Hawaïenne, quatre fromages, bolognaise et ?? [ PV Kamyl T. Wolff ]

Will Fenech

Hawaïenne, quatre fromages, bolognaise et ??

Le réveil fut compliqué. Ou plutôt nébuleux. Entre la phase sommeil profond et celle d'éveil progressif. Le moment où on ne veut pas se lever, mais où l'on sait qu'on ne pourra pas se rendormir. Qu'on est déjà trop réveillé pour ne serait-ce qu'espérer retourner dans les bras de Morphée. Parce qu'à ce stade-là, on réfléchit déjà bien trop. Bref. Après cette sombre constatation vient le questionnement fatidique. Kamyl allait-il glander au lit ou bien se lever ? Grande question. Qu'il se posa un long moment. Jusqu'à ce que l'ennui ait raison de lui. Là, il devait faire quelque chose. Et commencer par se lever serait un très bon début. Se vêtir également. Du coup, manger serait bien aussi. Pour les éventuelles activités qu'il pourrait envisager effectuer plus tard. Tout est dans la supposition. Mais même s'il passe sa journée à loquer, il vaut quand même mieux manger. Un sandwich. Sans salade. Sans tomate. Sans cornichon. Sans crudités tout court. Oui voilà, c'était ça le bon plan. Un jambon beurre tout simple. Parce que le bol de cacao avec des tartines de confiture, c'est trop sucré pour lui. Pas assez british. Néanmoins, le bacon et les œufs, il n'apprécie pas énormément ça le matin.

C'est sur cette intention des plus noble que Kamyl trouva la force de s'habiller. D'un simple t-shirt avec comme motif, une tomate coupée en deux. Il ne sut s'il devait maudire sa sœur pour un tel achat ou s'il devait y voir un signe. Pour son amour fou envers ce fruit. Ironie du jour, bonjour. Avec un de ses éternels joggings. Gris. Neutre. Poivre et sel. Assaisonné.

Une fois vêtu, il envisagea de quitter sa tanière. Et c'est ainsi qu'il découvrit un étrange spectacle. L'un de ses colocataires se tenait dans la petite cuisine de leur cabane. Ça encore, ça n'avait rien de surprenant. Surtout venant du gars qu'est en filière cuisine. Oui, ça, Kamyl l'a retenu facilement. Ce qui le choquait, c'était le dialogue que ce dernier semblait entretenir avec la nourriture. Qui donc dans ce monde s'entretient avec des oignons... ? C'est étrangement comme s'il voulait rassurer la bête avant de la trancher en rondelle. Pauvre aliment.

Profitant de ce spectacle culinaire, Kamyl s'appuya contre le chambranle de la porte. Il croisa les bras pendant que son camarade épluchait et faisait leur fête aux oignons. Il l'observa également s'imprégner de l'odeur que dégageait sa casserole. Il ne manquerait plus qu'un regard énamouré au métis pour donner l'image parfaite d'un petit couple. L'idée même que cette situation se produise le révulsa et le ramena sur terre. I-N-E-N-V-I-S-A-G-E-A-B-L-E. Comme accompagner un rôti avec des bananes. Le E se remua et se décolla du chambranle de porte.

S'approchant du plan de travail, il détailla plus précisément ce qui le composait. Pendant que son camarade faisait sa petite vaisselle. Kamyl ne se pensait pas tant silencieux. Mais Will n'avait encore, semble-t-il, pas remarqué sa présence. Dans l'optique de s'annoncer, mais surtout de taquiner son aîné, le métis se saisi d'une spatule avant de la pointer vers son camarade. « Tu ressembles à une vraie ménagère dis-moi. » Puis d'un coup de tête, il indiqua la préparation culinaire. « C'est pour fêter quoi cet amoncellement de bouffe ? » Peut-être envisageait-il de faire une fête dans leur cabane le soir même et qu'il préparait le repas pour cette occasion. Mais qu'il ne le prenne pas pour une quiche parce qu'il est sûr de ne pas avoir été prévenu. Fronçant les sourcils, il fit part de sa brochette de questions avant de se faire submerger par ces dernières. « Tu fais pas de fiesta ce soir rassure-moi. » En indiquant d'une vague signe de main la panoplie du petit cordon bleu. « J'veux pas faire l'rabat-joie hein, mais la paella la semaine dernière et le couscous celle d'avant m'ont suffit. » Même s'il n'avait pas été avec Will pour ces occasions, les plats trop exotiques, il sature.

Will Fenech

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Kamyl se contenta de hausser les épaules. Qu'il le prenne comme il le voulait. Ça ne changerait absolument rien. Mais si Will se sentait flatté soit. C'est toujours bon pour l'ego personnel de recevoir des compliments. Personne n'y fait exception.

En faire beaucoup ? Mais c'est une blague ? Parce que là, ce n'est plus vraiment ce qu'on peut appeler beaucoup. Surtout pour une personne seule. Ce sont des réserves. Pour la semaine. Enfin, pour la semaine de Kamyl. Qui ose dire qu'il picore tel un moineau ? Bon, c'est de la pizza. Il peut faire un effort. S'il fait un tri au préalable. Chiant ? Absolument pas. Du tout. Jamais. Que diable serait-il avec une telle attitude. La blague.

Cependant, il avait de quoi se rassurer. Aucune fête ne semblait prévue. Ce n'est pas ici qu'il y aurait du grabuge. Voir son espace envahi sur une trop longue période ne lui plaît pas franchement. Surtout la nuit. Même s'il ne dort pas toujours, il préfère gérer seul.

Le commentaire de Will le laissa pantois. Sérieusement ? Le blond juge sa capacité à draguer via son physique ? Mais... Kamyl ne savait même pas comment réagir devant un tel affront. Sous-entendait-il vraiment que le brun se comportait comme une midinette ultra attentive à son physique ou bien rêvait-il ? Non, parce que là, ça devient grave. « Mon poids ? Sérieusement ? » S'il l'autre lui sort qu'il utilise un tel argument comme technique de drague, il se déménage. Que ce soit clair. Pas que Kam soit un dragueur invétéré. Loin de là même. Cependant, il a un minimum les bases. Sachant parfaitement que débarquer et dire qu'il fait 64 kilos n'est pas quelque chose de très productif.

Il l'observa encore quelques minutes faire ses boules de pâtes, trop, avant de légèrement le bousculer pour prendre sa place. Il concéda également une réponse. « On s'en fout de comment on la mange. C'est qu'une pizza. Enfin une armée dans ton cas. » Il ne regardait absolument pas avec insistance les pâtes qui devaient lever. Puis alors que Will disait se sentir observer, une idée débile germa dans l'esprit de Kam. Se saisissant d'un couteau, il dessina deux yeux et une bouche sur quelques-unes des pâtes. « Je te présente tes progénitures. Elles te ressemblent. » Dit-il sur le ton de l'évidence. C'est qu'il en a de l'humour le Kamyl.

Après un petit temps de repos pendant lequel les pâtes levaient, Will étala la première. Avant de demander ce qu'il devait mettre dessus. Comme si Kamyl allait savoir. Tout en haussant les épaules, il lui répondit laconiquement. « Jambon fromage. » Clair. Net. Concis. Mais surtout précis. De toute façon Kamyl préfère la simplicité. Puis les pizzas garnies de tout et n'importe quoi ne lui donne absolument pas envie. Il laissa Will à son dilemme et prit le rouleau pour étaler la pâte suivante. Tout concentré à la tâche qu'il était, il ne fit pas attention à comment fut garnie la première pizza. Kamyl préférait une pâte fine. Parce que c'est plus facile à manger. Mais comme ce n'était pas lui le chef cuisinier aujourd'hui, il demanda simplement. « Fine ou épaisse ? »

Puis il continua sur sa lancée. Très domestique comme situation. Trop. Anormalement calme même. Pas que Kam ne sache pas être calme, au contraire. Néanmoins, c'était étrange. Finalement, il repéra la farine à quelques centimètres de sa main. Une idée tentante venait de germer dans son esprit. Encore une. De gamin. Encore une fois. Bis repetita. Tant pis. Il se saisit d'une poignée de farine avant d'armer son bras et de la balancer sur les cheveux de son colocataire. Puis de pouffer. Comme une nana. Quelle honte. Mais c'était très tentant. Will semblait tellement concentrer que le moment ne pouvait pas être plus propice. Il était carrément fier de sa connerie. « T'as oublié la farine pour qu'elle ne colle pas. » Oui, il a l'audace d'en rajouter.

Will Fenech

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Il se contenta de hocher la tête. De la pâte fine, c’était parfait. À n’en pas douter. Puis ça a l’avantage de ne pas rester trop longtemps en bouche. Mâcher du caoutchouc ce n'est pas agréable et c’est exactement la sensation qu’il ressent à garder un aliment trop longtemps dans sa bouche. C’est qu’il a un palais délicat le Kamyl. Lui-même dirait plutôt raffiné. Ça fait tout de suite plus sérieux et professionnel. Et non pas gamin capricieux qui n’aime rien. Oh, il en a parfaitement conscience. Mais tout ne peut pas toujours être rose dans une vie. Loin de là. 

La tête que tirait Will avec de la farine plein les cheveux valait des points. Dommage que Kamyl n’ait rien pour le filmer. Il aurait eu un très bon souvenir de son colocataire avec des cheveux blancs. La vieillesse avant l’âge. De quoi l’embêter. Cependant, ce dernier ne semblait pas trouver ça drôle du tout. Il avait un visage plus proche de la colère que de l’amusement. Ce n’est que de la farine bon sens ! Pas de quoi en faire tout un plat non plus. S’il se vexe pour si peu, où va donc le monde… Puis c’est là qu’il comprit le piège. Lorsqu’un sourire de renard se posa sur les lèvres de son colocataire. Ce n’était qu’une feinte. Le métis en eut la confirmation quand il sentit un truc visqueux dans ses cheveux. À en juger par la coquille que venait de poser Will sur le plan de travail, il dirait qu’il s’agit d’un œuf. Ce dernier confirma en parlant de cheveux doux. « Je suis désolé de t’apprendre que ton massage crânien était déplorable. Même un bulldozer s’en serait mieux sorti que toi. » Ne pas se laisser faire. Ni une ni deux, Kamyl alluma le robinet et arrosa généreusement la tête du blond. Il n’y a pas de raison pour qu’il n’y ait que lui qui ait la tête collante. Puis comme une bataille ne se gagne pas sans initiative, le brun traversa la pièce en ricanant. Il se saisit de sauce tomate pour l’envoyer sur le visage de l’autre cuisinier. « Le rouge te sied à ravir ! » Et comme une taquinerie n’arrive jamais seule. « Je suis prêt à te prêter ma cravate si tu en veux un peu plus. »

Trop concentré sur sa petite bataille de nourriture, Kamyl ne fit absolument pas attention aux pizzas. Will en avait-il mis chauffer ? 

Will Fenech

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Le traiter de princesse ne lui plaît particulièrement pas. Ainsi, Kamyl se mit à grogner. Comme un animal sauvage. Bientôt, il va mordre si l'autre s'approche trop près. Et peu importe la menace, il n'y prête que peu d'attention. Si peu ne peut définitivement pas l'effrayer. En revanche, le ton doucereux employé à de quoi le rendre méfiant. Toujours sur ses gardes. Et il a de quoi se tenir sur ses gardes le Kamyl. Parce que face à l'envahissement de son espace personnel, il faut se défendre coûte que coûte. Ça commence par écraser de toutes ses forces le pied de l'envahisseur. Néanmoins, trop concentré à sa tâche, le brun ne se rendit compte que trop tard du marqueur posé sur son front. Le mal est déjà fait. Et la position est relativement gênante. Qu'il se bouge tout de suite, ou Kam lui envoie un uppercut dans le menton. Il est prévenu. Ou pas. Mais Kamyl est prêt à toute opportunité. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud.

L'abruti de colocataire est toujours trop proche et peu importe ce qu'il dit, Kam trouve ça déloyal dans une bataille de bouffe d'incorporer d'autres matériaux. « C'pas en m'déclarant ta flamme sur la peau que j'vais y prêter attention. » N'étant pas sûr de vouloir savoir tout de suite ce qu'il y a d'écrit, il préfère changer de sujet. « Maintenant dégage avant que j'te face tâter d'mes poings. » Aucune menace n'est faite en l'air. « Surtout s'tu veux manger quelque chose. » S'il faut en venir à menacer la bouffe pour obtenir gain de cause ici, où va le peuple. Quoiqu'il en soit, que ce soit la menace ou la bouffe qui ait agit, Will se décide enfin à déguerpir et le laisser respirer un air qui ne sent pas la farine mouillée.

Prenant la direction de la salle d'eau, le brun se dirige vers le miroir au-dessus du lavabo. Voir un peu la débilité qu'il portait à présent sur son visage. Il sait que ça va être une connerie. Il s'y attend. Il est prêt. Ce n'est pas pour autant qu'il ne tombe pas des nues une fois la surprise découverte. « Enfoiré... » Devant ses yeux, il peut voir un magnifique ❝Princess Kamyl of my heart ❞ écrit au marqueur noir. « Va t'faire foutre Will. » Il va en passer un temps fout à nettoyer tout ça... Soupirant, il prit un gant de toilette et commença la dure tâche d'enlever tout ça.

À force de frottement, la peau du jeune homme se teinta progressivement de rouge. Et certes, le noir est nettement moins prononcé. Il n'en est toujours pas moins présent. Quelle plaie à enlever. Il espère juste que ça partira assez vite et de préférence avant les cours du lendemain. Pendant qu'il squatte la salle de bain, Kamyl en profite allègrement pour passer sa tête sous l'eau et enlever la vaste plaisanterie qui colle ses cheveux. Des œufs... Franchement... Au point où il en est, il aurait meilleur temps de prendre une douche tout simplement. Sauf qu'il n'est pas sûr que la paix soit établie avec Will. Kam n'est définitivement pas un bon perdant et va tout simplement refuser d'en rester là. En bagarre, il lui faut le dernier mot. Quitte à mettre la cuisine sans dessus dessous. Paix à son âme.