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 Souvenirs, souvenirs~ Ou pas

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MessageSujet: Souvenirs, souvenirs~ Ou pas   Souvenirs, souvenirs~ Ou pas 1400359500-clockJeu 4 Sep 2014 - 19:12
"I'm only human,
And I crash and I break down.
Your words in my head,
knives in my heart.

On s’était croisés un peu par hasard. Mais je suppose qu’il savait déjà que j’étais dans le coin. Par Joach, je ne vois pas comment sinon. Ou peut-être bien Sarah ? Peu importe. Du coup, à ses côtés, c’est toujours pareil. Il y a comme cette irrésistible envie de fauter, se chercher des noises. « Embrouille-sous-roche ». C’est comme ça qu’on a fini tous les deux dans SON antre. Ex, devrais-je dire. On s’y est faufilés ni vu ni connu. Mais j’avais encore la clé et lui aussi, enfin, il a fait un double apparemment. Le fourbe.

Et c’est dans un grand mouvement magistral du type « Tadaaa ! » que Gautier me montre fièrement la propreté du local de la team basket. Tout est à sa place, rangé avec soin. Je souris légèrement en haussant les sourcils et lui fait comprendre que ouais, c’est bien, mais en même temps, c’est pas dur, vu qu’il n’est plus président, so…  Il rétorque que je chipote sur des détails et me pousse doucement pour m’embêter. Je lui rends la pareille. C’est machinal. C’est normal. L’habitude. Elle reste cette habitude. Le naturel qui revient en dribblant sur notre terrain de vie. Mon absence de trois semaines n’a pas l’air d’avoir entaché cela. Dans un sens, tant mieux. Ça me soulage. Mais je ne laisse rien transparaître. On n’est pas sérieux Gautier et moi lorsqu’on est ensemble. Peu importe les chamailleries, les fausses gueulantes. C’est souvent la détente qui prime, même si on part un peu au quart de tour. Gautier est drôle, Gautier est attachant, Gautier est un trublion de la vie, Gautier est chiant, Gautier est un emmerdeur, un empêcheur-de-tourner-en-rond. Gautier, c’est le PrésiGau de merde que j’adore. Mais ça, je lui dirais jamais. Parce que je suis sûre qu’il le comprend dans chacun des coups que je donne, dans chaque éclat de voix à son attention, dès que je le pousse un peu pour qu’il se bouge les fesses ou quand je lui fais un croche-pied et me retiens de me marrer. Mais surtout. Je lui dirais pas, parce qu’il me le rend trèès bien de son côté le saligaud. C’est peut-être pas avec lui que je vais parler de ces choses qui nous mettent du plomb dans les ailes. Mais peut-être que quand on aura grandi tous les deux… Oui peut-être que ça se fera. Same team for ever after all. Sa manager de cœur j’espère. Parce que quand il passera en pro, je serai tout simplement remplacée par la crème des managers. C’est évident. Et c’est normal.

Mon regard se lève sur la porte de mon casier –parce que oui, je ne tate pas du ballon orange, mais j’ai droit à mon propre casier. C’est même l’un des plus grands. Héhé. Mon nom y est encore étiqueté. Et en-dessous, une pancarte. Mes prunelles s’écarquillent en découvrant le message coloré « Welcome back Manager ‘Lie ! ». Il me sourit, un nouvelle fois très fier de lui et me file un coup de coude pour que je me lève. À vos ordres Président. Je décolle mes fesses du bureau et m’en approche. Mes bras se croisent sous ma poitrine. Les yeux rivés sur le bout de papier, inconsciemment, une main vient frotter le bout de mon nez, puis dérive dans mes cheveux. Non-non-non-non. Je ne suis pas émue par ce geste d’attention de sa part. Pas du tout. Le sourire imprimé sur mes lèvres me trahit certainement. J’éclate de rire en regardant avec plus d’attention ses dessins pourris. Puis je remarque enfin l’indication « Ouvre ton casier, c’est cadeau ». Œillade vers le brun. No way. Il m’a fait un cadeau ? C’est pas croyable. Inimaginable. Derrière moi, je le sens se lever. J’ouvre la porte métallique. Et là… Avalanche. Tous les maillots, quelques ballons, bouteilles d’eau, snacks, papiers en tous genre et même des confettis me tombent dessus et se déversent sur le sol.

S’ensuit alors une course poursuite dans le complexe. Un Gautier qui file à toute à l’allure. Mort de rire. Un rouquine qui le poursuit -en vociférant. Je lâche les habituelles insultes qui lui sont réservées, menace de l’étriper si j’l’attrape. Son chapeau fétiche, ses jeux vidéos, son ballon préféré, tout est en péril. Sortie en trombe du complexe. J’en perds ma besace en cuir caramel. C’est qu’il court vite. Une fusée le p’tit bonhomme. Ma voix cherche à l’atteindre.
__ M’en fous Gautier ! J’rangerais pas. TU-TE-DÉ-MERDES  AVEC TON BAZAR !
Il me nargue en mode « Ouais-ouais, c’est ça. J’sais que tu le feras quand même. Parce que t’es une manager qui déchiiire ». Pas le temps de répliquer que je ne suis plus vraiment manager vu qu’il n’y a plus de club. Il se casse en me laissant en plan, essoufflée. Mes nerfs en pelote se relâchent dans un éclat de rire. Pfff. Qu’il est bête. Mais j’suis sérieuse. Il est hors de question que je range. Rébellion.

Vive volte-face. Bam! À peine le temps de faire un pas. Wow… Rentre-dedans littéral. Déséquilibre certains à cause de ces jambes emmêlées. Mais on s’accroche l’un à l’autre par réflexe. On se retient. Et aucun de nous deux ne chute. Non. Aucun. Juste l’objet qu’il tenait qui s’échoue lamentablement à nos pieds entre nous.

Et je reconnais ce profil avant même que l’on retrouve des positions convenables.
__ Heath…
Son prénom m’échappe dans un souffle. Et la bouffée d’énergie, de bonne humeur apportée par Gautier éclate au même rythme que le battement erratique de mon cœur qui se serre. Mon regard a plongé naturellement dans le sien pendant un flottement de quelques longues secondes. Je déglutis. Puis réalise enfin qu’il a l’air d’aller bien. Du moins physiquement. Tilt. Mes mains glissent sur ses bras et se relèvent dans la foulée, libérant les bouts de tissus qu’elles agrippaient et qui lui appartiennent. Un pas en arrière. Sourire décoché doucement. Ballet habituel de la main dans les cheveux.
__ Désolée pour le… Mes bras miment l’impact, l’emportement incontrôlé de nos muscles respectifs. J’inspire. Souris à nouveau avant de baisser les yeux. J’hausse les sourcils. C’est mon sac et son contenu qui jonchent le sol. Ow tu…

Je finis par m’accroupir au milieu de mes balbutiements pour rassembler tout ça. Ta gueule Charlie. Il ne se souvient pas. Il ne me connaît pas. Donc pas de boulette. Et en plus, j’étais d’accord avec Joach pour lui épargner « ça » et toutes les emmerdes qui en ont découlées. Une relation que tout le monde nomme « ça » c’est forcément blessant. Dans un sens, son amnésie est peut-être une bénédiction pour lui. Reset. Restart. Rewrite your story or whatever you want.

__ Merci pour le sac.
Je retrouve ma confiance d’éternelle autruche obstinée. Ça va aller. Juste un moment à passer. But... Why now ?
__ Contente de voir que t’as l’air d’aller malgré ton… Iris rivés sur mes affaires que je réunis une à une, étrangement concentrée. Je ne lui adresse même pas mon sourire directement. Non. Je souris au sol. Bêtement. Avant d’enchaîner en laissant un rire s’échapper de ma gorge. Hahaha… En même temps, tu ne sais pas qui je suis. Gloussement retenu d’un cœur dépité par les aléas de cette vie totalement incontrôlée, mon épaule s’élève comme dans un hoquet. Mais c’est pas grave. T’inquiètes.

Bim-bim-bim, je ramasse mes affaires dans des gestes un peu bousculés, après avoir fait un signe de la main feintant le « no big deal » ou « whatever ». Bout du nez frotté, retroussé, je me relève, l’appareil photo dans une main, le sac dans l’autre. Je lisse un peu nerveusement mes vêtements d’un revers de main maladroit.
Et maintenant quoi ? Battements de cils, sourire plus fermé, je me pince les lèvres et mon visage acquiesce dans le vide à mon monologue intérieure qui me dicte de juste passer mon chemin. Mes yeux n’arrivent pas à rester sur lui, ou du moins je les retiens férocement. Houu la nervosité qui revient en flèche. La gêne va et vient comme un vieux boomerang et je supplierais presque que Gautier réapparaisse pour nous faire une blague.

__ Ça va du coup, t’arrives à te repérer dans le pensionnat ? Je me retiens de balancer que de toute façon avec Joach dans le coin, il ne doit pas être bien perdu. Mes doigts balayent mes cheveux roux. Parce que si c’est pas le cas, il existe ces petits trucs… Je ressors l’objet. Un Gogole Map Trouveuse d'Itinéraires ou GMTI pour les intimes. … Tenté ?

La diversion du renard et de moi-même pétille soudainement et un peu trop naturellement sur ma langue. Allez, allez, smile. Tout va bien. J’vais juste en profiter pour lui refourguer mon truc et pis c’est tout.

Be yourself. Or at least, try Charlie. Because, this is, for sure, the best way to get people away.


#ff6633 début septembre // sorry pour le gros pâté sur Gautier, c'est du freestyle total, c'est venu tout seul xDD
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MessageSujet: Re: Souvenirs, souvenirs~ Ou pas   Souvenirs, souvenirs~ Ou pas 1400359500-clockJeu 4 Sep 2014 - 23:42
WHO'S THE FOX NOW ?
Ma vie reprenait son cours, petit à petit.

On m’avait d’abord convoqué à l’administration, et je m’étais retrouvé dans le bureau de Ruthel en personne, à lui expliquer ce dont je me souvenais. J’y étais resté près d’une heure, et j’aurai pu y passer l’après-midi si je ne lui avait pas dis que je ne tenais pas à retrouver la mémoire. Et même à ne rien savoir de mon agresseur. Après mon départ, il avait interrogé tous les élèves possédant des dons susceptibles de m’avoir touché, le tout en présence d’un détécteur de mensonges. Mais rien. Personne ne semblait être coupable. Et moi, ça m’allait très bien.

Ma vie reprenait son cours, et j’avais la paix. Les choses se mettaient en place. Ruthel avait levé mes heures de colle (j’en avais un sacré paquet), jugeant qu’il n’y avait plus rien à punir si je ne me souvenais même pas. Sans grand étonnement, il semblait lui aussi préférer le plan « on oublie tout, on ne reparle de rien. » Il faut dire qu’avec le paquet de colles que j’avais eu à faire, j’avais dû foutre un sacré bordel. Et j’en étais le premier étonné.

C’est Gautier qui avait fini par me lâcher des infos. Constatant les dégâts du hall, je lui avait demandé des explications. Il m’avait parlé de leurs sorties nocturnes pour tout casser, de leur combat pour la condition des E. Je leur avait dit que leurs méthodes étaient stupides. Et puis, il m’avait signalé que tout ça était mon idée à moi.

Quoi qu’il en soit, j’étais sorti de tout ça désormais et la dernière chose dont j’avais envie était de remettre les pieds dans ce bordel. Les gars avaient beau faire leurs plans (je les entendais parfois chuchoter au bungalow, ou les voyait marcher loin devant moi pour parler tranquillement), moi, ça ne m’attirait pas. Je n’arrivais pas vraiment à saisir l’intérêt d’aller affronter le pensionnat entier - adultes comme élèves - pour des choses qui ne nous concernaient même plus. Et puis, personnellement, j’ai toujours préféré mettre les problèmes de côté en attendant que, éventuellement, ils ne se règlent d’eux-même.

Bref, ma vie reprenait son cours, et j’étais bien. J’allais en cours en salle B, elle-même squattée par les anciens camarades de E. En soi, la situation ne me gênait pas, je trouvais ça cool qu’ils prennent d’eux-même ce qu’on leur refusait. Les inégalités étaient là, mais eux s’en fichaient: ils se servaient. Et l’idée me plaisait. Non, ce qui était déja plus gênant, c’était un: le bordel qu’ils faisaient, et deux: leur attitude envers moi. J’avais régulièrement droit à des regards mauvais de la part des Rouges, et une fois ou deux, on m’a balancé un « traitre ». Ainsi, j'acquérais malgré moi quelques pièces de puzzle, et je n’étais pas assez idiot pour ne pas les assembler.

Du coup, et sans avoir rien demandé à personne, j’avais établi un profil de ce que j’étais avant l’amnésie: je faisais parti d’une bande de casseurs écervelés en E, puis j’étais passé en B et étais du coup considéré comme un traître parce-que, désormais amnésique, je ne revenais pas dans la bande. Ou quelque chose dans ce goût là. J’avais du mal à identifier les motivations qui auraient pu me pousser à un tel parcours, mais j’étais conscient de manquer encore de nombreux éléments.

Du côté des relations, les pièces se remettaient également en place. Il était difficile pour moi de composer entre mon désir de ne rien savoir et l’affect que je pouvais avoir avec les autres. J’avais retrouvé Joach et Gautier, mais également Pythagore et Skygge. Ce dernier était visiblement mon meilleur ami, et je compris très vite pourquoi, même si en ce moment il ne semblait pas être au meilleur de sa forme. Quand au Pythagore, il semblait avoir des choses à me reprocher, mais avait également l’air totalement dérouté par mon amnésie

En dehors des gars, il y avait Hannah, bien-sûr. Je n’arrivais toujours pas à comprendre ce qu’il y avait eu entre nous, mais il y avait eu quelque chose, c’était certain. Bref, depuis, elle était ma colloc’. Ce n’était pas facile tout les jours, mais je pensais être en bonne voie pour devenir son pote. ... Voir plus, si je me décidais un jour à franchir le cap.

Je ne savais pas si c’était dû à mon nouvel âge, mais je ne voyais plus les filles de la même manière. Je ne cherchais - presque - plus à simplement mettre une fille dans mon lit, sans aucune intention de la revoir après. J’avais envie de plus que ça. J’avais envie de mieux. Comme si j’avais épuisé mon quota de baise sans sentiments, et que je voulais passer à autre chose. J’avais besoin de passer à autre chose. Et je devinais que ce sentiment ne venait pas de nulle part.

J’avais dû m’attacher à une fille. Hannah ? Ou une autre. Ou peut-être plusieurs. J’avais dû me mettre en couple, ou quelque chose y ressemblant. Et mon inconscient voulait retrouver ça. J’étais à la recherche de complicité, sans même pouvoir expliquer ce qui m'amenais à penser ça. Bref, j’avais besoin d’un coeur, et plus seulement d’un cul. Je mentirais si je disais que je recherchais pas ça avec Holly. Cette fille m’avait emmené aux Etats-Unis, ça avait été... spécial, et oui, j’aurais aimé qu’il se passe quelque chose. Une simple chose, sans sentiments derrière. Mais ce n’était pas arrivé, et c’est parce-que je n’en étais pas plus frustré que ça que je savais que d’autres choses m'intéressaient désormais. Holly était devenue une bonne amie, et je n’en demandais pas plus - entendons nous bien que je n’avais pas non plus l’intention de lui refuser quoi que ce soit, si quoi que ce soit il y avait; fallait pas non plus déconner.

Bref, « côté filles » ça restait encore flou; et si j’attribuais un « côté » entier à la gente féminine, c’est parce-que je me connaissais. Ma vie n’avait jamais été vide pour ce qui étaient de mes relations intimes, et la bonne - et belle - conservation de mon corps était une preuve que je ne m’étais pas laissé aller: je voulais toujours plaire. Et sans vouloir me vanter (quoi que) je pensais que c’était toujours le cas: je plaisais toujours. Restait à savoir à qui.

Ah, j’en aurais presque oublié le plus grand changement post-amnésie: mon don. Apparemment, un « élève mystère » (comme on l’appelait ici) m’avait touché pour m’enlever l’invisibilité et me donner le don de lire dans les pensées. Et puis, jamais deux sans trois, j’étais désormais possesseur d’un troisième don. Le « contrôle des objets électroniques » soit, comme mon frère l’appelait (car lui-même le possédait), le don de technokynésie. Je ne sais pas si c’était un hasard, mais ce don-ci m’allait comme un gant et m’avais permis de rattraper mon effroyable « retard technologique de cinq ans ». C’est le professeur Sören - visiblement un ami - qui m’avait signalé ce changement de don que je n’avais pas remarqué. Inutile de dire que depuis, je ne cessais d’y travailler avec acharnement; ce don me passionnait.

Bref, tout allait bien. Jusqu’à ce que je me mange de plein fouet une rouquine qui venait de se retourner trop brusquement pour que, le nez dans mon téléphone, je n’ai le temps d’essquiver.

- Wow… Heath…

Une vague fleurie ((fruitée)) atrocement familière dans les narines, il m’a fallu quelques secondes pour que mon cerveau se remette en place; mon téléphone était à terre, comme le contenu de son sac. J’ai levé les yeux vers elle et l’ai aussitôt reconnue.

C’était cette fille apparaissant sur plusieurs photos accrochées au dessus de mon bureau. Ce n’était ni Hannah, ni Lenzo, ni Ashley. Une fille que j’avais donc connu ici, assez proche de moi pour quelques selfies en duo sur mon mur.

Et de nombreuses autres dans mon pc.

- Désolée pour le… , commença t-elle avant de se baisser pour ramasser ses affaires.
- C’rien, c’moi j’regardais pas.

Je m’abaissais à mon tour pour ramasser mon téléphone et l’aider à rassembler ses affaires.

En quelques semaines, j’avais développé cette capacité à sentir qui faisait partie de mes proches ou non, à observer leurs attitudes pour les classer dans deux catégories: « relations délicates » et « relations normales ». Cette fille faisait sans aucun doute partie de la première. Je le voyais à ses yeux rivés au sol, à ses gestes nerveux, à ses balbutiements. Moi, je me tenais tranquille, souriant doucement; j’étais content d’enfin la rencontrer. Cette fille qui était en photo dans ma chambre, cette fille dont on évitait de me parler. Elle s’appelait Charlie. J’en étais certain. Non pas que je m’en souvienne, mais c’était une déduction de ces moments awkward pendant lesquels on parlait d’elle en s’interrompant à mon arrivée. Charlie était l’inconnue au dessus de mon bureau. Et c’était la fille en face de moi. Pour être honnête, en toute modestie, je me trouvais trop intelligent pour rester longtemps dans ce plan idéal du « je recommence à zéro, j’ignore tout et ne penserais à rien de ma vie d’avant ». J’étais bien trop curieux, fouineur et stratégique; le puzzle m’attirais. Je jouais à reconstituer les morceaux de ma vie, à faire travailler mes méninges; j’avais toujours adoré ça. Ce n’était qu’un jeu de plus, la seule différence était qu’il n’était pas en ligne, cette fois. Et que j’en sous estimais très probablement l’impact émotionnel, tant pour moi que pour les autres.

- Contente de voir que t’as l’air d’aller malgré ton…Hahaha… En même temps, tu ne sais pas qui je suis.

Un blanc. Je me plaisais à l’observer, elle et sa gêne, gardant confortablement pour moi mes quelques rares informations.

- Mais c’est pas grave. T’inquiètes.

« Pas crédible. » pensais-je en rangeant mon téléphone.

- Ça va du coup, t’arrives à te repérer dans le pensionnat ? Parce que si c’est pas le cas, il existe ces petits trucs…Un Gogole Map Trouveuse d'Itinéraires ou GMTI pour les intimes. … Tenté ?

Je pris le curieux objets entre mes mains, haussant un sourcil en l’observant, le retournant entre mes doigts. Et haussant les épaules, je lui rendis avec un léger sourire goguenard, lueur taquine au fond du regard que je plongeais dans le sien.

- Ca va aller, j’suis un mec. On a l'sens d'ces choses là, nous. J’préfère t'le laisser, c’est connu qu'vous galérez bien plus, ça doit pas être pour rien que tu l’as.

Un clin d’oeil (parce-qu’elle est super jolie), mes lèvres fines s’étendent un peu plus, et je baisse les yeux sur son appareil photo.

- J’ai pleins de photos de toi. De nous. A en juger par ton attitude, ton parfum que je connais et...

Je lui saisis alors le bras doucement pour m’approcher vivement d’elle, faisant frôler mes lèvres à son cou et mon nez à son oreille pour inspirer avec lenteur et puissance, yeux clos. En me reculant, je rouvris les yeux dans un sourire, la lâchant.

- ...et « ça » qui me vrille totalement dans tout les sens, dis-je en haussant les sourcils et en clignant des yeux, secouant imperceptiblement la tête., j’en déduis qu’on était proches. Très proches.

(Et sans le savoir, j'exécutais de l’index ce mouvement avec lequel nous avions l’habitude de nous définir “nous”, quand nous n’avions pas les mots.) Mon sourire s'affaissa à peine.

- Pourquoi t’es pas venue m'voir ? J’ai dis à tout le monde de pas me parler de mon passé, mais tout mes proches sont venus me voir au moins, à un moment donné. Si c’était terminé entre nous, j’aurai viré les photos de toi, c’pas l'genre de trucs que j'me fais chier à garder. Alors... on est quoi ? Vas à l'essentiel, pas vraiment envie de me brouiller l'esprit avec du superflu.

Croyez-moi, il y a quelques fois ou j’enviais les esprits un peu moins perspicaces que le mien.


*

Couleur #955628 ▬×▬ Début septembre, n°4.
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MessageSujet: Re: Souvenirs, souvenirs~ Ou pas   Souvenirs, souvenirs~ Ou pas 1400359500-clockVen 5 Sep 2014 - 15:34
"I'm only human,
And I crash and I break down.
Your words in my head,
knives in my heart.


__ Ça va aller, j’suis un mec. On a l'sens d'ces choses là, nous. J’préfère t'le laisser, c’est connu qu'vous galérez bien plus, ça doit pas être pour rien que tu l’as.

Écho dans le regard et dans le sourire narquois qui se reflète sur mes lèvres.

__ Ah ouais, bien sûr… Un homme, un vrai. Comment oublier son credo ? Je retiens mon rire, puis naturellement, je rétorque. Mais pour info : j’l’ai gagné à un jeu. J’m’en sers pas. Pas besoin. J’me débrouille très bien toute seule.

Même mécanique. Inlassablement. Et son clin d’œil de séducteur me fait soupirer en souriant avec cet infime hochement de tête. Parce que avec ou sans ses souvenirs, Heath reste Heath.

__ J’ai pleins de photos de toi. De nous. A en juger par ton attitude, ton parfum que je connais et...

Sa main sur mon bras, ce mouvement… Retour direct en Louisiane, cette nuit-là. Le cœur loupe un coche, puis se décroche. Qu’est-ce tu fais ? Qu’est-ce tu fais ? Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que tu fous, putain ?! Je ferme les yeux, inspire. La panique gronde dans mes muscles qui se tendent immobiles, tremblent en détectant l’effleurement, son souffle… Frisson, suivi d’une bouffée de chaleur. No way. Me dis pas qu’il va se permettre ce genre de trucs parce qu’il a l’excuse de ne pas se souvenir ? Impossible, impossible. Ça va pas le faire du tout. Est-ce qu'il y a des règles qui interdisent d'envoyer bouler les amnésiques ? Je sais paaas. Help.

__ ...et « ça » qui me vrille totalement dans tous les sens. Mes lèvres s’entrouvrent. L’émotion déferle un instant dans le brun de mes yeux. Cruelle apnée. Nouveau galop sur ma peau. Sérieux ? D’où ça sort ça ? Heath n’a jamais dit ce genre de choses. Il ne dit pas ce genre de choses. C’est… C’est… N’importe quoi. J’le crois pas, il refait son numéro de… de… j’en déduis qu’on était proches. Très proches.

Mes prunelles sautent dans les siennes en captant malheureusement ce geste familier qui nous désigne. Lueur vive de surprise. Je cille. Mes paupières s’abaissent et mon visage se détourne. Bien sûr qu’il a de l’instinct. Bien sûr qu’il est pas con. Bien sûr que je peux pas… Alors je me recule de quelques pas.

__ Pourquoi t’es pas venue m'voir ? Mes bras se nouent, sur la défensive, mais une main, le bout de mes doigts vient se poser sur mon cou. Je ravale ma salive. J’ai dis à tout le monde de pas me parler de mon passé, mais tout mes proches sont venus me voir au moins, à un moment donné. J’hausse les sourcils, perplexe. C’est un reproche ou quoi ? Si c’était terminé entre nous, j’aurai viré les photos de toi, c’pas l'genre de trucs que j'me fais chier à garder. Je souffle. Alors... on est quoi ? Vas à l'essentiel, pas vraiment envie de me brouiller l'esprit avec du superflu.

Je range le GMTI dans mon sac que je pends dans la foulée à mon épaule avant de grimper sur le banc et de me poser sur le haut du dossier. Mais je conserve mon appareil photo entre les mains, pour avoir quelque chose auquel me raccrocher, quelque chose que je connais, que je maîtrise, parce que là, je le sens mal. Je vais pas réussir à gérer un Heath qui pose des questions. Je me pince les lèvres, mon visage s’est fermé, regard désolé qui fuit vers le décor, atterrit sur le sol. Qu’est-ce que je suis censée dire ? Joach veut pas débouler là maintenant ? Ça m’arrangerait bien. J’inspire profondément, puis relève les yeux directement dans les siens.

__ Déjà… J’viens juste de rentrer de la Nouvelle-Orléans. Léger non de la tête, mes yeux se ferment un millième de seconde. Euh… C’est de là où j’viens. Donc voilà…

Je me redresse un peu, mes genoux vrillent un peu plus vers lui. Essayons de faire simple et d’éviter certains détails.

__ Tu faisais partie du club de basket. J’étais manager. Donc même bande de potes : Gautier, Ashley, Skygge, Jojo, etc. Mes mains rythment, saccadent inconsciemment mes mots. Mon corps est tourné vers lui. Légèrement penchée en avant, je ne le regarde pas vraiment dans les yeux non plus. Je ne m’y accroche pas. Je viens gratter l’épaule nerveusement une seconde. Hm… Donc on s’entend bien. On a… Ma bouche se ferme, les joues se gonflent, puis je souffle. Il y a eu plus. Au début, c’était simple. Un léger rire jaune filtre. Puis une main s’élève et retombe, blasée. Oh et puis fuck. On couchait sans sortir ensemble. C’était plutôt régulier. On s’était dit dès le début que si l’un de nous voulait se mettre en couple avec quelqu’un, on arrêterait. Et ça a été le cas... Un temps…. Mais ce n’est certainement pas à moi de lui parler d’Ulysse, donc j’enchaîne en restant floue. Après, on est devenus colloc’ –j’étais dans ton bungalow jusqu’à il y a peu et ça s’est un peu compliqué. Coup de vent. Je chasse mes cheveux de mes yeux et vient frotter le haut de ma joue, comme un nouveau tic nerveux, parce que ça ne me chatouille même pas en fait. Ça… Je cherche mes mots et mes mains s’agitent en mimant comme une roue… buguait ? Rapide soubresaut d’épaule que l’on peut peut-être interpréter de bien des façon.s Alors on a décidé de… d’arrêter-là. D’aller sur des chemins différents, dans des directions différentes. ‘fin tous ces clichés-là… Et voilà.

Ma voix s’est accélérée dans mon résumé pas si résumé que ça, mais elle déraillerait presque sur la fin. Mon visage et mon regard se sont baissés sur mes mains qui tripotaient inconsciemment le cordon de mon appareil photo –les coudes plantés sur le bord de mes genoux et pourtant le dos droit. Je ne sais même pas pourquoi tu les avais gardées, pourquoi tu as fait des doubles… Ça restera un de tes mystères je suppose. Je jette mes yeux dans les siens puis dérive sur sa silhouette -image générale, c’est à lui tout entier que je cherche à m’adresser avec sincérité alors que mon timbre de voix s’adoucit.

__ Mais même si on s’est dit qu’on allait plus avoir affaire à l’un à l’autre… Je déglutis difficilement en repensant à cette dispute au complexe avec Pytha. Ça ne veut pas dire que j’ai arrêté de me soucier de toi. Parce que oui, on a été proches et amis. Donc on était un peu en rodage de ce côté-là. Sourire. Alors que c’était juste encore plus bizarre… Qu’avec le temps, ça se serait peut-être arrangé… Mais honnêtement, pour ta question « on est quoi ? », même avec toute ta mémoire en plus de la mienne, déjà à l’époque on savait pas quoi répondre. Alors maintenant, je suppose qu’on peut peut-être dire… qu’on est juste plus grand chose.  

Mes iris trouvent lentement les siens. Je souris comme pour vouloir le rassurer. C’est vrai, c’est pas grave. Pourquoi tu te contenterais pas de passer ton chemin ? Profite de ton amnésie pour t’alléger d’un poids. De moi.

__ Mais tu t’es pas dit que t’as peut-être juste pas eu le temps de les jeter ces photos ? …Tu as été quelqu’un de très occupé, tu sais…

Petite référence à RED. Mais avec tout ça, il va bien le flairer le tas de compliqueries dissimulé sous tous ces non-dits. Alors normalement, Monsieur je-veux-pas-me-prendre-la-tête va juste tracer sa route dans la direction opposée.

J’étends une jambe, puis me laisse glisser pour me retrouver le sol. Maintenant face à lui, ma main se cramponne à la lanière de mon sac à l’épaule. Ma tête s’incline légèrement.

__ Voilà, t’es briefé sur l’essentiel. Donc tu peux t’en débarrasser sans scrupule de ces photos. T’as pas à t’inquiéter…

Du reste, des détails, de moi, des autres.
Le Heath dans sa bulle, le Heath égoïste qui ne prend pas de risque, il était bien aussi. Même si je sais pertinemment qu’il prétendait juste de ne pas s’en faire pour les autres. Nouveau sourire, j’amorce mon départ, bien que ce soit à reculons. Cette fois, ça va s’arrêter-là pour de bon.  


#ff6633 début septembre // L'essentiel by Charlie ♥
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MessageSujet: Re: Souvenirs, souvenirs~ Ou pas   Souvenirs, souvenirs~ Ou pas 1400359500-clockVen 5 Sep 2014 - 19:30
Toujours le même, il y a des choses qui ne changent pas.
- Ah ouais, bien sûr… Un homme, un vrai.

Je lui balançais mon plus beau sourire alors qu’elle venait de citer mon refrain. J’avais dû le leur rabâcher une sacré paire de fois.

- Mais pour info : j’l’ai gagné à un jeu. J’m’en sers pas. Pas besoin. J’me débrouille très bien toute seule.

Oh la grande fille. Les commissures de mes lèvres s’abaissaient une seconde, comme retenant un rire, acquiesçant sagement à son affirmation - j’avais l’intuition que c’était le genre de fille qu’il ne valait mieux pas contrarier.

Le moment suivant fut moins détendu, mon geste avait semblé awkward, l’avait mise mal à l’aise: je la perdais. Elle était de nouveau en train de reculer d’un pas, se touchant les cheveux, la nuque, baissant les yeux. Je la mettais mal à l’aise, et ça ne faisait que prouver mes intuitions à son égard.

- Déjà… J’viens juste de rentrer de la Nouvelle-Orléans. Euh… C’est de là où j’viens. Donc voilà…
- Connais pas., lâchais-je simplement pour signifier que je n’y avais jamais posé les pieds, croisant les bras.

Après ça, Charlie s’était installée sur le banc et commençait à poser les bases. Elle me parlait de la bande de basket, m’expliquait que nous avions les mêmes amis et le même intérêt pour ce sport. Bras toujours croisés, j’écoutais, le regard posé sur ce petit clou dévissé au pied du banc avec lequel je jouais du bout du pied.

- Hm… Donc on s’entend bien. On a… Il y a eu plus., je levais les yeux sur elle. Au début, c’était simple. On couchait sans sortir ensemble. C’était plutôt régulier.

Je ne pu vraiment empêcher mon regard de dériver de ses yeux. Il se promenait sur sa mâchoire, ses cheveux, ses épaules, ses côtés, ses cuisses. Au delà de l’aspect quelque peu excitants de ses propos, je comprenais très bien. Et ça ne m’étonnait. Elle m’étais très familière, elle tout entière. Son odeur, mais aussi sa peau. Sa gestuelle. Son regard, son souffle. J’avais la sensation de la connaître depuis des années, tout en étant incapable de tirer le moindre souvenir de notre histoire.

- On s’était dit dès le début que si l’un de nous voulait se mettre en couple avec quelqu’un, on arrêterait. Et ça a été le cas... Un temps….

Elle, ou moi ? Je baissais de nouveau les yeux sur le clou, pas moins attentif, préférant ne pas demander de détail sur le sujet. Son ton imposait une suite, et j’attendais celle-ci, patient.

- Après, on est devenus colloc’. J’étais dans ton bungalow jusqu’à il y a peu et ça s’est un peu compliqué. Ça…buguait ?

Cillant, mon regard était venu chercher ses mains, puis ses pupilles, les sourcils légèrement fronçés. Buguait ? Le fait qu’elle ait précisé qu’on avait arrêté « un temps » me revint à l’esprit, et je cru comprendre ce qu’elle voulait dire. Haussant les sourcils, venant me gratter l’arête du nez, je déviais mon regard sans trop savoir quoi en penser, haussant finalement un sourcil, sans voix.

- Alors on a décidé de… d’arrêter-là. D’aller sur des chemins différents, dans des directions différentes. ‘fin tous ces clichés-là… Et voilà.
- ... « Et voila » ... ?

Alors quoi, on ne se parlait plus ? Quelque part, tout se tenait. Si j’avais bien compris, on avait été plus ou moins accros l’un à l’autre. Et parce-qu’on considérait que « ça buguait » on avait décidé d’arrêter. Sur le papier, ça se tenait. Mais quelque chose me laissait dubitatif. Je m’étais déplacé de quelques pas, regard au sol, bras toujours croisés, revenant à l’endroit où je lui était rentré dedans (sans mauvais jeu de mot). Je m’étais tourné vers elle, la détaillais du regard, une main sous le coude, la seconde venant effleurer du bout des doigts ma barbe naissante. Il était difficile d’imaginer, et à la fois, tout ça me semblait réel et logique. Comme si mon corps et mon esprit l’acceptaient, me disaient « ok, on est d’accord avec cette version des faits ». Mais mon coeur, lui...

- Mais même si on s’est dit qu’on allait plus avoir affaire à l’un à l’autre…Ça ne veut pas dire que j’ai arrêté de me soucier de toi. Parce que oui, on a été proches et amis. Donc on était un peu en rodage de ce côté-là.

Je l’écoutais toujours d’une oreille, mais distrait par mes propres pensées. J’avais toujours refusé le concept de sexfriends. J’avais toujours considéré que, me connaissant, je finirai par m’attacher. C’est pour ça qu’avant Prismver je ne couchais jamais deux fois avec la même fille (à moins qu’elle ne soit une vulgaire copine d’une ou deux semaines). J’étais sorti avec un paquet de copines d’Ashley, pour ne pas dire toutes, à Londres. Mais soit c’était du sex pour une fois, soit c’était un couple qui ne durait que le temps que « je prenne ma dose » d’une nana. Elles me saoûlaient vite, il fallait dire ce qui était. Je profitais du meilleur et abandonnais dès qu’une bribe du pire pointait son nez. Alors logiquement, le statut de sexfriend ne m’allait pas. Quelque part, j’avais toujours été caractérisé par le « tout ou rien », la demi-mesure ne me ressemblait pas. Alors, cette fille là avait dû avoir quelque chose de spécial. Elle avait fait en sorte que je ne me lasse pas, mais que je ne tombe pas non plus amoureux. Je voulais bien la croire, mais je doutais fortement de ma propre capacité à rester dans cet entre-deux.

-  ...pour ta question « on est quoi ? », même avec toute ta mémoire en plus de la mienne, déjà à l’époque on savait pas quoi répondre.

J’haussais les épaules: pourquoi vouloir le définir, avant l’amnésie ? On était ce qu’on était, point barre. Pourquoi se prendre la tête.

- Alors maintenant, je suppose qu’on peut peut-être dire… qu’on est juste plus grand chose.  
- C’est triste., lâchais-je avant de faire rouler ma langue sur mes dents, yeux rivés au sol.

Je n’aimais pas cette conclusion. D’instinct. Je ne la connaissais pas, du moins n’avais pas de souvenirs d’elle, mais ce n’était pas pour autant que je souhaitais alors tracer ma route, comme si de rien n’était. Cette fille avait compté pour moi. C’était certain. D’après son récit, je devinais qu’il y avait eu des moments difficiles, des périodes de doutes, des prises de tête, et inlassablement ce retour l’un à l’autre. Si j’avais bien compris. Cette fille n’était pas n’importe qui, et d toute façon, même si je voulais partir, là maintenant, j’en étais incapable. Quelque chose m’en empêchait. Quelque chose me forçait à rester, à plonger mon regard au plus profond du sien.

- Mais tu t’es pas dit que t’as peut-être juste pas eu le temps de les jeter ces photos ?
- Mmh.
-  …Tu as été quelqu’un de très occupé, tu sais…

Mon regard s’alourdit, tombant sur le sol. Je pivotais légèrement, râclant le dessous de ma chaussure contre la terre, bougon. Je n’aimais pas ça. Je n’aimais pas l’idée d’avoir été quelqu’un d’occupé, quelqu’un d’important, encore moins un espèce de rebelle se battant pour quelque chose qu’aujourd’hui je trouvais totalement dénué d’intérêt. Et j’en rougissais presque, qu’on me rappelle ça. C’était comme me demander d’assumer une bêtise. Une bêtise que je n’avais pas décidé de faire, ou du moins, plus. Mais pour tout ces gens, c’était déja trop tard.

- Voilà, t’es briefé sur l’essentiel. Donc tu peux t’en débarrasser sans scrupule de ces photos. T’as pas à t’inquiéter…
- Pourquoi on est pas sortis ensemble ?

Elle s’était reculée, prête à s’envoler, mais moi j’avais plongé mes mains au fond de mes poches et la fixait, planté au même endroit. J’haussais les épaules, secouant à peine la tête, haussant les sourcils dans quelques battements de cils.

- Si on couchait ensemble, qu’on était accros ET amis, pourquoi on est pas sortis ensemble ? C’est complètement con.

J’aimais les choses logiques, et il ne fallait pas être un génie pour en venir à cette question. Aussi clairement que 1 + 1 = 2, il me paraissait évident que si cette fille me plaisait physiquement et moralement au point que je revienne sans cesse à elle, c’est que j’aurais dû sortir avec.

- Qu’est-ce qui nous empêchait d’nous mettre ensemble ?, répétais-je dans un nouveau haussement d’épaule, l’observant, assez décidé à ne pas la laisser filer.

Et moi qui ne voulais rien savoir, je me rendais compte de jour en jour que ce n‘était juste pas possible de revenir à zéro tout seul. Pas avec autant de relations tissées autour de moi. Comment étais-je sensé être droit et savoir où j’allais sans savoir d’où je venais ? Le pilier avait beau être solide, les bases étaient démolies. Et j’avais un besoin vital de les reconstruire. Ou du moins, de reconstruire celles qui m'arrangeaient, et d'oublier celles que je n'avais pas envie d'assumer.

J'étais lâche, et j'en avais parfaitement conscience. A mes yeux, je l'assumais. Et si quelqu'un prévoyait de me mettre ce fait sous le nez, je comptais sur ma certaine capacité à savoir me défiler pour mieux retourner la situation, enjoliver les choses, me décharger des culpabilités.

Bref, truander. J'avais toujours eu un certain don pour ça.

*

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MessageSujet: Re: Souvenirs, souvenirs~ Ou pas   Souvenirs, souvenirs~ Ou pas 1400359500-clockVen 5 Sep 2014 - 22:07
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__ Pourquoi on est pas sortis ensemble ?
Et là, c’est comme si…
Je dérapais sur un premier caillou.
__ Si on couchait ensemble, qu’on était accros ET amis, pourquoi on est pas sortis ensemble ?
Puis que je trébuchais sur un deuxième.
__ C’est complètement con.
Plus gros, évidemment.
__ Qu’est-ce qui nous empêchait d’nous mettre ensemble ?
Et enfin, c’est comme si je me cassais royalement la binette. Les fondations en prennent un coup.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi… On pourrait en faire un roman rien qu’avec cette si judicieuse question. Donc pour pas changer, on va rééquilibrer la chose en se noyant dans le flou total. Ready ?



Totalement prise de cours. Un vent de panique sévit dans le palpitant. Douleur. Et mes gestes précipités, fuyants, presque frémissants vont me trahir. Tout comme ma voix incertaine, tantôt forte, tantôt brisée. Je le sais. Et tout ça sonne comme une alerte en moi. Ma résolution d’être blindée à tout… Et bien, je la reporte à dans quelques minutes, on va dire.

__ Mais. J’comprends pas, Heath. … Pourquoi… Pourquoi tu cherches à savoir ? Qu’est-ce que ça peut faire maintenant ? Et Joach m’a dit que… ‘fin, j’croyais que tu voulais rien savoir de ces quatre ans ?

Oui, il a oublié cinq années, mais très égoïstement et surtout là, sur le coup, ce sont mes quatre ans de souvenirs qui sont concernés. Alors, comme d’habitude, je vais m’embrouiller en beauté entre, vouloir bien faire et céder à la mauvaise foi, la politique de l’autruche. Dommage qu’il n’y ait pas une carte de fidélité pour ça, j’aurais déjà atteint le quota de points maximum.

Et mon jackpot, ça serait quoi ?

Punaise. Tout ça à cause de notre parenthèse dont je devrais sortir. Parce que la sensation d’être prise au piège de sa propre cage me brûle les muscles et les organes. Souffle, ou plutôt étouffement qui resserre son étau crescendo.

__ Pendant longtemps, on s’est tous les deux blâmés de notre bazar. Alors que techniquement, c’est de ma faute si c’est allé aussi loin. Mais t’étais pas vraiment d’accord. Et j’ai jamais compris pourquoi, alors me demande pas. J’en sais strictement rien.

Quand on a mis fin à notre relation sans nom, je pense qu’on a quand même admis, qu’il y avait faute partagée. Mais je veux pas retomber dans ce schéma où il se sentait obligé de veiller sur moi. Où il se sentait responsable. Ça n’arrivera pas. J’veux pas le polluer encore.

__ Mais… ok. Tu veux savoir pourquoi on n’est pas sortis ensemble. Euhm… C’était clair. Dès le départ. Pas de couple. T’en voulais pas. J’en voulais pas. Ça marchait comme ça. Oui, c’est moi qui suis venue vers toi la première, c’est moi qui t’aie rappelé. Bref, j’ai lancé la partie. Tu étais consentant évidemment. Et puis tu as eu envie d’autre chose avec une autre fille, donc comme promis, on a arrêté-là. Puis ça s’est fini avec elle, je sais pas pourquoi. Ça me regarde pas.

Tête dans le sable. As usual. Mais au moins jusque-là, j’ai réussi à être assez précise, non ? Presque un peu… robotisée. Et pourtant j’ai pas répété mon texte. Donc forcément, là, ça va se compliquer un chouïa.

__ Mais j’sais pas après, on s’est peut-être retrouvés piégés dans un jeu ou dans une routine à compter sur la présence de l’autre à cause du bungalow et tout ça... Sauf qu’on était plus tous seuls. Et il est arrivé des choses… À toi comme à moi… Des choses dures à encaisser, paas simples à gérer… Bref. Ça nous a éloignés et aussi permis à d’autres personnes de se faire une place dans nos vies.

L’émotion a mordu violemment mes iris. Je veux pas qu’il sache que j’ai été frappée. Autant lui éviter le couplet de la compassion à avoir pour la fille faible. Et puis il y a eu les départs de Neil et Lysander. Qu’est-ce qu’il sait de tout ça d’ailleurs ?

Oh misère.
C’est pas à moi de lui parler de ça. Et d’ailleurs pourquoi je dois expliquer notre relation ?! Tu voulais pas faire table-rase et tous nous rayer de ta vie ?! Une très légère hargne teinte ma voix…

__ Mais comme tu dis, c’est con. En même temps… ça l’est certainement, parce qu’on est cons. Et accessoirement… très lâches aussi. Donc fais ton calcul. Deux lâches ensemble, à un moment donné, ça ne fonctionne pas.

… Généralement annonciatrice d’un de mes élans impulsifs que je retiens pourtant cette fois. Mon corps s’était certes un peu emporté vers lui lorsque je parlais de notre connerie et de notre lâcheté, mais j’ai retenu la tornade. Le seul problème, c’est que mes mots dévalent la pente un peu trop vite. Des choses sont lâchées.

__ Et oui c’est triste. Au-delà d’avoir juste cette attirance physique, ce désir… Tout ce temps ensemble, on s’est attachés l’un à l’autre. C’est normal. Et oui, on a éprouvé des choses l’un pour l’autre. Mais c’est fini. C’est comme ça, c’est la vie.

Alors je me rattrape comme je peux. Le perdre, nous perdre un peu plus entre ignorance et sincérité. Large main dans les cheveux.

__ Et c’est quelque chose que j’ai appris de toi. Un p’tit concept que j’essaye d’appliquer. Parce que tu m’as aidé. Tu as souvent été là pour moi à ta façon. Donc même si justement c’est fini, et si jamais, tu en as besoin, tu peux compter sur moi. Mais sinon… Si c’est bon, tout va bien, pas besoin de moi, alors, ne cherche pas plus loin. J’pense qu’on a arrêté tout ça, avant de se faire beaucoup plus de mal.

Même si d’autres ne peuvent pas en dire autant. Mon regard s’est posé dans le sien, enfin calmée à l’évocation de ce qu’il m’a appris, de ce pourquoi je l’admire et le respecte encore aujourd’hui. Sa force. Et peut-être qu’il l’aura décelé, dans cette étincelle encore un peu trop tendre qui pétillait vers lui.

__ Alors… Je sais pas. Profite de ce nouveau départ et passe ton chemin Heath. Tout ce que tu as à faire c’est m’ignorer, ne pas prêter aux trucs bizarres qui me concerne. Et tout se passera bien pour toi.

Ma voix s’éteint. Mon visage se baisse, les yeux balayent les alentours, cherchent à se fixer ailleurs, trouver une excuse pour partir. Mais ils reviennent vers lui. Et je lui souris, mécaniquement. Clap de fin. Un pas sur le côté, je le contourne. C’est mieux comme ça. Creuse pas plus loin Heath, tu vas te mettre des entraves et tu mérites pas ça.

__ Même si c'est vrai que de toute façon, tu te sors souvent de tout. On peut te faire confiance là-dessus...

Continue d'avancer Heath. Ça, tu sais faire.


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MessageSujet: Re: Souvenirs, souvenirs~ Ou pas   Souvenirs, souvenirs~ Ou pas 1400359500-clockSam 6 Sep 2014 - 0:01
nouveau départ, virage ou cercle vicieux ?
- Mais. J’comprends pas, Heath. … Pourquoi… Pourquoi tu cherches à savoir ?
- J’en sais rien, c’est plus fort que moi...
- Qu’est-ce que ça peut faire maintenant ?
- T’es marrante toi
- Et Joach m’a dit que…
- Il t’a dit quoi ?
- ‘fin, j’croyais
- Il a dit quoi ??
- ...que tu voulais rien savoir de ces quatre ans ?
- Cinq ans.

Blanc. Et ce petit échange me paraîssait beaucoup trop familier pour être le premier. Comme si sa voix faisait écho à de nombreuses autres fois ou elle s’était heurtée à la mienne, en moi. Recul, distance, renfermement. Je ne souriais plus car je ne comprenais pas tout, et je détestais ne pas comprendre.

Charlie s’était finalement mise à me raconter les choses plus en détail, et moi j’avais pris place sur le banc. Les coudes sur les genoux, penché en avant, mes yeux voguaient entre elle et le décor, l’oreille attentive.

-  [...] Et puis tu as eu envie d’autre chose avec une autre fille, donc comme promis, on a arrêté-là. Puis ça s’est fini avec elle, je sais pas pourquoi. Ça me regarde pas.

Une grosse inconnue dans l’équation venait de surgir. Combien de temps ? Qui ? Je préferais ne pas le savooir; si ça c’était terminé, ça avait pu se terminer de bien des façons. Et, me connaissant, c’est moi qui avait dû rompre. Ou tout foutre en l’air. Quoi qu’il en soit peut-être valait-il mieux laisser au passé ce qui appartenait au passé.

-  Et il est arrivé des choses… À toi comme à moi… Des choses dures à encaisser, pas simples à gérer… Bref. Ça nous a éloignés et aussi permis à d’autres personnes de se faire une place dans nos vies.

Mon regard s’était fixé sur le sol, et je ne pû m’empêcher de songer qu’il s’agissait peut-être d’Hannah.

-  Mais comme tu dis, c’est con. En même temps… ça l’est certainement, parce qu’on est cons. Et accessoirement… très lâches aussi. Donc fais ton calcul. Deux lâches ensemble, à un moment donné, ça ne fonctionne pas.

Une envie arrogante de lui rétorquer un fier « parle pour toi », mais quelque chose me serrait le ventre à cet instant. Peut-être la bonne foi, la sincérité. J’étais un lâche, et je pouvais jouer au con. C’était la vérité, et je n’eu pas l’envie de pousser la comédie pour essayer de lui faire croire le contraire. De toute manière, j’avais la sensation qu’elle me connaissait très bien. Peut-être mieux que quiconque... après Joach évidemment.

- Et oui, on a éprouvé des choses l’un pour l’autre. Mais c’est fini.

Je levais le regard vers elle, entre résignation et interrogation. Est-ce qu’elle disait ça parce-que c’était la vérité, ou est-ce qu’elle essayait de se - de nous - convaincre ?

- Et c’est quelque chose que j’ai appris de toi.

Keep going. Accepter la vie comme elle vient, faire avec et s’adapter. Ne pas retourner le monde dans son esprit pendant des heures. Juste, vivre, sans réfléchir. Prendre la vie comme venait. C’était ma façon de faire, ma façon de vivre. Et pourtant, là, je cherchais des réponses. Je cherchais à construire le puzzle de ma mémoire, de notre relation. Je me prenais la tête. Et les choses se répétaient sans que je n’en ai conscience.

Peut-être que j’avais simplement changé, depuis le léger Heath qui ne s’angoissait de rien d’autre que de ses jeux et de savoir si il y avait de la bière au frais. Les choses étaient devenues visiblement plus complexes. pourtant à cet instant je soupirait, détournant carrément la tête, le regard loin d’elle. Signe avant coureur du lâcher prise.

-  Si c’est bon, tout va bien, pas besoin de moi, alors, ne cherche pas plus loin. J’pense qu’on a arrêté tout ça, avant de se faire beaucoup plus de mal.

« Beaucoup plus de mal. » Les mots étaient là. Elle et moi, on se faisait du mal. Peut-être, ouais, peut-être qu’il valait mieux me barrer et vivre sans elle, comme elle me le suggérait. Ce serait facile, pour moi, Sûrement moins facile pour elle.

- Profite de ce nouveau départ et passe ton chemin Heath. [...] Et tout se passera bien pour toi.

Et voila qu’on me demandait d’être égoïste. N’était-ce pas ce que je faisais de mieux ?

- Même si c'est vrai que de toute façon, tu te sors souvent de tout. On peut te faire confiance là-dessus...

« Et toi ? Tu sais te sortir de tout ? »

- J’ai pas envie.

Si il fallait être égoïste, alors j’allais l’être. C’est juste qu’elle me cernait mal. Toujours assis, j’haussais les épaules et lâchait très simplement:

- J’ai pas envie d’te lâcher. En dehors des envies et des emmerdes, t’a dis qu’on était amis. Et j’ai pas envie de perdre une amie. Désolé mais sur ces photos on a l’air heureux. Si on s’entend bien, si on est complices et qu’on s’apporte des choses, j’veux le redécouvrir. On m’a déja volé mes souvenirs, j’estime être en droit de ne pas perdre le bonheur que certains peuvent m’apporter.

Une main s’était enfuie de ma poche pour s’appuyer sur le banc tandis que je me relevais, m’approchant d’un pas.

- Tu sais quoi ? J’m’en fou du reste. Tu veux que je profite de mon amnésie ? J’vais l’faire. Mais en redevenant ton pote, pas en te lâchant. J’ai pas envie d’te croiser et qu’on se zappe alors que je sais qu’on a vécu des choses fortes. J’suis amnésique, pas un robot., J’ai déglutis, me surprenant moi-même des mots qui venaient de s’échapper de mes lèvres. Et la fixant toujours, je repris. On passe à autre chose. Mais on le fait ensemble. Parce-que même si je voulais t’ignorer, y’a un milliard de choses en moi qui sont pas d’accord avec ça.

J’étais un garçon d’instinct. De ressentis. J’avais beau jouer le mec détaché, j’avais beau être réfléchi, je n’en étais pas moins une personne qui savait écouter ses émotions. Et ma mémoire avait beau ne pas marcher dans le coup, le reste me guidait vers ça, vers ce qui s’échappait d’entre mes lèvres dans un flux que je ne contrôlait qu’à moitié. Pulsions.

- J’veux pas te faire de mal, Charlie., son nom avait glissé sur ma langue avec un naturel surprenant. Mais j’veux pas me passer de toi alors que j’ai l’intuition que ce serait une erreur. Désolé, je fonctionne comme ça.

Mais « d’autres personnes étaient entrées dans nos vies. » Et il fallait l’accepter. Et on ne pouvait de toute façon pas replonger dans ce « bug » qui « nous faisait du mal ».

- Hannah me plaît.

Avalanche. Ces mots s’étaient écroulés comme de lourdes et tranchantes pierres. Et j’avais eu mal en les disant.
Mais c’était pourtant vrai.

- Et je crois que c’est réciproque. J’ai envie de voir si j’ai quelque chose à vivre avec elle. Alors, si toi aussi tu as quelqu’un... vas-y. Fonce. Je ne me mettrais plus entre toi et lui.

Je n’en avait plus la capacité. Car malgré ces choses étranges que ses yeux, sa présence, sa voix, sa peau, son odeur me faisaient ressentir, il y avait bel et bien quelque chose qui avait disparû. Notre histoire. Et privé d’elle, je pensais avoir la force d’assumer ce que j’étais en train de lui dire.

- J’veux pas être un boulet, une barrière ou quelque chose de négatif pour toi. J’veux être... un pilier, si tu en as besoin., « parce-que je la sens, ta fragilité, elle me transcende », j’veux être à tes côtés et t’aider à avancer. Avec qui que ce soit.

Ma respiration se bloqua alors. Et j’eu comme une sensation trouble, comme un vertige. Comme si tout ces mots, toute cette implication n’étaient pas à moi. Comme si on avait parlé à travers moi. Je ne me sentais pas contrôlé par une quelconque magie. Si ce n’est celle de l’honnêteté et de la maturité. Je n’avais fais que répondre logiquement à la situation complexe qu’elle m’avait exposé. Nous étions amis. Puis amants. Et on s’est fait souffrir.

Tout ce que je voulais, c’était revenir au début.
Tout ce que je voulais, c’était qu’on reparte à zéro, tout les deux.
Mais ensemble.

- Tu l'a dis toi-même. « On a éprouvé des choses, mais c'est fini. » Alors j'vois pas pourquoi je devrais me priver de notre amitié.

*

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MessageSujet: Re: Souvenirs, souvenirs~ Ou pas   Souvenirs, souvenirs~ Ou pas 1400359500-clockSam 6 Sep 2014 - 17:09
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__ J’ai pas envie.
__ Qu…
__ J’ai pas envie d’te lâcher. [...] On m’a déja volé mes souvenirs, j’estime être en droit de ne pas perdre le bonheur que certains peuvent m’apporter.

Pourquoi il faut toujours que tu me contredises ? Me coupe dans mon élan. Mon cœur s’est terriblement serré à l’évocation des photos et de notre amitié passée. Puis comme une claque, c’est une infime culpabilité qui se faufile. Celle qui admet que j’allais peut-être bien le lâcher, en me servant de son amnésie comme excuse. M’éloigner pour mon propre confort –aussi pénible que ce soit. Éternelle contradiction de l’être.

Il se redresse, s’approche et j’ai du mal à retenir ce pied qui veut reculer. Pourquoi tu t’obstines Heath ?

__ Tu sais quoi ? J’m’en fou du reste. Tu veux que je profite de mon amnésie ? J’vais l’faire. Mais en redevenant ton pote [...] Je déglutis. Incertaine. On passe à autre chose. Mais on le fait ensemble.

Crispation générale. Je fronce légèrement les sourcils. Je doute. On a déjà essayé d’être juste des potes. Après. Ça n’a pas vraiment fonctionné. Parfois on peut vouloir ardemment quelque chose, mais ça reste juste impossible. Mon regard passe en revue le décor, le complexe sportif, le banc, ça m’aide à réfléchir alors que j’essaye juste de respirer normalement. Il parlait pas autant avant. … Mais c’était avant, c’est ça ? Et il n’a plus ces souvenirs imprégnés qui hantaient. Alors peut-être que ça pourrait coller maintenant… Je ne sais pas. Est-ce qu’il faut essayer ?

__ J’veux pas te faire de mal, Charlie.

Mon prénom filtre entre ses lèvres, m’intimant presque de le regarder droit dans les yeux malgré l’étonnement qui transperce. Joach lui a peut-être finalement dit qui j’étais à cause des photos... Et même si la suite fait résonner une sensation étrangement familière dans mes entrailles –intime égoïsme, les passe-droits dont on a tendance à s’emparer sans penser aux répercussions… Elle est vite balayée par la mention d’Hannah.

__ [...] J’ai envie de voir si j’ai quelque chose à vivre avec elle.

Balayée par une soudaine légèreté. Une lueur douce qui délockerait presque un cadenas. Parce que oui, c’est ça. Avec elle, il avancera. C’est sûr. C’est rassurant. Mais l’envie de sourire n’a même pas le temps d’être perceptible. Black out frigorifiant. Le cœur se décompose en réalisant que je n’ai personne. Je ne l’ai plus Pytha. Et ce n’est même pas ça, je n’ai pas eu le temps de l’avoir tout court. Stoïque, finalement je ne dirais rien sur tout cela. Mutine dans mon renfermement.

__ [...] J’veux être... un pilier, si tu en as besoin. J’veux être à tes côtés et t’aider à avancer. Avec qui que ce soit.

Mes bras se nouent, mes yeux se perdent une seconde plus haut, comme si un nuage avait réussi à capter mon attention à cet instant. Deep down, je ne suis pas sûre de savoir ce que ce qu’il vient de dire me fait. C’est troublant. Sa sincérité, cet échange trop vrai… Je n’y suis pas habituée. Pas avec Heath. Mais une chose est sûre, je ne veux pas d’un pilier auquel je me raccrocherais désespérément. Parce que c’est comme ça que tout a commencé et que tout est parti en vrille. À cause de cette dépendance que je déteste pourtant tellement. Que je me pose de temps en temps, pourquoi pas. Mais je serai mon propre pilier. Ça c’est une résolution que je ne reporterai pas. Je dois grandir. Et je pense de toute façon que je serais incapable de m’autoriser à me confier à nouveau à toi. Cette place-là, peut-être qu’elle incombera à quelqu’un d’autre à un moment donné...

__ [...]  j'vois pas pourquoi je devrais me priver de notre amitié.

J’inspire. Mon regard retombe dans le sien. La tendresse s’étire sur mon visage comme pour aller dans son sens.  

__ Tu as raison.

C'est vrai après tout. Pourquoi pas ? Mes bras se défont. Je cède à sa demande.

__ Je veux bien essayer.

Mais pas la peine de lui préciser que je fréquente moins la bande. Déjà parce qu’il n’y a plus de club. Puis parce qu’il y a RED, mais surtout parce que côtoyer Pytha d’aussi près me met mal à l’aise, me renvoie à mon pathétique échec.

__ Mais à condition qu’on suive quelques règles. Parce que j’te connais. Mmh… Voyons voir… Je souris avant de lui de le pointer rapidement du doigt. Éviter de se renifler par exemple. Je ne peux pas m’empêcher de laisser éclater un rire finalement étrangement détendu. Parce que quelque part, il y a comme un poids en moins. Ouais, ça serait pas mal.

Mes doigts viennent se faufiler dans les pointes de mes cheveux, pendant que je réfléchis à la suite. Je me décale à ses côtés, comme si on allait se mettre en route et faire enfin un bout de chemin ensemble.

__ Euhm… Les clins d’œil aussi. Mets-toi dans la tête que ton côté séducteur, j’l’ai déjà pratiqué, alors skip it. Même si c’est naturel chez toi, haha.

Nouveau rire. Dédramatisation en cours. Les railleries reviennent facilement. Si ça reste simple et léger, je pense que je peux y arriver aussi.
Une main se raccroche à la lanière en cuir de mon sac pour la remettre convenablement sur mon épaule, tandis que mes jambes amorcent le départ. De mon autre main, mes doigts viennent glisser sur mes lèvres quelques secondes avant de se retirer vivement.

__ Oh et quand je fais un cadeau, tu l’acceptes et tu dis merci. Mêême si ça fait pas « mec ». Comment j’vais faire pour me débarrasser des trucs qui me servent pas sinon.

Regard en biais sur Heath.

__ Entre amis, faut bien savoir se rendre service. Sourire narquois. Puis je relève le nez droit devant moi. Bon. Ensuite…

Il va peut-être regretter d'avoir tenu à cette amitié. Mais dans "recommencer", il y a "commencer". "Recommencer", c'est aussi aller de l'avant. On va peut-être y arriver cette fois.


#ff6633 début septembre
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Souvenirs, souvenirs~ Ou pas
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