Staying in my memory. |PV Jess|

Pour une fois, pour cette nuit le cauchemar de la petite l’avait mise en forme. Rêver, de noyer une adolescente en chaleur lui avait fait plaisir. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’aujourd’hui elle avait décidé de se vêtir d’une jupe courte et noire, de ballerines noires, d’une chemise rouge qu’elle avait boutonnée puis elle l’avait attaché de façon à ce que ce haut lui remonte un peu plus haut qu’au-dessus de son nombril, presque sous sa petite poitrine. En même temps, l’été était là. Pour l’occasion, Jessyca avait nouée ses cheveux en deux couettes de chaque côté de son crâne, qui valsaient dans tous les sens à chacun de ses pas. Son visage affichait toujours le même air sadique. Et c’est ainsi qu’elle comptait se rendre à la cabane d’Alvin.

Elle lui avait envoyé un LMS la veille, pour le prévenir qu’elle passerait, pour une raison qu’elle n’avait pas énumérée. Dans tous les cas, elle refusait de parler de son passé à Alvin. Elle ne lui dirait pas de sitôt le pourquoi du comment elle ne parlait pas depuis ses dix ans. Peut-être avait-elle seulement envie de voir sa jolie petite bouille de blond ? A vrai dire, elle voulait peut-être lu piquer quelques CD, étant donné qu’elle n’avait pas d’idées de quoi écouter en ce moment. Elle voulait aussi essayer de chanter, mais après maintes tentatives elle n’avait pas réussi. La force l’avait-elle quittée finalement ?

Elle n’eut pas le temps de réfléchir à ça, vu qu’elle était déjà plantée devant la porte de son « ami ». Certaines personnes les regardaient un instant, puis détournèrent le regard, de peur. Bien qu’elle n’ait pas de carnet de dessin à la main, les gens avaient tendance à l’éviter. Elle avait beau paraître mignonne, elle avait des airs de Mercredi de la famille Addams. Ses longs cheveux n’étaient certes pas noirs charbon, ni ses yeux, mais en connaissant tout ce qu’elle pouvait faire avec ses frêles petites mains, on n’osait presque jamais l’approcher. Et lorsqu’elle était avec quelqu’un, tout le monde observait, de peur que cette personne finisse en miettes, dévorée par des rats sortis de sa poche.
En parlant de rats, l’un d’eux apparu sur son épaule, et quelques cris s’échappèrent de la bouche d’une fille située par très loin. Sans y prêter attention, Jessyca saisit la poignée de la cabane pour s’y introduire. Sa jupe noire volait autour d’elle, dans un bruit léger, jusqu’à ce que la porte se referme doucement, faisant sourire sadiquement la petite, un court instant.

Un silence s’ensuivit, un silence assez stressant durant lequel l’élève de la classe B inspecta la pièce de quelques regards. Elle s’approcha du lit, où reposait le jeune homme. Les yeux bruns de la jeune fille parcoururent son corps, et s’arrêtèrent sur sa main au-dessus du vide. Un bout de papier y reposait. Pourtant, elle fit demi-tour et chercha là où posait les CD étaient. Elle les trouva, s’installa au sol avec la plupart d’entre eux et commença à parcourir tous les titres et groupes musicaux, faisant des piles pour les ranger par catégories. Elle était tellement plongée dans son occupation que, quelques minutes plus tard, elle n’aperçut pas le jeune homme se pointer à côté, de mauvaise humeur.

HRP:

Elle ne détourna même pas la tête lorsqu’il lui demanda s’il la dérangeait. De toute façon, elle ne pouvait pas parler alors à quoi bon ? Elle continuait à empiler les CD, jusqu’à la prochaine question où enfin elle tourna ses yeux vers ceux d’Alvin.

- Depuis quand t'es là?

Elle le regardait, bougea les lèvres mais, n’émettant aucun son, elle soupira et continua de ranger. Elle remarqua la moue de réflexion qu’effectuait son « ami ». Sans y réfléchir, elle prit le premier CD qui était sous sa main, ouvrit la boîte et l’inséra dans la chaîne hi-fi. Jessyca laissa défiler doucement les paroles en fixant le vide. Chanter avait été un rêve inaccessible depuis ses dix ans. Cela faisait peu de temps qu’elle voulait se remettre à parler. Le chant. Elle avait toujours essayé mais jamais deux syllabes suivies ne sortaient. Là, elle recommençait à bouger lentement les lèvres sur les paroles de la chanson. Ses yeux bruns s’étaient perdus dans un univers très lointain. Elle faisait tout pour que des paroles sortent de sa bouche, mais rien. Toujours rien. Aujourd’hui, elle s’en mordait les doigts d’avoir subitement cessé de parler. On ne perd pas la voix de cette manière ! Elle savait au fond d’elle qu’un jour elle réussirait.

Son visage se tourna brusquement vers le blond. Elle ne pleurait pas, même si des larmes se pointaient au bord de ses grands yeux bruns. Dun geste rapide et efficace, elle effaça celles-ci et se remit à trier les disques, bougeant un peu la tête sur le rythme de la musique. Puis elle se lassa, changea de CD, et se leva pour aller chercher un verre d’eau sans demander. En revenant, elle s’allongea au sol et posa sa petite tête sur la cuisse d’Alvin. Elle ferma les yeux et savoura un moment qui était pourtant si stupide. Ça lui manquait qu’on lui porte de l’affection. Sa mère lui manquait affreusement. Mais en pensant à ses parents, Jessy fit une moue dégoûtée.

Ses yeux se rouvrirent et fixèrent longtemps le visage du garçon. Sa fine main tremblante se déplaça jusqu’aux cheveux blonds du garçon. La jeune fille passa les doigts entre les mèches, une expression vide lui parcourant le visage. Si elle tremblait, c’est que parce qu’elle avait peur de lui faire mal accidentellement. La violence involontaire arrivait toujours, ça la stressait tout comme elle l’était à cette instant précis. Son but n’avait jamais été de faire mal aux gens, bien qu’elle ressente un immense plaisir de le faire. Et si la petite voulait améliorer son comportement vis-à-vis des autres, elle y arriverait. C’était un autre de ses rêves qu’elle ne voulait pas rater.

Elle ne bougeait toujours pas. Sa main revint se poser sur le sol, et elle soupira de soulagement. Elle ne lui avait pas causé de dommages physiques. Son souffle avait ralenti, et sa poitrine se soulevait lentement. Une peur immense pouvait se ressentir dans ses pupilles non dilatées. Le pire avait été évité, mais elle n’allait peut-être pas partir de sitôt, il fallait donc qu’elle continue de faire attention à tous ses faits et gestes, de plus que la musique digne de film d’horreur tournait non loin de là.

HRP:

Leurs regards ne cessaient de se croiser en silence. Comme s’ils communiquaient de cette manière, comme s’ils partageaient quelque chose d’intime, de secret. Les mêmes expressions vides planaient sur leurs deux visages. Exactement comme deux âmes perdues entre deux mondes. Comme s’il n’y avait plus qu’eux deux dans ce monde et plus rien d’autre. Mais ils durent cesser de se fixer de cette manière, pour la bonne raison qu’un lézard arrivait de nulle part, coupant Jessyca dans son hochement de tête pour répondre à Alvin qu’elle allait bien. Si elle avait eu une voix, elle aurait pu ajouter qu’elle se sentait mieux.

Le blond s’écrasa au sol, faisant sursauter la petite brunette. Elle releva doucement la tête et observa le lézard qui gambadait dans le coin. Il alla mettre une patte dans le café du garçon. La bête emporta cette même tasse pour disparaître loin de là. En passant, Jess découvrit que le rat perché sur son épaule avait disparu. Elle avait tellement m’habitude de voir ses créations s’envoler d’un rien qu’elle n’y faisait plus vraiment attention. Elle s’installa de nouveau la tête sur la cuisse du jeune homme en le voyant se relever. Sans bouger, en le fixant, elle écoutait ses paroles. Chanter. Il lui demandait si elle voulait chanter. La réaction de cette dernière ne se fit pas plus attendre.

Sautant sur ses jambes, elle s’approcha des CD en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Jessyca en saisit un au hasard et remplaça celui qui était dans la chaîne hi-fi. Avec l’aide d’Alvin, elle se sentait prête pour franchir toutes les limites qui se dressaient devant elle, devant eux. Pour une fois, elle souriait franchement. D’un sourire calme, serein. Elle voulait réussir, et elle réussirait, c’est ce qu’elle se disait en ce moment-même.

Elle s’arma de suite de courage et se mit à quatre pattes. Avec son sourire toujours présent sur son visage, elle rampa presque comme un chat jusqu’à atteindre Alvin. Elle ne se gêna pas pour s’installer à califourchon sur loin, passant ses jambes autour de sa taille, ses bras autour de sa nuque. Et naturellement, comme si c’était normal elle vint déposer sa tête sur l’épaule de son « ami ». Elle se colla presque à lui, chose qu’elle ne faisait avec personne et ferma les yeux en savourant la musique. Alvin devait être surpris, mais Jessy n’y faisait pas forcément attention. Le sourire perché sur ses lèvres ne bougeait pas. Son souffle effleurait la nuque du jeune homme. Elle ne put pas s’empêcher d’analyser la chanson dans sa tête, et remuait lentement ses lèvres aux paroles du chanteur. Son but était clair, fixé, elle n’abandonnerait pas. Elle n’abandonnerait jamais.

Jessyca le laisse poser ses mains sur son dos à moitié nu, étant donné que sa chemise rouge s’arrêtait sous sa petite poitrine. Elle ne broncha pas non plus lorsqu’elle sentit ses doigts se figer sur sa nuque. Ce geste lui arracha un certain frisson. De la tendresse reçue envers les hommes, elle n’en n’avait jamais eu, sauf avec son meilleur ami. Mais elle devait tirer un trait sur ça. Sur son passé et affronter ses peurs. Pour le moment, elle se contentait d’écouter les chuchotements d’Alvin. C’étaient les paroles de la chanson. Jess, elle, remuait simplement les lèvres sans le lâcher. Elle aurait pu pleurer, certainement, mais elle ne l’avait pas fait.

Le silence revint rapidement entre eux –cette phrase est un peu un comble, c’est vrai-, et ils ne bougeaient plus. Les yeux de la jeune fille restaient clos. Elle essayait de se détendre car oui, elle était tendue. Elle absorbait tout le réconfort que lui offrait Alvin, sans aucune hésitation. Et d’un coup, elle rouvrit les yeux. L’autre chanson allait démarrer, elle le savait bien. Une petite voix dans sa tête lui criait : « réfléchis à ce que tu fais, c’est une erreur ! ». Elle la fit taire d’un petit grognement bestial. La petite brunette se disait que la voix avait tort. Elle avait bien réussi à sourire face au blonde, qu’est-ce qui l’empêcherait de prononcer quelques mots ? Elle soupira, se calma. L’autre chanson commençait.

Elle s’accrocha autant qu’elle put au garçon en face d’elle, tout en attendant les premières paroles. Et enfin elles vinrent.

« Parle, parle, parle, chante, chante, chante ! » hurlait sa tête.

Au départ, ce ne furent que des efforts ratés, puis, elle parvint à chantonner une phrase –comme par hasard, comme si cette phrase douce s’adressait à Alvin. Elle avait beau connaître l’anglais, en cet instant précis, ce fut comme si elle n’y comprenait rien. Sa voix était sortie de sa gorge. Presque une voix d’enfant, mais presque déjà adulte. Qui sonnait comme quand on tape un bout de bois dans du verre. Quelque chose de doux, difficile.

Jessyca était assez essoufflée de cette situation qui lui semblait surhumaine. Aurait-elle réussi si ça avait été quelqu’un d’autre en face d’elle ? Elle en doutait.

Automatiquement, son visage se décolla de l’épaule du garçon. Elle vint enfouir sa tête sous son menton, presque en pleurant. Oui, les larmes coulaient de ses yeux bruns. Des larmes qui signifiaient beaucoup plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Comme si ces gouttes d’eau salées étaient le reflet d’une joie immense, d’un « merci » qu’elle n’osait pas prononcer. Elle n’aurait jamais cru être capable de ça. Une phrase entière ! La dernière fois, seul un nom était sorti de sa bouche. En cet instant, elle profitait du présent, elle oubliait le passé, c’était un grand pas vers le futur qu’elle venait de faire, ici, dans les bras de son « ami ».

HRP:

Elle eut droit à un nouveau câlin. Elle laissa Alvin l’étreindre de cette manière. Après tout, ne se sentait-elle pas bien dans ses bras ? Si. Et là elle se souvenait. Quelques mois sans avoir un seul signe de tendresse. Plusieurs années vouées au silence, et plus minutes vouées à des larmes venues de paroles toutes simples. Un chuchotement apportait toujours gros. Et là, Jessyca se trouvait être la fille la plus heureuse du monde. Sa petite silhouette toute frêle avait été rejetée de tous pendant si longtemps ! Est-ce que ça allait changer ? Est-ce qu’un simple câlin avec le blond allait changer son destin, ou le leurs ? Ce qui est sûr c’est qu’un soupir de soulagement sortit de sa bouche quand le jeune homme vint effleurer sa joue de son doigt. Ou la toucher, même. Puis, lorsqu’il lui dit de ne pas pleurer, elle baissa les yeux, gênée d’avoir versé des larmes devant lui. Devant lui seul et personne d’autre. Elle semblait l’apprécier de plus en plus, et surtout en ce moment. Elle qui était venue seulement pour un CD au départ voulait rester, encore et encore près de lui.

Sa surprise à elle se montra lorsqu’il la surnomma « Princesse ». En effet, elle sursauta légèrement. Le fait qu’il la félicite, puis l’appelle d’un nom tel quel ensuite, elle ne s’y attendait pas le moins du monde. Un nouveau sourire sur son visage apparu, plus léger. Couverte de tendresse et d’émotions. Comment ne pouvait-elle pas être heureuse ? A croire que ce garçon était directement venu du ciel pour jouer à l’Ange Gardien avec Jess. Ils ne se lâchaient plus et ne semblaient pas vouloir le faire.

Elle se décolla à peine de lui pour observer son visage. Aucune barbe naissante en vue, des traits réguliers et bien tracés, qui n’iraient à personne d’autre que lui d’après la petite. On pourrait même croire qu’elle le dévorait des yeux. Elle l’aimait bien au fond, peut-être un peu trop que la normal. La fille se surprit même à sourire en regardant les lèvres d’Alvin prononcèrent qu’elle avait une belle voix.

Nouvelle surprise pour elle. Ce fut quand le jeune blond lui décrocha les jambes qu’elle avait tenues autour de sa taille et qu’il la tira au sol en même temps que lui. Résultat, la brunette se retrouvait sur lui, ou à moitié puisqu’elle se décala un peu, sans pour autant retirer ses bras placés autour de la nuque du jeune garçon. Et quand il avait fait un sourire en coin qui aurait pu faire craquer toutes les filles qu’il voulait, Jessyca sourit. Elle ne bronchait pas sur ce qu’il disait, de peur de la décevoir. Elle se risque même à dépose un bisou sur la joue d’Alvin, et posa juste le menton sous le sien pour sentir l’odeur de son cou. Elle y passa son index pour le lui caresser, avant de caresser sa joue et ensuite ses cheveux longs et blonds. Elle ne pouvait pas être aussi détendue qu’en ce moment même.

HRP:

Une ambiance étrange commençait à planer sur les deux adolescents. Elle qui caressait les cheveux d’Alvin. Lui, lui frôlait le dos de ses doigts. Jessyca le laissait faire en s’imprégnant de son odeur. Ces gestes cessèrent rapidement. Jess observa les yeux du blond se fermer lentement, avant que son bras retombe au sol. Enfin, pas vraiment au sol. La jeune fille avait eu le réflexe de poser le bras pour qu’aucun choc ne se refasse trop sentir. Puis elle s’était doucement écartée de lui et s’était levée. Il avait sombré dans le sommeil, et cela n’était pas étonnant, vu qu’il somnolait déjà avant. Et le fait que toute cette tendresse fut transmise de l’un à l’autre l’avait apaisée au plus haut point, d’après la brunette.

Elle n’était pas partie de sitôt. En effet, elle avait eu le courage d’invoquer des êtres assez forts pour qu’ils reposent Alvin sur le lit. Elle avait regardé tous les mouvements qu’ils effectuaient, de peur qu’ils le fassent tomber, de peur qu’ils lui brisent les os ou plus encore. Une fois sur les draps, elle avait accouru vers lui et fait disparaître les costauds. Elle lui avait murmuré sans bruit qu’elle resterait jusqu’à ce qu’il se réveille, bien qu’il n’entende pas. C’était un peu un réconfort pour elle, qu’elle retrouvait en lui. Plus qu’une amitié, elle n’y croyait pas. Mais elle allait s’accrocher à lui désormais, parce qu’une petite voix dans sa tête lui disait de le faire.

Ensuite, elle s’était dirigée vers les CD. Elle avait trié tout le reste en une heure, et elle avait éteint la musique pour que son « ami » soit au calme. Après les avoir rangés à leur place, mais triés, elle s’était remise sur ses pieds et s’était permis de mettre ses chaussures à côté de la porte qu’elle avait fermée à clés pour plus de tranquillités. Ses yeux s’étaient plongés dans le désordre de la pièce. En plus, il faisait chaud ici et elle remarquait qu’Alvin s’agitait un peu. Elle songea à un simple cauchemar et s’approcha de lui pour passer ses fins doigts sur son front. En remarquant qu’il était bouillant et trempé de sueur elle lui retira délicatement sa chemise et la balança à laver. Elle se sentit rougir à l’idée de regarder son torse nu. Elle ne voyait pas ça tous les jours. Elle étira même un sourire et se dirigea vers la salle de bain. Elle en ressortit avec un gant de toilette qu’elle alla passer sous l’eau froide. Elle prit également une bassine d’eau glacée pour revenir vers Alvin. Elle s’installa et lui passa l’eau froide sur son torse et son front grâce au gant de toilette. Lorsqu’elle le vit ouvrir les yeux alors qu’elle avait la main sur sa cage thoracique, elle cessa son geste pour le regarder.
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La petite néerlandaise retira rapidement ses mains du corps d’Alvin lorsque celui-ci l’affronta du regard. Elle se leva, sans quitter ses yeux. Elle ne lâcha pas même un petit soupire, non. Son air dur était revenu sur son visage. Elle le dévisageait. Elle observait tous ses mouvements, notamment sa main de métal qui passait dans ses cheveux blonds. Il ne fut décidément pas ravi de voir que sa chemise n’était plus sur lui. Et ça se fit remarquer à ce regard de reproche. La jeune fille balança le gant dans l’eau, avec son air vide sur le visage. Pour une fois qu’elle faisait l’effort d’être gentille, il refusait ce qu’elle faisait, et ça la vexait.

Jess le regardait tourner ses yeux de sa fausse main à elle. Elle ne prit pas même la peine de le suivre jusqu’à l’armoire, et même ses grands yeux bruns ne regardaient pas le garçon. Elle serrait le gant de toilette dans sa main d’un air enragé. Traiter les autres gentiment pour que ça finisse comme ça, à quoi bon ? Elle se disait en ce moment que les hommes n’étaient sûrement que des abrutis, tous. Elle pensait ça à cause de son père. Pour elle, les hommes ne pouvaient pas éprouver de tendresse, ils se savaient que manipuler et embêter les gens. Elle ne regardait même pas le bras d’Alvin, et elle ne comprenait pas pourquoi il refusait qu’elle le regarde.

Lorsqu’il revint pour s’asseoir et grogner, Jessyca en fit de même et se leva sans attendre. Elle saisit la bassine d’eau et quitta la petite chambre pour rejoindre l’évier et vider le seau dedans. Elle alla balancer le gant de toilettes à laver, rangea la bassine et fouilla la pièce du regard pour trouver de quoi écrire. En voyant sur un bureau des feuilles et un crayon, elle ne se fit pas prier pour se servir et écrire à l’attention d’Alvin :

« C’est pas ton bras que je regardais, c’est tes yeux. Et pour une fois que j’étais gentille hein. Et puis, tu étais en sueur, je n’allais pas te laisser puer dans ton coin, enfin après c’est toi qui voit…»

Elle revint et grimpa sur le lit, avant de tendre le papier vers lui et de grogner comme un animal en colère. Elle lui laisse le bout de papier et croisa les bras sur sa poitrine en le fixant d’un air grave. Elle ne voulait pas le perdre, elle s’en rendait bien compte. Mais le fait qu’il agisse ainsi, elle avait l’impression de s’éloigner de lui. Elle lui sauta dessus comme un chat pour lui mordiller la joue. Oui, ça la prenait comme ça mais ce geste était plus pour montrer qu’elle tenait à lui plus qu’autre chose, bien qu’elle le montre d’une façon assez étrange. Elle espérait qu’il n’allait pas la balancer sur le sol.