Un Tartiflette sauvage apparait !... Enfin c'est le but. [Pv Kieran]

Tremblements. Le verdict était tombé : il fallait trouver Tartiflette, ou du moins, l'un des tartiflettes qui se trouvait dans Prismver. Ruthel avait annoncé la nouvelle en fin de matinée, et c'était déjà de nombreux élèves ne possédant pas le don de métamorphose en animal qui se retrouvaient coincés dans le corps d'une espèce autre que la leur. Baissant doucement ses oreilles et son long cou de biche, Eve écoutait attentivement les instructions données, et se préparait à avoir un week-end bien plus mouvementé qu'il ne devait l'être à l'origine. A cause d'un petit lézard capricieux, de magouilles en famille, plusieurs dizaines d'élèves étaient dans son cas : coincé dans un corps dont ils ne maîtrisaient pas correctement toute l'anatomie. Quelle drôle d'animation pour commencer la fin de semaine.

Annoncée comme une journée frisquette, le premier jour du week-end de Eve devait avoir concrètement ce plan-ci : petit-déjeuner, révision, repas du midi, balade dans le parc, révision, glandouiller dans son lit, goûter, et après, advienne que pourra. Commençons donc par la première option à cocher, le petit déjeuner, mais seule dans sa chambre. A l'aise.

Recroquevillée dans le lit de son cabanon, la jeune fille fit tenir en équilibre entre ses cuisses la tasse d'eau chaude tout juste sortie de la bouilloire (petit achat illégal de son voisin de chambre qui, à coté du lavabo, s'est muni de cet engin. L'eau du robinet ne se chauffant pas seule...) – le temps d'ouvrir le sachet de lait en poudre, et celui de chocolat en poudre. Elle versa doucement les contenus des deux sachets pour ensuite touiller doucement avec sa cuillère en plastique. Les pensées commencèrent doucement à faire valser son esprit ailleurs que sur la terre ferme ; son poignet faisait doucement un tourbillon dans le mug, et quelques cliquètements résonnaient dans la chambre.

Touchant la peau d'Eve par le tissus qu'elle venait de traverser, une gouttelette de chocolat chaud recomposé la fit sursauter. C'était bouillant, mais après tout, c'est meilleur ainsi. Vu la petite éclaboussure, la mixture devait être bien homogène, et elle n'hésita pas longuement pour sortir de ses pensées et engloutir sa tasse. Un frisson lui traversa le corps et elle ne put s'empêcher de tirer a langue comme un enfant en haletant, comme si respirer plus vite de l'air déjà chaud allait faire refroidir sa langue.

Intense chaleur en son sein, la jeune femme se sentit partir un instant, mais pas intentionnellement cette fois : comme un petit malaise d'une fatigue assommante, sa conscience avait flanchée. Elle revint néanmoins très vite, alors que la tasse tomba soudainement de ses mains, comme si elle ne pouvait plus la tenir, comme si elle avait glissé entre ses... sabots ? Un tourbillon de peur fit regarder dans tous les sens possibles Eve qui se redressa subitement de son lit, en se reculant, butant l'arrière-train contre le mur assez violemment. Sans qu'elle comprenne comment cela pouvait être possible, ses vêtements ne lui tenait plus sur sa peau,qui s'était recouvert d'une épaisse peau vêtue d'une fourrure marron tachetée. Elle ne tenait plus en équilibre sur son propre lit, semblant totalement déboussolée par ce qui se passait, et incapable de comprendre pourquoi elle ne pouvait marcher qu'à quatre pattes au lieu de deux. Ses mouvements correspondaient à ce qu'elle souhaitait, mais c'était des pieds de gazelle, ou de cerf qui effectuaient les actions : elle ne pouvait pas d'être transformée sans raison tout de même ? Son pouvoir est de générer des fleurs, pas de se transformer en animal ! Est-ce que les pouvoirs peuvent changer ? Soit, on réfléchira à cette question plus tard, en attendant, il faut rejoindre une glace pour voir l'étendue des dégâts. Ses vêtements tombaient petit à petit sur le sol alors qu'elle galérait bien comme il faut à ramper jusqu'au petit miroir du cabanon. Je ne vous explique pas à quel point elle a galérer pour virer la culotte qui pendait cruellement sur sa queue, semblant elle ne pas vouloir se barrer. Quelle honte si ses camarades étaient dans son cabanon et non en sortie on-ne-sait-où ! Ils auraient néanmoins pu lui dire directement ce qu'elle voyait distinctement dans le miroir : son visage allongé, ses yeux un petit peu désaxés, une vision changeante, plus périphérique, un museau et deux grandes oreilles bien touffues : elle était devenue une jeune biche. ...Merde.

Fuyant le lieu de sa transformation, elle chercha bien rapidement de l'aide : bien sûr la jeune fille avait rapidement pensé que ce sort n'était pas définitif, mais qu'est-ce que c'était désagréable d'être dans le corps de quelque chose de si pataud qu'une biche ! Dans une sorte d'amble qu'elle ne maîtrisait pas très bien, c'est totalement dans le désordre que ses pattes arrivaient à avancer un petit peu - on aurait dit qu'elle titubait comme un soûlard. Elle aurait pu se dire que dans ce genre de corps, personne n'allait la reconnaître et qu'elle n'allait pas trop passer inaperçu, mais au final, paraître ridicule était le cadet de ses soucis. Être totalement dénudée dans son nouveau corps l'était un petit peu, gênant, et elle gardait la queue baissée alors qu'elle tentait de sautiller comme le voudrait son impudique espèce. C'est en rejoignant un endroit logique pour chercher de l'aide, l'école en elle-même, que la jeune biche pouvait enfin souffler et attendre des instructions : visiblement, Eve n'était pas la seule dans ce cas-ci.

Le directeur, Ruthel, expliquait les mesures à suivre alors que de nombreux élèves transformés en animaux défilaient dans l'enceinte des bâtiments scolaire de Prismver. Les instructions étaient au final assez simples, et après avoir administré les petites pilules magiques pour retrouver l'usage de la parole, ainsi que la répartition des duo, fait visiblement dans le gwak le plus total, la recherche pouvait commencer. Cela faisait battre son cœur d'une taille anormalement différente d'à l'habitude, à tel point que Eve se demandait si cela était normal de ressentir le stress de cette manière dans son nouveau corps. Pas de stress permis, la situation était grave, il fallait trouver cet antidote le plus rapidement possible, pour que le lundi, les élèves puissent retrouver le chemin des cours en humains !

Eve, s'étant approchée de ce qui s’annonçait être son compagnon de recherche du Tartiflette sauvage, ne put sur le moment voir son compagnon, ou sa compagnonne. Par réflexe, ou par instinct, elle baissait une fois de plus la tête, se rapprochant du sol, et poussant un petit soupir – pas de flemme extrême de la meu- de la biche qui allait devoir gambader plusieurs heures à la recherche d'un lézard vagabond, mais celui du léger accablement face à la situation. Et c'est en rouvrant des yeux qu'elle vit son partenaire – un rat, tout en face d'elle. Et ce n'était pas un simple rat sauvage ou domestique, c'était son partenaire.

Toute surprise face à sa découverte, elle se recula un instant. La personne avec qui elle devait faire son duo était là dès le début, elle n'avait pas besoin de le rejoindre ! Au fin fond d'elle, un petit peu de gêne s'était immiscé et elle aurait certainement sursauté un petit peu. Est-ce parce que ses pattes étaient bien ancrées dans le sol qu'elle ne bougea pas trop, que seule sa tête avait retrouvé la place proche du ciel ? Les sabots avaient l'air bien commode pour marcher dans la nature en tout cas. C'est dans un mélange de malaise et de timidité qu'elle entama la discussion avec son nouveau compagnon en première. Sa voix était anormalement douce et reposée, on aurait presque dit un personnage de disney parlant à l’héroïne.

« Tu... tu voudrais commencer par où Ki... Kieran c'est ça ? Je ne sais pas trop par quoi commencer pour retrouver un animal aussi petit que... » Eve baissa intentionnellement le regard de nouveau vers son compagnon, qui au final devait être aussi gros que l'animal à rechercher. « ...ça. », finit-elle d'un ton accablé, sans aucune méchanceté ou ironie.

En allant au hasard dans une direction, aller, la droite, elle semblait vouloir demander par ses gestes qu'il indique un intuition, un mouvement à suivre. Peut-être un plan, elle signifiait simplement son envie de bouger d'ici et de réussir leur mission de ramener l'un des clones, sans pour autant diriger le petit duo vers un endroit précis : la jeune biche s'était vite stoppée dans son élan, l'air attentif aux réponses de son rongeur de partenaire.

Dès que Kieran se mit à parler de Tartiflette, effectivement, c'est l'image d'un gros dragon qui vint à l'esprit de la pauvre petite biche. Alors qu'elle s'imaginait qu'un petit lézard, comme ceux-ci ne sont censés être que petits et mignons, non ? Elle se souvint des documentaires animaliers des dragons de Komodo, et vaguement de la taille qu'ils pouvaient avoir – c'est à dire sa propre taille sans les longues et fines pattes. Effrayant, ils pourraient se faire bouffer tout cru, et surtout son rongeur de compagnon de galère. Néanmoins, il avait raison sur le fait que la chasse sera plus facile à faire avec un engin de cette taille – une occasion fabuleuse de retrouver plus rapidement sa forme originelle.

“Je me disais qu’on pourrait chercher d’abord dans des endroits pleins de verdure, en dehors de l’école. Il a voulu se barrer d’ici - et je le comprends - et vu que c’est un reptile, il doit se cacher dans un endroit où il peut se prélasser… Genre la plage, le parc ou même la forêt. Tu préfères quoi donc ?”

Eve écoutait calmement les paroles du rongeurs – mon dieu que cette phrase est étrange, on dirait un Disney -, se laissant guider par le chemin qu'il créait en emboîtant la marche à suivre. Ses pensées s'en allèrent dans un petit coin de sa tête, réfléchissant sur le meilleur endroit à aller après les propositions de son ami. Celui-ci d'ailleurs commença les recherches du « dinosaure » comme il l'avait appelé, se glissant dans une des grilles du pensionnant. Visiblement, comme il ressortit assez brièvement, il avait raté sa prise, et aucun dragon ne se trouvait là dedans. Heureusement qu'il était ressortit d'ailleurs, et si un monstre quelconque n'avait fait qu'une bouchée du petit être ?

La jeune biche ne pouvait pas s'empêcher de penser au pire quant à la petite taille de son camarade, et c'est des images de lui, la tête coupée, le ventre ouvert, croqué d'un bouchée ou dévoré par un chat, qui lui vinrent de suite en tête. Dans sa forme de biche, il n'allait pas y avoir trop de problèmes, il n'y a pas de chasseurs tueurs de maman de Bambi dans l'enceinte de Primsver normalement. Néanmoins, elle se mit à se sentir responsable de la vie de Kieran, comme s'il allait réellement mourir à tout moment. Elle n'avait peut-être pas particulièrement parue inquiète à la révélation de la taille « préhistorique » de Tartiflette, mais très visiblement ça la travaillait tout de même et, c'était décidé, elle allait surveiller ce petit être.

« Hm- » elle se racla un petit peu la gorge, un son aigu étant sortit en premier lieu, peu habituée du mélange voix-humaine et corde vocale de biche, « Les autres élèves semblent aller dans les alentours le plus proche... Je pense que la plage peut être judicieux comme première... approche... » Un silence. « Je pense. Et puis nous serions juste à coté du foret pour le retour, on ratissera large. »

Elle n'avait pas l'air extrêmement assurée dans ses propos. Et c'est à son tour qu'elle emboîtant néanmoins le pas en direction de la plage, non loin de là. Ses oreilles touffues bien dressées sur son crane se mouvaient de droite à gauche de manière asymétrique, aux aguets du moindre bruit suspect, à la recherche du gros lézard. Sa perception des bruits alentours était différentes de celle humaine : c'est comme si avec ses oreilles se mouvant, elle pouvait avoir un plus large spectre sonore. Comme si elle pouvait écouter plus de son, mais que d'autres étaient comme étouffés. Les voix humaines ne semblaient pas pareilles, pas aussi audibles qu'avec ses oreilles normales. Mais les sons de la nature, c'était différent : elle entendait les piaillements des oiseaux restés pour l'hiver différemment. Et qu'elle sensation étrange que de sentir ses sabots faire grincer les cailloux et la terre sous ses pieds. Le temps de l'avancée vers la plage, Eve semblait contemplative quant à l'expérience qu'elle vivait : après tout, cela n'allait certainement se passer qu'une fois dans sa vie. Sa tête se baissait assez régulièrement, pour regarder où elle marchait, mais surtout pour suivre du regard Kieran. Elle n'osait pas lui adresser la parole, ne sachant pas quoi pouvoir lui sortir : comment vas-tu ? Ah bah bien je suis un RAT connasse, elle s'imaginait bien le bonhomme sortir ce genre de phrase, comme elle imaginait facilement le pire à une situation (comme le fait qu'il puisse se faire bouffer en chemin). Restons silencieuse jusqu'à temps qu'il dise quelque chose hein.

Oh, la plage était à portée de vue ! Dans un élan d'enthousiasme, Eve se mit à faire deux bonds typique des cervidés de son espèce, et se retrouva sur le bord d'une dune, pouvant voir désormais la mer. Bien, allons donc rechercher ce t-rex ! Elle tourna la tête, ses oreilles se baissèrent de honte face à son entrain passager, et elle tentait de redevenir calme. « Le soleil tape bien sur le bord des dunes, je vais jeter un coup d'oeil vers par-là Kieran... Si tu as du mal à avancer dans le sable, tu pourrais monter sur ma tête, d'accord ? »

Et elle fit un bon magistralement divin vers le contre-bas des dunes, disparaissant quelques instants de tout champ de vision. La recherche dans le sable et les rochers, à coups d’œil, se poursuivit quelques minutes...