Deux heures de colle ? Cool j'vais pouvoir faire la sieste~ !!

« Deux heures de colle..S'éclate-t'on toujours autant qu'avant? »

Je jette un dernier coup d'œil regret aux jardins fleuris illuminé par les rayons du premier soleil de printemps. Et je soupire. Je vais devoir me contenter un samedi matin de deux heures à regarder le bonheur du printemps et à rêver en heures de colle au lieu de passer ces deux heures dans ces sublimes jardins à rêvasser et nouer des liens d'amitié.

Voilà une semaine que je suis à Prismver et je n'ai pas encore abordé beaucoup de gens, ce qui ne me ressemble pas du tout. Je ne sais pas pourquoi, l'une des filles de l'élite du lycée devient une petite adolescente toute intimidée et timide. Je crois qu'en fait, je n'ai pas encore rencontré les bonnes personnes.

Tout en marchant vers la salle de retenue et gravissant les innombrables marches de l'enfer, je maudissais les imbéciles qui m'avaient collée deux heures ce samedi matin. Ils n'avaient rien compris. Je ne sais même plus pourquoi j'ai été collée d'ailleurs.

J'ai passé pratiquement toute ma scolarité en heures de colle, sans aucun résultat. Au contraire, je m'éclatais en heures de colle! Avec la bande d'Arthur et Solal, Elliott, Tom, Roxie, Naomi et Charline on faisait chier les profs, on mettait nos baladeurs, on parlait, on envoyait des textos, on jouait à Paf le Chien et Doodle Jump...

Et quand j'étais seule, soit je fichais le bazar seule, soit je faisais comme en cours, j'essayais de me concentrer sur mes exercices et ca finissait en rêveries devant la fenêtre.

Je suis grande rêveuse, trop me dit-on. Et je suis toujours près de la fenêtre. En cours, en colle, à table, dans les transports...Le seul cours où je suis au fond, c'est l'Art Plastique, parce que y a rien à faire.

J'ouvre la porte de la salle d'heure de colle. J'ai pris un cahier et un roman, plus mon Ipod et les écouteurs. Et évidemment que j'ai pris mon portable! Non mais vous imaginez quoi? Une Noly en colle sans portable? Vous êtes sûrs que vous n'avez pas forcé un peu sur la boisson alcoolisée hier? Ah vous avez pris du Coca? Ah là là le Coca alcoolisé, ils savent plus quoi inventer les fournisseurs pour attirer la clientèle. C'est désespérant.

Je comptais m'asseoir juste à côté de la fenêtre, comme d'habitude, mais il y avait déjà un garçon, un blondinet, à ma place. Non mais ho, vous avez vu ça? C'est ma place!
Enfin, qu'il en profite, je vais pas le saouler, il a déjà l'air de s'ennuyer le pauvre chou. Il n'a pas l'air méchant et n'a pas l'air d'en être à sa première heure de colle.

Je prends une table et une chaise et les installe à côté de l'autre fenêtre, un peu plus loin que celle du garçon. Elle est plus petite et un peu plus haute, mais je suis grande de taille.
Je prends mon livre et l'ouvre à la page où j'en étais. Je mets mes écouteurs et place un cahier par dessus le roman, au cas où. Et commence à lire.

Le cahier tombe. Je le remets, il ne tient pas. Je le reremets et il tombe encore. J'abandonne et retourne à ma lecture.
Rapidement, "Orgueils et Préjugés" me saoulent, et je délaisse mon livre à lire pour les cours pour la fenêtre. Je regarde les gens joyeux, les plantes, les arbres, les animaux et les jardins, et me surprends à rêver. Je me ressaisis rapidement en changeant de musique.

Je tombe sur du David Guetta. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Ca me donne envie de danser. J'ai un sens du rythme trop développé, je ne peux m'empêcher de danser dès que j'entends une chanson sympathique.

J'ai beaucoup de mal à me contenir de bouger. J'y arrive heureusement. Mais mon pied tape en rythme tout doucement. Bon ca je ne peux rien y faire, mais à la limite ce n'est pas si grave.

Voilà un quart d'heure que je suis en colle. Il me reste 1h45 encore. Quel ennui. Et y a même pas un seul prof ou surveillance sur qui passer les nerfs. Voilà une semaine que je ne suis plus chez moi et mes anciens amis me manquent cruellement. Surtout pendant cette heure de colle. J'aimerai tant me faire des amis ici aussi.

Je range mon Ipod et balaye la salle du regard. Il n'y a personne qui me ressemble vraiment. Enfin qui resemble à la Nolwen d'avant. Et même de maintenant puisqu'au fond je n'ai pas changé. La preuve, je suis encore en colle.

Il n'y a que des élèves bien gentils bien sages qui s'avancent sur leurs devoirs. Qu'ils sont mignons! Mais moi, je peux toujours essayer, j'arriverai jamais à me concentrer.
Je me retourne. Le garçon de tout à l'heure gribouille. Je reprends rapidement ma position initial juste avant qu'il lève les yeux vers moi, mais j'ai le pressentiment d'être grillée.

C'est le seul avec qui je pourrais je pense, échanger au moins un mot. Je le devine rien qu'à son attituse et son expression. C'est celui qui doit le plus se rapprocher de moi au caractère. Après je n'en suis pas sûre du tout, ce n'est qu'un préjugé. Oui, grâce au titre de mon livre, mon vocabulaire s'est enrichi. C'est un bon pas, non?

Je me retourne une dernière fois, trop curieuse de parler avec ce garçon qui a piqué ma place. Je veux commencer à parler mais ne dit rien. J'aimerais tant qu'il soit finlandais, c'est ma langue natale avec l'anglais! Mais bon mieux vaut ne pas prendre de risques. Privilégier l'anglais.

But the problem is that there're two differents english: american and british. And I only speak in american 'cause I was born there and I've lived for sixteen years in USA. So how should I talk to him? I've learned and can speak fluently french and spanish, a little german, but I'm not sure he speaks one of those languages!

Heu je traduis mais en abrégé, vu que j'ai parlé trop vite. Le problème est qu'il existe l'américain et l'anglais britanique, et je ne parle que le premier puisque je suis née et ai vécu 16 ans aux USA. Donc comment dois-je lui parler? Je sais parler francais et espagnol, j'ai appris un peu d'allemand, mais je ne suis pas sûre qu'il parle une seule de ces langues, et peut-être qu'il ne parle pas anglais!

Du coup, je ne dis rien. Je reste là, retournée, peut être une minute. Il doit me voir hésiter et doit sûrement me trouver stupide. La fille aux cheveux norias et aux mèches argentées, avec son regard vert malicieux, qui hésite à parler. Oh et puis zut à la fin, il a qu'à engager lui la conversation!

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Il rigole. En douce. mais ça se voit. Je suis pas dupe, je suis une des meilleures rieuses sous cape au monde, on devrait d'ailleurs m'en décerner un prix Nobel. Donc je sais reconnaître je pense. Je ne le prends pas méchamment. J'ai du mal à penser qu'il est méchant ou qu'il se moque volontairement.
Et évidemment, Monsieur ne daigne pas prononcer un seul mot. Bon bah tant pis. Je détourne le regard.
J'arrive pas à savoir en quelle langue je dois lui parler.

C'est ce qui est perturbant ici! Aux Etats-Unis, tout le monde parle anglais et puis voilà! Et puis ca ne me bloquait pas la parole! Pourquoi ici, juste au moment où j'en ai besoin ca marche pas, et d'ordinaire avec mes amis d'avant oui?

Je continue à regarder par la fenêtre. Ce que c'est joli le printemps! Finalement, j'aimerais mieux être dehors qu'en colle pour une fois. Ca ne m'est jamais arrivé de penser cela! je dois vraiment être dépressive et m'ennuyer à en mourir. Je ne vais pas tarder à aller chercher le surveillant pour lui demander de m'amener une corde et un poteau. Histoire que je me pende vous voyez...

Un miracle survient. Mon supérieur hiérarchique à la puissance divine a exaucé mon voeu. Un surveillant entre dans la salle. Mais maintenant, j'ai deux possibilités: soit je lui demande la corde comme initialement prévu, soit je le fais chier comme j'ai l'habitude de le faire. Alors que je m'apprêtais à lui demander la première chose, un évènement inattendu vient contrecarrer mes plans. Le garçon s'est approché du surveillant et lui parle. Je ne sais pas du tout de quoi il parle, mais je suis curieuse de savoir. Je capte les mots "Exposé" "Bosser".. Oh non il ne va pas se mettre à travailler lui aussi! Je vais finir par être la seule fille normale ici.

Non. En fait, ce n'est pas ça du tout. Pas le moins du monde. Une fois le surveillant parti, le garçon retourne à sa table et déplace celle-ci...juste à côté de la mienne. Avec sa chaise en prime. Il s'asseoir tranquillement, pas gêné du tout! Il me fait sursauter. Non mais je rêve! Il se prend pour qui? Oh attendez...et si..? Une illumination se fait dans mon esprit.

Il a embobiné le surveillant! Oh ca y est j'adore ce mec. Je n'ai plus de doute. Il a dû être vraiment surpris que je n'ose pas lui parler. Alors encore une fois, il y a deux possibilités: soit il vient pour qu'on fasse connaissance, soit il vient pour me narguer. Dans tous les cas, il est culotté et audacieux. Et j'adore les gens comme ça.
Il me murmure tout doucement à l'oreille:

- Salut ! Fais comme si on se connaissait…

Oh mais pas de problème cher monsieur! On doit se connaître depuis longtemps pour être aussi semblables! Une chose de sûre, hors de question que je hurle ou panique, un truc du genre! Non mais et puis quoi encore! Oui oui, on se connaît, on est les meilleurs potes du monde, on était à la crèche ensemble! Oui bon je vais un peu loin là. Je pense que je vais demander au garçon d'aller chercher la corde.

Je lui fait un sourire complice et lui chuchote, en anglais américain évidemment, parce que même s'il m'a parlé en britannique, je suis incapable de parler cette langue:

-Mais pour te connaître, je devrais déjà savoir ton nom n'est ce pas?

Oui, à mon avis c'est la première des choses à faire. Parce que vous imaginez, ne pas connaître le nom de votre meilleur pote, de votre bestah pour la vie? Ca doit être flippant et galère surtout! Et...frustrant!
Je lui demande ensuite discrètement:

-Au fait, je dois te parler en quelle langue? Finlandais, allemand, français, espagnol, anglais? Entre nous, c'est plus facile pour moi américain et finlandais, je suis issue de l'union de ces deux splendides nationalités!

Oui. Presque pitoyable, n'est-ce-pas? Mais si je dois jouer la bonne amie, faut qu'on puisse communiquer. Ce serait peut-être mieux nan?

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J'ai un pressentiment. Celui que mon voisin et moi allons bien nous entendre. J'en suis sûre. A 100 %.
Il a perçu mon espièglerie. Il est futé et malin, moi de même. Et puis déjà, tout se lit sur la physionomie.
Donc en effet, je pense que le courant passera rapidement entre nous. Je suis une grande et éternelle optimiste.

Un peu tard, je me rappelle que mon cahier était resté par terre. En fait, c'est mon voisin qui me l'a gentiment ramassé, démontrant donc qu'il était à terre, d'où la théorie que j'avais oublié jusqu'à même l'existence de cet objet inutile. Je me retiens de rougir d'embarras. Je suis vraiment trop tête en l'air. "Ve Nolwen para saber que significa Cabeza de Chorlito" Disait ma prof. Enfin un truc du genre. Parce que j'ai dû me paumer dans les conjugaisons. Bah...

Je me rends compte que mon voisin m'a répondu et je tends l'oreille.

- Moi c'est Morgan. Sans -e à la fin je précise. Et ce sera ni en finlandais ni en américain. On va faire simple et causer tous les deux en français
Ca te va ?

Il m'interroge du regard. J'acquiesce d'un hochement de tête. Oui ca me va. Je remercie mon dieu de n'avoir pas fait que Morgan parle allemand ou espagnol, deux langues que je maîtrise seulement par le biais des cours.
Morgan. J'adore ce prénom. Je l'ai toujours aimé en version masculine, jamais en féminine.
Je ne sais rien de Morgan. Je dirais à son teint qu'il vient comme moi du Nord. Où, impossible à déterminer. Mais une chose de certaine, il n'est pas finlandais. Sinon il aurait accepté qu'on parle en finlandais.

Je suis contente d'être tombée sur le francais. C'est une langue que je parle presque couremment. Quand j'étais petite, ma mère me parlait en finlandais, mon entourage en anglais, et ma baby sitter en français. J'ai grandi avec elle et d'ailleurs, elle travaille aujourd'hui encore chez ma mère comme femme de ménage. Elle m'a tout appris.

Je veux juste parler. Qu'on se comprenne. Lorsqu'on fait des racontages de life, faut comprendre et parler et puis c'est tout rien d'autre. Après sinon, c'est que c'est du superflu.

Je regarde Morgan prendre tranquillement mon cahier puis griffoner dessus distraitement. Oh je m'en fiche, c'est un cahier d'anglais. Comme si j'avais besoin de cours.
Il reprit:

- J'imagine que t'as compris que j'étais pas là pour qu'on bosse...

Attends une minute...Je viens de t'expliquer que j'avais compris ton petit jeu et tu me demandes si j'ai compris? Non je délire, je pousse mon raisonnement trop loin. Au fond, il veut peut-être demander ce qu'on fait maintenant. Oui c'est sûrement ça.

Je lui fais les gros yeux de la fille choquée.

-Attends, tu trouves vraiment que j'ai une tête à bosser?

Je secoue la tête en mode "sérieux, si tu penses ça ça craint" puis soupire.

-Là je ne rêve que de sécher la deuxième heure...et d'une glace au caramel.

Une glace au caramel. Je sais pas pourquoi j'ai dit ça. Mais c'est vrai que j'en veux une même si on est le matin. Je sais j'ai des envies bizarres. Mais c'est la faute de ma mère qui buvait du Coca à quatre heures du matin qyuand elle était enceinte de moi!

Je l'ai prononcé sans rire, mais ce que je viens de sortir est tellement pitoyable que j'étouffe un rire discret pour que personne n'entende. Et je ne peux pas empêcher le sourire sur mon visage. Parfois, je me maudis d'être aussi joyeuse et bonne vivante.

Je me rends compte un peu tard que Morgan ne sait pas comment je me nomme. Bah, s'il veut savoir, il a qu'à demander et puis zut, c'est toujours moi qui fait les présentations! Aujourd'hui je fais grève et puis voilà.

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« Je vais nous sortir de là t'inquiètes! Qu'est ce que je ferais pas pour toi l'ami?»

Finalement, il regarde mon cahier pour connaître mon prénom. Il a raison, c'est nettement plus rapide. On gagne du temps, un précieux temps.
Eeeh! D'où y a mon nom sur mon cahier? Je l'ai jamais écrit! C'est pas mon genre, j'ai jamais fait ca! Ah quoique...si peut-être bien...Mais oui! C'est vrai!

C'est parce qu'en cours, ma voisine Charlotte a la même couleur de cahier que moi alors on a écrit nos noms pour les reconnaître, suis-je bête. Pauvre Charlotte, elle a un prénom si banal!
Il me répond alors:

- Et toi, tu penses vraiment que j'ai pas compris qui t'étais ? T'en fais pas, on va trouver un moyen de s'échapper d'ici

Réponse: hein et je t'aime. Hein, parce que je comprends rien. Mais rien du tout à sa première phrase. Il veut dire quoi par "tu penses vraiment que j'ai pas compris qui t'étais?" ? Il sous-entend quoi par là? Et puis d'abord, y a t-il un sous-entendu ou non?

Et puis en plus, je suis qui? Bah oui, je suis Nolwen L. Boston, nouvelle venue parmi les C à Prismver, quasi 16 ans, anomalie capillaire à la suite de ma première fusion élémentaire, imbécile, tête en l'air, fun, toujours collée, timide sans l'être...What else?

Je t'aime parce qu'il est le seul de cette foutue salle à comprendre que je veux dégager. Et qu'il promet qu'on s'en ira. Et puis, je t'aime parce que voilà. T'es la seule personne saine d'esprit dans cette salle. La seule avec qui je vais bien m'entendre. La seule avec qui je vais bien m'amuser. On a encore rien fait que c'est déjà mon super pote. Ca promet!

Il reprend avec une question qui me fait revenir sur mon jugement sur sa sainteté d'esprit. En même temps,e ne suis pas saine d'esprit non plus, il me faut toujours trois heures pour comprendre et en plus j'oublie.
Il vient de comprendre que je ne veux que m'enfuir et il me demande...

- ... Alors ? T'es d'accord pour qu'on s'en aille ?

Je lève à nouveau le regard vers lui, et ironique, lui répond:

-Non pauvre nigaud, je préfère rester ici à m'ennuyer et à dédaigner les élèves qui bossent. A ton avis?

Je suis illuminée par une idée subite. Un petit plan banal mais qui peut s'avérer performant. En me levant, je lui chuchotte:

-On est censés faire un exposé c'est cela? Attends moi là, je reviens tout de suite.

Je ne laisse pas le temps de me dire d'attendre. Je filais comme une flèche vers la salle des surveillants, la porte d'à côté.
Je repérais le surveillant venu tout à l'heure que Morgan avait embobiné. Il était seul, avec sa tasse de café, à alterner son regard entre la liste des programmes sur son journal et la télé qui, branchée, ne fonctionnait pas. En fait, la prise était pas assez puissante pour l'énergie demandée par la télévision. Un petit truc de rien du tout. Il paraissait désesperé. Bah c'est sûr, lui aussi doit grave s'ennuyer.

Je frappais à la porte et attendis sagement à côté de celle-ci comme une élève modèle.
Il tourne son regard vers moi, abandonnant ses deux sujets principaux.

-Heu excusez moi, mon ami et moi avons un exposé comme il a dû vous le dire, mais il nous manque des notes. Nous autoriseriez-vous à aller à la bibliothèque?

Bien sûr, je dois être la seule à savoir que la bibliothèque est exceptionnellement fermée, vu que j'y suis allée ce matin pour qu'on m'aide avec mon livre et la documentaliste m'a dit qu'elle fermait aujourd'hui pour raisons persnnelles. Donc mon plan doit logiquement fonctionner.
Le surveillant se racla la gorge, et répondit, pas tellement sûr de lui:

-Désolé, mais je ne suis pas censé laisser des élèves collés sortir de la salle de retenue.

Avec un air narquois, je m'approche de la télévision.

-Et si je réparrais la télé vous nous laisseriez? Ce sera notre petit secret!

Il hésita soudainement, attendit un instant, et d'une vois peu assurée maiis avec une pointe d'espoir:

-Eh bien, c'est du chantage, mais si tu me fais ça, ce dont je doute, ce sera d'accord!

Je lui fait un clin d'oeil complice. Si je me rappelle mes cours de physique, l'électricité est considérée comme élément naturel. Donc je peux logiquement fusionner avec.
C'est ce que je fis, sous les yeux du prof. Oui je sais faut pas utiliser son don en dehors des cours. Mais c'est pour la bonne cause, on le sait tous les deux. Et puis, c'est un secret.

Une fois électricité, c'est un jeu d'enfant. Je me contente d'avancer vers la prise, puisque j'amène de l'électricité.
Au bout d'un moment, j'arrête et reprends forme humaine...pour me cogner contre le placard des télécommandes. Ouille ca fait mal! Je suis sûre que Morgan serait tordu de rire s'il me voyait. Heureusement qu'il est dans l'autre salle! Il doit se demander ce que je fiche.

Je fis un sourire triomphant au surveillant qui irradiait maintenant de bonheur devant sa télé. Il était tellement joyeux de pouvoir regarder son épisode des "Feux de l'Amour" -oui ce feuilleton est désespérant- qu'il signa même un papier pour autoriser le passage dans les couloirs et la sortie de salle. Et yess!

Je le remercie d'un hochement de tête, qu'il ne voit pas, bien trop absorbé par son feuilleton. Si absorbé que lorsque je m'en vais, mon papier à la main, je l'entend râler contre la télé:

-Imbécile! Tu comprends donc pas que la fille avec laquelle tu trompes ton ex est déjà fiancée avec le beau-frère de ta femme?

Bon. Moi en tout cas j'ai rien compris. Mais lui, on ne peut pas dire qu'il ne s'est pas imprégné de l'histoire!
Enfin, moi ca m'arrange. Au moins il ne réalise pas qu'il nous a inconsciemment libérés de prison Morgan et moi.
Je reviens triomphante avec mon papier, un sourire -encore- aux lèvres. Je sens tous les regards tournés vers moi. Alors je m'avance vers Morgan, et parle comme si c'était naturel -on m'a toujours dit que j'étais bonne comédienne mais je n'y crois pas-:

-Pfiou, on se fera pas tuer par la prof parce qu'on aura pas assez de notes! Devine qui nous a permis d'être autorisés à aller à la bibliothèque?

Les regards se reportent sur les cahiers. Bien. Je murmure à Morgan tout en fourrant Ipod, livre et cahier dans mon sac et mettant celui-ci sur l'épaule:

-Prends tes affaires et on dégage! Je t'explique comment je nous ai autorisés dehors!

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«Sauter par la fenêtre, ca nous fera gagner du temps»

Morgan décline mon invitation à narrer ce qui s'est passé. Super ca va nous faire gagner du temps!
Sa réponse fut simple mais je l'appréciai:

-Oh je te fais confiance, ça doit être un bon plan vu l'expression victorieuse que t'avais en revenant

Mon sac était déjà fait, mais ce n'était pas le cas de celui de mon super Morgan. Il fourra ses affaires en vrac dans son sac, comme je l'avais fait une minute auparavant. Oui ca n'a pas d'importance, pour l'instant, c'est fuir cette salle de torture qui est primordial.

Il attrape ma main et m'entraîne hors de la salle. J'étais tellement dans la lune que j'ai sursauté de frayeur lorsque j'ai senti un contact étranger. Whaouh, Noly, faut se calmer un peu! On arrête de rêver! Secoue toi!

- Allez j'en peux plus d'être cloitré ici ! On se casse !

Ouais, bien dit! On va prendre l'air dehors. Quand je dis dehors, je parle de dehors dehors, en gros ailleurs que dans l'enceinte du pensionnat. Histoire de respirer de l'air pur, frais, pas pollué par les devoirs et le travail.

Je vois Morgan balayer le couloir du regard pour trouver le chemin le plus rapide et sortir. Ca me fait sourire. Evidemment, moi je peux sauter par la fenêtre et fusionner avec l'air mais je ne peux pas emmener Morgan. Ca fait Boum. Et aie j'ai mal.

A moins que...Non c'est une idée totalement stupide et insensée. Encore plus nulle que toi. Et dangereuse. Laisse tomber. Tu es complètement cinglée ma pauvre, tu vas tuer tout le monde! Il faut que tu réfléchisses. Je sais c'est très difficile de réfléchir. Mais faut le faire. Sinon un jour, ce sera la fin du monde et tu ne t'en rendras même pas compte!

J'aperçois un peu plus loin les escaliers. J'entraîne Morgan en courant vers eux. Et on se met à les dévaler le plus vite possible. Plus vite on s'enfuis mieux ce sera.

On arrive au rez-de-chaussée. Bizarre il n'y a personne. Ils font tous la grasse mat' ou quoi?
Je commence à m'avancer vers la sortie pour la ville, et je m'arrête pour me tourner vers Morgan et lever un sourcil interrogateur. Je veux toujours ma glace, mais si il a des idées sympathiques, je suis partante! En fait, je suis toujours partante pour tout. Tant que c'est amusant bien sûr! Et c'est pas les règlements qui m'arrêtent!

-Alors? Tu veux qu'on fasse quoi? On va en ville, mais où? Une idée précise? Ou on improvise?

©codage Junnie

«Ah oui ma glace...»

Spoiler:

J'attends sa réponse. Le choix lui appartient entièrement. Après tout, sans lui, je n'aurais pas eu le courage de sécher cette fichue colle. Donc on fait ce qu'il a envie.
Avec un faux air de gentleman serviable, mais totalement désintéressé, il esquisse un sourire et me dit:

-T'es sûre que t'oublie pas un truc là ? Je pensais que ça te tenait à cœur...

Hein? Quoi? Quelque chose me tenait à coeur? Bah zut alors je me souviens pas... En même temps j'oublie toujours tout. Mais bon sang, on avait déjà un plan? Franchement Nol, tu peux pas essayer de te rappeler? Ca devait être il n'y a pas plus d'une demie-heure!

Pendant que je me creusais la tête comme une imbécile, Morgan reprend ma main et on continue d'avancer vers la sortie. On débouche enfin à l'air libre, sous le soleil matinal. Aaaah c'est pas trop tôt! Ca commençait à me manquer d'être en dehors de ces murs gris et sombres d'école. J'avais qu'une envie, c'était tourner sur le soleil, m'alloger dans l'herbe et profiter. Mais il paraît que j'avais un plan initial. C'était quooooiiiii??

Morgan vient à mon secours comme un super héros. Heureusement qu'il est là. Parce que je crois que je sais pas ce que je ferais sans lui à partir de maintenant. J'éprouve rapidement une vive affection pour lui et j'espère qu'on continuera à s'entendre aussi bien par la suite.

-Tu veux une glace, on va te trouver une glace, t'inquiète !

Oh Morgan je t'aime si tu savais! Grace à toi je me rappelle! Mais oui ma glace au caramel! Je l'avais totalement oubliée celle là! Et maintenant elle s'insinue dans mon esprit pour me punir de l'avoir effacée de ma mémoire!
Je me retourne vers lui, les yeux brillants.

-Oui allons-y! Tu veux quel parfum toi?

Et je l'entraîne par la main en courant vers la ville.

©codage Junnie