Il a jamais trop aimé ça Aiden, les festivités. Homme de l’ombre, plus le genre à rester chez lui pour profiter d’un bonheur qu’il estimait mériter. Il n’était jamais vraiment sorti pour s’amuser, en dehors de son travail qui le forçait à se déplacer. Journaliste excellent dans son travail, ce n’est pourtant jamais avec le sourire qu’il rentrait pour taper les articles qu’il s’était déniché. Mauvaises nouvelles, crises, meurtres, à part un nouveau né dans la famille royale, il voyait pas vraiment quel genre de bonne nouvelle pouvait vraiment faire plaisir aux personnes pour qui il écrivait.
C’était ça son boulot Aiden, le devoir d’annoncer la mauvaise nouvelle dont il s’informait. Annoncer chaque jour aux gens le malheur qui frappait le monde dans lequel ils étaient coincés, observer durant cent ans le mal se répandre sans limites sur ce monde qu’il aimait. Il n’aimait pas les festivités Aiden, il arrivait rarement à s’amuser quand il repensait à tout ce qu’il avait vu durant son existence qui n’avait cesse de durer.
C’était sûrement parce qu’elle défilait maintenant trop vite qu’il s’était décidé à profiter. Une longue réflexion, un mot envoyé vers la seule fille qu’il estimait suffisamment pour lui demander. Sans doute paradoxal pour la personne avec qui il avait l’habitude de se disputer, mais c’est pourtant Alaska qui avait hérité du mot accompagné de son bracelet. Il avait pas vraiment peur du refus Aiden, il se disait qu’au fond, si elle refusait, il se contenterait de ne pas y aller. Il passerait à côté de beaucoup de choses, mais ce n’est pas une soirée qu’il voulait passer avec quelqu’un d’autre qu’une personne estimée.
La vieille tenue enfilée pour l’occasion, il prend la peine d’arranger un minimum ses cheveux avant de se présenter à la porte de sa partenaire. Bien qu’elle ne soit pas négligeable, il n’a pas choisi Alaska pour sa beauté, mais bien pour toutes les autres qualités qu’elle a généralement du mal à montrer. Il aurait pu passer du temps à conter toutes les raisons qui le poussaient à apprécier la demoiselle qu’il avait choisi, mais il était du genre ponctuel et ne se permettrait pas de rater l’introduction de ce qu’un élève s’était embêté à préparer.
« Bonsoir, mademoiselle. »
C’est prononcé dans un français parfait, il ne sait pas si elle a quelques notions mais son visage et son sourire amusé montrent bien qu’il n’est pas dans ses projets de la rabaisser. Poli et galant comme il l’a toujours aidé avec les gens qu’il aime, il lui tend le bras, propose sa méthode vieux jeu sans vraiment l’imposer, mise sur l’amusement avec lequel elle prend ses manières oubliées. Il sait s’adapter Aiden, ça l’amuserait juste de voir comment elle se débrouille avec la courtoisie du siècle dernier.
Ils passent pas inaperçus comme duos, entre une demoiselle élégant et un jeune homme si bien habillé. Comme transportés dans une époque où ils n’ont pas lieu d’être, prisonniers d’une vie de jeunesse qu’ils ont depuis longtemps surpassé. La vie d’Aiden, le décalage temporel contre lequel il ne parvenait pas à lutter, il se sentait si bien avec Alaska qu’il lui semble qu’à elle aussi, il s’appliquait. C’est cette sensation si étrange de se retrouver qui dessine ce sourire sur ses lèvres, drape son visage d’un masque de joie bien vite balayé par la surprise de voir au loin un yatch amarré sur une mer gelée.
Il n’avait jamais été aux fêtes, et maintenant qu’il constatait de ses yeux l’étendue de la beauté de la présentation, leur réputation ne paraissaient pas exagérées. Il cligne des yeux, s’intéressant davantage aux lumières qui entourent le Roi de la Fête plutôt que la danse qu’il interprète - il n’a besoin que d’un coup d’oeil pour reconnaître le pouvoir de l’arrière petit fils qu’il a toujours aimé. Les lumières d’Ollie se répandent, toujours plus, en rythme avec la musique que cette vue si belle arrive à lui faire apprécier. C’est pas son genre, mais il ne dit rien, les lumières pétillantes embellissent le son qui y est accordé.
Il observe Aiden, le coeur mort rempli de fierté. Il observe, cet amour fraternel arrivant à lui faire apprécier la soirée.
« On se demande pourquoi ce sont trois hommes qui font l’opening. »
Une dernière pique exempte de sincérité, il l’a entrée dans son époque alors il peut bien jouer à son jeu. Il se tourne vers elle pour croiser son regard, complicité brisée par le cri du Roi qui déclenche le commencement de la fête. Ses yeux s’écarquillent devant la fumée ponctuée de l’entrée en scène des Cupidons, et en quelques instants, Aiden a perdu la cavalière sur qui il s’était pourtant promis de veiller.
« ...Drôle de tradition. »
Très amusant, Aiden.
pv. alaska •• 23 décembre •• lightsteelblue •• tenue
Il sait pas trop Aiden, il est encore dans le flou de cet univers coloré. C’est l’éclat terne au milieu de toutes les lumières allumés, il ose pas trop parce qu’il a peur de finir par trop les apprécier. C’est rien que de la peur, la peur d’aimer. Pourtant c’est déjà trop tard, inviter Alaska c’était prendre le risque qu’il se refuse depuis cent ans. Il peut plus maintenant. Il peut plus s’empêcher de vivre. Ca fera du mal, mais décevoir les autres il a fini par s’y habituer. Il est résolu Aiden, résolu à perdre tout ce qu’il a envie d’amasser. Il a pas peur de la fin, c’est stupide de craindre le terme quand rien n’a jamais vraiment commencé.
Il l’aime déjà Alaska, peut-être parce qu’ils sont semblables dans la façon d’être. Elle a ce pouvoir exceptionnel qu’elle peut pas utiliser, la vie effritée par la souffrance qu’elle a pas choisi de porter. Il est pareil Aiden, on lui a donné une moitié de vie dont il peut pas profiter. Il sait pas consoler les gens alors il fait au mieux pour lui rendre l’amour qu’elle se refuse à accepter. Elle déteste les gens parce que c’est tellement plus simple, mais lui il arrive pas à choisir cette facilité. Il peut pas, il aime trop son monde pour arriver à l’entâcher.
C’est pas lui qui va la faire avancer, parce qu’Aiden a déjà trébuché. Il peut la relever, l’empêcher de reculer, mais comment donner à quelqu’un la force de faire quelque chose à quoi il a arrêté d’espérer. Pense pas au bonheur, il pourra pas l’apporter - il lui demande juste de vivre, avoir une chance de pas couler comme lui l’a fait. C’est une invitation pour elle, une invitation à partir dans ce monde dont il n’a pas pu profiter. Oublions ça tu veux, oublions ça pour au moins un soir, il a envie de croire que le temps pour lui ne s’est jamais figé.
1930, les pieds enfouis dans des chaussures noires, le sourire tracé d’un bonheur auquel il pouvait encore songer. Il revit la danse dans ce même costume qui a scellé son bonheur, serrant le corps voilé dans une robe blanche de la femme qu’il a aimé. Il veut revivre ça, ne serait-ce que pour une soirée. Aujourd’hui c’est Alaska qu’il a au bras, tout aussi ravissante, il lui demande rien de plus que l’accompagner. Pourtant il est content de voir qu’elle continue d’être ce qu’elle est. Il veut pas qu’on se calque sur lui Aiden, il veut être capable de s’habituer à ce monde dans lequel il est arrivé.
C’est juste ce soir, une envie égoïste, un refus de regarder la réalité. Profiter d’un bonheur même illusoir, pourvu qu’il n’ait pas à lutter.
« Bah, alors papy on a sorti sa vieille garde robe du siècle dernier ? Pas que je critique, ça fait très classe le queue de pie. » « Les costards noirs sont trop… comment tu m’as dit ça déjà ? Mainstream. » Le mot écorché par l’accent français, il sourit. « Et cette tenue est importante pour moi. Sois fière. »
Faut pas l’écouter ce soir Aiden, il risque d’être insupportable. C’est ce qu’il a décidé pour une nuit, il espère juste que l’alcool fera tout oublier. T’es trop sincère Aiden, dans cet instant plus que tu l’as jamais été. Il veut s’accrocher à ces instants pour revivre le bonheur après lequel il arrête de courir - pourtant ce soir, il en peut plus d’être raisonnable. Il en peut plus de se retenir d’aimer. Il va te perdre, et c’est pas cette simple fumée qui lui fait peur. Tu reviens Alaska, il le sait. Tu reviendras et c’est ce qui le fait culpabiliser - il t’a laissé t’attacher, t’enfoncer dans ce qui ne sera bientôt plus qu’une montagne de regrets.
Il utilise ça un peu cruellement, ne prend même pas la peine de chercher et se contente de rejoindre le bar. C’est long, ça entame sa patience et la bonne humeur qu’il s’est efforcé de garder. Il parvient à se hisser jusqu’au comptoir, pousse le grognement raleur du papy toujours un peu paumé. Il commande deux boissons, traverse la foule à son rythme, et c’est parce qu’elle commence à lui manquer qu’il se dit qu’elle devrait pas tarder.
Et puis elle arrive finalement dans son dos. Ses bras qui passent autour de son corps lui arrachent un frisson, le sourire à mi-chemin entre la satisfaction et le soulagement. Murmure taquin qui ne peut lui retenir un rire amusé, Aiden se retourne pour faire face à la demoiselle qu’il a invitée. Il lui tend un verre, portant le sien à ses lèvres avec un léger sourire.
« Alors beau gosse, prêt à faire des infidélités à ta cavalière ? »
L’alcool monte dans son cerveau, il a jamais vraiment eu peur de tomber malade étant donné que son pouvoir l’en empêchait. A présent, il peut ressentir l’alcool qui réduit encore plus ses sens - comme une agréable sensation de liberté qu’il a toujours eu peur d’expérimenter. Il termine son verre qu’il pose sur une table proche, passe sa main autour de la taille d’Alaska dans un élan de témérité. Son regard d’une flamme nouvellement allumée brûle, fixe avec amusement la demoiselle - invitation à danser.
« C’est bien dommage que la culture musicale des jeunes se soit autant dégradée. Comme si on pouvait danser agréablement sur des morceaux pareils. Enfin, je présume que la danse elle aussi, ne ressemble plus à grand chose... »
Coup d’oeil sur les alentours. Papi blasé en approche.
pv. alaska •• 23 décembre •• lightsteelblue •• tenue
Sourire sincère qui lui échappe. Il a cet effet sur elle Aiden, celui de briser le masque qu'elle porte sans arrêt. Quand elle est avec lui, elle est un peu plus vraie, un peu plus elle même. Et ça fait du bien. Parce que c'est fatiguant, c'est crevant de devoir jouer un rôle sans jamais faire une pause. Ouai, Alaska a un ami. Un vrai, et elle n'a pas peur de l'avouer. Parce qu'Aiden l'aime comme elle est, parce qu'elle l'aime comme il l'est. Y pas vraiment de faux semblants entre eux, pas de mensonges. Du moins en surface. Léger rire, elle lui donne une tape sur l'épaule avant de se reprendre. Les derniers mots d'Aiden lui sautent à la figure comme une évidence. Elle oubliait souvent qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être : pas vraiment un jeune homme de 17 ans, plutôt un adulte enfermé dans un corps d'enfant.
« Ouuh Papy serait donc un hipster ? Tu m'avais caché ça... Tu manque plus que la barbe. »
Elle tapote son visage du bout des doigts avant de reprendre plus sérieusement. « Je suis fière. T'es tout beau comme ça, et moi comme je suis super bonne dans cette robe, on va nous regarder du début à la fin. »
Même si ce soir elle a juste envie de s'amuser. Pour une fois oublier ses rêves débiles et arrêter de rechercher constamment le regard des autres. Non, ce soir elle veut juste danser, boire, danser et encore boire jusqu'à ne plus savoir où elle se trouvait, faire la fête jusqu'au petit matin et râler le lendemain à cause de la gueule de bois qu'elle se taperait. C'était un bon programme de soirée, et son cavalier semblait avoir la même idée. Lorsqu'Alaska retrouve enfin Aiden perdu dans la foule, elle se sent heureuse. Verre dans la main, elle le vide d'un trait sans quitter le brun des yeux, sourire narquois aux lèvres. L'alcool descend, pour remonter aussitôt sous forme de chaleur et d'étoiles, un peu plus heureuse, un peu plus joyeuse, elle se laisse faire quand Aiden la prend par la taille. Trop obnubilé par certains hommes inaccessibles du pensionnat, la jeune fille oubliait souvent qu'elle en avait un juste sous les yeux. Pas tout à fait son genre habituel mais qu'importe. La, maintenant, quand il la regardait comme ça elle avait juste envie de l’entraîner sur la piste et de danser avec lui, et lui uniquement, jusqu'au bout de la nuit. Passant à son tour un bras derrière sa nuque à lui, Alaska rigole aux remarques bougonnes du jeune (vieux ? ) homme. « Ooooh Papy, pourquoi tu râle ce soir. Lâche toi un peu chéri ! Tu auras ton quart d'heure jazz après je te promet d'aller faire du gringue au DJ pour qu'il passe ton morceau préféré »
Le pire, c'est qu'elle en était capable. Parce que ce soir elle avait envie qu'il soit heureux. Qu'il profite de cette soirée comme elle comptait en profiter. Et puis le jazz c'était plutôt cool. Mais en attendant c'était un autre genre qui sortait des enceintes, et sans attendre Alaska entraîna Aiden sur la piste de danse.
« Hmm... la musique et la danse de maintenant sont un peu plus... Osées je dirais. Plus de dévergondage. »
Et Alaska se met à danser au rythme de la musique, un instant elle oublis tout. Même Aiden. Même ses putains de problèmes. Parce que la danse a toujours été la solution miracle, l'endroit où elle s'était réfugiée pour se soigner. Le son des basses faisait vibrer son corps, son cœur, et en ce moment précis, Alaska était heureuse. Tellement heureuse. Puis, rouvrant les yeux, elle regarde Aiden. Provocation. « Tu pense pouvoir suivre le rythme papy ? C'est autre chose que la valse ce soir. »
Alaska. Un nom bourré de sincérité. Il a apprit à l’apprécier, à la connaître, à l’aimer. Elle fait parti de ces personnes qui sont entrées dans sa vie sans avoir rien demandé. Elle fait parti des exceptions, des indésirées qu’on ne peut s’empêcher d’aimer. Elle est de ceux qu’on ne voit pas arriver, débouler, prenant cette place dans votre vie sans vouloir en repartir. Pourtant, elle semblait si loin, si inaccessible et triste comme lui s’efforçait de l’être. C’était peut-être ça qui les avait rapprochés, solitude sans nom qu’il était obligé de porter. Solitude dont elle était la belle exception, solitude qu’elle l’aidait à porter.
Alaska. Ces instants brillant d’un bonheur oublié. Lui aussi il oubliait tout avec elle, il apprenait à fermer les yeux qu’il ne pouvait détourner de son passé. Il oubliait cette culpabilité d’existence qui le rongeait, cette souffrance, la mort qui le guettait. C’était les problèmes qui s’envolaient, emportés par cette bonne humeur qu’elle lui apportait. Il aurait voulu la remercier mille fois pour ça. Il aurait voulu pouvoir lui rendre tout ce qu’elle lui offrait. Merci, merci pour tout, merci pour toi. L’homme de cent ans, toujours maladroit, tout juste capable d’exprimer en un mot ce qui tenait en cent ans.
Alaska. Ces mots provocateurs qui lui rappellaient parfois comment sonnait l’amour. Alaska, Alaska, Alaska. Un peu de bonheur derrière ces barrières épaisses dont il était parvenu à voir l’extrémité. C’était arrivé si vite, si soudainement, cet attachement qu’il s’était porté. Peut-être la vieillesse, des élans de sensibilité. Après tant de temps, on apprend plus tellement à comprendre la logique des choses quand trop vous en échappent. Elle lui rappelait comment marchaient les femmes qui voulaient le bonheur, elle lui rappelait comment s’en sortir sans avoir à aimer.
Alaska, pour toi, détester c’est plus facile. Les insultes sortent plus vite, la haine a moins de mal à se développer. C’est plus facile pour toi, alors montre-lui, montre-lui comment haïr ce monde qu’il ne reconnait même plus. Il aimerait, il aimerait détester comme tu le fais. Il aimerait détester chaque personne pour ne plus avoir à s’attacher. Il aimerait te détester aussi, parce que tu lui donnes tout ce que tu devrais garder. Toutes ces choses, même cet attachement que tu n’assumeras jamais. Il aimerait que pour lui aussi, tout soit aussi simple.
« Je suis fière. T'es tout beau comme ça, et moi comme je suis super bonne dans cette robe, on va nous regarder du début à la fin. » « Ils auraient fini par le faire. Tu comprendras en voyant mes performances en danse. Sur de la bonne musique, bien sûr. »
Alaska, montre-lui, comment mépriser ces regards qui se tourneraient vers vous. Montre-lui comment haïr, lâcher sans remords une remarque cinglante sans la moindre culpabilité. Montre-lui comment vivre, vivre sans s’attacher, s’attacher sans regretter. Montre-lui comme tu avances sans te retourner, piétines ces âmes sans même t’arrêter. Montre-lui ton bonheur Alaska, la vie simple et sans malheur. Montre-lui cette simplicité qu’il a perdu de vue, comment faire tenir ses sourires sur de simples instants de danse sans penser au futur.
Il pense trop Aiden, il n’arrive plus à se sortir de la tête tout ce vécu. Il est mal, infiniment mal sans arriver à regretter. Parce que dans ces moments, il est trop heureux, suffisamment heureux pour encaisser tout le malheur qu’il connaît. Alors il danse, sourire aux lèvres sur ce visage si vieux, il danse et c’est un sourire nouveau, jeune qui vient sur ces traits de cent ans. Dévergondé, libre de tout, libre de ses propres lois. Il ose, comme elle l’a dit, sans tenir compte de rien. T’es dans son royaume, et pourtant t’imposes ta loi. Les danses, la façon d’être, les traditions. Ca lui va, pour autant qu’il reste avec toi, juste un peu plus. Jusqu’à ce que les battements de l’horloge mettent fin à tout ça.
« Tu pense pouvoir suivre le rythme papy ? C'est autre chose que la valse ce soir. » « Mon corps est encore jeune, tu sais. Je te montrerai ça au lit, si tu aimes tant que ça le dévergodange. »
Encore jeune, mais pour combien de temps ? L’horloge avance Aiden, trop vite pour toi, trop vite pour vous. Tes mensonges sont à moitié vrai, bercés d’une illogique que tu ne cherches même plus à expliquer. C’est le temps, le temps qui se joue de tout, qui joue avec ta vie comme il l’a toujours fait. Ce temps, précieux l’espace d’une soirée.
« Je suis heureux, ici. » Oula, ferme ta gueule papy, maintenant. « Je ne sais pas pour combien de temps. Mais venir ici avec toi, ça me plaît. » Sourire. « Mal danser avec une fille bonne sur une musique merdique, je n’aurai jamais pensé que ce soit si amusant. »
pv. alaska •• 23 décembre •• lightsteelblue •• tenue
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Sujet: Re: sunrise •• pv. alaska Ven 2 Jan 2015 - 22:44
Putting on our dancing shoes
C'est bizarre. Cette soirée. C'est bizarre parce qu'Alaska se sent presque en paix. Plus de rage, de tristesse ou de ressenti. Juste de la joie, du bonheur, l'attente de ce que lui réserve l'instant. Avec Aiden, Alaska devient elle même : poser ce masque noir sur son visage c'est comme détruire celui qu'elle enfile tous les jours pour se protéger. Et elle s'attache Alaska, doucement mais sûrement. Aiden grignote petit à petit son cœur, prenant une place qu'il ne devrait pas réclamer. Mais là, tout de suite, elle ne s'en rend pas vraiment compte. Alaska veut juste profiter de la soirée, à danser, à chanter, à draguer, peut être trouver quelqu'un pour s'envoyer en l'air et encore. C'était pas sur qu'elle en ai envie. Parce qu'Alaska ne voyait pas cette fin de soirée sans son fidèle partenaire de crime.
« Ils auraient fini par le faire. Tu comprendras en voyant mes performances en danse. Sur de la bonne musique, bien sûr. »
Petit rire, Alaska se tourne vers lui pour réajuster machinalement sa veste. « Ouuuuh hate de voir ce que tu me réserve chéri. J'espère pouvoir supporter. Mais t'inquiète, de la bonne musique y en aura »
Peut être pas au goût du vieux mais de la bonne musique quand même. Si Jim voulait réussir sa fête il savait ce qu'il avait à faire. Et Alaska décide de ne plus penser à rien, juste laisser la musique les ensorceler, les emmener dans un lieu trop souvent fermé. Danser pour oublier, oublier la triste réalité de la vie, qu'Alaska n'a pas d'amis, que son monde est beaucoup trop sombre, qu'elle préfère l'amertume de la colère des autres à la douceur de l'amour. C'était tellement plus facile de se replier sur sois même. Tellement plus facile que de tendre la main vers les autres. Alors pourquoi est-ce qu'Aiden arrivait à s'incruster là où elle avait tenté de le repousser ? Alaska ne savait pas vraiment.
« Mon corps est encore jeune, tu sais. Je te montrerai ça au lit, si tu aimes tant que ça le dévergodange. »
Sa remarque la fait rire, parfois Alaska oubli qu'il a plus de cinq fois son âge, qu'il a déjà vécut tout ce qu'elle pourrait lui proposer. Parfois, Alaska ne voit qu'un jeune homme au regard un peu perdu, à l'allure un peu brisée, un jeune homme qu'elle aimerait bien serrer dans ses bras. Sans un mot, elle se colle à lui, toujours bougeant au rythme de la musique, sourire amusé elle passe ses bras autour de son cou pour le faire bouger à son rythme. Un peu plus sensuel, bien plus suggestif. Parce qu'il faut pas la provoquer sur ça Aiden.
« J'ai jamais fais ça avec quelqu'un qui a cent ans. Tu pense pouvoir m'aider avec ce problème ? »
Moqueuse elle le lâche pour descendre le long de son corps, effleurant du bout des doigts sa chemise, son pantalon avant de remonter lentement. Ouai Aiden, elle est comme ça Alaska. Un poil trop vulgaire, prétendant vouloir des choses qui ne lui sont pas forcément nécessaire. Tu sais, elle a jamais su dire non. Les filles comme elles, on leur laisse pas le temps de nier leur réputation, on attend d'elles certaines choses qu'elles voudraient oublier. Alors ça devient un réflexe, un baiser pour un oui, une étreinte pour un non. S'écartant un peu pour l'écouter, Alaska chasse toutes ces mauvaises pensées de sa tête. Les mots d'Aiden la frappe en plein cœur. Il est sincère, elle le sait, elle y croit, elle espère. Il dit les aimer, elle et le temps qu'il passe avec elle. Il dit apprécier. Et ça, c'est bien la première fois qu'on lui balance une phrase du genre. Alaska sent son cœur se serrer et tente de former un sourire convaincant sur son visage. « Moi aussi je suis heureuse tu sais. Sans doute bien la première fois que j'apprécie vraiment une fête. »
Ouai. Avant c'était tout, excès, drogues, alcool, pertes de repères. Elle avait joué sa vie au poker et avait perdu ses yeux. Mais ce soir, elle Alaska avait l'impression de gagner son cœur. Petite tape sur sa joue, elle reprend
« Et si ça te plaît, on sortira plus souvent, tu verras on va s'éclater.»
Elle lance ça en l'air, après tout pourquoi pas ? Eux aussi on droit à leur dose de bonheur non ? Eux aussi on le droit de sortir de leur coquille pour profiter de la vie. Eux aussi on droit à vivre normalement.
Sujet: Re: sunrise •• pv. alaska Sam 10 Jan 2015 - 1:25
SUNRISE
Boum boum. Ca tambourine en lui comme le son d’une vie. Boum boum. C’est le plaisir qui tape contre sa poitrine.
Il a l’impression de revivre, ou plutôt, de naître une nouvelle fois. C’est quelque chose qu’il ne pensait pas possible, prisonnier de cette vie interminable à présent écourtée en une existence de quelques années. Pourtant, le voilà tapi d’un sourire sincère, en train de danser avec une cavalière exquise. Le regard plongé dans celui de la jeune femme, il profite de l’instant, de chaque seconde, chaque pas, ressent chaque goutte de sueur qui coule de son coeur si vieux. A la fort si expérimenté, et pourtant si faible - mais Aiden n’a pas envie de penser à ça ce soir. Il se contente d’oublier, concentré sur l’instant présent et sur tout ce que peut bien lui faire ressentir Alaska. Sur tout ce bonheur que ces moments parviennent à lui procurer.
Lui qui pensait ne pas y avoir droit, profitait pourtant pleinement de ces instants qu’elle lui offrait. Alors lui aussi, se décidait à faire sauter ces limites. Lui aussi se décidait, quitte à embrasser le malheur dès le réveil du lendemain, à profiter de cette soirée. Ses mains passent dans le dos de sa cavalière pour glisser le long de ce dernier, et c’est un siècle d’expérience qui se ressent dans ces gestes précis. Il n’était pas seulement sincère, il était aussi doué - plus doué en cet exercice que tous les gens ici. Il avait pratiqué ça pendant cent ans, et il avait continué de s’exercer. Continué, tout ça pour chercher son amour qu’il avait pourtant déjà épuisé.
Et tout ça commençait par ces quelques gestes, dans lesquels il transmettait toute son expérience. Ces contacts où il glissait chaque instant de sa vie, chaque sentiment qu’il ressent. Ce désir presque mort, avec une pointe de bonheur - cette étincelle qu’elle était parvenue à allumer. Cette flamme grandissante, ces instincts qu’il pensait avoir enterré sous cette dépression presque naturelle qui l’habitait à présent. Pourtant il était là Aiden, l’humain, le vivant - il était là Aiden le désireux. Elle avait réveillé ça en lui, cette humanité qu’il pensait avoir oublié, non, qu’il s’était exhorté à oublier pour ne pas avoir à en souffrir.
Elle donnait un sens à son existence, ne serait-ce que pendant ces courts instants. Dans ce bref instant de partage, lorsqu’il croisa son regard, il lui semblait qu’elle était celle qui avait vécu un siècle - cent ans passés à vivre, tout l’inverse de ce qu’il faisait.
« J'ai jamais fais ça avec quelqu'un qui a cent ans. Tu pense pouvoir m'aider avec ce problème ? » « Oh ça dépend de toi. Je peux t’assurer une chose, ce sera la meilleure expérience nocturne de toute ta vie. » Sourire amusé. « Cent ans d’expérience dans le domaine, je t'assure que tu vas les ressentir. »
Cent ans d’expérience et toujours incapable de lâcher son ressenti autrement que par une phrase directe. Il n’a pas vraiment le sens de la pratique, il est sûrement incapable de comprendre les sentiments d’Alaska, cette facilité avec laquelle elle en arrive à détester tout le monde. Elle n’a pas l’air heureuse, et pourtant, elle est très loin du stade où il est arrivé - à observer les gens de ce même regard éteint. Peut-être qu’elle a raison, peut-être qu’il devrait écarter cette gentillesse qui l’habite pour faciliter son propre bonheur. C’est ça Aiden, oublie les autres, oublie le futur et cesse de penser au mal que tu feras - tu ne pourras de toute façon que le limiter. Pense à Alaska, pense à ce que tu vas lui retirer. Pense à ces moments que tu lui voles et qu’elle ne pourra oublier —
« Moi aussi je suis heureuse tu sais. Sans doute bien la première fois que j'apprécie vraiment une fête. »
Quelque part, ça te rend encore plus heureux de voir que l’on peut toujours apprécier ta compagnie. Tu avais peur de ça aussi, de ne plus reconnaître le monde comme tu avais su l’aimer. Tu avais peur de t’être perdu loin de tout ce que tu avais pu aimer. Ces nuits passées à danser, les bals, les festivités, parfois des longs mariages qui duraient tardivement. Alaska te rappelait tout ça, tous ces plaisirs simples qui construsaient ta vie d’antan. Tu t’étais persuadé que perdre ta famille avait mis fin à toute la vie que tu avais pu mener, mais tu en oubliais tout ça. Ces passions, ces bons moments, les amitiés d’un soir - le plaisir d’une danse où le temps semblait s’arrêter.
« Et si ça te plaît, on sortira plus souvent, tu verras on va s'éclater. » « Ce sera avec plaisir. »
Il y a quelques temps, tu aurais refusé. Même venant d’Alaska, la proposition ne te tentait pas vraiment - et puis tu avais fini par l’inviter de ta propre initiative. Peut-être que quelque part, tu avais envie de retrouver ces passions que tu avais tellement aimé mener à bien. Peut-être que simplement, tu lui faisais confiance pour te rendre tout ce plaisir que tu avais pensé perdu. Pour toi, ça voulait dire deux choses - tu avais failli aux limites que tu t’étais posé, d’une part, et le second point, elle était déjà devenue une personne importante dans ta vie.
« J’espère que tu fais allusion à de vraies fêtes, pas comme celles-ci. » Il ralentit le rythme pour mettre un poil de tension. « Contrairement à ce que tu crois, les musiques du siècle dernier n’étaient pas moins dynamiques. Certains d’entre elles étaient tellement difficiles à suivre qu’il fallait un bon nombre d’expérience en matière de danse pour pouvoir tenir ne serait-ce que la moitié du morceau. Dois-je préciser que je me débrouillais très bien ? »
Il sent pourtant la fatigue qui traverse son corps à présent mortel, bien moins en forme qu’il avait pu l’être. Pourtant, il n’a pas envie de s’arrêter - il a envie de danser comme il ne l’a pas fait depuis longtemps, danser jusqu’à sentir ses jambes brûler sous l’effort. Il avait envie de danser sur les musiques qu’il n’avait pas entendu depuis longtemps - danser sur un répertoire qu’il connaissait, pour emmener un peu plus Alaska dans son monde. Il fit jouer de son pouvoir pour qu’un vent frais les entoure l’espace de quelques instants, diminuant la chaleur. Mais leurs corps, eux, demeuraient bouillants.
« Si tu vas voir le DJ maintenant pour mettre quelque chose de mon époque... » Il descend sa main le long de son dos jusqu’à son derrière. « Je te promets que ce sera la plus belle danse de ta vie. »
pv. alaska •• 23 décembre •• lightsteelblue •• tenue
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Sujet: Re: sunrise •• pv. alaska Dim 25 Jan 2015 - 20:08
Putting on our dancing shoes
Alaska n'avait pas envie de lâcher Aiden. Elle n'avait pas envie de le blesser pour qu'il se mette à la haïr. Non. Alaska avait peur, peur qu'à la fin de cette soirée, son cavalier disparaisse un peu comme Cendrillon, lui laissant un goût amère dans la bouche. Parce qu'Alaska n'avait jamais su garder ses hommes, et tous la quittaient après avoir obtenu ce qu'ils voulaient. Etait-ce cela qu'Aiden désirait aussi ? Non. Non. Elle se plaisait à espérer que non. 100 ans de vie ça vous forge un homme, ça le rend plus mature, plus calme, moins tumultueux non ? Alaska ne voulait pas que ces caresses, ces mots provocants, sincères et directs soient une façade, un déguisement. Pour une fois Alaska avait envie d'espérer un lendemain avec Aiden. Pas en tant que couple. Plutôt en tant qu'amis. Oui. Amis. Faut dire qu'elle n'en avait jamais vraiment eu et après 18 ans de vie plutôt solitaire, elle ressentait le besoin de s'attacher à quelque chose, à quelqu'un. Et quoi de mieux qu'un vieux grincheux de 110 ans pour cela ? Mais pour savoir ce que le futur lui réservait, il fallait avancer. Avancer sans trembler. Et ça, elle savait plutôt bien faire, c'était la réception après le saut qui était plus douloureuse. Alaska se rapprocha du jeune homme, torse contre torse, elle se hisse sur la pointe des pieds pour trouver son oreille. Il voulait des paroles crues ? Il en aurait. Et des actes aussi. Fallait pas la lancer sur ce terrain là.
« J'espère bien chéri. Parce que le dernier mec à été incapable de me faire décoller. Alors ce soir j'espère que tu me les fera ressentir tes cent ans d'expérience »
Légère morsure, elle s'écarta un peu pour lui offrir un sourire moqueur. Alors Aiden ? Prêt à tenter ta chance ? Parce qu'Alaska mourrait d'envie de voir comment tout cela allait tourner.
Retour à la danse, Alaska se déhanche, elle ne pense plus à rien, juste à épuiser son corps sur de la musique. Avoir Aiden comme cavalier est une bénédiction. Pas de faux pas, il sait parfaitement comment l'accompagner, comment la mener. Et elle pouvait le sentir : ils rayonnaient au milieux de ces autres élèves trop patauds, bourrés et défoncés. Putain ce qu'elle se sentait belle en cet instant, cheveux s'échappant de son chignon, sueur perlant sa nuque, talons en feu. Vivante. Tellement vivante. Merci Aiden de l'avoir autorisée ça ressentir cela au moins une fois.
«T'inquiète pas papy. Je connais pile l'endroit qu'il te faut pour qu'on s'amuse vraiment ! J'espère que t'aime le swing ? »
Oui. Il devait aimer. C'était obligé.
Alaska écouta la proposition de son cavalier, hocha la tête et se détacha de lui pour aller trouver ce fameux DJ, non sans exagérer le balancement de ses hanches, provocante, elle espérait qu'il avait bien regardé. Après quelques minutes à lutter contre la foule, Alaska réussi à atteindre Sony et lui glissa quelques mots, expliquant que c'était pour faire plaisir à un vieux qui se sentait nostalgique. Peut être que ça allait casser l'ambiance ouai. Mais c'était que deux ou trois pauvres minutes sur une nuit sans fin. Pas de quoi en faire toute une histoire. Pressant le pas pour retrouver son partenaire pour la chanson tant attendu, Alaska attrapa les mains d'Aiden et l'entraina vers le centre de la piste alors que les premières notes sortaient des hauts parleurs.
« J'espère que t'aime le boogie woogie parce que c'est ça que je veux danser »
Jouable avec ses talons ? Non. Sans doute pas Elle les envoya valser sur le côté prête à danser.
Il s’accroche à elle, maladivement, s’accroche à cette époque que cette danse lui faisait quitter, dont chacun des pas menés d’une extraordinaire maîtrise le détachait. Il tourne, son esprit se remémore 1930, et c’est cinq ans plus loin qu’il saute lorsqu’il se penche sur elle, regard enfoui dans ses iris brumés de tant de colère évaporée. C’est comme revivre chacun de ces moments, assembler tout ce bonheur d’une vie antérieure - comme si tout n’avait été que pour cette soirée. C’est un saut dans le vide ; il saisit le bonheur à pleine main, submergé, contrôlé par cette euphorie soudaine dont il a perdu l’habitude et n’éprouve même plus les symptômes. Le regard toujours mort et voilé de ce noir d’encre, aujourd’hui illuminé par cette envie, ce désir, cette passion qu’il lui fait retrouver.
Est-ce que tu sais ce que c’est, d’être immortel ? Bien sûr que non. Qui pourrait savoir, sinon ce directeur qui a dédié sa vie aux autres - qui a sû donner un sens à son éternité. Pourtant tu en a un sous les yeux, Alaska, un homme qui a suffisamment vécu pour n’avoir plus que la certitude qu’il mourrait seul. Et tant pis, peu importe s’il doit oublier ça ce soir, peu importe s’il doit chuter de haut demain, c’est toujours mieux que demeurer au fond de ce gouffre. Il ne la verra probablement plus, mais au moins, il aura aperçu la lumière une ultime fois. Il aura senti son coeur battre, comme un éveil après un siècle de battements faux - absorber ce sang glacial pour lui renvoyer avec toute la chaleur que son amour pouvait bien donner.
Le dernier était incapable de te faire décoller, sache-le, tu l’as déjà aidé à s’envoler. Ce n’est sûrement qu’une sensation temporaire, mais il s’en moque presque - à force de vivre avec la pensée qu’on ne peut pas avoir accès au bonheur, on hésite plus lorsque l’occasion de le frôler se présente. Tu le savais depuis le début pourtant, elle n’était pas pour toi cette vie Aiden - ce n’est pas de ça qu’est faite ton existence. Le banal n’est pas quelque chose qui colle à cette vie nocive, et au fond, tu ne saurais te satisfaire de ce quotidien que tu espères être le final de cette vie interminable. Comme si ça pouvait te suffire - une vie simple, exempte de cette tristesse qui, à force de te modeler et de te détruire, a fini par te définir.
Il est là, le stade final de ta vie. Un soir d’hiver, dans un vieux costume, à profiter d’un bonheur éphémère.
T’auras jamais davantage Aiden, c’est ce qu’il faut que tu comprennes. T’es coincé dans cette existence à forcer tes sourires pour entrevoir le bonheur des autres. Essaie pas de t’attribuer ce qui te reviendra jamais de droit, t’en es pas capable. Tu ne sauras jamais voler les sourires de ces personnes que tu as fini par aimer - et c’est cette peur du mal qui a achevé de t’enfermer dans ce malheur. Ce mal si profond, dont Alaska arrive pour quelques heures à t’extirper. Bien sûr que tu veux danser, tu l’as toujours voulu - alors vas-y, ferme tes pensées à tout ça, contente-toi simplement d’exprimer.
Ton bonheur est trop court pour que tu puisses te permettre de le gâcher.
C’est pas facile pour toi, tu pourras sûrement jamais sourire comme d’autres personnes le font, mais tu peux te permettre d’essayer. Hochement de tête en guise de réponse, tu te laisses entraîner sur le centre de la piste, presque apeuré d’être au milieu de toute cette foule de vivants - au milieu de tout ce bonheur que t’as jamais cessé de fuir. Peu importe, pourtant, c’est ce qu’elle veut, c’est aussi ton désir - enfoui derrière tout ce besoin de malheur dont t’arrives pas à te débarrasser. Pourtant elle n’a pas besoin de forcer le coup, parce que t’as décidé de venir - même au fond du gouffre, t’arrives quand même à détacher tes pensées de toi. Gentillesse si cruelle, qui te perdra.
« Des bons goûts musicaux en plus de tout ça. Je commence à croire que ce monde est stupide à ne pas vouloir des plus belles personnes. »
Retenez ce soir et ces quelques mots - retenez ce compliment qu’il s’est adressé. Qu’il vous a adressés. Retiens ces mots, de l’homme qui semblait avoir tout perdu - de sa fierté jusqu’au goût pur et simple du bonheur. C’est comme une évidence qui s’échappe d’entre ses lèvres, avec une telle sincérité qu’on ne peut qu’y adhérer. Tu es belle Alaska, magnifique pour cet homme qui n’arrivait même plus à distinguer la beauté. Il danse, un peu perdu dans ses pensées, jamais qu’à moitié là, mais c’est déjà bien plus que personne ne saurait jamais le faire. Il danse, essayant d’ignorer toutes ces personnes qui disparaissaient, pris à leur cavaliers, une simple pensée en tête à l’égard de sa cavalière.
S’il te plaît, ne pars pas.
pv. alaska •• 23 décembre •• lightsteelblue •• tenue
C'est une phrase. Quelques mots arrangés à la file indienne. Des sons dans une bouche aux lèvres trop pâles. C'est une flèche dans son cœur. Instinctivement, Alaska se raccroche à lui, car elle vient de sentir son monde trembler. Tu sais pas ce que tu viens de faire Aiden Hamish Beckers. Non. Sans doute pas. Tu sais vraiment pas. Tu pensais peut être parler dans le vide, voix recouverte par la sono. Et pourtant Alaska avait entendu. Tout. Tout. Et le cris de ton cœur qui si joint au sien. Celui qui hurle à la solitude. Celui qui a peur, tellement peur du noir la nuit. De l'infini qu'on ne peut partager. C'est une larme, puis deux qui coule derrière son loup. Alaska ne sait plus. Alaska ne veut plus. Elle est perdue. Car c'est la première fois que quelqu'un lui tend la main, c'est la première fois qu'on la soutient, c'est la première fois qu'on déclare quelque chose comme ça. Quelque chose pour elle. Bravo Aiden. Bravo. Et petit à petit le mur se fissure. Elle se souvient de la douleur. De cette sensation de voir sa vie s'échapper, le monde filer entre ses doigts. Petit à petit l'inconscience qui prend le pas et son univers qui s'effondre. Elle se souvient du noir. Elle se souvient du réveil, et quand la lumière lui avait paru bien fade. Tout était si triste privé de bleu, de rouge ou bien de jaune. Elle se souvient de la douleur. De la tristesse. De l'injustice. J'aurais préféré crever plutôt que de devenir handicapé. C'était les mots qu'elle avait craché aux médecins quand on lui avait annoncé que le concept de couleur ne voudrait plus jamais rien dire pour elle. Putain ce qu'elle avait souhaiter mourir. Combien elle avait souhaité que le caillot reste un peu plus dans son cerveau pour l'éliminer à tout jamais. Vis Alaska, t'en as le droit Oui. Oui. Oui. C'est un rire qui parcourt sa gorge. Un rire de libération. Corps contre corps, elle se colle à lui, réduisant le vide entre eux à néant. Comme attirée par la chaleur du jeune homme. Merci Aiden pour tes mots. Merci Aiden pour ta présence. Merci pour tout. Tu sais, c'est la première fois qu'Alaska a l'impression d'appartenir à ce monde. C'est la première fois qu'elle se sent à sa place et c’est aussi la première fois qu'elle est persuadé de comprendre ce que veux dire le verbe aimer. Doucement, elle porte les mains au visage d'Aiden, relevant délicatement le masque du dernier sur son front, elle caresse ses paupières, son nez, ses lèvres. Vieillard de 100 ans dans un corps de 17 ans. Ce que la vie est injuste.
« Merci Aiden. Tu t'en rends sans doute pas compte mais tu viens de m'offrir quelque chose d’extrêmement précieux. »
Il est beau Aiden. Il est beau sous les projecteurs. Il est beau dans son costard désuet. Il est beau avec la sueur légère le rendant si humain. Il est beau Aiden. Et avec lui, Alaska se sent belle. Sans attendre plus longtemps, Alaska se hisse sur la pointe des pieds. Et c'est ses lèvres qu'elle capture. Baiser salé sucré, la jeune fille le prolonge pour profiter. Ne la repousse pas Aiden. Ne la repousse pas ce soir. Elle a bien trop besoin de toi. Ne la laisse pas.
Et quand Alaska rouvre les yeux, il a disparu. En fait tout à disparu. Le baiser inachevé lui laisse un goût amère. Amertume qui s'accentue lorsque son regard se pause sur Johnny. Merci Jim pour tes soirées trafiquées. Merci de vendre du rêve en boîte qui s'avère finalement être un putain de cauchemar.