Les requins roux ont du mal avec les rêves~[Leander]

Sortant de la bibliothèque de Prims' qu'il n'avait pas vu depuis des années, pour une fois depuis une semaine, il se sentait bien. Il sentait chacun de ses muscles détendus de façon agréable, débordant d'une vitalité et d'une fraîcheur mélangée qu'il tournait dans le même moule pour donner une impression très agréable. Il se sentait simplement bien et c'était assez rare pour être noté. Lui qui avait tendance à tourner les problèmes des autres environs 98 fois en têtes juste pour trouver une solution, là il ne pensait à rien d'autre qu'au héros d'une bonne saga qu'il s'était empressé de finir. Il n'y avait dans ce monde, rien de mieux que de se poser devant une nature environnante et de lire un vieux livre abandonné par là.

Aster rêvait de croiser un jour un endroit fait ainsi. A la manière des romans courtois, il espérait un paysage bien vert et un lac clairement verdâtre où la vase s'observerait mais de manière douce et agréable. Le genre d'eau où on apprécie mettre les pieds, en tout cas d'après le châtain on aimait. Lui, il en rêvait pourquoi pas les autres. Si on a rajoutait à cela une bonne marque celte et un médaillon qui pendait à l'arbre, cela rendrait la scène plus mystique. Il rajoutait mentalement un banc en pierre où reposerait un recueil de nouvelles diverses. Pourquoi ne pas lire ''le Robot qui rêvait'' d'Asimov Isaac dans ce vestige ancien? Le côté opposé serait très agréable.

Perdu, comme souvent dans ses douces rêveries, il percuta le poteau qui se trouvait étrangement sur sa route. Grognant et rageant sur la pauvre présence rocheuse qui rappelons le n'avait pas choisi elle d'être là, il se retourna sur une direction plus sûr. Non mais quelle idée de mettre un poteau dans un coin où personne ne passait en collant le mur n'est-ce pas? Affligeant cet enseignant...

Il ne prit pas plus la peine de se reprendre et se remit à avancer tout droit. Tout droit, sans regarder une fois de plus, il ne fallait pas trop en demander à un cerveau si quotidiennement surchargé par des pensées parasites. Chacun pouvait rêver à ce qu'il voulait, mais le faire dans un passage où tout le monde savait qu'il était peuplé, ce n'était pas vraiment la meilleure des idées. Cela, même s'il y pensa une demi-seconde, ne stagna pas dans son esprit pour autant.

Il repartit donc songeur s'asseoir mentalement dans le petit coin de paradis qu'il s'était créé. Alors que les oiseaux commençaient à chanter juste à côté de son oreille. Il se laissa partir à la relecture complète des nouvelles du grand Asimov. Que dire de plus que d'apprécier les mots, la beauté de la syntaxe qu'offrait le physicien. Il aimait cet auteur du plus profond de son cœur. C'était le créateur du genre d'anticipation après tout. Il sourit malgré lui.

Et releva la tête dans son rêve, ce qui le rendit à la réalité et bien évidemment pile au moment où il se prit une tête rousse. Espérant ne pas tomber, il se rattrapa au mur et ne réussit donc qu'à plaquer l'élève contre celui-ci de ce même lieu. Pourquoi s'être rattrapé au mur avec les deux mains en embarquant le jeune homme au lieu de se tenir à lui, avec une seule main...? Bon sang si après les rêves de l'homme, on essayait de comprendre le principe de ce corps... Vous me voyez déjà bien perdu...

Aster n'avait pas plus compris que le pauvre élève qui s'était visiblement vu surprendre par la manip' de son supérieur. Le châtain resta un instant perturbé. Il pencha la tête avant de vraiment comprendre dans quelle position il se trouvait. Mais la vérité c'est qu'il n'y trouva rien de si agressif pour qu'il se retrouve violenté oralement. Et puis pervers? Il n'avait fait que se rattraper. Il fit une petite moue et s'écarta doucement.

Il observa le garçon face à lui et se demanda si les roux aussi proches du rose étaient vraiment une bonne idée pour un garçon. C'était quand même assez perturbant, on ne croisait pas ça tout les jours. Et en plus, avec les joues ainsi rougies, il avait un petit air mignon qu'il ne devrait sûrement pas vouloir, surtout dans une telle situation... Il se demanda un instant comment réagir. Il n'avait pas envie de l'entendre crier à nouveau. Et il n'avait pas non plus envie que ça se passe mal.

Il remit ses vêtements comme il faut et prit sur lui. Pas la peine d'être désagréable, puis le calme restait la meilleure façon de faire.

''Je suis désolé. Ce n'était pas mon intention.''

Il déglutit et se laissa tranquillement à sourire. Il s'était un peu remis des ses heurts contre son poteau suivi du rouquin. Malgré tout, il avait l'esprit simple et ne voyait pas comment réagir autrement que par une courtoisie et un sourire... Bien que niais, avoue-le. Il n'avait pas besoin de faire grand chose pour qu'on le compare à un pauvre ourson dépourvu de toutes habilités néfastes. Actuellement, même après ce reflex fort déroutant, il n'avait pas grand chose de mauvais ou de ressentiments pervers sortant de lui. Il était simplement tranquille.

C'est ensuite dans une suite d'innocence qu'il continua son devoir et chercha à savoir l'état morphologique de l'étudiant. Étudiant qui le regardait toujours avec des yeux ronds, les joues rouges et qui semblait perdu dans un WTF total. Ce n'était pas sa faute à lui si son corps s'amusait à agir étrangement. Devait-t-on aussi s'intéresser à ce que devait faire notre corps? Que la vie était fastidieuse, s'inquiéter pour chacun était déjà assez dur. Si en plus on devait faire attention à où on avançait... Peut-être est-ce l'une des raisons qui faisait ses retards?

Peu importe, les étudiants n'étaient pas tout roses non plus et cela l'arrangeait bien. Il agrandit donc son sourire, légèrement aveuglant -se lavait-t-il les dents toutes les demis-heures?-. Sa main se posa gentiment sur l'épaule de l'autre.

''Est-ce que tu vas bien au moins? Je ne voudrai pas t'avoir fait mal.''

Comment ça il avait fait exprès d'éviter de répondre au pervers... Nooooon...!