robe de noly au cas où blblbllUn maigre sourire adressé à la glace qui orne son mur, surplombe sa petite coiffeuse. Il est faux, faible façade pour persuader son corps qu'il n'a aucune raison de trembler, de céder à la panique aguicheuse. Elle a tourné des heures durant dans sa chambre, regretté six cent fois son choix. A caché bien trop longtemps son visage sous ses draps, incapable d'en sortir, d'expliquer ce soudain froid.
Elle a le trac.Elle se penche vers le miroir, vérifie que son maquillage est sans défauts, que sa robe n'ait pas un pli, que ses cheveux se tiennent sages. Elle qui s'était juré chaque année de ne pas y mettre pied, se retrouvait aujourd'hui à espérer que son premier bal ne soit pas un carnage. Elle avait joué l'indifférence pendant si longtemps, ri au nez de Narcisse Eze et Désirée qui l'avaient mise au défi. Elle avait sorti la carte de la nonchalance quand le D lui avait proposé de venir avec lui, avait poliment souri à l'idée d'y aller en amis.
Après tout, la raison principale de ses précédents refus était qu'elle n'avait jamais eu de cavalier. N'avait jamais voulu prendre la peine de chercher, de trouver pour une soirée à qui se lier. Ce genre de bals était une occasion romantique, tirée tout droit d'une scène de film clichée comme elle ne pouvait les supporter. Les histoires insignifiantes et brèves d'été étaient une chose, mais une réelle relation était quelque chose qu'elle n'avait jamais expérimenté. Elle avait vu les gens autour d'elle s'attacher et s'aimer, le monde avancer tandis qu'elle restait figée, incapable d'avancer. Et aller au bal de Noël assister à toutes ces effusions d'affection, ces démonstrations d'amour ne l'avait donc jamais inspirée.
Mais cette année, ça serait différent.Oui, c'était une première fois, qui serait sans copain mais sans pression; avec Robin elle savait que c'étaient rires et bons moments assurés, qu'il n'y avait qu'à être confiants. Leur amitié était simple et joyeuse, sans prise de tête, une des rares qu'elle chérissait sans jamais au grand jour l'avouer. Elle se savait inextricablement attachée, plus qu'à aucun autre, et la perdre était ce qu'en son coeur elle craignait.
Et si ce soir tout changeait ?Et si justement leur amitié n'était précieuse que parce qu'elle n'avait rien de formel, serait-elle ruinée par un bal de noël si solennel ?Elle sait qu'elle se rend folle toute seule, s'invente des histoires qui n'ont pas lieu d'exister, stresse pour un rien. Mais il n'est pas dans sa nature de croire qu'en ce qui la concerne, tout se passera bien. Encourager et être optimiste pour les autres, c'est si facile.
Elle jette un dernier regard au grand miroir qui la nargue, vérifie que la sangle de ses talons ne la lâchera pas, prend une pincée d'assurance. Le stress disparaît peu à peu, remplacé par une certaine excitation, une sorte d'impatience. Et elle sort de son bungalow, se dirigeant vers le Grand Hall où elle a rendez-vous. Pour une fois, elle est à l'heure, et s'en féliciterait presque à en sauter partout. Sauf qu'elle aimerait éviter de se casser la figure.
Elle voit Robin arriver en même temps qu'elle, souriant et élégant, et envie immédiatement sa désinvolture. La voilà, pourtant toujours si assurée en société, si confiante deux minutes plus tôt, qui perd ses moyens, comme cet autre jour dans son lit ; elle ne comprend pas pourquoi malgré tout elle rougit face à lui.
C'est la première fois que ça lui arrive, qu'elle doit chercher quoi dire, quoi faire.▬ Eh ben, tu es très beau ce soir dis donc Robin, ça t'arrive de faire des efforts comme quoi. Sourire mi-moqueur mi-sincère.
Non pas qu'il ne le soit pas généralement, mais elle n'a pas tendance à le remarquer particulièrement. C'est juste son ami quoi.