Do I Wanna Know ? › Tim Harald

Une chose la plus précieuse pendant cette période estivale, était la célébration de la chaleur et la végétation luxuriante. Ayant grandi dans le bassin méditerranéen, c’était donc tout naturellement que Némésis se jetait à corps et âme perdue sur la pelouse grasse des jardins. Le soleil heurtait avec vivacité le corps de tout être vivant osant s’inviter sous ses rayons, les heurtant et giflant de coups d’UV cancéreux. Mais l’adolescent, au teint basané, s’invitait avec plaisir dehors, ramenant son coussin de son cabanon pour le caler sous son cou et kidnapper Viserion, son lézard, pour que son sang glacé puisse profiter de la chaleur. Et Némésis parlait en connaissance de cause. Le lézard à corne adorait lui envoyer des jets de sang. Au plus grand mécontentement de ses vêtements.

Viserion, gros et moche mais avec un faux air de dragon de poche, rampait sur le ventre du garçon, qui les yeux fermés et un bras sous la tête, profitait au maximum de sa vie avant de mourir tragiquement d’avoir tous les os brisés. Son autre main s’occupait activement à caresser le petit reptile -dans le sens des écailles tout de même-, le prenant pour le meilleur des doggos du monde. Le Grec savait très bien ce qu’il fallait faire pour le calmer, lui faisant des papouilles, le petit dragon arrêtait de balancer ses attaques prodigieuses et mortelles. Une vraie plaie cet animal, mais Némésis appréciait la compagnie calme et douillette de celui-ci, ne se refusant jamais une sieste au soleil sans son Viserion, et aimant même parfois se prélasser près des fleurs colorées juste pour pouvoir lui faire l’avion sans qu’aucun autre élève ne puisse le voir.

Tim est dehors, assis en tailleur sur la pelouse. Le garçon tiens son bloc-notes dans une main et son crayon dans l’autre. Il dessine comme d’habitude. L’été approchant ne le sort en rien de sa routine. C’est un véritable métronome réglé comme du papier à musique. Son ustensile glisse sur la feuille et lui donne vie. De page blanche, elle se transforme en tâche grisâtre représentant un début de paysage. Tim est dans sa bulle et imperturbable. Les bruits environnants de ses camarades sont ignorés. Nul ne peut l’arrêter dans sa création. Enfin cela, c’est ce qu’il croyait. La tranquillité était illusoire dans ce monde.

« Salut Tim ! C’est l’heure du cache-cache ! »

Déconcentré, le blondinet en rature sa copie d’un coup sec. L’œuvre est désormais ratée. Il est un brin agacé lorsqu’il plonge ses noisettes dans les globes du reptile. Malgré tout, son ton est calme.

« Coucou Green. Pas aujourd’hui l’ami. J’dois recommencer mon dessin par ta faute. Tu attendras plus tard. »

« Han désolé Tim. J’l’ai pas fait exprès. Hey tu me dois cette partie ! T’avais dit qu’on jouerait dès que le soleil se repointerait. Et c’est le cas. » Le lézard vient se loger sur les genoux de son propriétaire. « De toute, j’te laisse pas le choix. Si tu refuses je reste là ! »

Tim lève les yeux au ciel. Il connait bien la bestiole. Il sait qu’elle est têtue et qu’elle ne lâchera pas l’affaire. Résigné, il ne désire pas s’engager dans une bataille d’arguments. Il a fait une promesse en plus, il doit la tenir. Il range ses affaires d’artiste.

« D’accord, t’as gagné. Une seule partie pour aujourd’hui. Je compte jusqu'à vingt. Et va pas trop loin, me refais pas le coup de filer jusqu’à la ferme. » Le jeune ado s’allonge dans l’herbe et croise ses bras derrière sa tête. « Un… Deux… »

A deux il sent le poids sur ses jambes disparaitre, Green est parti. A vingt, Tim se hisse sur ses pattes. Il est prêt à chasser. Il réfléchit un instant et repense à la dernière fois. Son animal c’était planqué dans les jardins. La probabilité qu’il y soit retourné était plutôt élevée dans son esprit. Avec tout le respect qu’il devait aux créatures, il ne les pense guère innovantes. Alors il y fonce en courant. Plus tôt il l’aura retrouvé, plus vite il pourra replonger dans son carnet.

Sur place, Tim passe au peigne fin chaque plante, espérant découvrir son lézard dessous, sans succès. On dirait que Green n’est pas ici. L’endroit est désert. Seuls y sont présents un camarade de classe et son copain animalier messager. Tim n’a pas envie de déranger le garçon néanmoins se dit qu’il ne risque pas grand-chose à questionner la bête à écailles. Il s’approche doucement et formule délicatement.

« Hey. T’aurais pas vu un de tes congénères dans le coin ? Il est aussi vert que l’herbe. »

« Peut-être bien que oui. Ça dépend si t’arrives à faire stopper les papouilles que m’offre ce stupide mec… » Il détourna son regard pour observer son maitre. « Ah mais arrête bordel ! J’en peux plus de toi ! »

Doublement intrigué, Tim est quasi certain que l’animal peut l’aider. Le problème réside dans le fait de devoir annoncer à son possesseur qu’il l’insupporte avec son comportement. Le tout sans le vexer ni partir dans un affrontement. La tâche semble ardue mais non insurmontable. Il respire fort. Il est nerveux. Quand faut y aller…

« Bonjour. T’as l’air de l’aimer ton lézard. J’suis pas sûr que le tripoter de la sorte lui plaise. Ces bestioles-là apprécient  être pépères, tu sais. »

Il affiche un sourire forcé. Il ignore si ses paroles vont être bien prises. Reste à voir sa réaction. Il a été gentil, Tim, non ?

Némésis, en cajolant son Visérion, pensait activement aux vacances qui l’attendait. Il se sentait déjà libre comme l’air, passant ses journées à barboter dans la piscine de l’école, les nycthémères se succédant avec autant de lenteur que l’eau glissait sur son corps. À défaut d’un bon bain de chlore chimique corrosif et polluant qui pouvait décimer un fleuve entier et créer des cancers, l’adolescent se contentait des rayons du soleil, aussi presque autant cancérigène. Il se sentait déjà partir vers un autre monde, la lumière au bout du tunnel, la main qui venait le chercher, la voix lointaine et infantile qui s’élevait de nulle part du Nirvana à portée de doigts pour lui murmurer au creux de l’oreille; “A mulatto, an albino, a mosquito”. C’était beau. C’était saint. C’était juste tombé du ciel. Malheureusement en ouvrant les yeux, le grec pu vite dire adieux à tout rêve fantaisiste. Fini la main. Fini l’ange. Fini son Nirvana. La lumière était par contre toujours là, lui brûlant les globes oculaires, le faisant cligner des yeux, l’aveuglant péniblement mais sereinement.

Devant son corps allongé se tenait un garçon qui devait être plus jeune que lui, les traits encore poupons d’une enfance proche mais un certain scintillement dans ses yeux le laissait penser qu’il n’était pas là pour lui. Etrange façon d’approcher les gens, le grec se dit alors que ce n’était juste qu’un passant comme les autres (certe assez proche et collant comme passant). Compendieusement, il referma les yeux, laissant l’inconnu vivre sa vie comme bon le semblait.


Ré-ouverture des paupières presque paniquée. Un silence s’installant quelques instants, juste le temps que les informations lui montent au cerveau, le blondinet se forçant clairement à sourire -Némésis n’émit aucune remarque face à ça et préféra juste caresser son lézard avec plus de vivacité.


Suite à ça, Némésis releva son buste pour essayer de chatouiller le ventre dodu de l’animal à sang froid. C’est qu’il était un good reptilo.

Son camarade vit dans le déni. Pourquoi personne ne l’écoute jamais ? Tim n’est pourtant pas du genre à raconter des bobards. Le peu de fois qu’il prend la parole c’est pour dire quelque chose d’utile. Sinon il se tait et ne se mêle que de ses affaires. Là, il pourrait faire comme à son habitude mais il veut retrouver Green. Le reptile du garçon peut l’aider dans sa quête. Il agit de façon intéressée, il l’admet même s’il le fait également afin de sauver la créature des griffes de son propriétaire. Et comme il n’a pas compris le message subtil, Tim va devoir être plus direct. Il n’aime guère cela. Il sait que les gens n’apprécient que rarement la vérité. Il soupire fortement. Il hais se répéter et se faire donneur de leçon. Enfin, vu qu’on ne laisse pas le choix.

« J’suis pas venu ici pour me taper une sieste. Je cherche mon lézard. J’dis pas qu’il t’aime pas le tien mais il n’aime pas que tu le tripotes de la sorte. »

Tim observe le brun tenter de grattouiller le ventre de son compagnon qui se débat. Il me lance un regard de désespoir. Il est à bout. Il va lui filer un coup de patte.

« Non ! Noooooon ! Fais-le arrêter steuplait ! Fais-le et j’te dis où est ton pote. J’ferais même ce que tu veux ! »

Tim attrape le bras du jeune homme. Il ne supporte plus la souffrance de la créature. Si l’autre est trop stupide pour comprendre que lorsqu’on se démène pour se libérer c’est bien qu’on n’est pas fan de ce qu’il se passe, il va falloir être plus franc. Quitte à paraitre arrogant.

« Stop ! Surtout pas ça. Il déteste ça. Et si tu te demandes comment je sais, il vient de me le dire. J’suis doté du langage animal. Tu ferais mieux de le lâcher avant qu’il ne s’énerve vraiment. »

Je suis pas venu ici pour me taper une sieste. L’adolescent gardait le sourire malgré la conversation qui commençait à prendre une tournure plutôt sèche et nocive pour sa santé mentale. Il y avait une certaine chance que l’inconnu ait un pouvoir toxique pour lui et ne voulait pas jouer avec le feu. Le brun savait que les élèves ici n’étaient pas obligatoirement en sécurité dans l’enceinte de l’école. Décidant d’ignorer sa phrase, ses zygomatiques tressautant malgré tous, ses mains s'occupaient de son petit Visérion. Enfin voulurent s’en occuper.

Le sale gosse, agit en vitesse, saisissant son bras avec force pour le reculer. Comme si son corps dégoulinait d’extrait de peste noire ou de choléra. Comme si de ses veines s’écoulait le pire des poisons. Comme si de sa peau transperçaient des gouttelettes de sueur toxique. Ça faisait chaud au coeur. Némésis, choqué de cet affront physique et de l'audace du blond, ne prononça d’abord aucun mot, gardant ses lèvres scellées et les yeux ronds.


Némésis n’avait jamais eu un caractère très difficile. Mais un de ces défauts principal était son entêtement envers le peu d’autorités que des inconnus pensaient pouvoir exercer sur lui. Il ne connaissait cet enfant ni d’Adam ni de Steve mais pourtant celui-ci s’était insurgé dans sa vie privée, dans un délicieux moment qu’il partageait avec SON lézard pour le brusquer, le saccager intérieurement, lui piétiner toute fierté, tout amour-propre avec ses petites chaussures terreuses à cause du jardin. Peut-être qu’il abusait. Mais il s’en fichait pas mal. Ne sachant pas se battre, il était malgré tout prêt à lancer son pic le plus acéré au garçon.

À la place, Némésis enregistra avec difficulté la phrase de l’insurgé, le “doté du langage animal” restant en travers de sa gorge. Si ce qu’il disait était vrai, son animal était en pleine séance de torture sans arrêt, ce qui n’arrangeait définitivement pas sa conscience. Et si le garçon disait faux, eh bien il n’avait en fait aucune raison de le faire. Comment digérer le fait de faire du mal à un être que l’on chérit ? Yeux globuleux, ventre raclant presque le sol, écailles beiges comme du sable fin sur une île à la Honolulu. .


C’était ridicule. L’adolescent ne savait pas quoi dire de toute cette situation absurde. Il était à deux doigts de donner son lézard au perturbateur. Lumière. Évidemment. Si l'autre s'entêtait à vouloir prouver qu'il ne savait pas s'occuper de son petit tas d'écailles, avec son ego démesuré, alors il n'y avait qu'une seule solution.

Le silence inquiète Tim. L’autre ne dit rien. Il ne propose que ses yeux de merlan frit en guise de réponse à son acte. Cela n’est guère rassurant. Le blondinet ne veut pas se battre. Il n’en a ni la carrure ni un pouvoir adapté. Il veut juste rendre service même si cela doit blesser le garçon. Ce n’est pas de sa faute s’il se sait pas rendre content son lézard. Il devrait plutôt le remercier pour son aide. Bon là, il en espère trop, il l’admet. Il retient son souffle, prêt à reculer au moindre signe d’agressivité. Il n’est pas contre endosser le rôle du porte-parole de l’animal mais refuse catégoriquement de se prendre un coup à cause de cela.

Son camarade ne se montre pas bagarreur. Il est du genre secoué par l’annonce. On dirait qu’il ignorait la chose. Le pauvre vient de recevoir une balle réelle en pleine tête et tirée à bout portant. L’impact est violent et il vacille.  La vérité fait toujours cet effet surtout quand elle est l’extrême opposé du mensonge dans lequel vous viviez. Le brun craque et insulte son reptile. Bon d’accord, gros n’est pas si méchant néanmoins l’intention y est. Il est perdu et vexé, au point de vouloir abandonner son compagnon. Il va trop loin, Tim ne peut accepter et lui rattrape le bras avant qu’il ne fuît.

« Hey ! Attends ! Ton lézard t’aime, tu sais. Sinon il serait parti depuis longtemps. Il n’aime juste pas ta façon de le caresser. »

Ses mirettes se détournent sur la créature qui supplie son maitre en agrippant sa cheville de ses pattes.  

« Pars pas Nem ! »

Tim revient fixer le garçon, il voit l’incompréhension dans ce couple. Il pense pouvoir corriger le tir et faire deux heureux alors il propose avec un sourire.

« Tu vois, il veut pas que tu le laisses Tu veux que je lui demande ce qu’il préfère ? »

Némésis était prêt à s’en aller. S’évader, même. Aller heurter les pavés de ses talons fougueux ou aller courir -ramper rapidement- jusqu’au milieu des jardins pour pouvoir reproduire une chorégraphie déchirante de High School Musical. Insuffler une âme de Troy Bolton dans les plantes. Elles méritaient de se nourrir de sa tristesse. “Les larmes ne sont qu’un rejet de la douleur”. Eh bien c’était totalement faux, déjà parce qu’il n’avait jamais mal et qu’il pleurait pourtant rarement, et ensuite parce qu’il n’avait jamais vu son lézard pleurer.


L’autre essayait de rattraper autant qu’il le pouvait. Cela se voyait. Mais Nem avait fait son choix. Le blond était venu. Némésis avait écouté. Visérion devait crever en ordure. Le cercle était bouclé. Il se voyait déjà avec une ceinture en peau de lézard.

Do I wanna know ?

Est-ce qu’il voulait savoir ? Voulait il vraiment savoir où le garçon avait-il pu échouer pour se retrouver dans cette situation absurde et indélicate ? Sincèrement, ça lui passait au-dessus de la tête. Némésis voulait juste refiler son lézard et en prendre un autre. Et si tout recommençait. Et bien le blondinet allait avoir une belle collection d’écailles dans son cabanon. Malheureusement, le lézard décida de sortir ses petites griffes de t-rex mutant pour les planter dans sa cheville. Peut-être que en temps normal, il aurait mal. Mais pour l’instant, il préféra le secouer légèrement, le ventre de l’animal lui faisait ressembler à un lézard primigeste, tout rond et moelleux.


C’était un Visérion bien stupide qui se tendait devant les deux humains. Le Grec lui accorda un regard suspicieux, plissant ses yeux devant le petit corps boudiné et disproportionné. Petite peste. Réfléchissant quelques minutes sur quoi faire, après tout ce serait bien plus simple de ne rien savoir et de lui lancer le dragon de poche en pleine figure pour s’en aller en courant.

Qu’a-t-il fait ? Il a rompu la symbiose d’un lézard et son propriétaire. Il a brisé l’entente entre l’homme et l’animal. C’est un monstre. Ou alors, il a juste fait ce qui lui paraissait juste. On fait tous des erreurs dans la vie, l’important c’est de les corriger quand on le peut. Tim offre une chance unique à ce garçon à défaut de tact. On n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Tim sourit pour adoucir son comportement. Il n’est pas bien doué dans les relations humaines, il a été brusque. Cependant il ne sert à rien de regretter. Il faut avancer et son camarade est de son avis malgré l’adjectif peu glorieux lâché envers le reptile.

« Ok, je fais ça. Je te demande quelques minutes. »

Tim s’accroupit et regard le lézard accroché à la cheville de son maitre. De prime abord, on pourrait croire que les deux sont inséparables. En vrai, ils le sont vraiment. Il faut simplement les mettre sur la même longueur d’onde pour leur permettre de vivre heureux.

« Il est prêt à faire des efforts et t’écouter. Qu’est-ce que tu aimerais qu’il te fasse ? »

Les yeux de l’animal s’écarquillent à son annonce. Tim lit dedans un bonheur démesuré. La créature attendait ce moment depuis si longtemps. Elle vide son sac à une vitesse folle.

« Alors j’voudrai qu’il me file des céréales au p'tit déj ; qu’il me promène autour du lac ; qu’il me porte sur son épaule comme un pirate son perroquet ; qu’il m’offre des cerise pour mon anniversaire… »

La bestiole est à fond. En pleine démesure, elle ne s’arrête plus de parler. Ses demandes sont si farfelues que Tim se retient de rire. Il pose son doigt sur la gueule du reptile pour le faire taire. Il commence à lui donner mal au crâne.

« Stop ! T’as pas un truc plus… facile ? Genre quand il te caresse, c’est où ton endroit préféré ? »

L’animal réfléchit quelques secondes. Il montre son cou de sa patte. Juste en dessous de sa bouche.

« Là ! J’adore quand il me grattouille là. Ça m’aide à me réveiller. Faudrait qu’il fasse ça chaque matin. Un petit massage de ma glotte. Et il serait parfait. »

Tim est dubitatif. Enfin, il ne juge pas, chacun ses préférences. Il se relève pour annoncer la nouvelle au brun.

« Alors il te demande pas grand-chose en soi. Si tu veux les donner des papouilles, c’est son cou qu’il faut que tu caresses. Il te demande de le faire à chacun de tes réveils. Il est pas matinal et ça égayerait sa journée… »

Tim est gêné. Il ne fait que retranscrire les paroles de l’animal mais il n’est guère fan de son rôle. Jouer le traducteur n’est pas son truc. Il a d’ailleurs fait le minimum et passer volontairement sur les fantaisies de Vivi. Il estime s’être investi suffisamment pour réconcilier le couple. Il espère que Vivi partagera son point de vue et lui indiquera où se planque Green. Il faut l’avouer, Tim a agi un peu par intérêt personnel.

Décidant de se détourner de son animal de compagnie, seulement par pure intensité du moment et du fait que son penchant d’adoration pour une belle scène extérieur s’ouvrait presque aussi facilement qu’un zipper. Il voyait néanmoins le visage tordu de nombreuses émotions de son chuchoteur de lézard, l’autre devait être vraiment être pris entre deux falaises. Un peu à la 127 heures, Némésis espérait juste que ça ne se finisse pas avec un poignet coupé, ce serait sans doute quand même un bon plot twist. Mouvement soudain dans son champ de vision, décrochage instantané de son petit film intérieur. Le plus jeune s'accroupit devant ses chevilles pour parler avec son dragon de poche, ça faisait un peu peur. Ils semblaient se comprendre. Mais c’était ce qu’il faisait. Il parlait à Visérion, l’autre là. Comme s'ils se connaissaient pendant des années. Pas jaloux pour un Prism, le brun préféra les dévisager longuement, et dans ce charabia incompréhensible, mélange de couinements, raclements de gorge, aboiement approximatifs, sifflements. Vivi commençait à parler longuement, enfin c’était ce que le grec déduisait du silence et de la concentration maximale de l’inconnu.

Sentant très mal le fait que son messager prennent aussi longtemps la parole, il voulut l’interrompre, et décida pour ça d’aussi de mimer avec une difficulté certaine, un couinement, en voulant imiter l’Anglais. Grosse erreur évidemment. Moment gênant qu’il essayait de ne pas prendre en compte. Le blondinet préféra faire semblant de rien et réagissait avec panique au lézard. Pendant quelques secondes, Némésis cru qu’il avait juste prononcé une insulte en langue-des-animaux. Pendant quelques secondes il se prit pour une véritable Winx. Loin de la situation clitoresque, il préféra à la place se concentrer sur les animaux.


Hein, quoi ? L'oiseau jaune se détourna, quelque peu gêné de cette annonce. Il craignait un peu finalement.


Pointant son lézard à corne du bout du doigt, le visage serré, le Grec était à deux doigts de s’asphyxier tout seul. Comment la chose pouvait en demander autant ? C’était une mascarade, une immense blague, un coup monté, une tartuferie, un cortège hypocrite de la part d’un vulgaire messager.


La seule véritable réponse fut une trombe de sang sur son t-shirt beige. Le petit S-

La vérité est rarement bonne à entendre. Davantage lorsque vous êtes baigné dans le mensonge depuis un moment. Némésis n’apprécie pas. Il gronde, il rugit, il maroufle son lézard. Il s’énerve pour si peu. Tim est heureux de ne pas lui avoir dévoilé l’ensemble des demandes du reptile. Le garçon n’est pas prêt pour cela. Tim essaye de le calmer. Autant éviter que les deux en viennent aux mains et aux griffes.

« Il comprend pas ce tu dis… Il m’a pas parlé de maltraitance… »

L’animal observe son maitre et se doute qu’il n’est pas content. Après tout, ils se connaissent depuis un bail. Il sait reconnaitre la colère de son propriétaire. Pour le détendre, la créature n’a rien trouvé de mieux que de le tâcher. Furieux, l’adolescent tente de l’attraper. Sans succès. S’en suit une course poursuite entre ce couple. Tim sourit. Leur lien est fort, cela se voit.  Ils s’aiment plus qu’ils ne veulent se l’avouer. Il fait un signe de main avant qu’ils ne sortent du jardin. Il se met à crier à l’intention de l’humain.

« N’oublie pas de le caresser dans le cou quand tu l’auras chopé ! »

Tim rigole de ses paroles. Puis déchante dans la foulée. Il ne sait toujours pas où se trouve Green. Il baisse la tête et aperçois la bestiole à ses pieds.

« Ben t’es là, toi ? »

« Ouais, j’ai cru que t’étais en train de me remplacer. »

« Tu vas pas faire ton jaloux quand même ? Lui se planque pas pendant des heures au moins. »

« Pauvre chou. Tu m’as pas trouvé. Tu me dois un massage cette fois. »

« Tu te fous de moi ?! Attends que j’t’attrape ! »

Tim se baisse et tente de le saisir en vain. Débute un jeu du chat et la souris où le blond poursuit l’écailleux. Dire qu’il se moquait de son camarade il y a encore trois minutes. C’était l’amour vache comme on dit. Ou plutôt l’amour lézard.