I'm Only One Call Away feat. Colton [TERMINÉ]

Tôt le matin. Tard le soir. Tu ne sais même pas. Le soleil était couché, c'était la seule certitude que tu avais. Ta dernière garde au service magie avait été épuisante. Vous étiez déguisez sous le couvert d'un département complémentaire, mais vous occupiez des blessures causées ou liées à la magie, en profitant pour effacer la mémoire de certains non-mages qui auraient eu une mauvaise rencontre. Ce n'était pas parce que vous étiez désormais à la vue du monde que, pour autant, vous alliez laisser une mauvaise réputation vous atteindre.

Ton portable vibrait et explosait ta rétine de sa lumière, mais tu n'arrivais pas à appuyer sur le bouton décrocher, trop engourdi par le sommeil et la fatigue, tes yeux explosés et gonflés. Tu n'arrivais même pas à voir qui t'appelais. Et finalement, la sonnerie cesse.

Nickel, tu vas pouvoir retourner dormir. Toi et tes deux colocataires, deux autres mages à l'histoire compliquée, comme toi, recrutés par votre chef de service, dormiez avec vos bras et jambes entrelacés de manière insolite, couché sur des matelas étalés dans le salon, ayant depuis bien longtemps abandonnée l'idée de dormir dans vos chambres pour la durée de votre internat de médecine.

Mais les vibrations reprennent de plus belle et tu parviens finalement à décrocher, ta voix rendue rauque par la fatigue demandant d'une manière peu agréable.

"Quoi ? Il est je ne sais pas quelle heure de la nuit, j'ai été debout les dernières 48h, il y a eu un accident badass et des gens blessés par magie alors qui que ce soit, pourquoi un appel à cette heure ?"

On dirait un enfant, tellement tu te plains Colton. Ta coloc' bronche à ta voix, alors tu soupire, trace de fatigue encore plus évidente que ta voix. Ta voix se fait plus douce et lasse, alors qu'un sourire fatigué s'accroche à tes lèvres.

"En fait, c'est bon. Je sais. Comment vas-tu Joy ?"

Et soudainement, tu es moins fatigué.

"Non Joy. Non."

Tu avais laissé du temps passer avant de répondre.

"C'est juste. T'es tellement extraordinaire, quelqu'un était voué à se confesser à toi. Et d'autres l'auraient sûrement fait avant si tu n'étais pas tout le temps dans les pattes des S."

Et tu le dis gentiment Colton, ça s'entend dans ta voix. Elle était comme un chaton déambulant au milieu d'une meute de loups, n'ayant aucune crainte. Et maintenant, tu craignais pour elle. T'avais quitté la meute et elle risquait de se retourner contre elle.

Tu reprends, tentant d'être clair dans ta demande, espérant qu'elle comprendra.

"Et ce n'est pas ça que je voulais dire Joy. Qu'est ce que tu lui à répondu. Qu'as-tu fais ?"

Oui Joy, qu'as-tu fais pour que cet appel veuille dire quelque chose. Un baiser, c'est peu. Une déclaration, c'est rien.
Rien qui ne pourrait te mettre dans cette état, rien qui ne mériterait que tu sois aussi paniquée, aussi désireuse de l'attention totale ton copain, alors qu'il était à l'autre bout du globe.

Et t'es un peu égoïste aussi. Mais Colton ne le dira pas. Car il l'est aussi. Car il l'a aussi. Ce désir égoïste de te garder pour lui et lui seul.

Alors Joy, réponds lui, s'il te plaît. Dit lui la vérité. La vérité, pour qu'il arrête de tourner comme un lion en cage, ses yeux encore cernés par ses dernières actions.

Est-ce que tu te souviens au moins que tu n'es pas la seule à vivre quelque chose de difficile Joy ? Car il ne peut rien faire pour toi lui. Lui, il est forcé d'écouter et de prendre sur lui, le temps que son internat se termine.

Alors Joy, sois franche.

Ne contourne pas la question.

Inspiration douloureuse, l'air âcre dela Californie brûlant tes poumons, tel un feu ravageur. Tes yeux se ferment alors que tu tente de nouveau de respirer, espérant que cette bouffée sera la salvatrice, celle qui te sortira de cet enfer. Mais non Colton, t'es incapable de bouger sans que ton corps entier ne se révolte.

Envie de hurler frapper, ton ombre clownesque se lamentant d'un destin que tu n'avais pas vu venir. Car tu ne l'avais pas vu venir celle-ci Colton. Toi et ton don de vision, vous veniez de voir l'avenir être modifié par une seule décision. T'étais parti.

Le happy end te semble si loin maintenant.

Tu tentes de parler, tu essaies Colton, tu le jures. Mais ta bouche est sèche, ta gorge incapable de laisser filtrer le moindre son. Ses mots t'ont blessé. Tu savais qu'elle était jolie. Tu savais qu'elle t'aimait. Mais Colton, t'as pas confiance en toi. Et elle devrait le savoir.

Et un instant, rien qu'un instant, tu l'as pensé ce Et si c'était lui le bon ?

Et tu t'en veux tellement. Tu t'écoeure.

Et finalement, enfin, tu parviens à parler. Mais ce n'est sûrement pas ce qu'elle attendait.

"Okay..."

Tu baisses les bras te mure dans le silence et ferme tes lèvres pour la dernière fois. Tu abandonnes. T'as plus la force de la retenir.

Alors tu te tais.

Oh Joy, si seulement tu savais.

Si seulement tu savais comme il veut te parler Colton. Comme il voudrait te dire que ce n'est rien, qu'il te pardonne, que ce n'est pas de ta faute.
Mais les mots ne sortent pas.
Il reste muet, incapable de parler. Incapable d'articuler, de bouger.

Ses yeux son pourtant secs, son visage vide comme si ta supplication avait été de trop.
Comme si il aurait été préféravle que tu te taises toi aussi.

Vous avez été des bouées de sauvetage l'un pour l'autre. Toi pour te changer les idées, penser à autre chose que ta propre noirceur. Un peu comme lui finalement. Miroir d'une âme torturée.

Son souffle se ralenti, sa conscience s'éclaircit. Il se souvient de comment il a voulu changer son destin. Il avait cru que partir ne ferait qu'éclaircir votre avenir. mais regarde toi Joy. Debout sur la corde raide, telle une magnifique et pourtant si fragile funambule.

Et observe Joy. Observe bien, car tu viens de lui offrir l'instrument de ta propre chute.

Sourire.

Puis rire incontrôlable à l'autre bout du combiné, dans lequel on peut entendre cette étincelle de folie. Ce éclat abasourdi, estomaqué. Car soudainement, Colton, il a beau chercher, il ne le retrouve plus. Tu sais, votre happy end.

C'est mort. Tu comprends Joy ? Mort.

Tu ne lui a pas laissé le choix. Peut-être même que tu aurais dû te taire. Ne rien dire, Garder pour toi ce secret terrible.

Ou peut-être as-tu bien fait, qui sait de mettre un terme à cette relation malhonnête. Vous vous êtes dit des choses terribles Joy.
Est-ce vraiment l'amour qui vous réuni ou bien le goût de l'interdit ?
La satisfaction que Colton a de te savoir entre ses doigts semble disparaître. Comme si son jouet préféré lui fût arraché. Qu'on l'obligeât à le partager.

Et dans le silence assourdissant de la nuit, votre fil rouge se désunit.

Ainsi déchiré, il se décide finalement à te parler.

"Joy."

Un simple mot. Un mot qui veut tout et rien dire. Ton prénom. Et cette émotion qui vous aura été si brutalement arrachée, par cette nuit d'été.

"Pourquoi t'as appelé ?"

Il ne te laisse pas le temps de parler. Comme si le son de ta voix risquait de le tuer. Pourtant, son visage est blasé.

"Tu t'es trouvé un  nouveau copain, c'est cool pour toi. Tu sais, que t'ai tourné la page si facilement."

Il est cruel, mais tu devrais le savoir, depuis le temps. C'est son mécanisme de défense, sa dernière barrière face à ta propre cruauté.

"J'imagine que t'as quelqu'un don le lit se doit d'être réchauffé, je ne vais pas te retenir plus longtemps."

Air faussement étonné, rire rauque si réel et pourtant si distant.

"Juste, je vais transférer à Prismver pour finir mon internat dans quelques mois. Essayons de ne pas rendre les choses trop difficile pour notre entourage, ok ?"

Sourire tendu que tu ne vois pas, tendresse infâme que tu ressens pourtant entre ses mots doux-amers.
Tu ne le vois pas éviter les regards malheureux de ses colocataires, essayant de conserver les apparences jusqu'à la fin. Tu ne le vois pas Joy, et tu ne le devineras même pas.

Car vous en savez pas grand chose l'un de l'autre finalement, dans cette relation trop parfaite, compte tenu de la quantité de poison circulant dans vos mots et votre haine.

"On se retrouve en Octobre. En attendant, tâche de te faire honneur, très chère pute à S."

Dernière inspiration.

"Ciao."




The End