Fiesta !

▬ Olliiiiiiiiiiiiiiiiiie ! J’suis trop contente de te voir, chou, les autres sont déjà là?  

▬ J’ai apporté à boire, j’espère que ça ira.  

Qu’on vienne pas s’plaindre. La faute à l’administration qui a décidé un beau jour de foutre les plus déviants de cet établissement dans le même dortoir. Ollie, Stan’ et Eze’, aka les mecs avec un faible non négligeable pour la fête et l’excès. Quand c’est pas l’un qui fait venir du monde c’est l’autre. Un fat cercle vicieux qui règne entre ces murs, on est tous au courant.
Alors ce soir on avait tenté de voir les choses en moins grand. Et le mot "tenté" est important.

Ça fait un moment qu’elle pulse à cause de la musique, la cabane numéro 7. Avec ses cloisons qui tremblent elle a l’air d’être en vie, comme parcourue de grands frissons extatiques. Si on tend l’oreille, on devine comme le battement d’un cœur, un putain de cœur immense même.
La faute à la centaine de décibels qui résonnent dans le salon.
Et si l’on se risque à l’intérieur..

Des allures organiques dans le dortoir le plus mouvementé de Prism. Le soleil en déclin projette des teintes incendiaires sur les murs et au fur et à mesure que les rayons se font plus rares y a un véritable système nerveux qui apparait sur les murs. Des veines pulsant de la lumière.
Marbrures néons.
Créées spécialement pour l’occasion.

Des éclats de rire qui entrecoupent le morceau en train de passer. La tradition quand Ollie fait soirée. Before obligatoire avec ceux qui sont trop ponctuels. Tek paf et blunt. C’est à dire qu’on se sert des shots de tequila pure, qu’on les descend d’un trait entre une dose de sel et de citron, avant de se vider la tête en s’emplissant les poumons. Vaguement assis en tailleur mais surtout affalé dans l’uns des fauteuils face au canapé où étaient posés les premiers arrivés, même pas fringué comme il faut, Ollie quoi. En train de chercher son briquet dans les poches de son slim noir avant que Yuri ne lui en balance un.

Gros on est sobres as fuck regarde comment t’as bien visé ça va pas..

Il fait gamin avec son sweat low expectations oversized dans lequel il flotte ; il a beau avoir remonté ses manches y a ses doigts qui dépassent à peine lorsqu’il porte le bâtonnet empoisonné à ses lèvres histoire de prendre sa dose. Inspiration. L’extrémité incandescente du stick qui crépite. Souffle qu’il bloque une seconde, le temps de s’imprégner. Avant de pencher la tête en arrière histoire d’expirer un long geyser de fumée en direction du plafond, nuage qui se mêle aux zébrures néons.

C’est comme si les coups à la porte lui avaient filé une décharge électrique, l’idée d’un nouvel arrivant lui fait l’effet d’un défibrillateur, et Ollie se redresse aussitôt, reporte tout à plus tard. Refilant le joint à qui veut il traverse le dortoir. Surtout être le premier à la porte. Main sur la poignée. À peine le time d’entrouvrir. Joy. Impact.
Il avait manqué de perdre l’équilibre à cause de ce qu’il a dans le sang et des étoiles qu’il a dans le crâne. Ollie rend aussitôt l’étreinte comme s’il n’avait pas vu la jeune fille depuis des mois. Car ils doivent sûrement créer leur espace-temps à eux en présence de l’autre. Un de ces plans de la réalité où le temps s’écoule plus vite. Pour ça que la moindre absence semble longue.

J’ai pressenti qu’c’était toi j’te jure j’mens pas ! La vie d’moi on a une connexion de l’hyperespace babe !!

Smack sur la joue, il reste tout aussi désinvolte qu’elle. Normal. Y a jamais eu de malaise et y en aura jamais. Neon boy désigne les potes coté canapé d’un signe de tête alors qu’il se décale pour laisser Joy entrer, précise qu’ils sont pas encore au complet, avant de s’emparer de la bouteille de bière. Rire tandis qu’il referme la porte.

Yuuri tu m’dois vingt balles Joy a encore ramené d'la bière !

Ça commence bien.