On peut pas vraiment dire que le cours d'aujourd'hui te passionnes. En fait, il a plutôt tendance à t'endormir. Et pourtant ça vient de commencer. A ton grand malheur, cette heure de littérature est encore loin d'être écoulée. Les tics tacs de l'horloge de la salle recouverts par les paroles ennuyeuses du prof - t'as pas assez de motivation en toi pour écouter. C'est vrai ça, comment on se concentre déjà ? Ton air intrigué par tes propres pensées donne l'impression au prof que t'es passionné. Si seulement t'avais quelqu'un à côté de toi. A deux le temps passe deux fois plus vite. Où deux fois plus lentement si selon la personne ... Mais généralement, dans ce groupe là tu te retrouves seul. Entre les gens de ta classe que tu connais pas trop et ceux du lycée qui te sont encore plus inconnus - t'as pas grand chose à faire à part écouter.
Dans une veine tentative de réanimer la classe, le prof annonce joyeusement qu'un travail de groupe s'impose. La camaraderie, la joie des binômes - tout ça pour un travail de recherche tout con. La joie se lit sur le visage de certains élèves qui ont des amis avec qui travailler - tandis que cette nouvelle te laisse extrêmement indifférent. En revanche, la seconde annonce du prof vient tuer toute forme de joie dans les yeux de ses élèves; leur annonçant qu'il sera celui qui choisit les binômes. Parce qu'on est ici pour travailler, pas pour déconner. Cette nouvelle là fait bien chier tout le monde. Y compris toi. Non mais c'est vrai quoi, personne n'aime se retrouver avec un mec qui fout rien ou encore celui qui t'as bolossé il y a à peine une heure au self pour te voler ton dessert.
C'est à ce moment que tu es censé prier le dieu imaginaire dans ta tête pour qu'il te déniches quelqu'un de correct. Mais ça, rien ne t'y obliges. Surtout quand tu connais vraiment aucune personne de ton groupe et qu'au final, tu t'en fiches un peu. Puis ton nom est enfin annoncé;
▬ ... Benson et Fitzgerald.
Pour le coup, le deuxième nom t'es familier uniquement parce que tu l'entends à chaque fois que le prof fait l'appel. Mais sinon, la tête associé au dit nom te reviens absolument pas. La seule façon de percer le mystère, c'est de bouger. Alors tu te déplace vers ta binôme avant qu'elle ne vienne à toi. De toute façon elle a l'air encore moins motivée que toi. Wow. Tu dirais même qu'elle a l'air d'en avoir encore plus rien à foutre que toi. et... potentiellement rien à foutre de toi ?
Elle n'a pas encore levé les yeux pour te regarder. Alors tu la regardes de haut pendant quelques instants avant de prendre place à côté d'elle. De là où t'es tu as une vue panoramique sur ses longs cheveux bleus. Tu t'assieds. Tu salues. C'est probablement pas cette simple politesse qui va attirer son attention alors tu trouves un truc bateau à dire.
▬ Bon... J'espère que t'es plus forte que moi dans cette matière.
Tu lui sors un franc sourire avant de piocher un livre au hasard dans la pile déposée par votre prof au bord de la table. Ceci étant dis, le serious business peut commencer. C'est l'heure d'étudier -pour les plus courageux- et faire semblant, pour les endormis.
Il n'y a pas grand chose à dire. Aujourd'hui encore, le monde est éteint. Ton regard se glisse par-delà le verre épais de la fenêtre - tu aimes lires. Tu es probablement une des plus ferventes lectrices de la salle - tu n'as eu que ça à faire ces dernières années et celles d'avant encore oh que c'est doux de se perdre entre les lignes et les mots l'espace d'un instant, oublier ce gris qui teinte le monde quand il n'est pas rouge pour un léger battement de coeur comme un vol de papillons - alors oui, tu aimes lire. Tu aimes tout autant les cours de littérature, rassurée que ces derniers n'aient pas grand chose à voir avec ces heures passées à décortiquer des passages d'oeuvres au niveau des procédés, décrypter la raison des choses quand il suffirait pourtant d'accepter des mots et de s'en contenter mais non - les professeurs semblent décider à tout remettre en question, à tout analyser, gâchant complètement le plaisir des textes que tu parcours depuis des années - et ça t'attriste un peu. Tu es assises seule comme toujours évidemment, alors que la populace s'est rassemblée sur les tables. Il n'y a rien à faire, le cours d'aujourd'hui est inintéressant - même pour toi - et tu rêves d'en partir le plus vite possible pour un moment de silence, peut-être une goutte d'alcool et pourquoi pas un joint ; tu préférerais ça à une lapidation discrète dans un coin reculé de l'établissement, pour une fois que tes pansements et bandages ne ressortent pas trop - même si tu en as un sur la joue, au coin des lèvres. Tu n'écoutes que d'une oreille distraite la voix du professeur qui te semble plus lointaine qu'à son habitude, gribouillant de la pointe de ton stylo des signes sans queue ni tête dans un coin de ton cahier qui ont sûrement un sens dans ta tête, qui ressemblent probablement à quelque chose pour ton regard mais pas celui des autres. Binômes. Ta main s'arrête sur le papier alors que tu relèves à peine les yeux de ta feuille. La classe s'agite, enjouée - tout du moins jusqu'à ce que le professeur annonce qu'il sera celui qui les formera. Aucun intérêt pour toi, peu importe la personne de toute manière - tu ne connais personne, aucun nom et aucune tête, rien ne reste dans ta tête. Tu ne bouges pas de ta chaise - pis encore, tu sors un mp3 (oui ces choses existent encore) branché à des écouteurs et tu en mets un discrètement dans tes oreilles, lançant un morceau pour te faire penser à autre chose que la silhouette qui se rapproche de toi - tu stresses un peu, à l'intérieur. Tu stresses même sûrement beaucoup ; ça te rend anxieuse, de rencontrer des gens. Même si c'est toujours la même chose - aucune parole et, plus tard, aucun souvenir. Alors tu restes seule, c'est pas grave. Et puis tu n'as forcément envie d'être entourée. Tu entends sa voix - tu supposes puisqu'elle se mélange au morceau qui passe à tue-tête dans ton oreille. Tu redresses à peine la tête pour planter ton regard électrique sur lui de sous ta frange, détournant ton intérêt après quelques secondes sans lui répondre pour autant ; tu prends à ton tour un livre, une feuille et un stylo, commençant ton travail en silence. Et tu n'as aucunement l'intention de parler à ton pseudo partenaire d'infortune.
Le silence. On va pas se mentir, les vents tu t'en es prit un paquet dans ta vie. Mais comme ça, d'entrée de jeu ça fait mal. Si t'avais été dans une série américaine bien naze, un rire de sitcom aurait pu couvrir ce moment de gêne, le rendre plus amusant aux yeux de quelques gens. Mais là, rien. Le pur silence. Tu peux toujours tenter de te parler à toi même; mais les apartés marchent pas dans la vraie vie. Et tu vas juste passer pour un con au près d'une binôme qui doit déjà avoir une très faible estime de toi.
Alors tu baisses les yeux, tu bosses. Tu places la fiche de consigne au centre de la table histoire que vous soyez deux à en profiter. Mais cherches pas, elle te regarde pas. T'essayes de lire et tu te dis que au moins, si tu trouves un truc, ça pourra attirer son attention. Enfin, tu essayes même très fort de lire. Parce qu'à une heure pareille la concentration vole pas très haut.
Vous pouvez être deux à glander, ça c'est sûr. Mais rester là, à attendre en silence c'est trop déprimant pour toi. Tu tournes la tête, t'essayes en vain de te sortir de ta situation bien awkward - mais tout ce que tu vois c'est les autres binômes; qui échangent, qui bossent et qui bossent pas. Même trouver un sujet de conversation ça demande trop de réflexion. Alors tu sors ton portable discrètement sous la table - tu veux voir combien de temps il te reste avant la libération. C'est malpoli mais tant pis.
En passant les yeux sous la table, tu remarques un fil d'écouteur qui dépasse. Et c'est pas le tient. Et tu te sens comme un con. Ah ouais, elle avait ses écouteurs. Elle a pas du m'entendre. — même si t'es presque persuadé que crier ne va rien arranger, tu tentes une seconde approche.
▬ Merde excuse j'avais pas vu tes écouteurs...
Va savoir pourquoi, mais tu t'excuses d'avoir dérangé une fille qui écoutait sa musique en classe. Même si ça t’empêches pas de lui parler.
▬ T'écoutes quoi au juste ?
Tu prends le temps de la regarder et tu te fais pas trop d'illusion. C'est pas une simple question qui va la réveiller. Tu tends ta main - geste risqué - vers cette fille que tu viens de rencontrer. Tu prends un écouteur à son insu. Un moment d'hésitation. Finis ce que tu as commencé. Profite de la musique. Profites-en.
▬ c'est cooooool. Nan franchement j'aime bien ce que t'écoutes.
Tu lui rend son écouteur.
▬ Je connaissais pas. Mais j'aime bien écouter d'la musique pendant le cours aussi. C'est marrant de voir les lèvres du prof bouger et entendre un autre son.
Et tu peux être sûr qu'elle peut voir ton sourire niais la transpercer. Mais tu es moins sûr de ce qui va arriver ensuite.
Tu es dans ta bulle - ce que tu apprécies fortement. Le son régulier des basses vient taper dans ton oreille alors que tes yeux divaguent sur les lignes, tes doigts tournent le papier et le stylo fait couler l'encre comme il se doit dans de jolies lettres bien rondes et calligraphiée. De temps à autre, ton regard glisse sur la feuille de consignes qu'il a pensé à mettre entre vous deux, te faisant seulement accélérer le travail. Et tout est ((silencieux)) terriblement calme ; ta simple musique suffisant à te détendre un peu. Tu as toujours préféré travailler ainsi. Tout est parfait, pour une fois. Tu croises tes jambes sous la table, retenant un léger bâillement alors tu essaies de ne pas prêter attention au reste de la classe - ceux qui murmurent, ceux qui rient, ceux qui dorment, ceux qui travaillent et celui à côté qui ne sait plus quoi faire pour attirer ton attention - ça t'irrite. Ça te fait peur, aussi. Il te met mal à l'aise. Tu ne sais pas comment réagir à l'attention des gens - quand on vient juste passer ses nerfs sur toi, tu as l'habitude de ne rien dire, d'attendre que ça passe, mais quand une personne dénuée de mauvaises intentions essaie de se lier à toi tu perds tout moyen. ((ignore-le)) C'est toujours plus simple et puis, ça sera moins pénible après quand tu l'oublieras, ou quand ça sera lui qui le fera. Pourtant, il ne semble guère décider à te foutre la paix - d'habitude, au bout de quelques minutes les gens abandonnent. Tu entends vaguement sa voix sans chercher à enlever ton écouteur pour comprendre correctement ses mots. Et tu aurais continué à l'ignorer aussi si si ((sa main)) Ton corps se crispe, tu te recules un peu sur ta chaise par réflexe et tu tournes ton visage sans expression vers lui, avec son écouteur dans l'oreille. Ton écouteur, putain. Tu le nettoieras avant de le remettre - tu n'as rien contre les gens, mais par principe, foutre dans ton oreille ce que quelqu'un d'autre a mis dans la sienne, tu trouves ça dégueulasse. Son compliment te laisse sans joie alors que tu rattrapes du bout des doigts ton écouteur, ne sachant plus où le mettre. Alors final, tu le laisses tomber dans le vide sous la table - ça vaut tout aussi bien. Et puis, intérieurement, tu lui donnes raison - écouter de la musique, être imperméable au bruit extérieur et voir les lèvres qui s'agitent sans en entendre le capharnaüm qui en sort, ça n'a pas de prix. Et puis son sourire oh - il est doux, il brille ((terriblement niais et chaleureux)) ; ça en serait presque douloureusement éblouissant. Alors tu fuis. Encore, toujours, tu détournes ton regard de lui - tu l'ignores pour ainsi dire, mais cette fois tu prends un stylo, écrivant sur le coin d'une feuille au crayon à papier. Gorillaz - Feel Good Inc. Tu glisses la feuille vers lui. Il peut prendre ça comme il veut, une invitation à parler, un simple renseignement - tu ne sais toi-même pas trop de quoi il retourne au fond. Mais ça restera de l'écrit pour ta part - vous êtes encore en classe. Et tu n'es pas apte à parler. Tu n'en as pas envie. Alors, en soi, ces quelques lettres sur du papier, c'est déjà beaucoup de ta part.
hrp ; orfl, doit y'avoir un peu de tout - Gorillaz, Artic Monkeys, Twenty One Pilots, Nirvana, Funeral Suits, Alt-J (ect)
Un mouvement de recul; tu peux la voir nettoyer son écouteur avant de le reprendre. Mais tu ne peux pas lui en vouloir, tu aurais fait pareil. Tu imagines très bien quel genre de mec lourd tu peux être des fois, et ça te gêne au fond, même si tu le montres pas. Alors qu'elle laisse son écouteur tomber à côté d'elle ; tu peux imaginer que ça le rend plus accessible -car elle peut écouter ce que tu dis- tout en imaginant aussi que tu la dégoûte tellement qu'elle préfère jeter son écouteur dans le vide plutôt que le remettre dans son oreille.
Tu détournes le regard l'espace de quelques secondes, histoire de penser à autre chose - arrêter d'imaginer des scénario tordus. Lorsque tu tournes à nouveau la tête ; une feuille près de toi. Tu la saisis, tu la lis. Tu lâches un merci. Tu reprends la confiance et une bouffé d'air. Continuant de sourire bêtement.
Tu la regardes. Elle compte sans doute pas te regarder alors c'est un poil creepy - mais tu es à cours d'idée (cherches, trouves quelque chose). Une multitude de question à la con traverse ton esprit (trouves autre chose). Ton stylo en main, tu commences à faire quelques traits sur ta feuille, tellement aléatoire qu'on appelle difficilement ça de l'art mais vu de plus près c'est bien un dessin. Un dessin qui se peaufine suivant le fil de tes pensées. Puis très vite; des livres, un portrait du prof réaliste (selon un certain mouvement artistique: le batonisme) - et pendant que tu es lancé sur la représentation d'humains, tu dessines la première personne en face de toi. Ta binôme ; décidément même en lui ne lui parlant pas, tu trouveras toujours de quoi la faire chier. Ton dessin en évidence sur la table; tu rajoutes de longs traits figurant les cheveux (dans ton style bâton) que tu colories soigneusement en bleu pour faire comprendre.
▬ Là c'est toi tu vois, enfin... sur mon dessin, tu souris mais c'est quand même toi.
T'es pas encore assez lourd, rajoutes-en. Tu viens déjà de lui faire la légende de son croquis à l'oral - qu'est-ce que tu peux encore inventer ?
▬ Roh je me moque pas hein. Te méprends pas... Au fait j'aime bien tes cheveux, ça fait longtemps qu'ils sont... Bleus ?
Fallait bien qu'une de ces questions à la con sorte de ta bouche. Jamais t'apprendras à te taire.
Son merci te plonge dans l'incompréhension - merci pour quoi ? d'être terriblement asociale ? mais il semble soudain radieux - éclatant encore, son sourire naissant encore sur ses lèvres. Tu manques presque de soupirer. Tu ne comprends pas les gens - mais encore moins son type. Un vrai mystère. Mais il est plus mignon quand il sourit, tu lui accorderas ça. Tant qu'il ne cherche plus à empiéter sur ton monde - aussitôt pensé le voilà déjà en train de chercher une nouvelle approche, tu le lis dans ses yeux. Tu te concentres aussi sec sur les lignes et ton livre. Scritch scritch le crissement du stylo sur le papier - et pas le tien. Ah ? Il s'est peut-être mis à travailler (enfin). Tu n'es pas une élève particulièrement studieuse pourtant Pryam, c'est une jolie ironie que tu nous fanfaronne là. Tu es la première à sécher quand tu n'en as pas envie ou que tu n'es pas apte à montrer ta gueule à cause des gueules de bois ou juste parce qu'elle est trop amochée - mais il est vrai que quand tu te pointes, tu travailles un minimum. Même si t'es pas particulièrement brillante, il est vrai. Tu ferais sûrement mieux en t'impliquant plus mais t'en as pas envie. Le vert te convient bien. Bref. Sa voix te sort une énième fois de ta bulle alors que tes yeux se rivent sur son dessin - tu bugues un moment. Je me moque pas hein pourtant tu jurerais - c'est un peu tout ce que les gens savent faire à ton égard. Tu accordes un regard méticuleux à son oeuvre. Quelque part, tu trouves ça joli. T'aimes bien l'art dans nombre de ses formes - toi aussi, avec tes bombes aérosols tu fais fais des jolies choses parfois. Et puis sa question - anodine, à n'en point douter et surtout complètement inutile. Tu fais glisser une mèche bleue entre tes doigts - tu dois bien avouer que tu ne fais pas d'efforts pour l'aider. Tu aimerais bien qu'il se taise. Qu'il arrête de pousser quand il n'y a rien à trouver au fond. Tu reprends ton stylo, écrivant sous son dessin. plus de trois ans, je pense. Tu ne te souviens plus trop, à vrai dire. Tes souvenirs sont flous. Tu ne sais même plus pourquoi tu as décidé de les faire bleus ou encore pourquoi tu persistes à les teindre. T'aimes pas forcément le bleu. Mais c'est un peu ta couleur, il semblerait. Tu te redresses sur ta chaise, t'étirant un peu avant de faire tourner ton stylo entre tes doigts. Tu ne sais pas trop quoi faire de lui, de son enthousiasme que tu ne sais pas gérer et de son intérêt pour ton existence que tu trouves ennuyeux au possible. Tu retiens encore un soupire. il serait temps qu'on se mette au travail. on avancera jamais sinon. Tu poses enfin tes yeux dans les siens, vaguement, quelques secondes pour mieux les plonger sur le bureau et ne plus les sortir de là, mal à l'aise d'un contact visuel maladroit. Mais t'es toujours impassible comme une tombe.
Elle a pas craché sur ton oeuvre. Alors tu gardes le sourire. Et elle t’a même répondu, toujours par écrit, bien entendu. Ca reste une réponse, et ça te satisfait. Tu glisses ta feuilles vers toi tout en songeant ; vas tu la garder ? T’es le genre de personne à chérir les petits mots qu’on t’écrit, même les plus inutile. Ou bien t’as simplement la flemme de les jeter. Là, tu sais que tu vas le garder - rien que pour la musique - bien que tu n’aimes pas conserver tes dessins (même toi tu trouves ça moche). Mais bon, c’est pas tellement ce qui importe.
Là tout de suite; faut bosser. Elle te l’a dit. Alors tu plonges à nouveau la tête dans les bouquins. Noyé dans l’encre ; tu te perds entre les lignes et ta concentration s'évanouit en moins de temps qu’il en faut pour le dire. Tu plains ta binôme. Tout ce que tu fais, c’est l’emmerder et tu peux même pas lui rendre le simple service de bosser. Ce qu’elle ignore encore, c’est que t’es pas une flèche. Tu foires souvent en classe, faut l’avouer - t’as jamais eu de facilité. Mais tu te sens assez intelligent pour réussir ce travail de recherche (tu l’espères). Alors tu tournes les pages, une à une, et à ton rythme. Les yeux rivés sur les paragraphes - elle peut avoir la paix - concentré, rien ne peut t’arrêter. Ton stylo sur le papier ; tu écris enfin quelque chose de censé.
Et en quelques minutes, t’as répondu à une question. Un exploit; t’as presque envie de l'applaudir ironiquement. Mais tu sais que t’étais mal parti pour bosser - c’est donc avec fierté que tu tends ta feuille à Pryam pour qu’elle puisse copier. Mais en regardant de plus près, tu remarques qu’elle a déjà avancé de son côté. Logique, elle allait pas te laisser tout faire. Si ? En fait t’es plutôt habitué à ce genre de binôme - tu regardes attentivement sa feuille.
▬ fais voir ce que t’as marqué.
Mise en commun rapide. Tu t'aperçois que t’as bien fait de pas lui donner ta feuille.
▬ ouais… En fait c’est moi qui vais copier sur toi.
Les yeux à nouveau dirigés vers ta feuille ; t'oses même pas la regarder. Elle doit te juger. Dans sa tête t'es fiché teubé, à tous les coup.