Keep Calm and Trash Talk {Joshua & Blaze}

Lundi matin,  réveil cinq heures du matin. Aujourd’hui on commence par TP de chimie… Mais avant, c’est l’heure du footing. Je bu trois verres d’eau à jeun, avant de m’habiller et de sortir.
Me voilà devant la porte du bungalow, j’enfile mon masque chirurgical, et je m’en vais courir pour deux bonnes heures. Rythme lent, le but est de tenir deux heures, pas de faire le tour de l’île en un temps record.
Je vous épargne toutes les pensées que j’ai pu avoir durant ces deux heures de footing. J’étais en nage, mes vêtements aussi. Il était sept heures, mes colocataires commençaient à peine à se réveiller. J’entrai dans ma chambre, j’enlevai mes chaussures que je posai sur le  rebord de la fenêtre comme d’habitude.
Je piochai dans mon armoire un tshirt noir uni, le bas de mon uniforme et un caleçon propre. Direction la douche.
Un petit quart d’heure plus tard je sortis de la salle de bain frais comme un gardon. Je déposai mon linge sale dans le bac prévu à cet effet dans ma chambre, et je me mis aux fourneaux. Il me restait de la préparation pour pancakes que j’avais fait hier. Habituellement je ne mange pas le matin, et je ne me lève pas aussi tôt, mais je ne sais pas, le retour du beau temps, la fraîcheur et le calme du matin… Les premiers rayons du soleil qui se frayaient un chemin à travers les branches des arbres… Je ne sais pas ça me rappelle pleins de souvenirs… J’avais envie de prendre mon temps et de me la couler douce.
Huit heures, j’étais prêt, habillé, mon cahier à spirale qui me faisait office de bloc note, ma bouse de laboratoire. Je serai à l’avance mais bon. Je n’ai plus rien à faire au bungalow, ma chambre était nickel, j’avais fait ma vaisselle et l’idée de devoir faire la conversation avec mes nouveaux colocataires ne m’enchantait pas vraiment.
Je me dirigeai lentement vers le laboratoire, je pris le temps de profiter du beau temps et de cet air frais dénué de toute pollution. Ceux qui commençaient à huit heures et qui étaient la bourre courraient dans tous les sens. C’était amusant à voir.

Bref, neuf heures moins le quart, je me trouvai devant la porte du laboratoire de chimie. Je posai ma main sur la poignée, du bruit, discret mais audible. Il y avait déjà quelqu’un… Habituellement je suis le premier… J’ai un mauvais pressentiment.
Je poussai la porte, et j’entrai. Matthew était là. Je restai de marbre, et je l’ignorai. J’ai cerné sa personnalité, et je sais comment le mener par le bout du nez. Il n’est pas aussi intelligent qu’il désire le montrer. Après tout, d’après le Ranker, je suis le deuxième plus intelligent de l’école… Après cet Hadès… Je demande à voir.
Matthew me salua, je lui répondis avec un signe de la tête. Je posai mon sac sur ma paillasse habituelle, j’ôtai ma veste et j’enfilai ma blouse qui était soigneusement pliée dans mon sac, je pliai la veste de mon uniforme, si bien qu’elle avait l’épaisseur de mon cahier, que je sorti d’ailleurs, avec un stylo noir. Je me dirigeai vers le bureau, il y avait les protocoles du TD du jour, je pris un exemplaire, avant de retourner à ma place. Je le lu d’une traite et je parti prendre le matériel nécessaire, de l’eau oxygéné, du permanganate de potassium, un erlenmeyer d’un litre.
Je sentis que Matthew en avait après moi, ce n’est pas le genre à venir en avance. J’étais toujours le premier, soit il est tombé de son lit vraiment tôt, soit il veut me parler. Il commença en  me demandant si je n’étais pas trop blasé de le voir, mais il insista sur le mot blasé… Simple coincidence ou il aurait après Blaze ? J’dois halluciner… De là à entendre son nom partout… Hm… Nan je ne pense pas, il doit sûrement me provoquer, je l’ignorai, mais il revint à la charge. « Heureusement qu'il tu n’arrives d'être en de meilleure compagnie. »
Je n’avais absolument rien compris à ce qu’il venait de dire… Je me retournai vers lui, et calmement je lui adressai la parole tout en remplissant mon erlenmeyer d’eau oxygénée, je ne pris pas la peine de diluer le peroxyde d’hydrogène.   « Si tu veux que l’on discute, tu vas devoir faire des efforts d’anglais. Il est trop tôt pour que je fasse l’effort de te déchiffrer. »
Caché derrière son récipient avec ce petit sourire insupportable il surenchérit de nouveau. « Mais je peux comprendre tu sais… Blaze c’est un peu comme une étoile naine après tout. Super chaude… Mais pas très brillante… » Hm… il n’avait pas vraiment tort… Mais ce n’est pas une manière de parler d’autrui, surtout venant de lui. Il avait réussi à m’agacer, mais je ne montrai rien. Je restai toujours aussi indifférent. « … Hmm… Tu as passé combien de temps à répéter devant ton miroir ? Sans prendre en compte le nombre d’heure passée à la bibliothèque pour comprendre ce qu’est une étoile naine hein... Et puis je suppose que tu ne sais pas pourquoi en dépit de leur faible luminosité elles ont une température extrêmement élevée… Une histoire d’énergie emmagasinée lors de l’effondrement gravitationnelle de l’étoile toussa toussa. Mais bon oublie, je ne veux pas que tu choppes une contracture au cerveau à cause de ça. » Je vérifiais la quantité d’eau oxygénée dans mon erlenmeyer. Tout en enfilant une paire de gant stérile je repris. « Ah et une contracture c’est une contraction douloureuse qui dure après une utilisation inhabituellement excessive d’un muscle. ».
Je pris une poignée généreuse de permanganate dans ma main droite, je pris mon erlenmeyer de la main gauche, et en une fraction de seconde, je me retournai vers Matthew, l’erlenmeyer pointé vers lui comme une arme, je fis phaser ma main droite dans le récipient et je lâchai la poudre violette, je retirai ma main aussitôt, la poudre entra en contact avec la solution de peroxyde d’hydrogène. Une colonne de brouillard s’échappa de mon erlenmeyer suivie d’une fumée violette.

L’explosion provoquée était si forte qu’elle me fit reculer d’un pas. J’étais au premier rang, Matthew au deuxième, toute la moitié de la salle était violette, je ne donnais pas cher de la peau de mon camarade. « Selon la démarche scientifique, après l’expérience vient l’interprétation… » Entre le bruit, la surprise, et tout le brouillard et la fumée, j’allais avoir la paix pour au moins une minute. « Et bien on peut dire que la réaction observée est très exothermique. L’eau s’évapore et au contact de l’air froid ambiant se condense instantanément en fines gouttelettes d’eau en suspension donnant ce joli brouillard blanc. » Tout en parlant à voix haute je notai sur mon cahier "2KMnO4(s) + 3 H2O2(aq) → 2 MnO2(s) + 2 KOH(aq) + 3 O2(g) + 2 H2O(g)". Je me redressai en tapotant mon cahier, La formule parle d'elle-même, tout pouvait prendre feu à tout moment. « Hm… Un dégagement de dioxygène, ce qui explique pourquoi je me sens tout euphorique, un peu plus léger… »
J’étais toujours tout propre, j’avais phasé intégralement au cas où. Je ferai mieux d’aérer la pièce, ce con de Jim pourrait foutre le feu au labo. Je me dirigeai vers la fenêtre pour l’ouvrir.

Il était bavard, c’était bon pour moi ça. Plus il parle, plus j’ai matière à le mener en bourrique. Je l’observai attentivement, le moindre muscle de son visage passait sous le scanner intransigeant de mes yeux bleus.
Le prendre de haut, et blesser son égo l’énerve. Je n’apprends pas grand-chose… A part que… ce principe s’étend aussi à son intellect… Bon je ne veux pas dire, mais ce n’est pas lui qui a été diagnostiqué comme étant HP-HQI… Pour ma part je n’ai rien à prouver donc je reste calme.
Hmmm… J’avais une idée de son don, il commençait à me donner plus d’informations, bon à savoir. Toujours dans l’indifférence la plus totale, après avoir ouvert la fenêtre je me retournai vers lui. Il pouvait m’insulter autant qu’il voulait, ça ne me touchait pas le moins du monde.

Je l’écoutais, essayerait-il de me faire chanter ? De me menacer ? Intéressant… Je l’écoutai tout en rangeant mes affaires dans mon sac, qui étaient intacts car sous la table ou derrière-moi durant mon … expérience chimique. Affaires rangées, je posai mon sac sur un tabouret que je tirai de sous la table.
Qu’attend-t-il de moi ? Il me provoque en évoquant Blaze… Il est au courant pour nos échanges… buccaux. Pfff et alors.
Je m’approchais de lui d’un air toujours aussi nonchalant, c’était peut-être ça qui l’agaçait ? Je suis un peu surpris, je dois l’avouer, de voir quelqu’un me porter autant d’intention, c’en était presque flippant. « … Tu veux que je te file des photos de mon enfance ? Histoire d’alimenter l’autel en mon honneur que tu as érigé dans ta chambre. Je pensais que le grand Adler était hétérosexuel. Tu te remets en question en me voyant ? C’est ça qui te fout tellement les boules quand tu me vois ? Désolé je préfère te stopper tout de suite au lieu de te balader sans répondre à tes LMS. Comme tu le sais mon truc c’est les femmes. Et ça tu es mieux placé que quiconque pour le savoir, hein. » Je lui offris un petit sourire normal, sans artifice tout en tapotant son épaule. Ce n’est pas pour autant qu’il était sincère mais ça il n’est pas obligé de le savoir.

« Mais bon après, je peux faire de la déduction de base, en supposant que ton don possède un rayon limité… Pour un goret dans ton genre étant en A… Je suppose que tu peux détecter toute personne étant dans le pensionnat. » Je m’approchais un peu plus de lui avec un sourire en coin, et je me mis à parler bassement, ici les murs ont des oreilles. « Donc… Soit tu étais dehors après le couvre-feu tout comme moi, pour savoir que j’étais avec Blaze. Ouais hein, je sais quand on bluff ou non, je ne vais pas me décrédibiliser en mentant sur un fait que je sais connu. Donc soit tu étais toi aussi dehors après le couvre-feu, ou bien… Toi aussi tu as “fréquenté“ Blondie. Dans les deux cas… Bon je ne vais pas te faire un dessin hein. » Je passai mon pouce sur sa joue, prêt à phaser et à utiliser une prise de judo s’il comptait répliquer. « Ne bouge pas sweetheart, tu as du violet ici… … ça ne part pas… Va falloir passer sous les douches Jimmy… » concluai-je d’une voix faussement mielleuse.
Je l’observais toujours aussi attentivement. Je ne voulais pas en rater une miette. Il me tourna le dos et il fit mine de partir. J’en profitais pour prendre du permanganate en poudre que j’étalais autour de moi, plus ou moins là où la salle était encore blanche. Et je versai du peroxyde d’hydrogène sur la poudre au sol, ce qui rendait le carrelage violet… Autant y aller jusqu’au bout.

Matthew se retourna avant de quitter la salle « Vu que Monsieur aime bien les petites B, il se sentira peut-être bien mieux en leur compagnie ? », je levai la tête, et je lui fis une mimique du genre… Non j’déconne, j’étais toujours aussi impassible. « Hein tu disais ? Je finissais le travail, autant capturer le labo pour la GdC… » Je continuai à verser de l’eau oxygéné sur ma paillasse pour finir de colorier la salle.
Et je me retournai de nouveau vers Matthew. « Et ta mère elle est en B ? Hein Jimbo ? » lui dis-je sur un ton sérieux… Joshua ! On avait dit : pas les mamans, rho ! Ce n’est pas vraiment british tout ça… Je l’observai, je savais déjà ce que j’allais faire.

Sans même attendre qu’il ne réagisse, je me jetai sur la porte en phasant à travers Matthew, et je poussai le pêne dormant dans la gâche avec ma main phasante. Nous étions enfermés dans la salle, et sans la clé… Impossible de sortir. Toujours en phasant, je me mis à courir vers le mur de la salle. Il était recouvert de permanganate séché.
Avant de phaser à travers le mur j’adressai un clin d’œil à Matthew. « Je n’aime pas être au-devant de la scène, je te laisse t’approprier l’exploit, le grand Adler qui a capturé seul le labo, et puis ce sera moins embarrassant que la vérité. ».

Je phasai à travers le mur et je m’enfuis sans prêter attention à ce qu’il avait à dire. Et je descendis en phasant partiellement dans le mur, pas vu à l’extérieur, ni à l’intérieur. Heureusement qu’on était au premier étage, je n’avais pas eu le temps de prendre mon inspiration. Je laissai dépasser discrètement mon visage pour observer les alentours. Personnes je retirai mes gants, j’ôtai ma blouse que je rangeai dans mon sac ensuite j’enfilai la veste de mon uniforme. Matthew devait être en train d’observer à la fenêtre, je longeai le mur du bâtiment, avant de tourner à droite à l’angle. Hop, disparu ni vu ni connu.
Les élèves de corvée étaient en train de vider les poubelles, je jetai discrètement ma paire de gant dans leur sac pile avant qu’il ne soit recouvert d’une pile d’ordure.

Il devait être neuf heures moins cinq. J’hâtai le pas pour retourner au premier étage devant le laboratoire. Deux élèves de ma classe commençaient à faire la queue. Dommage que Clarissa ne soit pas en physique/chimie… Je lui raconterai tout ça quand je la verrai à la pause déjeuner. « La porte est fermée ? » L’un d’entre eux se retourna et me répondit « Gnnnnnnnn bah nan, on a cours dans le couloir ! Pfff, sérieusement Pierce tu peux être vraiment con des fois… ».
Je pris sur moi. C’était tout ce que je voulais, que l’on remarque ma présence. Je m’adossai contre le mur et j’attendis. Le professeur de chimie passa devant nous et déverrouilla la porte. Il l’ouvrit et entra dans le laboratoire. « Bordel de merde ! » … J’y étais allé un peu fort non ?
Tout était prévu depuis le début… je fais toujours plus de dégât quand je débarque avec un plan détaillé... Je devrais peut-être m’en tenir à l’improvisation…

Un élève court dans les marches je l’entends. Et si c’était Matthew ? Pourquoi pas… Je fixais le sol dans rien dire, j’attendais qu’on ouvre la porte. L’élève qui courrait s’approchait. Il était essoufflé. « Salut Pierce, bien dormi ? » je l’ignorai. Il s’était changé, ses vêtements n’étaient pas à sa taille. Il a dû les prendre à un sportif, enfin quelqu’un de plus consistant que cette crevette.
Un bruit sourd assez fort attira mon attention, le même que lorsque j’ai attaqué Matthew avec mon erlenmeyer. Un tour de passe-passe de base je suppose. De toute manière il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très élaboré venant de la part de ce singe.
Je n’avais pas besoin de regarder dans la salle pour comprendre ce qui s’était passé. Mais les autres étaient surpris. « Bah Pierce, toi qui sait tout, tu dois bien avoir une idée de ce qu’il se passe ? », sa voix portait intentionnellement, je restais impassible fidèle à moi-même. Je ne répondis pas.

Matthew s’approcha de moi, je phasai comme par réflexe, je reculai d’un pas, mais c’est quoi son problème ? Il venait d’essayer de me toucher ? Il reprit mes paroles. Avant même qu’il ait fini son mouvement, j’attrapai fermement son poignet tout en bloquant son index. Tatatata… Je ne vais pas te laisser effacer cette preuve accablante.
Je lui chuchotai discrètement et tout à fait calmement. « Je te rappelle que je peux t’arracher le cœur à tout instant. ». Le professeur de chimie s’en alla. Je m’approchai de nos camarades tout en tirant fermement Matthew par le poignet. « Regardez, ce qu’il a sur le doigt, c’est du permanganate de potassium, c’est ce qu’il y a partout dans le laboratoire de chimie. » Je tirai avec force Matthew vers les autres A en leurs montrant son index violacé. « C’est nous qui avons fait ça. J’ai voulu capturer le laboratoire pour les A. Matthew aimant se faire remarquer a, à tout prix, voulu s’en mêler et… » au fur et à mesure que nous parlions un bruit de talon se faisait de plus en plus entendre, j’avais un mauvais pressentiment. « … ayant de la peine pour lui, je l’ai laissé m’aider. Bref, mais avec lui dans mes pattes, je n’ai pas eu le temps de finir la capture… ».
Un raclement de gorge tristement familier. C’était ELLE. Je n’avais pas répondu à son LMS contenant son parfum. Je ne suis pas allé récupérer ma chemise. Je l’évite du mieux que je peux. Je l’ignore quand je la croise. Bref c’était j’en étais sûr. Je ne prenais pas la peine de me retourner vers elle. Avant de libérer Matthew de mon emprise je lui chuchotai « Tu aurais pu me prévenir qu’elle était en route... »