Escapade en bord de mer[PV Lisbeth Blomqvist]

Il fait froid. Ou plutôt, la température est assez convenable, mais ce sont les rafales de vent qui sont fraiches. La petite en est consciente, pourtant, elle ne porte qu’une légère robe bleue à poids blancs. Elle n’est pas frileuse Charline. Comme tous les enfants, elle peut se balader les bras nus alors qu’il pleut, cela ne la dérange pas, même si son corps tremble, il suffit d’oublier le froid. Parce que le manteau ça gêne, et c’est lourd à porter.
Elle est pieds nus. Bien sûr, qui se baladerait en chaussures sur la plage ? Elle enfonce ses petits pieds dans le sable, le plus profond possible, les enlève, puis continue ce petit jeu pendant quelques longues minutes paisibles. L’air marin emplie son nez. Elle n’aime pas trop cette odeur de sel et de poisson – d’ailleurs, elle déteste le poisson, ça pue trop – mais elle a l’impression de respirer ; après être restée enfermée dans le pensionnat, elle a bien besoin de ça, respirer, et se sentir libre comme l’air. Le vent souffle sur ses cheveux, les ébouriffants, bien qu’ils n’étaient pas coiffés avant non plus. Alors, comme si c’était le signal de départ, elle se met à courir sur la plage, les bras en l’air, comme une gamine de dix ans. Non, c’est une enfant de dix ans, physiquement, du moins, et mentalement, c’est probablement ce qu’elle essaye de se convaincre. Elle restera à jamais la fillette de dix ans qu’elle était. Même s’il y a à peine un mois, elle a soufflé ses seize bougies.
Elle court vers l’eau, voulant y tremper ses petits gelés, mais elle hésite, n’étant pas sûr d’avoir le courage d’affronter la morsure du froid de l’eau. Allez, pourquoi pas, ça ne peut pas faire de mal, un peu de glacé, juste pour ce réveiller le soir ? Alors, elle pose ses pieds devant une vague qui vient à leur rencontre. Elle grimace, parce que oui, c’est froid, mais ça fait du bien en même temps. Elle se sent encore plus vivante. Après une journée de cours assommante, avec ces professeurs qui parlent d’une voix monotone – on se demande d’ailleurs s’ils ne le font pas exprès juste pour arrêter le temps – et tout ce monde qui se bouscule dans ces couloirs étouffants, on a besoin de prendre un peu l’air, surtout quand on est une fillette avec plein d’énergie à dépenser, comme Charline. Alors, elle se remet à courir, forçant autant qu’elle peut sur ses jambes pour sentir l’effort les faire souffrir jusqu’à qu’elles ne peuvent plus fonctionner. Et à un moment, la petite s’écrase volontairement sur le sable et se roule un peu jusqu’à s’en lasser. Elle est probablement ridicule, et s’il y a quelqu’un pour l’observer au loin, il doit se demander si elle n’est pas atteinte de la rage pour se tortiller de cette manière, mais elle, elle s’en moque. Après tout, c’est une enfant, enfin, elle a un corps d’enfant, alors quoi de plus normale qu’une gamine qui bouge comme une pile électrique ? C’est bien pour ça qu’elle garde son âge pour elle, si quelqu’un l’apprenait, il se demanderait si elle n’est pas atteinte d’un léger retard mental. Mais non, Charline elle est comme ça, elle garde toujours son côté enfant, et elle ne veut le perdre sous aucun prétexte.
La petite se calme, épuisée. Elle reste sur le dos à observer le ciel. Les nuages, plus précisément. Elle a toujours aimé observer les nuages, essayer de trouver, à quoi ils peuvent ressembler ;
Peut-être un chien celui là, ou bien un homme aplati sur son cheval en pleine course.
Charline peut passer des heures allongée à regarder les nuages. Mais souvent, comme lorsqu’elle ne se dépense plus, qu’elle ne fait pas grand chose, sur la plage, elle s'endort. Eh oui, à force de sauter comme une puce, d'être super énergique, on fatigue, surtout quand on est narcoleptique, et qu'on peut s'endormir à tout moment de la journée. Cependant, ces petites siestes ne durent jamais longtemps, une dizaine de minutes, et elles interviennent lorsque la petite n'a plus d'énergie, ou qu'elle est trop confortablement installée. Aujourd'hui, elle s'est promis de ne pas dormir sur la plage, mais on ne peut pas luter contre la maladie malgré toute la volonté possible, alors le sommeil la berce petit à petit puis l'englouti dans ses bras, laissant une fillette étalée sur le sable, les bras étendue sur les côtés, et les mains fermées sur le sables. Drôle de position pour dormir, mais quand on est narcoleptique, on a pas besoin de s’installer en boule avec un coussin et un martela moelleux pour s’endormir. On a même pas besoin de s’installer, à vrai dire.

Un monde parfait. Parfaitement calme. C'est ce dont rêve la petite. Une utopie. Il n'y a pas de voitures. Pas d'usines. Les maisons sont parfaitement propres, et il y a des arbres partout. Elle peut attraper un fruit et le manger si elle le veut. Personne ne lui en voudra, les fruits sont a tout le monde. Personne ne travail non plus. Tout le monde se repose, et n'abîme plus la nature. Une odeur de végétation, d'air frais et pur règne dans ce monde. Mais soudain, quelque chose la tire, puis des secousses viennent perturber le calme. Le monde s'efface petit à petit au grand désespoir de Charline, faisant place à un autre monde, bruyant, étouffant. C'est peut-être la réalité. Les maisons sont bien vieilles, à moitié détruites par le temps, les voitures polluent l'air, des gens circulent partout, tels des automates, un téléphone contre l'oreille, et une sacoche dans une main. Tous les mêmes, habillés en costumes noirs. C'est le contraire de l'autre monde, quoi, et la petite n'aime pas vraiment cette endroit. Cependant, une douce odeur lui fait oublier ses inquiétudes ; du sucre. Et elle a faim.
Son ventre, gargouille, et ramène son corps à la réalité. Le souvenir de ce rêve s'évapore aussitôt, et elle ouvre les paupières. Un visage doux lui fait face, calme et reposant. C'est une jeune fille penchée au dessus d'elle qui l'observe, de longs cheveux blancs encadrent son visages. Charline cligne des paupières. Elle se relève à moitié, juste de quoi regarder autour d'elle, mais reste assise sur ses jambes. Elle est bien à la plage, comme elle le pense. Cependant, elle n'est plus au même endroit, il lui semble bien qu'elle était plus près de la mer, avant. Son attention retourne alors sur la jeune fille, et silencieusement, elle la regarde à nouveau. Ce serait donc elle qui l'aurait éloignée de la mer ? Mais pourquoi ?
Alors que les questions se bousculent dans sa tête, sa bouche reste pourtant fermée, et ses yeux s'arrêtent sur des beignets. C'est donc ça, l'odeur de sucre qu'elle a senti en se réveillant. D'ailleurs, ça sent drôlement bon. Son estomac se met encore à gargouiller, parlant pour elle, mais c'est bien trop impolie de prendre de la nourriture sans demander. D'autant plus que ces beignets ne lui appartiennent pas, et peut-être que la jeune fille ne veut pas les partager.
Charline observe à nouveau celle-ci, attendant une parole de sa part, mais elle sent que c'est à elle, de parler en premier. 
« Je me suis … encore endormie ? »
Juste une phrase articulée. Pourtant, elle a eu l'impression d'avoir fait un effort colossale. Et oui, elle vient de se réveiller, donc c'est normale qu'elle se sente un peu sonnée. Elle en est habituée, après tout. Cependant, très vite, elle retrouve son énergie quotidienne, et un sourire s'étire sur son visage, contente de faire face à une nouvelle personne. Parce que Charline aime bien faire de nouvelles connaissances, elle aime se faire des amis. C'est vrai, quel est l'intérêt à s'isoler ? Vaut mieux profiter de la vie, avant de vieillir, et aimer les gens qui vous entourent.
«C'est toi qui m'a éloignée de la mer ? Moi je m'appelle Charline, et toi ? »
Elle jette à nouveau un coup d’œil au paysage qui l'entoure. Finalement, peut-être qu'elle ne va pas s'amuser toute seule, à la plage. Finalement, peut-être qu'elle a bien fait d'y aller toute seule, si c'est pour faire une nouvelle rencontre. Persuadée de la gentillesse de la jeune fille, elle attend donc une réponse, toute souriante et innocente.

Je viens prendre des nouvelles de ce rp :3
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