Soirée mouvementée. C’était allé crescendo, mais Etienne n’était pas au bout de ses surprises.
Tout avait bien commencé pourtant, quand il s’était rendu à la fête avec Sarah et les autres. D’accord, ça avait été un peu la panique au moment de s’habiller. Si l’aide de Sarah avait été plus que bienvenue, Etienne avait aussi exigé la présence de Charlie - au moins un minimum - qui avait du passer dans son ancien bungalow pour confirmer la tenue du grand blond. C’est qu’il était plus superficiel qu’il n’y paraît, le Titi, et les avis de John et de Dixie avaient également été écoutés. Non pas qu’il voulait être le plus beau pour aller danser - surtout que danser a le don de lui ôter toute crédibilité - mais il voulait être séduisant pour sa première grosse fête. Même en général de toute façon, Etienne aimait se faire beau pour les soirées entre amis. Il fallait bien le faire de temps en temps, lui qui se traînait au quotidien en jogging et sweats informes.
Il est donc allé à la fête en tenue simple, décontractée, mais avec
style. Si Charlie avait décidé d’y aller avec son homme dès le départ, le reste de la team booty s’y était rendu ensemble, admirant l’opening de Jim, marquant son grand retour. Tout s’était en revanche compliqué quand la fumée les avait séparé. Mais chance oblige, Etienne avait très vite retrouvé Dixie et John, puis d’autres amis. A vrai dire, il avait un peu redouté de se retrouver seul avec sa petite-amie; le couple battait de l’aile depuis un bon moment, et tout leur entourage en sentait la fin arriver. ...D’ailleurs l’entourage en question s’en réjouissait - preuve qu’il ne valait mieux pas se forcer à quoi que ce soit pour essayer de maintenir les choses. Etienne n’était de toute façon pas du genre à se forcer. La “folie Dixie” avait fait son effet un temps, mais ça ne prenait plus. Ca tournait plus en sexfriends qu’autre chose, et l’un comme l’autre ne semblaient pas vouloir ça. ...Pas ensemble, en tout cas.
Alors, l’inévitable était arrivé. Après qu’il ait invité Emma à danser, Dixie l’avait chopé, lui balançant à la figure à peu près tout ce qui n’allait plus entre eux. La danse pleine d’émotions qu’il venait d’avoir avec Emma sous ses yeux avait été la goutte de trop. Le blond ne s’était pas laissé faire, rétorquant en lui rappelant la façon dont elle se comportait avec John, et l’encourageant grandement à aller se taper Léocade ce soir, vu qu’elle avait l’air d’en crever d’envie. ... Et visiblement, elle ne se fit pas prier.
C’était terminé. D’un commun accord, achevé dans une dispute violente dans un endroit tranquille de la plage, ils avaient rompu. Le calme après la tempête les avaient finalement rattrapé pour une dernière étreinte marquant le renouveau de leur amitié, et ils s’étaient séparé.
Sans rancune.
Après ça, Etienne avait erré, sa chance le faisant tomber sur tout un tas d’amis quand il en avait besoin, ou le laissant seul lorsqu’il préférait que ce soit le cas.
Et finalement, il avait été agrippé par un Cupidon et téléporté ici, en cuisine. Il n’y était jamais venu mais Jim avait raconté plus d’une fois la façon dont il venait piquer du rhum à sa grande amie Betsabe. Et le temps de se demander ce qu’il fichait là, Charlie était apparue de l’autre côté du plan de travail central.
▬ ... Je sais même pas pourquoi je doute encore de ma chance..., avait-il lâché dans un rire, reconnaissant sans aucun mal Charlie.
Elle s’était changé après lui avoir donné ses précieux conseils, aussi, il ne découvrait sa tenue que maintenant. Faisant le tour du plan de travail en glissant son masque sur le sommet de son crâne, à visage découvert pour être avec elle, il la rejoint en appréciant à haute voix l’allure de la demoiselle, lui saisissant la main pour la faire tourner sur place, souriant.
▬ J’devrais bloquer mon don à Pytha, il a beaucoup trop de chance...Ironie évidemment. Quoi que.
▬ ... Par contre toi tu la reçois mal apparemment, avait-il dit en ôtant son manteau pour lui mettre sur le dos.
Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu sois trempée comme ça... ?Se demandant bien pourquoi on les avait réunis ici, par la suite, Etienne et Charlie passèrent volontiers du temps ensemble à papoter en cuisine - profiter de cette petite bulle tranquille au milieu des festivités. Ils établirent des hypothèses loufoques pour comprendre ce que Jim avait cherché à faire en les faisant se retrouver ici - si c’était son ordre à lui ? Même pas sûr. - et ils se mirent finalement à fouiller les placards, trop curieux de découvrir les merveilles de l’excellente cuisinière. Eux qui avaient l’habitude de cuisiner ensemble au bungalow - c’était leur petit plaisir - ils s’extasiaient comme des gosses devant les robots de cuisine ou l’étendue des ingrédients qui s’offraient à eux. Ils s’installèrent finalement près de la fenêtre, assis sur un plan de travail, à fumer, grignoter ce qu’ils avaient pu trouver et boire du rhum à la santé de leur bande qui ratait ça.
Les minutes passaient, le papotage continuait - notamment à propos de la rupture avec Dixie - mais minuit approchait. Flatté qu’elle lui ait accordé presque une heure de compagnie, Etienne s’était finalement mis à la recherche d’outils pour déverrouiller la serrure de la porte - souhaitant libérer la belle pour qu’elle retrouve son Prince pour minuit.
Mais il avait beau chasser de son esprit un fait, il pensait savoir pourquoi Jim - ou peu importe qui - les avait réunis ici. Et trop habitué à être franc, direct et à dire les choses, il s’était arrêté un instant de crocheter la porte pour se redresser, se tournant vers Charlie.
▬ Hummm...Comment dire. Baisser la tête et se gratter la nuque ne l’a jamais aidé à quoi que ce soit, pourtant il s’y est toujours acharné. Relevant les yeux vers elle, il finit par soupirer avec sa tête habituelle de « prépare-toi, j’vais mettre les deux pieds dans l’plat. »
▬ En fait je sais pourquoi on a été réunis., avait-il dit en tapotant des doigts le plan de travail central, se pinçant les lèvres.
Sa main s’était finalement écartée de son corps pour retomber sur sa cuisse, accompagnée d’un soupir et d’un hochement de tête.
▬ Tu me plais. ... Voila.Non, Charlie, pas comme lui te plaît. Pas de la même façon.
▬ J’veux pas me mettre entre toi et Pytha, c’est pas du tout le but. Si t’es heureuse avec lui, j’le suis aussi. Mais voila, j’te dis ça parce-que ça fait un moment que j’y pense, un moment que j’pense beaucoup plus à toi qu’à Dix’, et que j’y pense d’une façon... plus vraiment amicale. Il avait croisé les bras, parlant simplement, ne cherchant aucunement à être théâtral, intense ou même à accrocher son regard, le sien hésitant même à se poser sur elle trop longtemps.
▬ Voila... . J’te le dis parce-que tu sais que j’ai du mal à garder les choses pour moi. Ca commençait à me peser alors j’préfère t’en parler au lieu d’me prendre la tête.Il préférait rester loin d’elle, d’un bout à l’autre de la cuisine. Respectant la distance physique et morale qui s’imposait. Mais il avait tout de même levé son regard dans le sien pour la suite, afin d’être très clair sur ce point:
▬ Mais Charlie, vraiment, je veux pas que tu te prenne la tête pour ça. Que tu culpabilise ou que tu crois que je vis mal ta relation avec Pytha. J’suis heureux pour vous, réellement. J’veux que tu sois heureuse, peu importe avec qui. Vis c’que t’a à vivre avec lui, et si ça dure, tant mieux. Moi j’suis heureux actuellement, y’a eu Dixie, y’en aura d’autres. Je m’inquiète pas vraiment. Alors t’inquiètes pas non plus. J’veux que ça reste cool entre nous.Il avait alors repris ses outils, la regardant une dernière fois.
▬ Sache juste que voila... Si un jour tu m’en donne l’occasion... J’serai très heureux d’être celui qui donne tout pour te rendre la plus heureuse. J’essai déja de l’être en tant qu’ami. Et je m’en tiendrai à ça si il faut parce-que c’est déja énorme. ... Mais voila. Je pourrais te donner plus.Un sourire de lèvres pincées, un haussement d’épaules, et légèrement nerveux mais soulagé, il s’était remis simplement à son travail de crochetage, réellement désireux qu’elle ne soit pas bloquée ici à minuit si elle voulait être avec celui pour qui elle avait des sentiments.
Parce-qu’il avait juste voulu lui dire. Pas perturber quoi que ce soit. Sincèrement.