Don't think, just let you go [Mackie ♥]

Le problème, quand on passe la nuit à jouer aux jeux vidéos, même en ayant inventé un stratagème génial pour ne pas se faire repérer et arriver à terminer la totalité du jeu Zelda sur lequel on galère depuis des mois, en pleine nuit, c'est que l'on ne se lève pas le lendemain. À vrai dire, c'était la veille du week-end, c'est pourquoi, je n'avais pas pris la peine de regarder l'heure durant ma partie, sachant que je n'avais pas besoin de sortir du lit à sept heures pétantes. Bien au contraire, je comptais profiter jusqu'au bout de ce qui allait être une grasse matinée des plus agréables, puisqu'une nuit sur Zelda n'est pas sans vous fatiguer - ou vous faire péter les plombs à cause de défaites successives et d'overdose de poules. De mon côté, c'était les trois, ce qui présageait de la magnifique maturité dont je faisais preuve lorsque je touchais à un jeu électronique. Il ne fallait pas croire qu'être un E et faire montre d'un peu de maturité et de snober les gens quant à leurs remarques stupides sur mes différences pouvaient faire de moi quelqu'un de mature, loin de là. D'ailleurs, je me demandais ce qu'il y avait de glorieux à finir un jeu pour obtenir un extrait pourri à la fin dans lequel on avait même pas le droit au baiser entre Link et sa princesse qui n'a bien évidemment rien foutu du jeu comme elle le fait dans toutes les cartouches.

La vérité, c'est que j'étais plutôt déçu de ma performance. D'ordinaire, il m'arrivait de commettre quelques erreurs durant ma partie, mais c'était une véritable misère, ce que j'avais fait hier. Pas un pas sans m'embrocher sur des lames, une non-maîtrise totale des techniques de jeu que j'avais pourtant croisé maintes fois durant les épreuves précédentes et des erreurs stupides que je n'aurai pas commis d'ordinaire. La fatigue, certainement. La journée qui s'était déroulée avant ce plan génial n'avait pas été des meilleures, ce qui avait dû jouer sur mon mental. Enfin, si bien évidemment tout cela ne suffisait pas, je m'étais réveillé tard. Après le repas de midi, même, si bien que j'avais trouvé ma chambre vide à mon arrivée. De toute façon, une fois levés, mes colocataires trouvaient toujours le moyen de foutre un bordel monumental qui vous empêchait de faire quoi que ce soit. De ce fait, seul, je m'extirpais de mon lit et partais à la douche tranquillement, prenant mon temps, non sans chanter de multiples conneries durant mon lavage. Parce que ouais, en plus de nous pousser à nous poser de multiples questions existentielles et philosophiques, la douche faisait de nous de superbes artistes bien que le talent manquait à l'appel.

Finalement, une fois sorti de la douche, je me contentais d'une chemise blanche et d'un jean, pour faire bg, parce que les habits de paysan, ça va un moment /BRIQUE/ hum, faut s'adapter à son temps quoi. Et ensuite, une fois tout cela fait, je partis en direction du complexe sportif. Bah ouais, c'est le week-end, pourquoi se priver d'un peu de plaisir ? De plus, on était pas loin du second entraînement de la semaine, et même si ce dernier serait dans quelques heures puisque nous étions en début d'après-midi, du fait de ma sieste un peu trop étendue. Quoi qu'il en soit, je me dirigeais vers le local et sortis les clefs que j'avais, étant le président, like a boss. C'est donc avec classe et sérieux que je partis chercher le matériel, sans « regarde le type il marche de travers » ou « ce boloss il a mal mis sa chemise t'as vu », parce qu'il n'y avait personne d'une part, et que j'avais toujours la classe pendant l'entraînement, deux fois par semaine. Un sport peut-il changer une personne ? C'est possible. Je ne me reconnaissais pas toujours lorsque j'étais à l'entraînement, comme si une seconde personnalité se manifestait, comme si mon assurance s'étendait au point de me rendre méconnaissable. Plus autoritaire, plus calme, plus froid et droit. La personne que j'avais toujours rêvé d'être.

La personne que je ne serai jamais complètement, pensais-je en attrapant un ballon. Mais pourquoi se soucier de tout ça ? Tout en commençant à dribbler sur le terrain, je préférais laisser mon corps agir. Me laisser aller, jouer simplement pour me détendre et m'amuser en oubliant mes problèmes. Don't think, just let you go.