Une simple journée .... ( PV Warren)

Une heure de creux à passer, comment puis-je bien la passer ?
Peut-être devrais-je aller voir Liam-senpaï ? Quoique, je ne veux pas vraiment de massacre aujourd’hui, imaginez le carnage si je me fais harceler par des classes supérieurs alors que Liam est là… en parlant de classes supérieures, pourquoi pas Aslinn de la classe D ? Je veux dire, elle ne me brutalise pas elle ! Mais… oui, elle m’embarquerait dans ses héroïques aventures aussi, et je n’ai qu’une heure de permanence, ce qui n’est pas suffisant pour jouer le rôle d’un héros. Si je sèche, je me ferais sûrement taper sur les doigts par Madam–ademoiselle Shneider. D’ailleurs, pourquoi ne pas lui rendre visite à elle ? Je veux dire, à chaque fois que je la vois, c’est pour me faire punir, ce serait bien un peu de changem–… oui, en fait non, elle penserait sûrement que je serais là pour me faire punir, et je la mettrais sûrement de mauvaise humeur du coup, ce qui fera que je me ferais punir en allant la voir. Alors, au final, qui ?
Ranker ? Non, évidemment… après tout, je ne sais jamais où il est, et je ne le vois que quand il apparaît de lui-même. Il n’y a plus personne alors… enfin si remarque.
Mais… ces cheveux roses devant moi, ils me font justement penser à… !

« WOUHA ! QU’EST-CE QUE… ?! »

J’ai glissé sur quelque chose, mais quoi ?! Je regarde le sol en chutant en tentant de me rattraper à quoique ce soit sans savoir ce que c’est, et je vois sur le sol une…

« UNE PEAU DE BANANE ?! »

POURQUOI ? Pourquoi une peau de banane sur le sol du pensionnat ?! Mais pourquoi donc ?! Enfin bref, j’ai tenté tant bien que mal de me rattraper à quelque chose, j’ai failli attraper quelque chose, mais je ne fais que traverser cette chose sans m’y rattraper, et je suis au final, tombé. Je suis un peu confus, étourdi, mais j’arrive à me relever pour me mettre en tailleur afin d’être dans une position plus décente pour souffrir de ma chute. Mais là, j’arrive à entendre qu’on me salue et me demande mon identité : sûrement une âme charitable venu à mon aide. Et alors que je m’apprête à répondre, voilà que de la même voix, bien que difformée à cause d’une forte hausse de cette voix, on me crie dessus. Enfin, je suis habitué… non, en fait, pas du tout, et je me fais souffler par ces réprimandes.
Cependant, j’ai tout de même un automatisme pour répondre à ça !

« Désolé, désolé, désolé ! »

Dis-je en me courbant mille et une fois tout en me tenant la tête, en signe d’excuse et surtout, de soumission à la colère divine de mon interlocuteur. Interlocuteur que je n’ai d’ailleurs toujours pas vu, éternellement étourdi par ma chute ? J’ouvre alors les yeux pour revoir les cheveux roses qui m’avaient fait penser à Phoenix qui ornent le visage d’une ravissante fille… déformé par la rage. Je ferme automatiquement les yeux, effrayé par ce visage colérique. Et en rouvrant les yeux, je vois qu’elle s’est calmée et que je peux enfin apprécier sa beauté calmement… heureusement pour moi !
Elle me présente alors ses excuses en s’inquiétant pour ma santé au passage. Je ne suis pas habitué à ça, et je ne sais pas comment répondre, donc je me tais pendant un moment, bouche bée. Mais c’est alors que je me rends compte qu’elle a la main tendue vers moi, et je me réveille.

« Ah non, non, c’est moi qui suis désolé, je suis fautif dans l’histoire, j’ai touché tes cheveux, et c’est connu que les femmes détestent par-dessus tout que l’on touche à leurs cheveux, donc c’est moi qui te présente mes plus amples excuses. »

Dis-je avant de marquer une pause avant de finalement me rendre compte que je dois saisir cette main qu’elle m’offre. Je tends alors ma main vers celle-ci, mais m’arrête un instant, un peu suspicieux à cause de la peur qu’elle a provoquée chez moi en me criant dessus. Enfin, je ne pense pas que je dois me montrer si suspicieux envers une jeune fille qui offre son aide. Je la prends donc pour me relever, et une fois relevé, je dégage la saleté de mes vêtements.

« Hum, encore désolé pour avoir touché à tes cheveux. Je ne peux pas savoir ce que tu peux ressentir, mais malgré ça, je comprends ta colère. »

Continuais-je à dire tout en affichant un sourire béat pour apaiser un peu la jeune fille, même si je l’énerve peut-être. Je me rends bien vite compte que j’ai encore oublié de répondre à ses questions.

« Ah euh, tu m’as posé des questions aussi. Oui, je vais bien, ne t’en fais pas pour moi, plus de peur que de mal. Et tu m’as demandé mon nom avant de, hum… exprimer ta colère si j’ai bien entendu ? Je m’appelle Warren. Warren Andersen, enchanté, et toi ? »

Oui, plus de peur que de mal, en effet. Elle m’avait davantage effrayé que je n’aie eu mal à cause de ma glissade. Enfin, c’est compréhensible. Je suis un peureux après tout. Je tends cette fois-ci ma main à sa place pour la saluer.

Elle me serre la main que je lui ai tendue et je réponds en arborant un sourire, moins naïf que le précédent cette fois-ci. Une fois sa main serrée à la mienne, elle s’excuse à son tour pour m’avoir fait peur. Ça a donc été si évident de voir que j’avais eu peur, j’ai donc si peu de carrure… Hm ? Un professeur ? Comme un professeur particulier ? Ou bien parle-t-elle tout simplement d’un de ses professeurs ? Enfin bref, elle retire sa main et se… recoiffe ? Oui, effectivement j’ai dû la décoiffer. Elle regarde aux alentours. Sans doute pour voir si l’on n’a pas trop attiré l’attention avec ce petit accrochage ? A vrai, il n’y a personne autour de nous, les élèves doivent tous être enfermés dans les salles de l’étage, espérons que l’on ne les ait pas dérangés par ma faute.
Elle présente alors son nom complet. Nepheny ? Ce n’est pas australien en tout cas ça, c’est sûr. J’aurai dit allemand à cause du « Von », mais « Serenity », c’est anglais donc. Enfin, les origines ne sont pas vraiment importantes ici j’imagine. Elle m’annonce par la même occasion qu’elle vient d’un futur de 10 ans et que vu qu’elle a 16 ans maintenant, celle du présent en a 6. On a donc le même âge ! Non, attendez ce n’est peut-être pas la remarque que je devrais me faire…
Le futur ? Elle a 16 ans, mais aussi 6 ans ? Donc il y a deux « versions » d’elle si je puis dire ? LE FUTUR ?! Ça existe comme pouvoir ça ?! J’ai un pouvoir spatial d’accord, mais je ne pensais pas que les pouvoirs temporels aussi puissants que celle qu’elle a existaient ! Quoique… mon pouvoir est en soit assez puissant, excepté le fait est que je ne sache pas m’en servir du tout… mais je n’eus pas le temps d’exprimer une réaction par des mots, de nouveau bouche bée et elle me tira vers une salle, vide d’élève elle.
Encore heureux, j’aurai sans doute crié qu’elle vient du futur dû à la surprise si j’avais pu m’exprimer, et apparemment, ce n’était pas ce qu’elle voulait… ce qui est assez évident en fin de compte. Puis, malgré un sourire, les larmes coulaient.
Je fus directement alarmé par la situation : c’est vrai, je ne suis pas du tout habitué à ce genre de situation ! Comment est-ce que je peux la régler ? Je m’agite et des mouvements involontaires se font, ne sachant pas quoi faire, je ne fais que bouger les bras n’importe comment sans objectif précis.
Elle commence à sangloter, mais retient de gémir trop fort en mettant la main devant la bouche, et c’est sérieux là. Je dois agir en conséquence. J’ai beau être un trouillard maladroit, ça ne devrait pas m’empêcher de l’aider. Mais comment faire ? Je ne sais pas, mais j’agis selon le fil de mes pensées et fais la première chose qui me vient à l’esprit : je pose mes mains sur ses épaules et déterminé, je lui parle afin d’essayer de lui remonter le moral.

« Je ne sais pas comment t’aider. Enfin si, mais je ne risque pas de pouvoir t’aider en répondant à ta question ; non je ne connais pas de Drake. Mais je ferai tout pour t’aider, je te l’assure. Je ne suis peut-être pas très utile, mais je ferai de mon mieux malgré tout… déjà, je peux te promettre de n’en parler à personne, je ne suis pas du genre à faire ma commère de toute façon. Ensuite, je peux t’aider à récolter des informations sur Drake, je suis délégué donc je dois bien avoir accès à davantage d’informations. Mais si tu as besoin de quoique ce soit d’autre, n’hésite pas à demander. Je ferai des recherches sur la personne que tu cherches dès que j’en aurai l’occasion. »

Je ne promettais pas de résultats, donc peut-être que ce n’était que des paroles en l’air, mais je ne préférais pas la décourager alors qu’elle était en train de sangloter. Sans doute étais-je en train de lui donner des faux espoirs, mais j’estimais que c’était mieux que de la laisser pleurer pour l’instant. Et puis, l’espoir fait vivre, donc j’espérais qu’elle reprendrait du poil de la bête en entendant ces paroles. Enfin, il y avait une certitude dans tous les cas : je lui fournirai toute l’aide possible.

« Enfin. J’imagine que si tu es si triste, c’est que tu ne peux pas rentrer chez toi et que tu as déjà tout tenté pour rentrer chez toi… mais est-ce que ça t’aiderait que je fasse un topo de ta situation au personnel du pensionnat ? D’ailleurs, je pourrais par la même occasion voir si, dans les élèves ou dans le personnel, quelqu’un peut t’aider à rentrer chez toi. Ou bien, est-ce c’est déjà réglé et que personne ne peut t’aider plus que ça ? »

Côté personnel, j’aurai pu voir avec Mlle. Shneider ou bien M. Wolf, enfin c’était si elle en avait besoin et si elle voulait bien que j’informe l’administration de sa situation. Peut-être que certains adultes voudraient connaître leur futur d’ailleurs… enfin, je doute que ce soit le genre de Mlle. Shneider… quoique… peut-être que question homme… mais ! M. Wolf lui ! Ce ne doit pas être son genre, assurément ! … enfin je crois, je ne le connais pas bien pour dire toute la vérité… et moi ? Non ! Ce n’est pas le moment pour ça. Qui plus est, elle n’aimerait pas ça, donc ce ne sera jamais le moment. Au pire, je ne dois pas avoir un futur bien brillant, donc ça ne m’intéresse pas… même si j’ai peur du futur, je dois l’admettre. Mais apparemment, ça n’a pas l’air d’être la fin du monde. C’est l’important.

Davantage de larmes coulent. J’ai fait une erreur ? Mon assurance disparaît d’un coup ! Je commence de nouveau à m’alarmer, à m’agiter dans tous les sens sans pouvoir balbutier un mot.
Puis, elle me prend la main et le tient. Qu’est-ce qu’elle va faire ? Enfin, elle semble prête à pouvoir parler et à cesser de pleurer par la même occasion. Espérons que je n’ai rien fait de mal.
Les enseignants sont donc déjà à courant. Et apparemment, seule une personne bien précise peut l’aider : je ne suis donc d’aucune utilité si ce n’est pour rechercher la personne dont elle parle. Mais le professeur à qui elle pense et le susnommé Drake seraient-ils la même personne ?
Avant de répondre à mes suppositions, elle lâcha mes mains pour se diriger vers les instruments de la salle de musique dans laquelle j’étais entré avec elle sans m’en apercevoir. Elle se dirigea vers un instrument en particulier : le violon, joua un air que je suivis attentivement de l’oreille après avoir suivi Nepheny du regard lors de son court trajet. Sa façon de jouer était douce et sonnait bien à mon oreille, moi qui n’étais pas allergique à ce genre de musique.
Elle sèche ses larmes et me sourit. Elle semble radieuse, si je ne l’avais pas vu pleurer, je n’aurai pas cru que c’est ce qu’elle faisait il y a un morceau de musique avant. Enfin, l’important c’est qu’elle semble plus heureuse malgré mon inutilité flagrante dans cette situation.
Elle m’explique alors sa situation plus en profondeur, tout en répondant sans le savoir à mes suppositions : pour une fois que je suppose bien. Une fois ceci de fait, elle range le violon, s’incline et me demande des informations me concernant car il est vrai que je sais beaucoup de choses sur elle qu’elle ne sait pas. Je riais une nouvelle fois béatement tout en me grattant la tête : je n’étais pas habitué à recevoir des excuses comme celles qu’elle venait de donner par deux fois, bien qu’à la deuxième reprise, ce n’ait été que politesse ; je n’étais pas non plus habitué à la politesse.

« Inutile de t’excuser voyons. Face à tes problèmes, ma vie n’est rien qu’un long fleuve tranquille. Je n’ai pas du tout de famille ici, et concernant mes amis, eh bien… je ne suis pas vraiment populaire à vrai dire. Enfin, je sais que je peux compter sur des gens, bien qu’ils soient un peu… comment dire ? Spéciaux. Remarque, tu me diras qu’au vu de nos dons, c’est normal que nous soyons plus spéciaux les uns que les autres, mais je ne suis pas habitué à ça. Mais tu dois le savoir, j’imagine que dans le futur, c’est la même chose. »

Rapidement, je pris compte de la curiosité qui m’avait frappé sans que je ne le sache et tentai de réparer l’erreur au plus vite, de peur qu’elle soit attristée par mes propos.

« Heu ! Nan, ce n’était pas une question à propos du futur ! J’ai compris ta réticence à en parler, et je la comprends. De plus, le futur m’effraie plus qu’il ne m’intéresse… à vrai dire, je suis effrayé par la plupart des choses en ce monde, ce qui m’empêche d’apprécier la vie autant qu’elle se doit d’être, mais je ne suis pas dépressif, loin de là, j’apprécie de vivre même si je m’avère être un grand trouillard… d’ailleurs, étant si peureux, je doute avoir le courage d’assumer les responsabilités d’un amour adolescent. Mais je tente d’avoir un peu plus de courage en portant sur mes épaules le poids d’être le délégué de la classe E, même si c’est plus un honneur qu’un poids… quoique. Enfin non, je ne vais rien dire, j’ai peur de me faire taper sinon. »

J’avais parlé de moi, la parenthèse était close, épiloguer sur ma vie n’aurait servi à rien lorsque Nepheny était une fille venant du futur qui semblait perdue. J’enchaîne donc une fois cette parenthèse de fermée avec d’autres questions.

« Sinon. Tu dis que ton professeur Drake avait un don… il se peut donc qu’il soit actuellement au pensionnat, mais comme je te l’ai dit, je ne connais malheureusement aucun Drake, donc peut-être qu’il n’y est pas. Cependant, comme tu connais son don, peut-être peut-on interroger les élèves avec un don semblable, s’il y a une chance de débusquer Drake… je pense pouvoir acquérir la liste des élèves détenant ses pouvoirs, la veux-tu ? Ah, et concernant ton cousin, j’imagine que tu ne veux pas le rencontrer… enfin, ce n’est qu’une supposition ! Libre à toi de le rencontrer ou pas, je ne suis pas très familier des effets papillons, donc je ne sais pas si ce serait grave ou pas de le rencontrer… enfin, si tu veux le voir, je peux peut-être vous présenter, surtout s’il est de la classe E ! »

Ou pas. La classe E est à la fois celle que j’affectionne le plus étant leur délégué, et à celle fois celle qui me terrifie le plus, étant leur délégué aussi.

« En fait non, ça n’arrangerait rien peu importe dans quelle classe il est. Mais je peux toujours le trouver dans tous les cas. Concernant ta famille, peut-être peux-tu demander à l’administration une aide pour aller les voir à notre époque… quoique, encore une fois, je ne m’y connais pas en effets papillons, mais je suppose que l’on peut au moins t’accorder ça… »

J’étais assez incertain concernant sa situation, mais j’étais malgré tout optimiste, et si elle pleurait encore, je me devais d’être encore plus confiant… oui, je gardais espoir concernant sa situation, même si je serais sans doute terrifié à sa place. Il est heureux que je ne sois pas à sa place, mais aussi malheureux que je ne puisse pas recevoir sa souffrance et pleurer à sa place, moi qui suis déjà un grand pleurnichard…