Sujet: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Jeu 11 Déc 2014 - 17:59
can’t face, can’t stand so what ?
Elle est un peu con parfois. À se demander si elle n’est en B que parce qu’il y a eu une erreur dans le casting.
Mais c’est peut-être parce qu’il y a une petite lueur d’espoir au fond de son coeur à l’approche des fêtes de fin d’année. Avec un concept tout particulier : celui de la trève de Noël. Oui-oui, comme pendant la Grande Guerre. Parce que si Chloé est assise là avec insouciance sur le rebord, à l’étage des E où deux de ses plus proches amis sont la plupart du temps, c’est simplement à cause de ça. Et de la tête vide qu’elle peut avoir aussi.
Elle le sait pourtant que, tapis dans l’ombre de cet étage, existe aussi un vilain chat persan qui décide de plus en plus souvent et quand bon lui semble, de bouger ses fesses pour venir la griffer férocement. Et ce félin peut débarquer à tout moment, avec le nom d’un état américain réputé pour ces températures peut-être proches de celles d’aujourd’hui accroché à son collier. Mais pour l’instant, Chloé n’y pense pas. Elle ne veut pas y penser. Pas à elle. Pas Alaska.
Car avec elle reviennent ses vieux démons : la petite fille maigrichonne mal fringuée aux yeux globuleux prise pour cible par des pimbêches de la trempe de Blake. Cette fille-là aussi, elle existe encore, tapis dans l’ombre. Dans l’ombre du coeur-menteur d’une petite rouquine qui se donne des airs. Proprette petit White. Brillante (la plupart du temps). Avec du caractère quand elle veut. À l’écoute (quand elle le veut aussi). Et talentueuse. D’ailleurs, c’est pout ça qu’elle est ici en réalité.
Pour dessiner en paix. Coucher toutes ses couleurs sur du papier et pourquoi pas, le faire vivre en toute tranquillité.
Aujourd’hui, à cet instant précis, elle a oublié les stigmates de son passé volontiers réveillés par une blonde dangereuse et impitoyable. Ce sont les pires. Un bourreau qui sait faire recroqueviller la gentille Miss-je-sais-tout dans son piège de cristal. Dans sa toile de verre. Elle sait la faire terre, la mettre plus bas que terre. La terroriser. Et Chloé n’a rien dit. À personne. À aucun des membres du highFIVE. Pas même à Thomas. Elle a bien failli une fois ou deux, mais elle s’est ravisée en imaginant la pitié qu’elle lirait sur son visage.
Elle qui dessine des destins héroïques. Elle qui croit en côtoyer. Elle ne sait pas appeler à l’aide. L’assurance et la force en illusion : elle ne sait qu’avoir peur. En espérant, attendant que ça passe. Comme d'habitude.
Peur d’Alaska Blake. Autant que de toutes les ombres perdues dans ses dessins.
Sujet: Re: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Sam 13 Déc 2014 - 19:28
the retty lies, the ugly truth
Décembre. Hiver. Elle aimait bien. Tout était froid. Tout était neige. Tout était blanc. Tout était comme elle. Froid glacial et banquise permanente. Alaska dessine du bout du doigt un cercle sur sa vitre pleine de buée. Ca va pas vraiment aujourd'hui. Pas vraiment du tout même. Sans doute le mal du pays, son Berlin natal lui manque atrocement et se retrouver de nouveau à Prismver, là où tout a démarrer lui pèse plus qu'elle ne voudrait l'avouer. Enlevant son châle de ses épaules, elle se décide enfin à s'habiller pour sortir prendre l'air. Rester enfermer à ruminer encore une heure de plus et elle deviendrait folle. Alors à la place elle enfile collants en laine en dessous d'un short trop serré et un gilet flottant, traînant jusqu'à ses genoux. Ca fera l'affaire de toute façon, elle ne sortait pas pour draguer qui ce soit. Juste pour préserver le peu de santé mentale qui lui restait ces derniers jours. Une fois hors de sa chambre, Alaska sent son cœur accélérer, le froid dans les couloirs lui mord les joues et elle ne peut s'empêcher de rigoler. Peut être qu'il neigera dans la soirée ? Elle irait toquer à la chambre d'Hamish avec deux mugs de chocolats chaud et ils discuteraient des heures, à râler sur toute sortes de conneries. Ouai. C'était un super plan. Mains dans les poches elle déambule dans l'école. On la dévisage un peu, quelques regards sur sa petite personne, et Alaska sent un sourire triomphal se dessiner sur son visage. Seulement après quelques semaines on commençait déjà à se souvenir d'elle, à s'écarter sur son chemin, à chuchoter dès qu'elle dépassait les commères. C'était bon, ce goût de victoire dans la bouche. Faut dire qu'on la remarquait facilement, Alaska avec ses mots aigres, avec ses insultes sortant trop vite, avec cette démarche si confiante et ce regard méprisant ? Au fond, on disait qu'elle ressemblait à son frère, juste en plus conne vu qu'elle était incapable d'atteindre la classe A. Mais ça, Alaska ne le savait pas encore. Et si jamais elle le découvrait, la comparaison serait douloureuse. Elle avait tiré un trait sur Max depuis longtemps, c'était pas pour qu'on le lui rappelle maintenant. Elle a besoin d'une cigarette. Quelque chose pour chasser ces souvenirs de merde. Penser à son frère la mettait toujours dans tous ses états. Et Alaska détestait cela. Accélérant le pas, elle rejoint le balcon du deuxième étage. Au début elle ne la remarque pas, tête baissée elle peste contre le vent qui éteint sa flamme à chaque essais. Et puis victorieuse, elle lève la tête et son regard se pose sur elle. Chloé. Oh. Chloé. Ca tombait bien, Alaska avait besoin de se vider les tripes, cracher sa haine sur quelqu'un et la jeune rousse était tout à fait adapté. Masque mauvais sur le visage, elle adopte une démarche féline, gracieuse, diminuant la distance les séparant en quelques secondes. Regard rapide aux gribouillis, plutôt cool, de la jeune demoiselle, Alaska fait tomber sa cendre sur la page et admire le blanc se souiller.
« Mais en fait tu fais jamais rien de ta vie Chloé. T'as pas tes amis gamins là ? »
Sourcil levé, Alaska est moqueuse. Crachant sa fumée dans la direction de ses cheveux bouclés, elle la toise de haut en bas.
« Tu te cache peut être ? Fatiguée de mentir ? T'as besoin de te relaxer les muscles des joues à force de trop sourire comme une poupée ? T'as rien à cacher avec moi tu sais. »
Sourire de loup, elle se pourlèche déjà les babines à l'idée de dévorer ce petit mouton tout cru.
« Tu peux tout me dire Cendrillon »
InvitéInvité
Sujet: Re: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Lun 15 Déc 2014 - 11:46
can’t face, can’t stand, so what ?
Son joli dessin réduit en cendres. Paré de noir et de gris. Chloé aime les couleurs. Pastels, aquarelles, fluos, arc-en-ciel, tout lui va. Le noir et blanc, c’est bien aussi. C’est un style. Mais pas le sien. Elle préfère les couleurs. Qu’elle tente de graver dans sa tête et dans son coeur par la force de ses pinceaux. Mais l’autre, elle gâche tout.
- Mais en fait tu fais jamais rien de ta vie Chloé. T'as pas tes amis gamins là ? - ...
Elle ne répond pas. Il paraît qu’il vaut mieux ignorer les gens méchants. Qu’ils se lasseront si on répond pas. C’est ce qu’elle a toujours essayé de faire. Mais faut bien avouer que ça marchait pas trop par le passé. Mais elle essaye encore. De pas balayer l’air enfumé qui vient lui piquer les yeux et faire puer ses cheveux de cette odeur toxique. Elle l’ignore. Elle essaye.
- Tu te cache peut être ? Fatiguée de mentir ? T'as besoin de te relaxer les muscles des joues à force de trop sourire comme une poupée ? T'as rien à cacher avec moi tu sais. Tu peux tout me dire Cendrillon. - Je vois pas ce que tu veux dire. Et m’appelle pas Cendrillon. …S’il te plaît.
C’est quoi ça ? Polie avec ses bourreaux ? C’est n’importe quoi ? Elle est où la hargne qui ressort quand Lukas t’emmerde ? Aux abonnées absentes. Parce qu’elle sait qu’il est pas vraiment méchant. Alors qu’elle, elle l’est vraiment.
- Et je me cache pas. Ça me dérange pas d’être toute seule moi. Et tu peux demander à mes amis -qui sont pas des gamins d’ailleurs-, mais je souris pas tout le temps. C’est impossible. C’est stupide de dire ça.
Haussement d’épaules un tantinet hautain. Chloé parle vite, avale ses mots faiblement comme si il fallait pas qu’elle riposte trop fort.
- Et pis entre fumer et dessiner, selon moi, je fais déjà plus de ma vie que toi...
Oups. Tête baissée, elle déglutis en époussetant son carnet de croquis, reprendre son dessin comme si de rien n’était, après s’être décalée un peu plus loin. Genre, ça se voit pas que t’as plus de gueule qu’autre chose Chloé ? Ça se voit pas que tu t’es mordue la langue juste après vous avoir comparé l’une et l’autre. Et encore moins que tu recules. Que tu veux pas qu’elle s’approche trop près.
Alors elle fait mine de pas être dérangée par la présence de la E. Elle reprend son dessin qui devient plus brouillon qu’avant. Il perd ses formes régulière. Le personnage tremble doucement. Tout comme elle. Et la petite rouquine se met à prier. Que la sonnerie retentisse plus vite pour leur ordonner de rentrer en cours. Elle regrette même de s’être isoler. Que du vent Chloé ? T’as aucun courage. Tu sais pas faire face comme tes amis savent le faire. T’es la plus faible du groupe. C’est pas eux les gamins, c’est toi et tu le sais. Mais tu fais semblant de pas voir.
- Dé… Désolée, mais j’ai pas grand chose à dire.
Tentative de récupérer un peu de dignité. Son dos se redresse. Mais faut pas trop en demander, elle va pas la regarder dans les yeux. Elle inspire.
- Et… Toi, ils sont où tes amis ?
Alors comme ça, on essaye de fraterniser avec le diable ? Nice try. Mais fallait peut-être poser une autre question. Cruche !
Sujet: Re: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Lun 5 Jan 2015 - 18:53
the pretty lies, the ugly truth
« Je vois pas ce que tu veux dire. Et m’appelle pas Cendrillon. …S’il te plaît. »
Joue pas à ce genre de jeu Chloé, ça pourrait être dangereux. On dirait pas comme ça, mais Alaska peut parfois devenir méchante. Très méchante. Trop méchante. Sans vraiment sans rendre compte elle dépasse les bornes, insultant un peu trop fort, blessant directement. Sans doute parce qu'elle savait comment on se sentait, quand on se faisait traîner dans la boue, quand on se faisait détester. Ouai, Alaska savait à quel point ça faisait mal tout ça. Alors elle se met à rire doucement, secouant la tête avant de tirer une nouvelle fois sur sa cigarette. Elle n'avait jamais vraiment senti Chloé, trop discrète, trop lisse, trop parfaite. Et puis Alaska avait touché la corde sensible, et tout s'était éclairé. Chloé était une menteuse. Une menteuse bien camouflée, derrière ses grands yeux de poupée et ses bouclettes trop vives. « Et je me cache pas. Ça me dérange pas d’être toute seule moi. Et tu peux demander à mes amis -qui sont pas des gamins d’ailleurs-, mais je souris pas tout le temps. C’est impossible. C’est stupide de dire ça. »
Alaska ne dit rien. Elle l'écoute cracher ses mensonges à toute vitesse, parler encore et encore. Et quand elle tente de s'éloigner, Alaska la rattrape, regard fixé sur le dessin abîmé de la jeune fille, ellesouffle doucement pour faire partir les cendres, changeant par la même occasion le blanc en noir et et le noir en rouge. Coup de chance, la jeune blonde n'avait aucune idée de ce qu'elle venait de faire, juste que les gris avaient changés et elle espérait que c'était bien laid. Comme son cœur. Comme leur cœurs à elles deux. Un instant plus tard il revient à la normale.
« Hm, non c'est vrai. Pardon. Tu souris pas toujours. J'en suis sur, quand t'es seule dans ta chambre face à ton miroir, tu dois plutôt avoir envie de chialer non ? »
Regarde là Chloé, ose lui mentir et elle te le fera payer. Elle veut t'entendre l'avouer, elle veut te voir craquer, se plier sous ses menaces, sous ses persiflages. Elle veut goûter à la victoire amère que lui apportera ta destruction. La remarque suivante de Chloé la fait sourire doucement. Si elle savait, si seulement elle savait, elle était bien plus en vie que ce qu'elle pouvait soupçonner. Quand on affronte la mort, on a plus qu'une envie : ne plus jamais la rencontrer. Et Alaska faisait tout ce qu'elle pouvait pour se sentir vivante, son cœur exploser et le sang dans ses veines couler. Songeuse, elle détourne son regard pour fixer sa cigarette presque terminée, dernière bouffée crachée en l'air, elle écrase la fin contre le mur avant de la ranger dans son paquet. Peut être que Chloé allait se sentir victorieuse ? Peut être qu'elle allait reprendre confiance en elle ? Penser qu'Alaska n'était pas vraiment mauvaise au fond, qu'elle essayait peut être de l'aider ? C'était vrai, dans un certain sens.
« Dé… Désolée, mais j’ai pas grand chose à dire. » « Alors dis rien ? C'est plus simple comme ça non ? De toute façon c'est pas comme si j'attendais grand chose de toi. »
Refermant son gilet sur sa poitrine, Alaska croise les bras pour chercher le regard de Chloé. Défi. Osera-t-elle répliquer ? Osera-t-elle prendre les armes et l'affronter ? Non. C'était pas possible. Elle allait s'écraser et disparaître aussi vite que possible. Et puis non, sa petite voix s'élève une nouvelle fois dans l'air pour lui demander où étaient ses amis. En entendant cela, Alaska se met à rire, un rire franc, sincère, pour une fois. Et sans doute un peu blessé. Parce que des amis elle en a pas vraiment. Elle en a jamais eu. Qui voudrait d'une vipère comme elle ? Bien sur elle avait choisit la voie la plus facile à emprunter, celle de la haine mais la haine menait à la solitude. Décroisant les bras la jeune fille pousse un long soupire avant de répondre à la question de Chloé. « Pourquoi, t'aimerais devenir mon amie Chloé ? »
Empoisonnée, elle lui offre son sourire le plus attendrissant.
[
InvitéInvité
Sujet: Re: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Ven 16 Jan 2015 - 23:51
paralyzed
Oui elle a envie de pleurer quand elle croise son reflet. C’est bien pour ça qu’elle se concentre sur ses lentilles dont elle change les couleurs régulièrement et qui cachent ses grands yeux bleus pour qu’ils deviennent tantôt rouge, tantôt violet. Ses cheveux aussi. Elle leur accorde énormément d’attention, passe des heures à les lisser ou bien à les boucler. Tous ces artifices pour ne pas voir la laideur qu’Alaska voit très clairement. De celle qui ment. Qui joue le rôle de la miss-je-sais-tout-de-bonne-famille alors qu’elle en sait moins que les autres sur ce qu’est la vie et que cette famille n’a jamais été bonne, mais surtout n’existe plus. Elle n’existe plus et la raison sera révélée par John dans un peu plus d’un mois sur les casiers de l’école.
Et si là, Alaska Blake fait déjà partie des rares à trouver que Chloé White n’a rien de blanc, grand et brillant... Elle ne sera peut-être bientôt plus la seule dans ce cas-là.
- Pourquoi, t'aimerais devenir mon amie Chloé ?
Son rire l’a surprise. Même plus que cela. Il l’a transpercée de part en part alors qu’elle l’observait -yeux écarquillés- avec ses zygomatiques dressés à leur maximum. Elle ne sait pas pourquoi, mais à cette vision, Chloé a eu peur. L’effroi a roulé au galop sur son échine et il lui fallut quelques secondes, si ce n’est une minute pour articuler une réponse potable et compréhensible.
- Je ne crois pas non. On ne s’entendrait pas.
Et je veux partir d’ici. Chloé regarde par-dessus son épaule et plus loin encore derrière Alaska. Elle veut fuir. Elle n’a aucun courage. Elle a peur, alors elle reste. Et ne bouge pas. Ne dit plus un mot. Elle se souvient de la technique Chloé. Il faut revenir à l’état d’avant. Ignorer et laisser faire. Ils vont se lasser. C’est ce qu’elle se disait à l’époque. Et c’est ce qui lui revient quand John, mais surtout Hadès heurtent sa route. Ça va passer. Essaye de ne pas trop trembler. Faut pas qu’ils le voient : les brutes de l’école. … “Faut pas qu’IL le voit : ton père.” Ça c’est que sa mère lui chuchotait à l’oreille avant de lui mettre un casque sur la tête. “Même si tu ne nous regardes pas, même si tu ne nous entends, il va te faire peur. C’est normal. Mais ne le montre pas. Le moins possible. Sinon, il va le sentir et va venir pour toi. Mais ne t’inquiètes pas Chlo... J’ai toujours plus peur que toi. Parce que j’ai peur pour deux. Pour trois. Pour toi, pour lui, pour moi. Pour nous trois. Donc ne t’en fais pas, je l’attire plus que toi.”
Elle n’était pas une si mauvaise mère. Juste pas normalement constituée peut-être ? Sans aucun instinct utile. Sans logique. Ou alors il a tout détruit au passage. Il doit y avoir quelque chose de génétique dans toute cette histoire. Si elle s’arrête. Si Chloé arrête d’étudier, de cuisiner, de dessiner, de rigoler, de faire la morale… Chloé pense à ça et émet des théories sur les tares dont elle a héritées. Mais en bonne hypocrite, elle sait se rendre aveugle. Alaska voit le monde en noir et blanc, mais Chloé ne le voit pas tout court. Elle ne voit pas le monde véritablement tel qu’il est. Et elle ne se voit pas non plus telle qu’elle est. Son seul système de défense est le même que celui de sa mère : l’idéalisation.
Et si un jour quelqu’un grattait la première couche de peinture de ses oeuvres : qu’est qu’il découvrirait en dessous ?
Qu’est-ce qu’il y a derrière ses “amis” qu’elle réinvente en héros ? “Dans quel monde tu vis Chlo ?! Dans quel monde ?! Celui où on frappe son père et on s’en sort indemne ?! Non ! Va-t’en ! Tu n’as rien plus rien à faire là. Tu n’es plus rien ici.” Quand Chloé a peur, elle mélange tout. Et si John, Hadès et Alaska viennent à elle, c’est parce que instinctivement, ils l’ont senti eux aussi. Ma faiblesse d’être.
Chloé relève la tête soudainement, comme tirée de sa rêverie silencieuse et concentrée sur son dessin après de longues minutes.
- Ah. Ça a sonné. Je retourne en cours.
La poupée mécanique s’agite. Feutres encapuchonnés. Carnet fermé. Elle se lève et fuit vers la porte. Comme si elle le pouvait vraiment. Comme si cette sonnerie avait vraiment retentie.
Sujet: Re: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Dim 15 Fév 2015 - 1:02
the pretty lies, the ugly truth
« Je ne crois pas non. On ne s’entendrait pas. »
Non Chloé, on ne s'entendrait pas, en effet. Parce que pour s'entendre avec Alaska il faut sacrément avoir un grain. Alaska est une peste, Alaska est un cauchemar, impossible à vivre. Parce qu'elle passe plus de la moitié de son temps à insulter ce qui se trouve sous ses yeux, l'autre moitié elle se plein. Constamment. Parce que c'est plus facile que de se casser en deux à aider les gens, de se faire chier à écouter les autres pleurer sur son épaule. Non Chloé, Alaska ne te dirait jamais de petits mots gentils, elle ne te complimentera pas sur ta robe, sur tes cheveux. Sur rien du tout. Elle cherchera à t'enfoncer, à appuyer un peu plus sur ce pieux déjà fiché dans ton cœur. Alaska veut ta peau, Alaska veut ta tête, Alaska veut ton corps tremblant à ses pieds. Parce qu'Alaska est une putain de sauvage. Sauvage au cœur enfermé dans un cage d'acier.
Silencieuse, Alaska observe sa proie, elle veut entendre son sang pulser dans ses veines, son cœur battre un peu trop fort parce qu'elle a peur. Et quand Chloé fait mine de s'en aller Alaska barre sa route de sa jambe avant de se positionner devant elle. Plus d’échappatoire petite princesse. Plus rien. Minuit n'a pas encore sonné, il est encore l'heure de jouer.
« Désolé je ne crois pas avoir entendu et … Oh, regarde non, il est pas encore l'heure »
Alaska lui plante sa montre sous le nez pour prouver ses paroles. Il reste un bon quart d'heure avant la libération. Et dieu sait ce qui peux se passer en autant de temps. Lentement elle fait parcourir sa main sur son menton puis attire le visage de Chloé près du sien. Yeux dans les yeux, Alaska a finit de jouer. Lassée de tourner en rond, elle serre un peu plus, enfonçant ses ongles lentement.
« T'en as pas marre ? Sérieux ? T'as quoi à cacher de si honteux ? Chloé, je t'ai déjà dis, je t'ai percé à jour, je te laisserais pas tant que j'aurais trouvé ce que c'est. »
Soupire, elle la relâche non sans lui donner une légère tape sur la joue droite. Pourquoi est-ce qu'elle s'acharnait sur Chloé ? Alaska ne savait pas. Peut être un trop plein de frustration, d'envie de relâcher un peu la pression, de transmettre ce qui lui rongeait les entrailles, cette douleur perpétuelle, cette putain de solitude. « Chui comme toi tu sais ? A faire semblant toute la journée. Je connais le refrain Chloé : fais attention à ton poids, ne mange pas de laitage ça donne des boutons, porte une jupe plutôt qu'un pantalon, lisse toi les cheveux mais quand tu sors boucle les, un peu d'eye-liner vaut mieux que du fard à paupière et surtout, tiens toi droite, ventre rentré et poitrine en avant. Sois avenante, souris, parfaite. Parfaite. Parfaite. »
A chaque mot elle assène une claque sur sa propre cuisse, elle crache presque, dégoûtée par ses propres paroles. Oui Chloé, Alaska a de l’entraînement, elle est passé par là. Elle y est toujours d'ailleurs. A se blesser à chaque regard dans le miroir, a espérer voir autre chose, une autre fille, plus jolie, plus parfaite, avec une autre vie.
« Mais tu sais ce que j'ai appris Chloé ? Si on agit comme ça c'est pour camoufler. Alors crache le morceau. Je dirais rien. Promis. De toute façon à qui je pourrais parler ? Tu as bien vu que j'ai pas d'amis. »
Carnassière, elle espère pouvoir ferrer sa proie avec cette ultime provocation.
InvitéInvité
Sujet: Re: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Dim 15 Fév 2015 - 22:58
run
Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Elle ne les entends pas. Elle ne les entends pas. Et elle ne la voit pas. Alaska n’est pas là. Elle ne lui bloque pas le passage et elle ne lui dit pas toutes ces choses. Ces mots acides. Ces mots oppressants. Ces mots lourds de sens parce qu’ils visent juste. Tellement juste. Alors elle baisse l’échine, baisse la tête, baisse les yeux, tourne en rond comme prise en au piège par cette voix qui tisse une toile meurtrière autour de la petite rouquine. Alaska l’entrave. Et Chloé se replie.
Reste à savoir où.
Parce que lorsqu’elle se redresse avec une indifférence effarante flanquée dans ses deux iris, rien ne peut être anticipé.
- T’es comme moi ? La belle affaire. On se sentira moins seules ? Je sais que tu n’es pas aussi naïve pour penser ça. Je mens ? Je suis pas parfaite ? Ça c’est du scoop. Tout le monde fait pareil. On est comme tout le monde et tout le monde est seul. Ça te va comme réponse ?
Ton monocorde, sans vie, glacial. Elle n’est plus là la Chloé habituelle. Elle se cache et devient mécanique. Elle fixe la blonde sans la voir. À la place de ça, elle se voit dans le reflet de ses yeux et c’est à elle-même qu’elle s’adresse.
- J’ai plein de choses hideuses à cacher. Tout comme toi. Mais vas-y. Amuses-toi à déterrer la crasse, c’est pas grave. Demande à John, il va même t’aide à tenir la pelle.
Ça y est elle commence à trembler. Ses jambes jouent les castagnettes, parce qu’elle ment à cet instant. Encore plus qu’avant, malgré la voix implacable qui grésille depuis ses cordes vocales. Elle s’en fiche qu’Alaska découvre la vérité, mais ce sont les autres. Les membres du highFIVE. Elle veut pas qu’ils sachent. Sinon ils vont la mépriser, la détester, la rejeter. Parce que c’est ce qu’a fait sa famille dès qu’elle s’est montrée telle qu’elle était. Pourquoi ça serait différent ici ? Alors que tout le monde se fait la guerre ?
- Vas-y ! Change la couleur de mes fringues, change ma couleur de cheveux ! Barriole mes dessins ! Vas-y ! Amuse-toi !! Fais ce que tu veux !!!
La voix neutre n’est plus. Elle est partie dans des aiguës cristallins, prête à se briser en heurtant le moindre roc de pierre. Tout s’entrechoque dans son regard fragile quand Chloé refourgue brusquement tous ses carnets de croquis dans les bras d’Alaska, contre sa poitrine. Elle les abandonne, les rejette, les pousse si violemment loin d’elle dans la panique qu’elle en bouscule la E. Et c’est dans un éclair de lucidité inattendu qu’elle trouve son chemin, agrippe la poignée de la porte, l’arrache presque, avant de s’engouffrer à l’intérieur du bâtiment en courant.
Cours, cours, petite rouquine. Cours tant que tu peux, pendant que tu peux encore. Parce que de toute façon c’est déjà fichu. Elle t’a eue. Et la prochaine fois qu’elle t’attrape, tu passes à la casserole.
Sujet: Re: trapped in our own jail [ pv Alaska ] Dim 1 Mar 2015 - 16:39
the pretty lies, the ugly truth
Alaska l'écoute, et plus Chloé parle, plus son sourire grandit. Elle a touché juste, elle le sait. Le changement est trop radical pour être anodin. « Tout le monde fait pareil. On est comme tout le monde et tout le monde est seul » Ouai Chloé, ça Alaska le savait déjà. Depuis très longtemps. Trop longtemps. On ment à tout le monde, à sois même le matin quand on applique son fond de teint, on cherche à s'intégrer pour pouvoir un peu plus respirer. Mais on est seul. Terriblement seul dans notre fausseté dégueulasse. Deuxième salve, Alaska continue de fermer sa petite bouche ourlée de rouge. Elle écoute encore et encore, jubilant intérieurement d'avoir réussi à briser la digue. Quand le nom de John survient dans la conversation, elle hausse un sourcil, se demandant ce que le A vient faire la, mais c'est vrai qu'avec son pouvoir... Il avait la fâcheuse manie de creuser dans les passés peu reluisants. Quand Alaska fut certaine que Chloé avait terminé, elle se contenta de secouer la tête, regard blasé. Elle tremble comme une feuille Chloé, sous le coup de l'émotion ou de la peur ? Qui sait. Mais Alaska imagine ce qu'elle ressent en ce moment, cette sensation quand on a vidé ses tripes, quand on a craché ce qu'on pensait. Cette putain de bouffée d'adrénaline qui suit le hurlement.
« C'est pas ce que je cherche Chloé. J'en ai rien à faire de dévoiler ton passé fumeux. Si tu pense que je suis là juste pour ça... Tu te trompe grandement. Oh et puis, t'inquiète pas pour moi et mes crasses j'ai pas grand chose à cacher. »
Ce qui était vrai. A part peut être le plus évident. Car au fond ils étaient tous hypocrites non ? A mentir, encore et encore, prétextant une pureté inexistante. Et puis soudain Chloé craque. Acte final joué avec brio, Alaska se délecte. La violence de ses gestes, l'ardeur de son désespoir, elle accueille ses carnets – un peu de sa vie – dans ses bras et ne répond rien. Se laissant bousculer, elle observe la petite rousse s'enfuir à toute vitesse, et comme un chat Alaska se pourlèche les babines à l'idée de la prochaine rencontre. Ca sera moins bonne enfant. Promis juré. Seule sur le balcon, la jeune allemande jette un coup d’œil aux croquis de Chloé. Ca l'irrite. L'art l'a toujours irrité. Alors d'un geste elle arrache les pages, les déchire entre ses ongles parfaitement manucurés, lance le papier en l'air comme des confettis. Une fête pour se féliciter, une fête où elle est la seule invité, une fête ou les décorations sont bien trop amères. Laissant choir à ses pieds la carcasse du cahier, Alaska quitte à son tour les lieux, étrangement irritée. Car la solitude est une amie bien trop ingrate.provocation.