Oh, Kenna, regarde toi, avec ton short noir sur bas résille, tes creepers cirées et ton crop-top moulant en dentelle ébène qui vient se perdre bas dans ta poitrine. T'as pas mal jugé ton regard dans le miroir avant de partir, ne manquant pas de te trouer un bon air de salope, mais t'avais besoin de t'amuser ce soir. Direction le Fiat Lux et son bruit assourdissant qui couvre la petite voix dans ta tête et sa masse de gens sans visage qu'il est si facile de faire sortir de ta vie aussi rapidement qu'ils y sont entrés.

C'est presque ta façon à toi de te punir d'être incapable de faire le choses que t'aimerai être capable de faire, ne serait-ce qu'être un être humain fonctionnel. T'as dû sécher au moins trois jours de cours cette semaine, parce que tu pouvais pas te lever de ton lit. Voir des gens, rester concentrée, sourire. Non. T'es restée sous ta couette, à déprimer, sans rien faire de concret. Et tu déteste ça, chez toi. Tu déteste être cette putain de larve, alors tu t'infliges ces trucs que tu détestes tant pour oublier tes problèmes. T'agis de façon irresponsable, mais il paraît que s'envoyer en l'air avec des inconnu en boîte de nuit, c'est de l'irresponsabilité socialement acceptable, que de boire jusqu'à en vomir, c'est une façon que jeunesse se fasse. Tu comprends rien à cette merde, à vrai dire, mais si c'est comme ça qu'il faut faire pour pas avoir l'impression d'être rejetée, alors pourquoi pas, hein?

T'as bu quelques bières, t'es fait offrir un ou deux cocktail, t'as dansé avec quelques mecs bien plus torchés que tu ne l'étais, et au final, t'étais pas assez bourré pour suivre ce gars chez lui. Pas faute d'avoir voulu, mais la simple idée d'imaginer la chose t'a tout à coup donné envie de vomir. Besoin. De. Plus. D'alcool. Alors tu vas jusqu'au comptoir, la mine renfrognée.

Les jambes croisées sur le tabouret, bras croisés sur le bar, tu as pris place à côté de cette silhouette familière que tu ne t'attendais pas à voir ici pour attendre ton sex on the beach.  Au début, t'étais pas sûre que ça soit la bonne personne. Jack, ici, quelle drôle d'idée après tout. Puis t'avais furtivement jeté quelques coup d'œil au blond, semblant perdu dans ses pensées, qui avait fini par confirmer ton hypothèse.

- Hey? Jack? JACK?

T'essaye de parler plus fort que le battement assourdissant de la musique qui rythme les pas de tous ces gens sur la piste, mais c'est finalement en posant ta main sur son épaule que tu obtenu une réaction.

- Qu'est-ce que tu fou la mon gars? Tu t'es perdu ou quoi?

Le regard qu'il te lança à cet instant, entre le moment où il saisit son verre et celui où il fit couler l'alcool dans sa gorge calma immédiatement ton enthousiasme. Il y avait une certaine forme de regret dans la façon qu'il avait détourner ses yeux clairs de ton visage, d'arquer ses lèvres en ce sourire mélancolique.

- Je fais comme toi, très chère. Et certainement comme beaucoup de ratés présents dans ce lieu, je bois pour oublier des souvenirs et mes problèmes. Mais je bois aussi pour me rappeler d'autres bons moments.

Tu songes un instant à ses mots, te disant que tu étais probablement encore plus pathétique que ce que tu ne le pensais. Pourquoi tu bois, Kenna? Pourquoi tu cherches à te mettre dans cet état? La question tourne, et tourne dans ta tête comme tu fais tourner le petit parasol dans ton cocktail. Et la petite voix dans ta tête revient au galop, criant bien plus fort encore que les enceintes qui entourent la piste de dance. Regardes toi, Kenna. Il a pas tort, Crane. T'es une ratée, toi aussi. Qu'est-ce que tu fais de ta vie, au juste? Médiocre dans tes études, désastreuse en maîtrise, socialement chaotique. Tu fais pitié. Même arrêter de penser, t'en es pas capable, faut croire. C'était pas ton but, à la base? Quel échec.

Tu descends le verre qui a si longtemps glissé entre tes doigts d'une traite. L'alcool, ça marche toujours. Suffit juste de trouver la dose suffisante. Tu t'apprête à en demander un autre, mais Crane te devance. Il interpelle le serveur avec un ton arrogant comme seul lui en est capable dans tout Prismver et lui demande deux bouteilles de vodka. Tes lèves se retroussent en un sourire en coin quand le blond te tend la bouteille.

- Me feras-tu l'honneur de rester boire un peu avec moi?  Pour dire vrai, je me sens un peu seul, hm.

Tu lèves un sourcil, incapable de retenir la surprise d'entendre une telle confidence venant du grand méchant Crane. Impossible de résister à l'occasion de voir le A éméché. C'était peut-être même l'occasion de lui arracher quelques informations. Pourtant, aucune ne te viens vraiment encore en tête. T'ouvre nonchalamment la flasque que tu amènes à tes lèvres dont la teinte artificielle a déjà commencé à s'estomper au cours de la soirée.  

- Si c'est toi qui régales, je vais pas m'en priver, réponds-tu en riant.

Tu reposes la bouteille sur la table sans la moindre trace de délicatesse et croise les jambes avant de t'accouder sur le comptoir. Pose que tu n'imagines pas aussi provocante, en oubliant complètement ton accoutrement. T'as pas l'habitude de ce genre de fringues. Les T-shirt qui te tombent trois fois trop grand ont en effet pas le même potentiel sexy que ton haut moulant en dentelle.

- Alors Monsieur Crane, qu'est ce qu'il se passe ? On se sent bien seul du haut de son égo? Il a dû en prendre des coups pour que tu te retrouves à te confier à une D bourrée en boîte, non?

Ca t'amuse de voir cette expression sur le visage de Jack. Lui qui arbore toujours cet air si fière, si confiant, il semble tellement vulnérable aujourd'hui. Et tu dois reconnaitre que tu ne t'attendais pas à recevoir les confessions du grand méchant Crane aussi facilement. Peut-être que l'anglais n'étais pas si méchant que ce que le disaient les bruits de couloirs. Après tout, les rumeurs, ça a jamais été ton truc, et l'expérience que tu avais du blond te semblait jusqu'à présent plutôt agréable. Il t'avait offert une bouteille après tout.

Et cet état d'esprit fait que tu es facilement touchée par ses mots. Tu sais pas ce que c'est de perdre un parents. T'as vu les beaux-pères défiler, mais ceux que tu considérais comme ta famille ont toujours été à tes côtés, qu'importe vos embrouilles. Jenna, Lessie, ta mère, Finn, ils ont toujours été là pour toi. Tu peux pas comprendre sa douleur, celle de perdre à nouveau la seule personne qui n'ait jamais été là pour toi. Mais ton imagination fait le travail. T'essaye de te mettre dans sa position, et tu comprends, au fond.

- J'aime ta tenue. Elle te rend superbe. Je pense que ma mère aurait apprécié ce vêtement. Tout comme ta personnalité.

Tu ris, Kenna. On ne te l'avait jamais faite celle-là. Tu tournes dans sa direction, accoudée sur tes cuisses, la vodka qu'il a payé un peu plus tôt entre les doigts. Y a ce sourire sur le coin de tes lèvres, amusé, mais peut-être un peu touché aussi.

- Je ne pense pas que ta mère apprécierait quoi que ça soit chez moi. Les mamans ont tendance à dire que je suis une mauvaise fréquentation pour leur enfants. Elles n'ont pas forcément torts.

Tu termines ta déclaration avec un soulèvement de sourcils. Au fond, t'en a conscience. T'as bien prit le temps de te juger devant le miroir avant de sortir de ta cabane. T'as bien prit le temps de te faire la réflexion que se ferait sûrement Elizabeth en te voyant aux côtés de son fils. Puis faut dire que t'es essentiellement venu pour être ce genre de personne. Celles qu'on ramène en fin de soirée, après avoir trop bu, parce que c'est plus simple comme ça. Parce que ça t'évite de penser. De chercher quelque chose de stable, ou de te poser la question de pourquoi tu n'en veux pas.

- Mais Jack, tu sais, je pense que ça soit une conspiration. Des fois, la vie est une pute, c'est tout.

Qu'importe ce qu'il te dit, Mckee, tu vois bien qu'il ne semble pas convaincu. Mais l'idée qu'il fasse l'effort de te faire croire qu'il est d'accord te touche. Touché par un mensonge… C'est le genre de chose auxquels on doit s'attendre en tentant la carte de l'amitié avec le célèbre Jack Crane. Mais l'intention est là, vu qu'il essaye visiblement de te faire plaisir. Un autre verre de vodka. Tu sais que c'est pas une bonne idée, t'es déjà bien imbibée. Mais tu vas pas lui refuser ça. Tu vas pas te refuser ça. De toute façon, tu risques rien avec Jack. Tout le monde est au courant de ses préférence.

Alors tu laisses le liquide bruler à nouveau ta trachée et se répandre dans ton sang, flouant encore un peu plus ton jugement pour ce soir. T'aurai jamais été approché ton camarade sans ça, faut dire, et ça a plutôt été positif jusqu'à présent. Pas de terribles conséquences à payer. Pour l'instant. Alors vas-y Kenna, et laisse toi aller. Eclate de rire en voyant sa démarche maladroite quand il essaye de se lever, de gagner la piste de danse. Et suis-le rejoindre la foule, oubliant que du haut de tes plateformes, toi aussi tu commences à tanguer.

- Tu sais quoi, Crane? J'sais pas pourquoi les gens t'aiment pas en fait. T'es un chic type. Ca c'est de la conspiration tu vois. Genre comme les reptiliens tu vois?

Tu t'approches de ton partenaire, assez proche, avec ce regard sans gêne, celui qui dévisage et ne cherche pas la moindre seconde à cacher sa curiosité. Au fond, ta grande question, c'est de savoir pourquoi il est si peu populaire. Ok, c'est un Adler un peu trop impliqué, un peu trop extrême. Ok, il a fait des coup de STANISLUT à pas mal de gens. Ok, il est bien trop arrogant et péteux avec sa fortune. Mais il est vachement mignon, non? T'y vois pas clair Mckenna, mais t'as l'impression de redécouvrir le riche héritier ce soir sous un nouvel angle, et une part de toi trouve quand même ça étrange que personne n'ai eu l'occasion de voir cette facette avant toi.

- Rassure-moi, t'es pas un reptilien, hein? T'es riche et influant et t'as bien le teint à vivre dans un réseau souterrain. En plus…

Tes prunelles descendent lentement de son visage jusqu'au reste de son corps, observant attentivement sa carrure, que t'accompagne de palpation de ses bras et de son torse rapide, avant de reposer tes mains sur tes hanches.

- Clairement, si je pouvais changer de forme comme les reptiliens, j'prendais une apparence de bg comme ça là.

Tu l'observes avec un regard inquisiteur, mais Jack ne semble pas décider à en dire plus et n'a pas l'intention de te laisser continuer à déblatérer tes conneries. Il pose ses doigts froids sur tes lèvres avant de commencer à se déhancher, les cheveux en bataille, chemise déboutonnée. Ca lui donnait un tout autre style, au Crane toujours au quatre épingle. Ca a un petit quelque chose de sexy, mais tu ne te fais pas trop d'illusions : c'est l'alcool qui parle, là. T'as dépassé ton quota de verre qui te permet de rester lucide, et tu ne le sais que trop bien. L'échauffement sur tes joues, cette sensation de relaxation dans tes muscles, et surtout ce putain de silence dans ton cerveau. Un peu de tranquillité. Rien ne sert de lui demander s'il vaut un culte à Laogzed. Après tout, Jack ne joue probablement pas à Donjons & Dragons. Cela dit, l'idée te fait bien marrer.

Tu ne peux pas t'empêcher d'imaginer l'anglais, assis dans une cave avec trois autres nerds et quelques bouteilles de Dr. Pepper, à lancer des dés 20 à la lumière d'une bougie et se réjouir d'une réussite critique. Pas moyen de retenir le fou rire qui te prend, Mckee. C'est pourtant pas si comique, mais quand Jack te propose un verre, tu t'es toujours pas remise de ton hilarité. T'essaye de cacher ton euphorie derrière tes mains, mais c'est trop drôle. Jack Crane. Qui créé son personnage D&D. En train de se battre contre un troll. T'en a mal au ventre tellement tu ris, et c'est en te pliant de rire du haut de tes plateforme que tu fini par te casser la gueule.

- Hey, Jack, tu veux pas plutôt passer dans ma cabane? J'veux tester un truc. En plus j'ai à boire, normalement. Enfin tu peux ramener une bouteille hein, pas de soucis mais j'dois avoir un peu de … tequilla j'crois. Puis on sera plus à l'aise pour gerber chez moi qu'au milieu des gens, non?

Pas très glam, mais assez réaliste. Surtout si vous enchainez vraiment sur une bouteille d'alcool d'agave après ce que vous avez déjà ingéré. Tu t'approches du blond, toujours amusée par l'image qui t'a traversé l'esprit, et lui donne une tape amicale dans le dos.

- Aller, je suis sûre qu'on va bien s'amuser!