Out of the blue #CW

blue out

Elle n’a rien d’une de ces héroïnes au super-pouvoir que Thomas manipule du bout de ses manettes pour combattre les ténèbres. Elle n’a pas un esprit combatif et courageux comme Lukas. Elle n’a pas la force de tout défoncer comme Mack. Elle n’a pas l’âme pour se révolter envers et contre tout comme Zephyr est capable de le faire en envoyant tout valser. Tout ce qu’elle a pour elle, c’est son imagination.

Une imagination complètement influençable. Par tout. C'est une éponge de tout ce qui l’entoure. Alors peut-être que finalement, dans ce qui va suivre, il y a un peu de tout ce qui compose ses amis. Mais ce qu’il y a surtout, ce sont les mots de la déléguée des B. Les Bleus ont aussi leur fierté et de la volonté il paraît.
Ne pas être les passifs de l’histoire. Avoir des étiquettes à décoller comme celle de la gentille main qui vient en aide aux difficiles E ou celle de ceux qui sont juste sous les A. Ceux qui réussissent, presque.

Alors Chloé a réfléchi à ce qu’elle pourrait faire à son niveau. Avec cette fameuse imagination. Elle a déambulé en ville, de magasins en magasins à la recherche d’une idée. Quelque chose qui l’inspire. Elle a croisé Charlie dans un magasin de bricolage, un bouquin à la main. Elle disait vouloir tester des choses mais elle s’est incrustée avec la mini-rouquine à travers les rayonnages. C’est vrai qu’elle est en B elle aussi maintenant. Et le sérieux lisible sur le visage de Chloé ne trompa pas Charlie sur les intentions de la miss. Mais elle ne dit rien et l’abandonna au rayon peinture.

Un peu plus tard dans la journée, il fallut faire un choix. Elle aurait voulu investir le grand hall, mais comme déjà dit, Chloé n’a pas de couilles. Donc elle se contente de traîner ses sacs de peinture et ses gros pinceaux jusqu’à l'ascenseur. En pleine nuit. Cela va de soi. Ou plutôt une heure avant qu’il n’y ait de l’activité dans l’enceinte de l’établissement. Mais une main sur la sienne l’a fait sursauter. Elle a failli se faire dessus et perdre une corde vocale au passage. Encore heureux, l’incrust’ a eu l’intelligence de la bâillonner avec son autre main.

- Chhh… Laisse-moi t’aider. J’ferais le guet.

Chloé acquiesça doucement à Charlie après avoir repris contenance. Charlie s’empara de trois sacs et du tabouret.
Ça lui faisait mal de l’admettre, mais elle n’est pas si… nulle que ça. En tout cas, ça la rassure de la savoir là. De ne pas être seule. Elle n’a rien dit à personne pour ne pas les impliquer ou devoir argumenter, mais la fausse princesse aurait quand même bien aimé que ce soit une opération groupée. Mais bon. Ils ont tous plein de choses à gérer en ce moment. Elle le sent que le highFIVE se disloque. Ou alors n’est-ce qu’une conséquence du harcélement d’Hadès qui ébranle ses pensées ? Qui sait. Ce n’est pas le moment de penser à cela.

- T’as pas vu un peu trop grand avec toute cette peinture ? C’est qu’une petite cabine...

Chloé se contenta de sourire alors que Charlie n’avait certainement jamais vu autant de pots de peinture de sa vie, Pourtant elle a l’habitude de fouiner du côté des ateliers d’artistes de l’île. Après cette dernière remarque, la peintre remonta ses manches et investit les parois de la cabine en métal. Elle devait faire vite pour imprégner chaque litre de peinture, chaque coup de pinceau de magie. Plus l’heure avançait et plus le compte à rebours des rôles distribués aux dessins s’amenuisait. Ça ne serait pas une oeuvre d’art, mais ça suffirait à faire son effet quand il prendra vie… Dès lors que quelqu’un pressera le bouton qui ouvrira les portes de l’ascenseur : tout se mettra en route.

La silhouette ombrée qui tient une aiguille se mettra à courir et foncera vers la dizaine de ballons de baudruche accrochés à la rambarde. Il y en a tellement que cela remplit toute la paroi droite jusqu’à celle du milieu. Toutes ses couleurs : jaune, rouge, violet, vert, doré… C’est quand même beau. Mais quand l’aiguille du personnage transpercera la masse, les ballons exploseront tous dans une réaction à la chaîne. L’arc-en-ciel de couleurs se changera en raz-de-marée. La vague partira de la droite et se déversera au sol. Le mouvement la fera se retourner sur la paroi gauche, noyant le personnage sans visage par la même occasion. Tout sera éclaboussé par la puissante vague qui cherche enfin sa liberté et s’évacuera par la porte, sans manquer d’empeinturlurer celui ou celle qui aura voulu emprunter cet ascenseur.

Et comme on le sait tous, il n’y a pas de plus belle couleur pour symboliser l’eau qui déferle que le bleu.

Sans oublier qu’on est certainement aussi tous d’accord sur un point : ce pensionnat a besoin d’un sérieux coup de peinture.

Les deux rouquines quittèrent les lieux in extremis, le personnel et les enseignants commençaient déjà à arriver. Charlie déposséda Chloé des preuves qui pourraient l’incomber avant de la renvoyer dans sa cabane.

Si conséquences il doit y avoir, ce sont aux aînés de prendre la responsabilité.