Smoke weed everyday ~

M

on pas assez lent me donne cette démarche nonchalante que j'aime tant. Je m'arrête quelques instants pour farfouiller dans ma vielle sacoche en toile toute distendue. Je sors une cigarette de mon paquet et la glisse machinalement entre mes lèvres. Je range - ou plutôt lâche - mon paquet dans le fond de mon immense besace en jute et continue mon périple. Je cherche dans les poches de mon short un peu trop court, un briquet. Poches avants, poches arrières, toutes vides, je farfouille donc dans les poches de ma veste ( ma tenue ) vide aussi... Je mords le filtre de frustration. Il craque un peu entre mes dents, puis elle finit posée derrière mon oreille en désespoir de cause. Je pose ma sacoche sur le sol ou du moins ce qu'il en reste tellement elle est usée par le temps. Elle s'écrase mollement sur le sol l'air de rien sur mes converses, je m'assois à côté telle une splendide sdf qui s'assume, je baille, encore, et encore, me décrochant presque la mâchoire. Une bande de nanas que je ne connais que de vus passent et me zieutent puis ricanent, j'esquisse un sourire et lève mon majeur dans leurs direction, ce qui fit disparaître leurs sourires aussi vite qu'ils étaient venus. Jouissif.

Est-ce vraiment nécessaire de dire qu'elles ont l'air aussi profondes que des moules sur un rocher ? - question rhétorique bien sur-. Les minutes défilent paisiblement, laissant le soleil mordre ma peau d'opaline. Une légère odeur inconnue vient me chatouiller les narines, le genre qui a du voyagé, le genre qui vous rappelle le manque de chez vous en quelques instants. Je me redresse lentement, saisissant mon sac au passage pour le glisser sous mon épaule.

J'arrive rapidement - ce qui m'étonne vu ma paresse naturelle - dans une allée qui longe elle même une autre allée et qui mène vers l'extérieur du pensionnat là où je ne vais strictement jamais. Je ne suis plus seule d'un coup. Une denrée rare se pointe alors à l'horizon : Un briquet, mon cerveau fait un bon et ma petite déesse intérieur pointe cet inconnu du doigt. En quelques secondes je me hisse dans son champ de vision avec ma mine de chien battue. Je sors la cigarette de derrière mon oreille et la re-glisse entre mes lèvres. Je pose mes grands yeux clairs sur ce jeune homme, mes mains retombent le long de mon corps et je demande alors de ma petite voix rauque et éraillée.

- T'aurais pas du feu à me lâcher ?

Je ne le quitte pas des yeux. Regard insistant sur sa personne afin de mieux le détailler... Sa peau à cette couleur ambrée qu'on ne voit pas par chez moi, ses yeux sombres ainsi que ses cheveux bruns... Je détaille tout ce que je peux voir. C'est quelqu'un d'assez grand - à moins que je sois vraiment toute petite ? - Le contraste de nos peaux me fait esquisser un sourire intérieur, ma déesse intérieure le dévisage presque bavante enviant se bronzage naturel qu'elle n'aura jamais -vive l'Alaska-. L'odeur que j'ai senti quelques minutes plus tôt revient me chatouiller les narines et une brise printanière, fraîche, saisissante, vient accompagner ce discret parfum.

Tout comme cet inconnu, cet arôme nous vient d'ailleurs. Ma déesse intérieure me dit alors de sa voix cristalline à la limite de l'agaçant : " Il te manque ton chez toi hein, tu n'as pas envie de revoir ta petite moman, l'odeur de ton petit chez toi aussi doit te manquer, ne me mens pas Zavialov, je le sais, je suis dans ta tête, je le sais.  Tu as envie de rentrer dans ta vielle maison et de sentir l'odeur de la bonne bouffe préparer par la ima. Oui je suis méchante, je suis ta conscience c'est pour ça. Je dis les choses qui gênent, qui dérangent pour que tu les affrontes et q.. " D'un revers de le main, je colle un morceau de scotch sur la bouche de cette garce pour qu'elle la boucle enfin! Penser à chez moi, c'est penser à mes souvenirs, et mes souvenirs amènent à des regrets et je ne veux rien regretter. J'attends donc simplement mon feu, toujours en fixant mon interlocuteur au bronzage splendide. Attendons, attendons, attendons.  

J

e continue de détailler mon interlocuteur, je suis subjuguée par cette couleur ambrée que sa dégage. Au moment ou je croyais que le briquet allé tomber du ciel, le jeune homme s'approche, se penche et colle la fraise de la sienne contre le tube de la mienne, elle crépite un peu et s'enflamme discrètement, j'inspire, aspire et savoure, le délicat et subtile parfum de nicotine rentre des mes poumons et j'esquisse un léger sourire doux.

Je remercie ce jeune homme et voit qu'il .. qu'il.. qu'il me matte, sans aucune impunité, je ne sourcille pas, en fait je m'en moque, ce sont des choses qui arrivent. De plus lorsqu'il m'avait demandé ma cigarette pour l'allumer, le son de sa voix laissée entendre un léger accent que je ne connais pas, mais ça ressemble à une petite musique douce qui carillonne dans mes oreilles, elle résonne encore quand il demande : " Tu t'appelles comment ? " Je me reprends et fixe ses pupilles et esquissant un sourire et en serrant le filtre entres mes lèvres.

- Nög, Nög Zavialov, dis-je ne le regardant du coin de l'oeil. Toi ?

Mon accent à moi a toujours été inconnu, on ne peut pas savoir d'où je viens et mon prénom n'a bel et bien aucun rapport avec mes origines, ceci ne m'amuse pas, mais je ne me sens pas forcément différente parce que je viens du pays des pingouins. La voix résonne à nouveau et demande cette fois ci : " Je vais sécher un peu. De toute manière vu ma classe le prof risque pas de m'en tenir rigueur si tu vois ce que je veux dire. " Ceci me fait sourire, je ne suis jamais allée en cours depuis mon arrivée ici, je n'avais même jamais rencontré un seul professeurs ou élèves, la liste scolaire, les devoirs, les gens, tout ces trucs ne sont pas pour moi. J'hoche la tête en esquissant un sourire et en arrivant à la fin de ma cigarette. Je regarde l'heure rapidement, je vais sans doute allée me fumer un méga. Je farfouille dans mon sac, sort des feuilles slims, mon grinder et une petite trousse, je fais des grands yeux quand je vois au fin fond de mon sac une boite d'allumettes, je souris intérieurement et me félicite moi même. Je lève un sourcil en direction de mon acolyte sans nom et le regarde.

- Vu que t'as rien à faire, tu veux péta le oinj avec moi ?

Je n'attends pas sa réponse et je m'assoie en tailleur à même le sol et commence à ouvrir ma petite trousse, je sors un morceau de carton que je roule et que je coince entre mes lèvres, je jette ensuite la fin de ma clope au loin.  Je farfouille une fois encore dans ma petite trousse et décide de sortir une tête, je la glisse dans mon grinder, une fois hachée, je sors la feuille slim et un peu de tabac, j'ouvre ensuite le grinder et mélange son contenu au tabac, je mets le tout dans la feuille, pose le toncar et commence à rouler, puis je relève les yeux vers mon interlocuteur, finit de rouler et tout en le regardant passe le bout de ma langue pour coller la feuille. Puis je penche la tête sur le côté, en sortant une allumette, glisse le pilon entre mes lèvres et l'allume, est-ce que cette personne va venir fumer d'la bonne weed avec moi ou partir sécher son heure de cour tout seul ?