Fantôme et Démon [Pv Hadès]

Encore une nuit aussi blanche qu’un irlandais roux. Encore une nuit longue. Encore une nuit ennuyeuse où ses grands yeux éteints analyseront les moindres recoins de ce pensionnat devenu fade pour la demoiselle. Pour rassurer son morceau de chair que l’on appellera  « cœur », la belle se disait qu’aucun autre endroit ne serait mieux pour elle que celui-ci. Pourtant, avec tous les évènements fâcheux de ces derniers jours, elle avait l’impression d’être une spectatrice de plus dans cette foire aux monstres. Spectatrice silencieuse, spectatrice lassée de ces créatures qui préfèrent se donner en spectacle plutôt que de s’abonner à des jeux plus intéressants. Le scrabble était pourtant une bonne occupation ! Cependant, l’albinos n’était pas contre une partie d’échec grandeur nature.


Vous avez devant vous un joli cadavre qui ne trouvait plus la volonté d’effrayer ceux qui lui passaient sous la main. Elle qui aimait tant apeurer ces « vilains », de les voir se pisser dessus, de faire matérialiser leurs pires cauchemars ! La terrible vérité est que son don l’avait peu à peu éloigné des autres. Ils étaient davantage distants, froids et parfois mesquins avec elle. Les petits diablotins de A n’étaient pas connus pour leurs gentillesses non plus ! Toutefois, ils avaient fait de Kanna le loup solitaire de la promo.  Malheureusement pour eux, la belle s’en foutait royalement. En effet, cela ne faisait que confirmer ses propos :


Le tableau était simple à comprendre. Ce ciel n’était pas celui qu’on côtoyer dans les livres ou fan fiction à la Twilight. Ce ciel était moche. Il était verdâtre nuancé de noir par moment. Ajoutons à cette purée de pois cassés nocturne quelques gros nuages qui donnaient une impression d’étouffement à la toile. Toutefois, ce portait était bien plus agréable à observer que le visage de certaines personnes de sa classe. Au moins, la belle pouvait s’allonger sur le toit à admirer les formes disgracieuses  de ces cumulo-nimbus. Ses jambes frêles et blanches contrastées avec l’obscurité qui avait envahi le balcon du deuxième étage des « nuls ». Allongée sur le dos de ce dit lieu, la jambe de la belle pendait, se balançant à rythme régulier dans le vide. Dangereux ? Sûrement. Cependant, entre des élèves risquant l’arrêt cardiaque dans leurs chambres et une chute mortelle du haut d’un balcon, le mot « dangereux » n’avait plus de sens pour les oreilles de la demoiselle.

Pour le moment, elle était là. Elle était seule à contempler ce que l’homme avait fait de plus hideux : la ville. Ville encore éclairée malgré l’heure tardive frôlant la première heure de la matinée. Ces lumières-là Kanna les détestaient parce qu’elles apportaient une touche d’ocre au tableau que je vous ai décrit précédemment. De plus, cette couleur était ignoble pour ses nombreuses significations. Le soleil ? La lumière ? L’espoir. Quelle blague !

La traitrise, l’adultère, le mensonge, la maladie, la morosité, la tristesse. Nous sommes bien loin de l’image joyeuse que nous lui attribuons à tort, n’est-ce pas ?

Kanna n’était pas dans une phase de « dépression » ou autre symptôme qui touche les jeunes mécheux aux regards crayonnaient de traits noirs. En effet, malgré le froid de l’hiver hantant encore les lieux de Prismver, la belle avait pensait à son petit confort en dérobant l’autre jour (à un élève de la classe E) une bouteille d’alcool au nom imprononçable. Le but n’était pas d’oublier, de pleurer ou de rire de manière indécente. Boire ce nectar permettait à la belle de maintenir une chaleur constante tout en gardant un semblant de vivacité dans son joli minois.

La belle contemplait la ville de son regard le plus vide, mais également le plus songeur. Se demandant combien de personnes souffraient de cauchemars en ce moment même. Entre les fins doigts de la belle, de nombreux songes noirs glissèrent inlassablement. Quel gâchis ! Monstres de films d’horreur, de jeux vidéo, échec d’un examen, angoisse d’un amour éphémère… Quelle plaie ! Un grognement s’échappa des lèvres de la belle sur lesquelles une odeur d’alcool fruitée avait pris place.

Perdue dans cette constellation artificielle, les pensées de la belle furent stoppées par des bruits de pas. L’intensité de ces derniers révéla une personne quelque peu…agacée ? Oui ! C’était le mot ! Pour l’heure, l’albinos se dressa, prête à mordre en cas de danger potentiel. Fixant la porte, elle reconnut aussitôt l’individu de par sa prestance, chevelure et cernes.

Hadès O.Stone.

Au fond d’elle, la belle n’était pas surprise. En effet, elle avait eu vent des habitudes peu recommandables de l’individu. Aimez des uns, détestez des autres. Cet énergumène ne passait pas inaperçu dans les couloirs de Prismver puisqu’il était essentiellement responsable des vices qu’ils se tramèrent en ces lieux. L’animal allait peut-être repartir aussi vite qu’il n’était venu ! Kanna faisait souvent cette impression. Telle la Peste, on l’évitait dès qu’elle pénétrait un lieu. Fallait-il insinuer que les gens se portaient mieux loin d’elle ? Triste réalité.
Alors qu’elle venait juste de terminer une gorgée de l’alcool [insérer nom allemand de ce dernier], l’albinos fut surprise que ce fameux Hadès ne prennent pas jambes à son cou pour partir de ce clocher. Au contraire ! Il l’aborder avec une voix blasée.

Un sourire s’échappa des lèvres humides de Kanna qui s’écroula sur le sol en pierre. Posant sa bouteille, elle trouva la remarque de cet énergumène déplacée. Pour cause, l’albinos n’était pas une adepte de l’alcool ! Loin de là ! La vilaine curiosité avait fait son œuvre en ce soir ce février et comme à chaque fois, elle laissait son amant déçu de ses expériences.


Pour l’heure, la belle ne savait pas comment répondre face à cet homme qui la surplombée. Elle sortit donc les premiers mots qui lui étaient venus. Cependant, à en croire le faciès de jeune garçon, il n’était pas non plus dans ses meilleurs jours ! La conversation allait donc être riche en arguments ! Ironie. Évidemment.

La bouteille étant encore pleine, l’albinos ne voyait pas d’inconvenant à partager sa salive avec un candidat tel que ce « monstre » qui faisait tant parler de lui. Posant cette dernière sur le sol, loin de la belle, Kanna continua de fixer Hadès bien qu’un souffle glacial se glissât dans le dos des deux individus.

Supprimant son sourire, la belle eut un douloureux souvenir qui se bloqua dans sa gorge.

Le bal.

De sa cabane, elle avait aperçu les couples en tenues somptueuses. Certains s’étaient même dirigé le haut de ce même clocher. Sourires, rire, rougissement, baisés. Spectatrice comme à son habitude, la demoiselle n’avait pas assisté à l’évènement pour plusieurs raisons. D’une part, elle n’avait eu personne pour y aller. Deuxièmement, les robes de ce genre n’étaient pas sa tenue favorite. Troisièmement, l’existence de ses congénères.

Aujourd'hui, elle était présente sur ce lieu qui avait accueilli tant d’émotions, de conversations et d’aveux. Plongée dans ses pensées, la belle en ignora l’individu aux cheveux pourpres pour se saisir une nouvelle fois du paysage de la ville encore lumineuse.

Dos à ce fameux Hadès, la belle allait peut-être se prendre un couteau dans le dos, être assommée ou autres bizarreries que l’on rencontrait dans les films d’horreur. Cependant, il ne portait ni de masque ni un gant assorti de griffes. Toutefois, cet acteur était-il le vilain psychologue détruisant ses victimes par la seule force de ses mots. Il fallait donc redoubler de prudence.

La jeune fille ne prit pas la peine de répondre. Un nouveau silence s’installa.

Fixant l’horizon lugubre et défigurait par les lumières de la ville, la jeune albinos apercevait chaque maison, porte et fenêtre que cette vue lui offrait. Étant donné que son don ne lui permettait pas de passer d’agréables nuits, la belle s’occupait comme elle le pouvait durant ses soirées blanches. De ce fait, elle allait souvent à proximité des maisons dans le but d’effrayant quelques âmes apeurées. Entendre hurler lui suffisait pour son petit plaisir personnel.
Détachant son regard une nouvelle fois du tableau, Hadès avait –encore- attiré son attention de par ses remarques « piquantes ».

Kanna lâcha de ses lèvres un petit rire malicieux qui la fit automatiquement rougir. Le contraste de température entre son corps et l’air ambiant se faisait ressentir. Quand bien même ! La remarque du jeune garçon était curieuse. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait ce genre de réflexion « stupide ». Cependant, sortir cette phrase de la bouche de quelqu’un qui faisait tout pour qu’on le remarque la faisait doucement rire.

Arrêtant rapidement cette petite fantaisie, la belle se retourna pour analyser de haut en bas l’individu toujours planté devant elle. Elle avait déjà compris qu’ils ne fonctionnaient pas de la même manière qu'elle dans cette jungle peuplée de macaques. Frottant son œil droit pour enlève un semblant de larme, la belle ajouta d’une voix plus prononcée :


En effet, beaucoup de personnes connaissent le visage de la lady. Plus particulièrement son don qui ne laisse personne indifférent dans ce pensionnat. Tout le monde la craignait sauf les insomniaques. On n’osait pas aborder la belle de peur de passer une mauvaise nuit. La veille d’un examen ça serait tellement stupide faut dire ! Cependant, sa transparente, sa timidité, sa discrétion faisait qu’on oubliait facilement au milieu de la journée. Son heure de gloire se dérouler la nuit jusqu’au petit matin où les traces de son passage étaient visibles de par les cernes prononcées de ses congénères.  

Par chance, cette nuit-là, elle était tombée sur ce fameux individu. Tout le monde en parlait, tout le monde le connaissait et parfois en cauchemardait. Ce curieux adolescent, ce « démon rouge » était un personnage récurrent des histoires noires que Kanna aimait faire découvrir à ses lecteurs endormis.  En quelque sorte, il lui volait la vedette. Heureusement pour lui, l’albinos n’était pas rancunière sur ce point.

S’appuyant contre le mur de pierre, la lady tendit sa main droite devant elle pour la mettre en évidence. Instantanément, de petites illusions inoffensives apparues dans le creux de sa main. On pouvait y voir une araignée, une copie d’examen avec un résultat nul, la mort (sous l'apparence d'un crâne) ainsi que le clown du jeu vidéo Bewilder House. Ces dernières, toujours aussi fourbes, quittèrent la main de la jeune fille pour s’approcher d'Hadès. Elles flottèrent autour de lui, ne surprenant pas l’albinos qui n’en avait pas terminée.


De sa fine main blanche un chibi à l’image de Hadès apparu et rejoignit le petit groupe de monstres près de l’homme aux cheveux pourpres. La belle n’avait jamais pris connaissance de ce garçon pendant un très long moment. Elle n’avait jamais consulté un registre d’élèves ou autre. Toutefois, son visage revenait de manière régulière dans les songes des élèves. Kanna en connaissait plus en analysant les cauchemars des autres qu’en les côtoyant tous les jours. Cependant, cette liste n’était que la bêta. En effet, la demoiselle avait dans le crâne toute une foire aux monstres présents uniquement que pour satisfaire son petit plaisir.