, je remarque quelque chose de noble - le sentiment d’être accepté par quelqu’un, sans même avoir à en douter. Je pensais faire le premier pas mais elle a déjà couru jusqu’à moi - et cette spontanéité force mon sourire à briller de part sa sincérité ; mon visage, ému, couvert d’un voile de bonheur.
« T’as raison en fait. J’écarquille les yeux, faux air surpris. Carrément. Surtout Joach. C’est lui qui a pété en cours l’autre fois, j’suis sûr. Ils ont tous dit que c’était moi, mais j’te jure que non. »
C’est une façon de se faire pardonner, un moyen de faire croire que tout va pour le mieux. Je coupe court à cette rancoeur qui me transperce quand mon regard croise les leurs, me fonds dans cet humour nouveau, la renaissance d’un gamin qui, à présent dressé dans un corps d’adulte, tente de renfiler sa peau d’enfant. C’est impossible, mais j’aimerais y croire, muer en un nouvel éclat si je suis incapable de me revêtir de l’ancien - et ça parait utopique sans doute, mais c’est mon devoir d’y croire. C’est moi qui doit t’éblouir de lumière quand l’extinction de la tienne surviendra - pour que tu puisses l’opérer loin de tout regret. Ca ressemble à une promesse Cassandre, mais ce sont des mots que je ne peux formuler, la peur de briser à nouveau quelque chose que j’ai pu créer. Alors je commence simplement, par des petits efforts, ce sont des rayons d’espoir qui transpercent cette carapace d’obsidienne, un à un, le désir de voir notre lumière partagée.
« Ouais, je connais Spencer, il est sympa. On est pas partis du bon pied à cause de RED, au final il avait raison. J’ai eu l’occasion de m’expliquer avec lui, j’pense pouvoir dire que c’est un bon pote. »
C’est un sourire qui ponctue cette révélation, la fierté ravalée sans remords - je réfléchis un instant, hésite à évoquer Olympe. Tomber dans ce vice de mensonges et de lumière brisée.
« J’ai croisé vite fait Olympe. On a pas parlé des masses, j’suis surpris qu’elle t’ait parlé de moi alors que j'ai tout juste appris à la connaître. J'ai juste lu toute sa mémoire. Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? Allez, promis, j’en saurai rien ! »
C’est une question sincère, la curiosité d’un gamin qui n’a pas encore tout à fait cerné ce jeu de murmures. Parlé de toi - une phrase équivoque que je suis incapable de déchiffrer. Quelle importance, de toute façon ? J’ai déjà cédé, suis tombé dans ce vice de voile mensonger. J’ai menti, sans savoir pourquoi, sans savoir comment j’ai fini par me retrouver dans ce gigantesque engrenage de souffrance - nouvelle conséquence de ma lâcheté.
Et, le coeur renoué des mains de celle qui voyait le sien s’effriter, je me sentais plus misérable que jamais.
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Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Mer 15 Oct 2014 - 21:03
Me and my broken Heart
Vas y parle Gautier, remplis le silence angoissant de la chambre, détruit les murs et la douleur sous-jacente. Elle étouffe Cassandre dans sa bulle de solitude. Elle se noie Cassandre, dans sa prison nommée mort certaine. Putain ce que ça fait mal de regarder les vivants, ceux qui ne savent pas. Ceux qui auront des gosses, un boulot, un avenir. Un futur. Elle le dévore des yeux, lui et sa chance qu'il ne voit peut être pas. Elle dévore des yeux comme elle dévore le monde, trop avide, cherchant un peu plus dans chaque recoin, de quoi recoller son âme et ses peurs. Chaque image s'imprime, chaque phrase s'inscrit, et dans sa mémoire elle tient le registre de la vie. Pour se rappeler. Quand tout ira mal. Vraiment mal. Combien c'était bien et combien elle a aimé. Combien elle a profité. Silencieuse, Cassandre offre à Gautier un sourire un peu triste en l'entendant énumérer ses difficultés. Pourra-t-elle ? S'occuper de lui ? Réussir à le faire s'élever au milieu des autres ? Le faire briller ? Aura-t-elle la force ? Cassandre ? Assez de pile dans son cœur mécanique pour continuer ? Allez, soyons fous, pariions sur le plus heureux et lançons nous dans l'aventure.
« Ca tombe bien je suis nulle en sport ahaha, j'aurais pas pu t'aider. Enfin, plus sérieusement l'histoire c'est ma matière favorite avec la philo. Donc si tu veux on peut s'axer là dessus, comme en plus tu es bon en littérature t'as déjà des bases ! Ca sera plus simple, vaut mieux se concentrer sur ce qui pourraient être tes points forts »
Elle raisonne Cassandre, stratégique elle a toujours été bonne pour prévoir. Peut être que le fait de savoir exactement combien de temps vous avez lui permettait de chercher toujours la meilleure optimisation ? Peut être. Ramenant ses genoux contre sa maigre poitrine, Cassandre enfonce un peu plus le bonnet sur ses oreilles, elle se protège. Elle a peur, un peu. De toi Gautier. De ce que tu pourrais amener dans sa vie. C'est un pressentiment, presque une vision. Si réaliste. Et pendant qu'elle tente de calmer son cœur trop agité, la jeune fille écoute, la jeune fille observe, la jeune fille remarque. Il sait Gautier. Il a compris depuis le début. Et il se bat contre lui même, en cet instant pour lui épargner sa pitié. Et dans son regard elle se revoit, au chevet de Jasmin, quand tout allait vers la fin. La Fin avec un grand F. Combien c'était dur de pas pleurer, combien c'était dur de faire comme si tout allait. Et puis la réponse du jeune homme la tire de ses pensées et elle explose de rire. Sérieusement ?
« Heeee dis pas du mal de Joach comme ça ok ? Il est trop beau pour péter comme ça. J'irais tout lui raconter ! »
Au fond elle est heureuse Cassandre. Parce que la vie lui a offert quelque chose d'incroyable. Cette amitié qui s'infiltre un peu partout, à chaque coin de phrases, cachée derrière les mots. Joach, Sonera, Felicia, Olympe, Spencer, Hercule, Thomas, Ivy. Elle ne crèverait pas seule, sur un lit d’hôpital froid. Non. Ça serait comme elle l'avait prédit : chaleureux ,beau, pas triste du tout. Juste qu'Il ne serait pas là. Il était déjà parti. Depuis longtemps.
« Spencer est génial. Je. Je suis tellement heureuse de l'avoir rencontré. Les gens le prennent facilement pour un con, mais il ne l'est pas. Pas du tout. C'est une personne admirable... Je suis contente si vous avez pu vous expliquer tu sais. »
Et quand elle parle de lui, son regard s'allume, ses joues rosissent et son cœur bat plus vite. Bon dieu ce qu'elle l'aime. En parler est presque douloureux, et pourtant elle est si reconnaissante. Envers lui, envers la vie, de lui avoir montrer qu'après la mort il y avait la suite. Quand elle ne serait plus là, les gens feraient comme elle, ils iraient de l'avant, recommenceraient leur vie, retrouveront une petite nana à apprécier, qui leur rappellera celle qu'elle était. Sans doute.
« Oh ? Je pensais que vous vous connaissiez un peu plus que ça ! »
Paradoxe. Mensonges.
« Hehe, tu crois que je vais vendre la mèche ! Si tu me paye, peuuuut être que je pourrais te dévoiler deux trois trucs.... Qui sait ! Mais pour le moment... Hmmmm je ne dirais rien. »
Un poil gamine, elle s'amuse Cassandre. De cette situation qu'elle n'a jamais vraiment connue.
« Bon. Jpeux juste te dire qu'elle t'apprécie bien comme garçon. »
C'est un murmure, sourire en coin, Cassandre observe. Est-ce que tu comprend Gautier ? L'importance que tu auras ? Cassandre elle sait, un peu, un petit peu. C'est bribes, des images qui viennent parfois. Toujours floues, jamais nettes, futur trop changeant. Mais à travers les grésillements, Cassandre décèle des choses encore inavouables. Mais pas tout. Car la vérité ferait bien trop mal.
Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Mer 22 Oct 2014 - 10:19
Nulle en sport. Ca tombe sous le sens. C’est un coup de poing dans l’estomac, fondu derrière ce sourire d’amusement. J’ai compris Cassandre, t’as plus à t’en faire. C’est pas la pitié qui va réparer ce corps usé - tout ce que je peux faire, c’est le huiler avec toute la force dont je dispose. C’est pas possible de réparer ces rails, je l’ai bien compris, mais je ferai tout pour rendre la fin du trajet agréable - adoucir cette réalité avant que le train ne déraille. Alors les doutes sont effacés par des mimiques improvisées, alors cette anxiété se noie derrière ce regard empli de curiosité et d’amitié. Regarde, te soucie plus de ça. Je m’inquiète pas, je serai naturel comme je l’ai toujours été. Regarde ce sourire franc qui ne voit pas la mort arriver.
Et pourtant, chaque pensée pour la fin est un nouveau coup de poignard. Chaque allusion, le moindre signe, le moindre rapport tiraille mon coeur d’une douleur sans nom. Ca doit paraître ridicule pour toi Cassandre, pour qui la fin est déjà programmée, pour qui la douleur semble futile. Ca doit te manquer Cassandre, le fait de souffrir sans être résigné. Ca doit te manquer, la véritable douleur - la sensation d’être vivante, dans ton entièreté.
« Bonne idée ouais. Pour être franc, la philo je capte rien… mais l’histoire ça peut aller. Ca va juste trop vite, et les analyses demandées pendant les devoirs sont bien plus approfondies. J’avais pas l’habitude de ça, chez les E, j’ai aucune méthode. »
Moue boudeuse, l’obligation d’avouer ses lacunes ne fait pas toujours plaisir. Fierté mise de côté pour me permettre d’avancer, et même si je me suis résolu, c’est loin d’être évident. L’envie d’avancer seul est l’unique raison pour laquelle je n’ai jamais cherché à demander de l’aide jusqu’à maintenant - et j’avais fait l’erreur de céder à ce sourire empli de bonne volonté. Ca semblait facile, maintenant, à présent que c’était un sourire surplombé de mort qu’elle me présentait. L’avantage, c’est que ça me motivait réellement pour suivre ces cours de soutien - croyez-moi, lorsqu’on a pour professeur une fille malade, on a pas besoin de faire semblant d’écouter.
Elle le sait Cassandre, sans doute, elle sait qu’au-delà de la volonté d’avancer, c’est peut-être cette pitié que je m’efforce de repousser qui m’exhorte à rester et à l’écouter. Cruel paradoxe que je ne peux pas avouer - il y a une part de vraie à laquelle je m’efforce de ne pas penser, un refus d’avouer que je fais ça par pitié. Non Cassandre, n’y pense pas, n’envisage pas ça. Je ferai des efforts tu sais, tu douteras même pas de mon envie de progresser. Partout, même - et pas seulement sur le plan du travail.
Je tilte, souris lorsqu’elle parle de Joach, me fonds en une moue moqueuse. Trop beau pour faire quelque chose comme ça, elle ne doit pas le connaître, encore moins lorsqu’il est tard et qu’il ne reste que Heath et nous. Sourire amusé, un peu amer aussi - la différence entre nous trois qui s’étale de nouveau. Le charisme, le succès, qualités que je n’ai pas. J’ai toujours été l’atout, mais l’atout dangereux - le Berserker que l’on déchainerait si jamais les choses tournaient mal. Des bras dangereux, rouges de sang, collés sur un esprit enfantin et torturé.
Au fond, c’est peut-être plus qu’une image. C’est sûrement la cruelle réalité, le futur que l’on a collé sur deux existences brisées. Empathie. Je peux comprendre tu sais, comprendre ce devoir que l’on a de refuser d’être aimé. Je peux comprendre, cette envie de tout faire pour éviter d’aimer - et la lâcheté qui nous pousse à finalement accepter.
Alors, c’est la jalousie qui s’immisce, fait disparaître ce sourire, la haine de soi. Oui Spencer est admirable, mais Spencer sait jouer la comédie. Oui Spencer est une personne géniale comme tu le dis, mais au fond, Spencer n’est même pas quelqu’un. C’est dur de se dire ça, dur d’avouer que les seules personnes dignes de respect ne sont que des masques ? Même moi Cassandre, tu sais, car cette gentillesse cache un monstre qui n’attend qu’un faux pas pour se réveiller.
Sourire, nouveau mensonge, le tout caché derrière cette joie exprimée. Gamin, incapable de faire preuve de maturité pour penser autre chose qu’à moi - et aucun mot n’ose franchir le seuil d’entre mes lèvres, ma bouche submergée de ce sentiment amer qui menace de se faire entendre. Et puis, elle reprend la parole, amusée, change de sujet, retourne la pièce pour s’intéresser à l’autre visage. Le vrai. Olympe, celui que j’ai aperçu dans la pénombre, mais lu dans son entièreté. Olympe, la vraie Spencer, Olympe, la vraie personne - et cette histoire de cousin n’est sûrement qu’un prétexte que Spencer a inventé. Mensonge profané par un mensonge. Courte pause, pendant laquelle j’hésite à insister, presque effrayé à l’idée de connaître la vérité - puis elle reprend, l’air joueur, baignant dans cette joyeuse ignorance.
Bon. Jpeux juste te dire qu'elle t'apprécie bien comme garçon.
Blocage sur les derniers mots, je cligne des yeux, sens mes joues chauffer, rougir tandis que je cherche mes mots, décontenancé. En tant que garçon. Je sais ce que ça signifie, et ça semble tellement bizarre, tellement inattendu ou irréel. La phrase résonne dans ma tête, je cherche une erreur, un faux pas, une blague ou un éventuel faux sens. Je cherche même le mensonge dans ses yeux pétillant de malice et de sincérite. Mais rien ne vient.
« C’est euh. Gentil. J’ai… on m’a jamais dit un truc de ce genre, j’sais pas trop quoi dire. Putain, wow. Sérieux, j’vois pas ce qu’elle peut apprécier. »
InvitéInvité
Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Dim 2 Nov 2014 - 21:32
Me and my broken Heart
Ok Gautier. Tu sais, Cassandre elle est prête à se jeter dans la bataille. Elle prête à mordre et à griffer pour toi. Elle est prête à bousiller le reste de la pile de son cœur pour que tu réussisse. T''es sur que c'est ce que tu veux ? T'es sur et certains que tu vas pas envoyer tous ses efforts bouler ? Fais attention,la maladie peut rendre rancunière. Et tu ne connais pas Cassandre. Enfin tu crois la connaître. Mais il y a toujours la vraie Cassandre, celle qui se cache sous toutes ces couches de bonne humeur. Cette Cassandre à l'attitude détestable et à la violence camouflée. Cassandre la peste, Cassandre la vipère. Celle qu'elle a été il y a bien longtemps. Celle qu'elle essaye de taire. Mais pour le moment la jeune Islandaise préfère ne pas penser à ça, elle préfère penser que Gautier est plein de bonne volonté, qu'il vient se présenter à elle avec une réelle envie de progresser, de sortir la tête hors de l'eau.
« Bien, on aura qu'à voir la méthodologie aussi ! Si tu as les bases, après ça pourra toujours te servir pour avoir la moyenne. »
Elle n'était pas excellente en cours Cassandre, bonne mais sans plus, et ses notes acceptables lui demandaient énormément de travail. C'était pour ça qu'elle stagnait en B depuis son arrivée, ça et le contrôle un peu approximatif sur certains aspects de son don. Mais aider un autre lui donnait envie de se bouger, franchir ses limites pour faire sortir quelque chose de bon de tout ça.
« On fait comme ça ? Tu veux qu'on se voit à quelle fréquence ? Je trouverais toujours du temps pour toi sache le. Quitte à laisser WIP ou mon groupe de côté. Je suis sérieuse Gautier. J'espère que tu l'es aussi. »
Et c'est son regard noisette qu'elle plonge dans celui du jeune homme. Elle est putain de sérieuse Gautier. Tellement sérieuse. Ses mains tremblent légèrement pendant qu'elle serre un peu plus la couette contre elle et offre un sourire encourageant au nouveau B. Avant c'était le contraire, c'était Jasmin qui entre deux traitements la prenait sur ses genoux et lui expliquait les maths, la bio, l'anglais. Ce gars était un génie, un génie que la maladie avait arraché à ce monde. Mais elle se souvenait de la lueur de bonheur qu'il avait quand elle comprenait ses explications ou qu'elle réussissait une équation juste. Maintenant elle comprenait. Elle sentait que ce serait pareil avec Gautier. Ça apporterait un peu de paix à son petit cœur cassé. L'évocation de Joach semble faire rire à moitié le jeune homme. Pourquoi ? Ce ne sont pas ses affaires. Elle a toujours bien aimé Joach, fan des mêmes séries ils passaient pas mal de temps ensemble à baver respectivement devant Daenarys et Robb en suppliant le ciel de leur envoyer un sosie. Sans grand succès. Petit rire lorsque que ce souvenir lui revient en tête. Mais la réponse un peu gênée de Gautier la renvois sur terre. Il est mignon Gautier, avec son côté perdu, innocent. Tellement innocent. Haaa l'amour, l'amour, tellement niais, tellement adorable. Ca lui rappelait elle même quand on lui avait dit que Jasmin la matait dès qu'elle passait à la cantine. Elle ne peut s'empêcher de lui donner une petite tape sur l'épaule et de lui envoyer un sourire radieux montant jusqu'aux oreilles.
« Dis rien, savoure gars. Et te pose pas ce genre de question, ça sert à rien. »
Elle a pas l'air comme ça Cassandre, mais l'amour elle connaît ça. Et putain ce qu'elle aime ça. Alors partager un peu avec les autres, y a rien de plus grisant. Et pendant qu'elle place sa main sur sa joue pour la tapoter, tout bascule. Dès que le contact entre leur deux peaux se fait, le souffle de Cassandre se fige et le décors change. C'est des ruines, l'odeur du sang, de la violence règne. Balayé le sentiment de niaiserie, balayé le bonheur au fond de son ventre. Elle voit juste Gautier, frappant encore et encore et encore un jeune homme qu'elle ne connaît pas. Il y a des gens qui regardent comme si c'était normal, comme si le combat était un spectacle. Et le sang éclabousse le sol. Le jeune homme n'est pas mort, non, salement amoché. Juste. Et il y a Gautier, vainqueur, victorieux ou non elle ne peut voir son visage.
« Oh mon dieu. »
Retour à la chambre, Cassandre s'écarte d'un coup, comme brûlée, trop choquée pour parler. Elle connaissait sa réputation, mais elle n'avait jamais le jeune homme à l'acte. Toute cette violence, toute cette folie. Cassandre se recroqueville sur elle même et se mord le pouce pour retenir un sanglot. Passé ? Futur ? Présent ? Et si c'était avant ? Et si il voulait changer, laisser ce passé derrière lui ? Mais avec des Si on peut refaire le monde... Cassandre enfouie sa tête entre ses genoux et essaye de se calmer. La maladie rendait son contrôle sur son don de moins en moins facile et elle le laissait prendre le dessus trop facilement.
« … Ça serait bien que tu partes maintenant Gautier. Je suis un peu fatiguée, le docteur a dit que je devais me reposer. »
C'est un murmure qui sort de sa bouche, refusant de croiser son regard elle tour sa tête vers la fenêtre pour observer le ciel. Bien plus simple, moins complexe, moins douloureux.
Sujet: Re: grace marked your heart || CASSANDRE Mar 4 Nov 2014 - 12:12
VLAN. Prends ça dans ta gueule. Toute la réflexion que j’entamais en réponse à ses précédentes questions, toute la bonne humeur, la motivation, la complicité, effacée en un instant par son étrange comportement. Je reste figé là comme un abruti, oubliant même de respirer tant je suis happé par ce qu’il vient de se produire. Un contact qui a tout changé - je revois ses yeux écarquillés, ce réflexe de se replier, cette peur dans ses yeux que j’ai appris à connaître et à détester. Je vois Alessia, je vois Artus, je vois Crystal - et ces trois mots brisent quelque chose à l’intérieur de moi, comme un cocon d’espoir qui depuis le début ne renfermait qu’une douloureuse déception.
Et c’est ce regard qui m’indique la réponse, qui me fait comprendre la raison de tout ça. Il n’a pas de nom mais son existence n’en demeure pas claire - cet autre moi, allégorie même de toute la haine contenue pendant toute ma vie. C’est ce qu’elle avait vu, il n’y avait aucun doute là-dessus. Mais comment ? Et comme à chaque fois que l’interrogation survient, je me rappelle que la magie existe. Je réfléchis, tente de me souvenir de la nature de son don. Je l’ai forcément entendu quelque part - je l’ai forcément vu pendant un des cours de maîtrise de pouvoir.
Non. Ceux-là je les sèche. Alors qu’est-ce que c’est ?
Et c’est la culpabilité qui comble le manque de compréhension, la triste vision d’une Cassandre effrayée qui se replit sur elle-même, baignée de peur, sous le choc de quelque chose que je n’ai pas pu voir. Le regret d’être venu, de l’avoir extirpé de cette bulle de bonheur pour lui offrir l’horreur. Désolé Cassandre, tu sais pas à quel point - et c’est seulement quelques balbutiements qui sortent de ma bouche qui ne peut formuler cette pensée pourtant si sincère. Désolé pour tout - et je recule, manque de trébucher, ne pouvant plus que respecter cette volonté que tu me formules.
Je peux simplement limiter la casse, rassembler ces quelques bouts brisés, me démener pour chercher un moyen de les recoller sans savoir qu’il n’existe déjà plus. Parce que je ne peux que briser les choses comme je l’ai toujours fait, parce que cette volonté d’aider a beau être réelle, elle sonne faux pour tous les autres. Qui ferait confiance à un Berserker ? Pas même les soleils les plus brillants, pas même la plus forte des volontés que l’on pourrait formuler - car il suffit de quelques secondes pour détruire ce que l’on met des années à construire. Parce qu’un regard vers moi a suffit à écraser cet espoir qui naissait. Désolé Cassandre. Désolé d’être moi.
« …Ok je vais. J’y vais alors. »
L’amertume noue ces cordes vocales, et je n’arrive plus à formuler les mots pour exprimer cette culpabilité. Désolé, tu ne sais pas à quel point. Pourtant c’est un simple regard brillant de larmes et une profonde solitude qui me creuse dans ce silence de marbre. Je ne pleurerai pas parce que j’ai promis d’essayer, je ne lui en voudrai pas parce qu’elle n’est pas responsable de ce que je suis. C’est ma faute tu sais, et je devrais m’excuser de t’avoir laissé me toucher. Je devrais m’excuser d’avoir laissé cette vision de moi t’échapper. Et j’inspire fortement, m’arrête un instant pour formuler une dernière fois mes pensées.
« Je... suis désolé pour tout. suis vraiment sérieux à ce sujet. Tellement. Mais je ne veux pas empiéter sur WIP. D’amocher le reste de ta vie. Du coup, je prendrai sur mon temps libre, D'être si faible. si ça te va. »
Et maintenant que cette vision est brisée, je ne peux plus rien faire sinon la supprimer. Je fais volte-face et quitte la chambre, fermant soigneusement la porte. Désolé de l’avoir ouverte. Pardon Cassandre, d’être entré dans ta vie.