Who ya gonna call ? | avec Amy

Tout le monde aime le soleil. Honnêtement, qui serait assez fou pour tirer la tronche sous un grand ciel bleu et des températures estivales ? Pas Barbara en tout cas. Elle ne savait pas trop si c'était lié à ce temps merveilleux ou pas, mais sa journée avait parfaitement bien commencé. Elle s'était levée aux aurores pour faire son footing quotidien, profitant par la même occasion du calme qui régnait autour du pensionnat. Elle avait mangé comme quatre au petit-déjeuner et ses cours s'étaient déroulés sans accro. Elle les avait passé le nez plongé dans des fanfics et en racontant des conneries avec le premier venu, parfait pour se détendre en somme. Personne n'était venu lui chercher des noises, pas même les professeurs avec leurs leçons de moral aussi vieilles que la Reine elle-même, pour une fois. Elle avait donc le sourire aux lèvres, déambulant dans les couloirs pour se rendre à sa prochaine destination. Parce que oui, bien que la fin de journée s'annonçait, elle n'était pas terminée pour la grande blonde. Ce soir, elle devait se rendre à la forêt hantée en compagnie d'Amy, la drôle de pile électrique qu'elle fréquentait de temps à autre. C'était elle qui en avait eu l'idée, un soir, alors qu'elle réfléchissait au planning des prochains jours. Et elle l'avait seulement prévenu aujourd'hui, griffonnant l'heure et le lieu de rendez-vous sur un bout de papier avant de le filer à Iron Man, son stupide lézard. Elle aimait bien s'y prendre à la dernière minute, quitte à se voir poser un lapin. Elle irait toute seule dans le pire des cas.

Sauf qu'elle avait un peu les chocottes. Les histoires de fantôme avaient toujours eu tendance à la traumatiser, depuis son plus jeune âge, et elle ne pouvait réprimer un frisson lorsqu'elle en entendant parler. Cette escapade était donc totalement suicidaire pour elle, mais également vue comme un défi personnel. Si fantôme il y avait dans cette vieille bâtisse abandonnée au beau milieu des ruines, elle le trouverait et lui ferait comprendre qui est le patron. C'est beau de rêver, hein ? C'était stupide, elle n'avait pas à craindre ce genre de choses, elle avait déjà vu bien pire, sauf que c'était plus fort qu'elle, pour ne pas changer. Elle doutait quand même de l'existence de ces esprits. Les suspicions étaient belles et bien présentes mais qu'en était-il des preuves ? Ces dernières étaient toujours au nombre de zéro, totalement inconnues au bataillon. Alors, peut-être que cette maison hantée n'avait rien de hanter. Juste le plancher qui craquait et les vitres qui cognaient. Dans tous les cas, elle en aurait le cœur net ce soir.

Traversant la cour de l'établissement, elle arriva au point de rendez-vous, qui était l'emplacement où l'on garait les motos et les vélos, en avance, comme toujours. Elle posa son regard sur sa bécane, qui n'avait pas bougé depuis hier et qui semblait n'avoir aucune égratignure. A chaque fois elle vérifiait si quelqu'un avait osé la toucher ou non. Parce qu'elle ne rigolait pas avec sa moto et ça, tout le monde le savait. Elle l'avait obtenu il y a peu, grâce à son argent durement gagné l'année dernière et de l'aide de ses parents, et voulait qu'elle survive à son séjour à Prismver le plus longtemps possible. Et puis, sans sa moto, elle perdrait toute crédibilité. Elle connaissait parfaitement le ressenti qu'elle provoquait chez les autres lorsqu'elle chevauchait son engin... Ok Barb retire ce sourire lourd de sous-entendus de ton visage.

Adossée à sa bécane, elle sortit sa bien-aimée game boy, bien décidée à se faire une petite partie de Zelda avant l'arrivée d'Amy. Les alentours étaient plutôt calmes, peu d'élèves traînaient dans le coin, certains venaient récupérer leur vélo ou autre pour se rendre en ville, sans doute, mais ça s'arrêtait là. Le soleil déclinait tout doucement, la pénombre s'installerait complètement dans au moins quatre bonnes heures, ce qui leur laisserait du temps pour leur petite escapade. Qui ne pourrait clairement pas mal tourner, impossible.

L'attente ne fut pas si longue que ça. Elle qui pensait avoir le temps d’escalader le Mont Gonggle pour récupérer ce stupide élément de feu – qui avait bien évidemment trois autres copains -, ses prévisions se retrouvèrent fausses. Alors qu'elle se concentrait du mieux qu'elle se pouvait pour éviter les saloperies de rochers qui tombaient du ciel – oui, du ciel-, elle entendit des bruits de pas légèrement désordonnés, de quoi la faire relever la tête. Amy arriva devant elle en une pirouette et dû se mettre sur la pointe des pieds pour venir lui faire la bise. Barbara laissa sa quête de côté et sourit à l'entente de sa réplique. Cette sortie semblait lui faire plaisir, en espérant quelle aura sa dose de sensation forte. Peut-être même qu'à la fin de la journée, elle pourrait être fatiguée, qui sait ? Par contre, la blonde n'y croyait pas trop. Elle n'avait jamais vu la plus petite avoir cette même tête que tout le monde avait lorsque l'épuisement les écrasait. Non, au contraire, elle débordait toujours d'énergie, comme si elle en avait un stock infini. Parfois, la E se demandait si elle dormait.

« - Ça va dépoter ! lui répondit-elle en troquant sa console pour ses clés de moto et ses lunettes de soleil. Franchement j'espère qu'on aura un peu d'action dans cette vieille baraque. Au pire on pourra toujours fouiller chez Loïs si elle est pas là. »

Ou comment faire genre quand on a les pétoches. Pauvre Loïs, à l'entendre elle était une bête de foire. Elle ne le pensait évidemment pas, au contraire, elle l'aimait bien, pour les rares fois où elle lui avait parlé. Elle avait l'air d'une femme sympathique qui vivait simplement sa vie comme elle l'entendait. Et puis, elle avait tout de même traversé les âges, ce qui n'était pas rien.

« - C'était bien ta journée ? T'as pas été trop impatiente ? demanda-t-elle avec un sourire en coin. »

Remettant son fidèle sac qui ne la quittait que très rarement sur son dos, l'athlète dégagea son engin de sa petite place de parking pour pouvoir l'enfourcher. Elle mit ses lunettes de soleil juste après et tourna la tête vers sa camarade, toujours un sourire moqueur aux lèvres.

« - Prête à monter ce bel engin ? »

Oui, elle était totalement obligée de faire une blague douteuse. C'était dans sa nature et à force, Amy devait avoir l'habitude. Et puis ça l'amusait elle-même, comment résister ?

Une fois son amie confortablement – dû moins elle l'espérait – installé derrière elle, la plus grande installa son ipod sur un support spécialement fait pour ça, fixé sur son guidon, et lança la chanson qu'elle avait en tête depuis le début de la journée : Ghostbusters. En plus, la B semblait être dans le même délire qu'elle alors c'était parfait. Bruyamment, les premières notes s'échappèrent de l'appareil et elle démarra le moteur avant de s'élancer en dehors du l'enceinte du pensionnat, forçant quiconque qui se trouvait sur son passage à bondir sur le côté afin d'éviter une collision.

Elles filèrent sur la route, qui se transforma rapidement en un chemin suffisamment praticable entre les arbres. Ravie de sentir le vent sur son visage, Barbara savoura ce petit trajet tout en tapotant ses doigts sur son guidon en rythme avec la musique et la voix d'Amy qui, évidemment, chantait. Pas que cela la dérangeait, bien au contraire. Cette ambiance bonne enfant suffit à lui faire oublier ses craintes quant à ce qu'il pouvait les attendre une fois à destination et elle se focalisa uniquement sur le moment présent.

Elle fut obligée de s'arrêter lorsque le chemin disparut totalement, happé par la végétation qui reprenait ses droits. Un pied à terre, elle éteignit son ipod en même temps que son moteur et se tourna vers Amy.

« - Bon, un peu de marche peut pas nous faire de mal. »

De toute façon, elle se doutait qu'une partie du trajet se ferait à pied. Elles devaient d'abord traverser les ruines avant de se retrouver en face de l'ancienne demeure. Elle était déjà venue traînée dans ces ruines, à l'occasion de soirée ou de rassemblement entre E, qui avaient un peu établi leur territoire ici. De ce fait, elle connaissait bien les environs, il était peu probable qu'elles se perdent.

Elle installa un anti-vol sur son engin avant de se relever, sait on jamais, bien que personne ne viendrait le lui prendre ici. Encore moins les E, ils savaient parfaitement à qui elle appartenait.

« - J'ai des gâteaux dans mon sac si t'as un p'tit creux dit-elle à l'intention de sa camarade tout en ouvrant la marche. Et des bonbons. Bref y a de tout, alors hésite pas. »