Un cours un peu différent ( PV Malcolm)

Le réveil n’avait pas été facile. Toujours aussi brutale qu’habituellement. Un réveil qui retentit subitement, et une main qui s’abat dans un grognement lourd sur celui-ci. Quelques secondes suivent, et un jeune garçon se réveille finalement, se levant avec une tête de déterrer. Beaucoup de personnes prendraient peur en voyant un tel visage. Oui, car Lester n’était pas très beau à voir au réveil. Un regard assassin et une humeur à en faire fuir les filles. Oui, le matin, il mourrait de faim. Un véritable dragon miniature, quoi ! Il se gratta dans un rictus assez lent le ventre d’une main, pour ensuite bailler comme un ogre.

Visiblement il était le dernier à se lever, comme d’habitude. Il prit donc une rapide douche histoire de bien se réveiller, et ensuite il profita pour se laver les dents et se changer. Il enfila bien évidemment le bon vieux uniforme, mais il avait décidé d’enlever cette fichue cravate qui ne lui plaisait pas vraiment. Et puis en général il ne la mettait pas correctement alors bon. Une fois prêt, il prit ses affaires et sortit bien rapidement pour aller dehors et prendre l’air. Il détestait rester enfermer trop longtemps, fallait qu’il bouge lui, tout de même ! Il bougeait beaucoup même.

C’était un jour où, par chance, l’un de ses professeurs était absent. Enfin ! Un jour qui serait moins long ! Il commençait donc deux heures plus tard, il avait même le temps de prendre un bon déjeuner à la cantine sans se soucier de l’heure. Une fois qu’il s’était bien rempli l’estomac, il se dirigeait directement vers le complexe sportif. Pourquoi faire exactement ? Et bien il savait qu’il y aurait sans doute au moins une classe qui aurait cours là-bas et en général, il aimait bien voir ce qu’il pouvait s’y passer. Que ce soit des matchs de football, ou encore des courses ou autre.

Une fois sur place, il posa son sac au sol, étant un peu éloigné du terrain de foot, pour ensuite observer les élèves en plein match. Il était assis en tailleurs au sol, rien de bien spécial. Tout ce qu’il voulait faire c’était passer un minimum le temps, pour ne pas s’ennuyer trop longtemps en réalité. Et bien, cela pourrait au moins le distraire de voir certains débutant s’éclater au sol pitoyablement, c’était déjà ça, non ? Bon, ce fut cependant de courte durée, car leur cours semblait d’ailleurs se terminer bien rapidement. Peut-être avait-il prit trop de temps pour déjeuner ? Ce n’était pas vraiment impossible.

Alors qu’il se leva pour se diriger vers l’établissement scolaire, il fut surpris de se faire « percuter » par une jeune élève. Enfin, jeune, elle devait avoir un ou deux ans de moins que lui, tout simplement. Elle lui adressa directement la parole pour s’excuser. C’était bien rare par ici en tout cas, mais cela lui fit plaisir ! Il n’eut cependant pas le temps de répondre, qu’elle commença directement à se présenter. Et bien, on pouvait dire qu’elle avait été bien mieux éduqué que beaucoup d’autres élèves ! Plutôt amusant en fait. Il en profita d’ailleurs pour lui répondre évidemment.



« Lester Malcolm, classe E… 6ème année par chance. Et ne t’inquiète pas pour la bousculade va ! »

Il avait dit cela le sourire aux lèvres, alors qu’il remarqua que cette dernière était partit. Elle lui avait évidemment demandé de l’attendre le temps qu’elle se change. Il ne refusa pas, par simple politesse. Après quelques minutes, elle revenait assez rapidement dans sa direction. Lester lui, ne se doutait de rien, et se frottait la nuque, surpris qu’elle ne lui ait pas fait de mauvaise blague en fait. D’ailleurs, étrangement, elle avait également la même couleur de cheveux que lui… C’était déjà la deuxième personne qu’il rencontrait avec cette couleur bien précise… Quoi qu’il en soit, elle semblait avoir perdu quelque chose.

Son ruban, en effet ! Celui-ci était sur le point de s’en aller, mais par chance, elle le rattrapa du bout des doigts, pour finalement –et malheureusement- tomber sur le pauvre Lester qui tomba donc avec elle, se retrouvant allonger au sol, sous la demoiselle. Il était surpris de la voir d’aussi prêt, ça avait même eu pour effet de le faire rougir. Il détourna légèrement le regard sur le côté, un peu gêné malgré tout. Il avait beau être stupide, il y avait toujours un côté humain qui faisait qu’il se sentait un peu intimidé par les filles qu’il ne connaissait pas vraiment.

Il n’osait pas vraiment bouger, sur le coup, car il ne savait pas s’il devait la pousser sur le côté et ainsi se montrer malpoli donc, ou bien simplement attendre que ce soit elle qui se relève, en fait. Le plus gênant dans cette situation en fait, ce n’était pas le fait qu’elle soit tombée sur lui, mais bien le fait qu’elle se trouvait être mignonne. Assez embarrassant donc, lorsque cela arrive en général. Bref, il n’osait pas vraiment faire grand-chose, comme vous l’aurez compris. Il alla glisser une main dans ses cheveux, par rictus, pour ensuite se frotter le crâne légèrement.



« Fais plus attention à l’avenir… » Avait-il dit, les joues légèrement plus roses.

C’était plutôt surprenant de se faire percuter deux fois d’affiler par la même personne avec un intervalle de temps d’environ quelques minutes à peine… Décidemment, le destin pouvait nous jouer de sacré tour par moment ! C’était ce à quoi pensait Lester dans ce genre de situation. Même si « penser » n’était pas toujours facile pour quelqu’un comme lui. Dans tous les cas, il restait allonger, un peu timide malgré lui. Il pouvait voir les mains de la demoiselle à côté du visage, espérant qu’elle ne se soit pas fait trop mal en tombant. En fait pour l’instant, il n’avait rien remarqué de bien grave.

Elle venait de rire à sa remarque, qui n’était pourtant pas vraiment humoristique. À croire que même en étant sérieux il était con, pauvre de lui. Elle lui adressa ensuite la parole pour lui expliquer qu’elle était contente de ne pas avoir perdu son ruban. Visiblement c’était quelque chose d’important à ses yeux et il pouvait très bien le comprendre, vu qu’il en allait de même pour Lester avec son écharpe. Il ne dit rien sur le moment, lui adressant juste un sourire en guise de compréhension, alors qu’elle se releva. Il n’avait pas non plus fait attention à son genou qui semblait être douloureux.

Il avait légèrement détourné le regard, quand il constata qu’elle venait de lui tendre la main. Il hésita un instant avant de finalement saisir cette dernière et se relever, la gratifiant d’un léger « merci » au passage. Simple politesse après tout. Et d’ailleurs, elle aussi était très polie, car elle venait tout juste de lui demander s’il ne s’était pas fait mal quelque part. Fort heureusement pour lui, il était du genre coriace ! Ce n’était pas ce genre de petite chute qui allait lui faire du mal en fait. Il lui faudrait vraiment une chute d’un niveau bien plus élevé pour qu’il puisse réellement « souffrir ». Dur à cuir quoi.



« Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça ! J’suis coriace ! »

Avait-il répondu sur un ton jovial et le tout accompagné d’un beau petit sourire. Il remarqua ensuite cette dénommée Nepheny se diriger vers son sac pour le ramasser. Elle l’avait par la même occasion « inspecté » pour vérifier s’il n’avait rien de bien dérangeant. Visiblement, il était comme neuf, à son état natif. Tant mieux pour elle dans un sens, ça aurait pu être embêtant si jamais il était déchiré au niveau de la lanière ou on ne sait trop quoi d’autre. En bref, quelque chose de bien ennuyant qui aurait sans doute le même effet que pour toute les filles ; le fameux « kyaaaa ! » légendaire !

Finalement, elle lui avait posé une nouvelle question, cette fois déjà un peu plus concrète. En effet, que pouvait-il bien faire prêt du terrain de foot ? C’te question ! Il matait les jolies fesses des filles qui faisaient du sport bien sûr ! Euh… Éééééééénorme blague ! Il était assez con, donc ce n’était pas vraiment son genre de faire ça. Ou alors peut-être dans l’optique d’embêter les filles, mais bon, si elles ne le voyaient pas ce n’était pas marrant, oh que non. La raison de sa présence donc, elle était bien simple, c’était en effet qu’il aimait particulièrement le sport. Ça se voyait à son corps en même temps.



« T’as raison, j’avais pas cours. Comme j’avais du temps libre, je suis venu le passer en vous regardant faire du sport… Au moins ça faisait passer le temps. »

Finalement, après cette petite phrase, il eut une légère odeur qui venait le titiller au niveau du nez. Oui, même si elle souhaitait lui cacher, sans doute pour faire la forte, son odorat de dragon ne le trompait jamais : c’était bel et bien du sang qu’il venait de sentir. Il s’abaissa légèrement, se retrouvant accroupit au sol, posant ses avant-bras sur ses genoux. Il observa longuement le genou visiblement blessé. Même si ce n’était que léger, il ne fallait pas non plus laisser ça ainsi, ça pourrait s’infecter, autant prendre quelques précautions et essayer de « soigner » un peu ça.

Il posa lentement son sac au sol, pour ensuite l’ouvrir et en sortir une petite serviette, une bouteille d’eau, et de l’alcool désinfectant qu’il avait volé à l’infirmière. « Tché… Heureusement que j’avais pensé à voler ça pour me soigner tout seul après les bastons générales… » Avait-il murmuré légèrement. Bah oui, pour une fois, il se montrait un peu utile dans sa vie ! Bah quoi, ce n’était pas tous les jours qu’il pouvait être utile après tout, le pauvre… Il prit donc la serviette pour dans un premier temps, l’humidifier un peu avec sa bouteille d’eau. Une fois fait, il alla doucement poser cette serviette sur le genou blessé de Nepheny.



« Désolé si je te fais mal, mais vaut mieux s’en occuper… »

Une fois que les quelques saletés provenant du sol furent enlevées, il prit une nouvelle serviette, pour ensuite faire couler dessus deux-trois gouttes d’alcool désinfectant. Il la regarda ensuite d’en bas, souriant un peu, pour la rassurer. « Ça risque de piquer un peu, courage. » Après quoi, il tapota légèrement sur l’égratignure, histoire de la désinfecter correctement et être sûr qu’elle ne risquait rien. Une fois terminé, il rangea tout son bordel dans son sac, tandis qu’il jeta dans une poubelle non loin les deux serviettes qui étaient totalement inutilisable désormais. Il revint assez rapidement face à elle en s’étirant ensuite.



« Tu ne t’es pas fait mal ailleurs j’espère ? »

Le jeune garçon savait comment se rendre attentif et serviable, ce qu’il venait tout juste de prouver à la demoiselle qu’il venait de rencontrer par surprise. Il s’était occupé de sa blessure du mieux qu’il pouvait, tout ça sans arrière-pensée évidemment. Tout ce qu’il avait fait, c’était lui rendre service d’une façon ou d’une autre, tout ça pour éviter que sa nouvelle petite blessure ne l’handicape pour le reste de sa journée ; ce qui serait bien dommage pour elle. Tout ce qu’il voulait c’était l’aidée, ce qu’il avait fait tout naturellement par conséquent. Mais bon, il ne fallait pas aller penser à tout et n’importe quoi.

Subitement, alors qu’il venait donc de jeter les crasses qu’il avait faites et également ranger ses affaires dans son sac, la demoiselle lui posa une question plutôt intéressante. En effet, comment avait-il fait pour constater sa blessure alors qu’il ne l’avait pourtant pas quitté une seule seconde des yeux ; le tout en restant concentré sur elle. En effet, comment avait-il fait ? Aha ! Bonne question… Et bien la réponse c’est… DEVINE ! Mwahahaha. Bon d’accord il lui laisserait le temps de réfléchir, et si elle ne trouvait pas, et bien il lui donnerait la réponse lui-même. Plus simple dans ce sens-là.

Finalement, elle avait abandonné. Assez rapidement à son goût, mais que voulez-vous, ce n’était pas forcément facile à trouver comme ça, surtout qu’on n’y pense que très rarement en général, c’était ce qu’il se disait. Essayer de se mettre à la place des autres était une chose qu’il faisait difficilement, parfois, il devrait pourtant commencer à s’y faire le petit. Bref, sans plus attendre, il prit la parole avec un grand sourire aux lèvres, le tout dans l’objectif de répondre à sa question bien simple.

« L’odeur ! Le sang à une très mauvaise odeur pour moi, alors j’ai facilement pu constater que tu t’étais blessée. Même si ce n’était que légèrement. » Lui avait-il donc rétorqué. Tout ce qu’il y avait de plus normal pour lui, étant donné que son odorat était bien supérieur à la moyenne. Chance ? Oui, dans certains cas, mais quand quelqu’un pue, c’est une toute autre histoire, là… Surtout certaines odeurs nauséabondes… Dans ce genre de situation, il avait plus envie de disparaître ou même de se couper le nez, en fait… Comme quoi ça pouvait être une véritable plaie.

« Si tu veux tout savoir, c’est dû à mon ADN, j’ai une ADN de dragon du coup bah… mon odorat est bien plus développé… Ça me donne aussi d’autres capacités évidemment. »

Un dragon avait certes des écailles, ainsi qu’une queue. Mais il possédait également des ailes ! Des griffes et surtout, des dents énormément grandes. Mais cela ne voulait pas dire qu’un humain qui possédait seulement de l’ADN de dragon était censé avoir identiquement la même forme que ces créatures mythiques. Il se frotta la nuque lentement, ne sachant trop comment expliquer le fait qu’il n’était pas physiquement « plus ressemblant » à ces bêtes. Après tout, c’était trop compliqué pour pouvoir l’expliquer aussi facilement pour quelqu’un comme lui ! Il était bête, mais il savait juste qu’il avait raison à son sujet.

Oui, il n’était pas « totalement » humain, mais après tout, qui l’était dans ce pensionnat ? Personne. Alors il se sentait chez lui. Bref, il s’apprêtait à répondre, mais elle continuait à parler. Cette fois elle décrivait un peu ce qu’il en était de son pouvoir à elle. Elle était capable de voyager dans le temps, en voilà un de pouvoir bien spécial ! Nepheny disait provenir du futur. How, rien que ça. Si elle devait lui expliquer comment marchait son pouvoir, je pense sincèrement qu’il y aurait une implosion direct du cerveau de Lester, ce qui serait fort embarrassant, déjà qu’il ne s’en sert pas beaucoup à la base.

Pour ce qui était de l’odeur du sang, non, il n’aimait pas. Et puis, il était humain avant tout ! Ce n’était pas un cannibale le pauvre ! « J’ai peut-être des gênes de dragon en moi, mais cela ne fait pas de moi une bestiole non plus. J’aime la viande, mais pas de là à aller te lécher le genou si tu saignes ! Et physiquement, ce qui change réellement chez moi, c’est mes canines, c’tout. » Oui, elles étaient légèrement plus pointues qu’à la normal, mais ça, ce n’était qu’un léger détail après tout. Et surtout, ce n’était qu’à peine visible.

Subitement, sans même lui laisser le temps de comprendre quoi que ce soit, la jeune fille l’attrapa par le bras pour ensuite disparaître en sa compagnie plus loin, comme si elle cherchait à fuir quelqu’un, ou quelque chose, il n’en savait rien. Cela ne le regardait sans doute pas, il ne devait pas être concerné par ce genre de choses. C’était pour cela qu’il avait gardé le silence total durant quelques secondes, avant de constater qu’elle ne levait le regard vers lui avec un air un peu… Mélancolique. Elle avait les joues rouges, ce qui le surprenait en réalité. Était-elle du genre assez timide ? Ou bien était-ce pour une autre raison ?

Elle commençait à s’excuser, laissant finalement des larmes coulées de ses yeux. Il écarquilla les siens, surpris de la voir dans un tel état de détresse. Il n’était pas doué avec les filles, dans son genre, alors il ne savait pas vraiment comment il devait réagir au fond. C’était la panique et le bordel total dans sa tête ! Et soudainement, oui, comme ça, pouf ! Deux neurones se touchèrent. Il sortit rapidement de son sac un paquet de mouchoir, pour ensuite en sortir un et lui sécher ses larmes. Une fois que c’était fait, il jeta ce morceau de tissu, se frottant la nuque.

« Qu’est-ce qu’il t’arrive au juste ? Pourquoi tu pleures d’un coup comme ça ? »

Il soupira légèrement, à la suite de ces quelques mots et sans même hésiter une seule seconde, il attrapa sa main pour ensuite se diriger vers un banc qui ne se trouvait quelques mètres d’eux. Il s’assit, tout en la faisant s’asseoir également, la regardant ensuite. Oui, peut-être qu’elle se sentirait plus à l’aise pour lui parler si elle était assise que si elle était debout. En tout cas, c’était comme elle le sentait, si elle n’avait pas l’intention de lui en parler, il pourrait très bien comprendre ; après tout, il n’était pour elle qu’un jeune inconnu faisant parti de son pensionnat, tout simplement.

« Enfin, si tu veux pas en parler, je comprendrais… » Autant le préciser, on ne sait jamais après tout.