Equipe 2'tension - feat G r e t e l

Dernière heure de la journée ! Hell yeaahh que ça fait du bien de pouvoir sortir d'une classe et avoir la liberté de dire : "Bon, qu'est-ce que je vais faire maintenant ?" car à cet instant, Gretel était libre. Le menton levé, elle traversait la foule d'élèves des autres classes qui avaient encore tout un après-midi de cours à se farcir. La jeune fille prenait son pied à les narguer en se dirigeant lentement vers la sortie. Pour une fois que c'était elle qui finissait les cours avant tout le monde, elle peut bien s'le permettre hin-hin. Malheureusement, son excitation s'estompa bien vite une fois à l'extérieur...

Le vent frais et puissant lui renvoya sa question en pleine face. Qu'est-ce qu'elle va faire maintenant ? Elle tourna en rond un petit moment espérant qu'une idée lui tombe du ciel mais... Rien. Niet, nada, néant total. Errer dans les couloirs ? Boarf, tant qu'à faire... Elle revint donc sur ses pas et laissa les corridors guider ses pas sans se soucier de la direction à prendre. Finalement, de marche en marche et de couloir en couloir, elle arriva au dernier étage et se retrouva sur le balcon. Il faisait bon, mais le vent était particulièrement froid, le bout de son nez et de ses oreilles gelaient à chaque rafale et Gretel décida d'enfiler son bonnet, pour avoir un peu plus chaud. Lorsque la sonnerie qui annonçait midi retentit, quelques élèves envahirent aussitôt la place par groupe de cinq au moins. Agacée par tant de monde alors qu'elle était si tranquille, la Russe s'isola à l'arrière, là où il n'y aurait personne. Malheureusement, là aussi la place était déjà prise et la jeune fille pesta intérieurement. Un type qui cherchait aussi la solitude ? En s'approchant de plus près elle reconnût Wilson et sa bonne humeur revint. Wilson était un garçon qui faisait partit de ces rares personnes dont elle appréciait encore la compagnie. Pas de prise de tête, posé, et il ne parlait jamais pour rien dire (du moins, de son point de vue en tout cas) mais qui restait encore tout de même un grand mystère à ses yeux, en tant que noob dans les relations humaines.

Sans demander son avis, elle s'assied à côté de lui et sortit par habitude une feuille et un peu d'herbe. Pendant que ses doigts roulaient le matos pour en faire un joint, ses yeux se posèrent sur le sac qui se trouvait entre ses jambe. Son déjeuner ? Il ne mange pas ? Des questions qui lui traversèrent l'esprit mais qu'elle n'osa pas poser. Les gens ont parfois leurs propres raisons et les réclamer ne se faisait pas. D'ailleurs, même Gretel ne mangeait pas, c'était donc la dernière personne à pouvoir faire un commentaire là-dessus. Une fois son joint finit, elle le glissa entre ses lèvres et chercha un briquet dans ses poches.

« Le jardinier a planté du cresson en face de ma chambre, ça sent le cresson du matin au soir maintenant, même avec la fenêtre fermée. »

Lâcha-t-elle le plus naturellement du monde alors que sa main se heurta enfin à l'objet qu'elle cherchait. Elle appuya plusieurs fois sur la gâchette pour allumer sa clope mais seules des étincelles s'en échappèrent. Un peu agacée, elle fit des gestes plus frénétiques et plus brusques jusqu'à ce qu'une flamme apparût enfin. Soulagée de voir que l'heure n'était pas encore venue pour son briquet, elle se pencha en arrière jusqu'à ce que son dos se colle contre le mur et expira la fumée en tentant d'en faire des O parfaits mais ceux-ci ne ressemblèrent à rien. Et comme c'est incrusté dans la science que le vent choisit toujours de souffler vers les non-fumeurs, sa fumée s'était directement dirigée vers Wilson. Sachant qu'il n'était pas hyper fan de la drogue, Gretel eut l’amabilité de changer de place et enjamba le garçon pour venir s'asseoir à côté de lui de l'autre côté.

« J'aime pas ça le cresson en plus. »

Soupira-t-elle calmement. Elle tira une seconde fois sur son joint et releva légèrement son bonnet tout miteux et recousu de partout, de sorte à ce que celui-ni ne tombe plus devant ses yeux. Il était cool son bonnet, mais de lavage en lavage, il s'était tellement élargit qu'il tenait dorénavant difficilement sur sa tête. Un frisson la parcourut lorsque le vent froid souffla de nouveau et elle recroquevilla ses jambes devant elle pour avoir un peu plus chaud.

« Il fait plus froid que ce matin. »

Obvious captain is obvious. Pwahaha, mais bon, c'est vrai quoi. Il faut savoir partager nos observations quelques fois, non ? Non... ok...

« Il fait moche, il va pleuvoir. » Vraiment ? C'est vrai que les nuages commencent à s'assombrir mais de là à pleuvoir... « Je crois. »
« Pffrt... » Gretel pouffa légèrement. En fait il en savait rien du tout. Mais bon, c'est Wilson, alors on ne contredit pas. Et puis si ça se trouve, il allait vraiment pleuvoir.

Du coin de l'oeil, elle pu l'apercevoir décapsuler sa canette et en boire quelques gorgées avant de la poser entre eux. Qu'il ait proposé ou non, elle se serait servie de toute façon. Voir les couleurs de la canette lui donnaient plus envie que le goût du soda en lui-même. Machinalement, elle attrapa la boisson et sirota quelques petites gorgées.

« Sauf si t'aime pas quand on boit avant. »
« Hin-hin » Ricanna-t-elle à moitié amusée. C’est vrai que les A avaient leur petite réputation comme quoi ils ne partageaient jamais leur bouffe avec n’importe qui. C’est clair que si ça n’aurait pas été Wilson, Gretel aurait déjà craché dessus. Enfin non, quand même pas, mais elle se serait abstenue d'y goûter. Extrêmement concentrée sur la canette, la jeune fille ne vit pas le bras du garçon se tendre vers son bonnet et ne le remarqua que lorsqu’elle sentit sa tête refroidir d’un coup.

« Hé ! »

Elle se mit à genoux pour plus de mobilité et calcula ses mouvements pour tenter de récupérer son bien que le garçon était entrain de malmener.

« Rends-le m-… »

Ah ben… Pas besoin de demander en fait, son bonnet lui était revenu tout seul comme un grand en plein dans sa face. Elle se rassied normalement en grommelant un espèce de « Sérieux… », toujours sur son habituel ton neutre et blasé, avant de reposer sa canette et de le remettre sur sa tête. C’est clair que ce genre de blague même pas drôle pouvait facilement être qualifié de méga-chiant, mais vu qu’il s’agissait de Gretel et que chez elle, visiblement le verbe « râler » était absent de son ADN, Wilson pouvait se permettre de faire ce genre d’amuseries autant qu'il le voulait sans craindre de représailles. La petite en profita pour cacher quelques mèches ennuyantes sous son couvre-chef et replia les bords pour qu’il ne s’affaisse pas jusque sur son nez.

Ses coquetteries enfin finies, la Russe reporta son attention vers le jeune homme et vit qu’il était entrain d’enlever sa veste. Il est malade ?! Ou en tout cas il va le devenir s’il ne la remet pas tout de suite. Son joint arrivant au bout, Gretel l’écrasa sur le sol pour l’éteindre et l’envoya valser d’une pichenette, visant par la même occasion une étudiante qui riait trop fort. Malheureusement, le vent (wiwi le vent !) dévia la trajectoire du projectile qui vint se perdre lamentablement dans un endroit improbable de la nature. Pfeuh, le karma n’était pas en sa faveur, c’too… Soudain, un truc vint lui recouvrir les genoux et les épaules et la A eut, par réflexe, un mouvement de recul et défensif en levant brusquement le coude avant de s’apercevoir que ce n’était qu’une veste. Bien chaude en plus. Wilson lui dit qu’elle aurait dû se couvrir et que ce n’était pas encore l’été et blablabla. Remarques que Gretel préféra ignorer de plein gré pendant qu’elle était entrain de se blottir sous sa nouvelle couette, pliant les jambes pour que celle-ci les recouvre complètement.

« N’espère pas la récupérer si monsieur a froid dans deux secondes hein. »

Lança-t-elle avec son éternel ton plat sans intonation, la tête déjà à moitié cachée sous la veste. C’est clair qu’avec une couche en plus, ça faisait une nette différence de température. Lorsque le p’tit Willy vint se coller à elle, la jeune fille eut à nouveau un léger sursaut, ne s’attendant pas à un contact physique direct. En tant que A, peu de gens se permettaient et elle permettait peu de gens à la toucher. De plus, son look n’aidait pas à les encourager et elle avait prit l’habitude de maintenir une certaine distance entre les autres. Une bulle d’espace vitale quoi. Ça la mettait généralement hyper mal à l’aise lorsque l’on franchissait son espace vitale, mais Wilson était l’exception qui confirmait la règle.

Gretel ne sentit d'abord pas les premières gouttes, mais vit les tâches sombres apparaître sur la veste et sur le sol. Etant sous une cape de protection, la pluie ne la dérangeait pas cette fois-ci, d’autant plus qu’elle n’était que très légère, mais elle donnait des couleurs nostalgiques à la ville qui perdait peu à peu de sa couleur. Ses yeux commencèrent à se fermer, apaisée par le son de l’averse, mais elle sursauta légèrement en entendant Wilson pester après les gens.

Le garçon s’allongea ensuite et sa tête se trouvait maintenant à côté de Gretel. La tentation était trop grande et elle ne pu s’empêcher de faire comme un adulte qui féliciterait un gosse en tapotant deux fois sur sa tête, enfin, plutôt son front vu qu’il était couché.

« Bon garçon Willy. »

Sa voix était posée, mais l’ironie était clairement détectable dans ces trois simples mots. Elle n'avait pas faim en arrivant, mais maintenant, son ventre commençait à réclamer et la seule nourriture accessible là tout de suite maintenant était celle du brave Willy. Il n'avait pas faim de toute façon, il ne lui en voudrait pas si elle se sert. Et puis ça va pourrir sinon. Elle ne prit pas la peine d'y réfléchir qu'elle s'était déjà penchée au-dessus de lui pour attraper le sac et l'ouvrir. Voyons... Il y avait un sandwiche, mais impossible de savoir à quoi. Elle le sortit, l'examina et vit les tranches de jambon dépasser, l'intérieur sentait le pesto mais pour ce qui est du fromage... Impossible à deviner.

« Je peux ? Ça a l'air bon. » Demanda-t-elle la bouche déjà pleine et le sandwiche à moitié exterminé. Dans sa logique, on se sert d'abord et on demande/s'excuse ensuite.

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