Achète moi tout c'que j'veux ~ (ou l'art de se faire entretenir)

Achète moi tout c'que j'veux ~ (ou l'art de se faire entretenir)

Il a dit oui. Ça me rassure. Il a vraiment pas peur de moi, même si moi c'est le cas. J'ai peur. Il va encore me faire dépenser combien pour avoir à bouffer ce goinfre ? Je soupire, et arrivés en ville il me demande de lui acheter un beignet. Je soupire et sourit en coin. Et aller, ça commence. Je le regarde manger, alors qu'il se met du sucre glace sur les doigts, et autour de sa bouche. Ça m'amuse. Je m'étire en regardant le ciel, et je baille bruyamment. Léocade me demande ce que je veux faire. J'ai envie de lui sortir une petite connerie, histoire de rigoler un coup, mais je pense que je serai le seul à rire. Dommage. Je hausse donc les épaules, et je me mets à réfléchir. Il fait bon. On est en début d'après-midi. Que faire ? Je hausse un sourcil, et je lui fout un tape dans le dos en souriant en coin, décidant finalement de sortir ma petite blague à laquelle il ne rira pas.

« Bah.. On peut éventuellement louer une chambre d'hôtel pour.. enfin, tu vois quoi.. » Je lui fais un clin d’œil, tentant de garder mon sérieux. Bah oui, je ne vais pas rire tout de suite, imaginez il dit oui ? Je lui tourne le dos, me dirigeant vers le stand de beignet, sachant qu'au final on avait même pas encore bougé, puis j'en prends deux au chocolat. J'en profite pour pouffer, et je retourne vers Léo, lui en tendant un, croquant dans le mien. J'avais tourné la tête, et quand je regarde mon ami, je ne peux m'empêcher de rire. Il s'est foutu du chocolat un peu plus loin que le coin de sa lèvre. Alors, histoire d'illustrer mes dires de tout à l'heure, avant que j'aille chercher les beignets, je m'approche de lui, posant mes mains sur ses bras, et j'approche mon visage du sien, pour lui lécher le chocolat qu'il avait mis. Je reste penché vers lui une bonne minute, silencieux, et je me recule en haussant les épaules.

« Fais pas cette tête. Je plaisante. » Maintenant, ça va être drôle de faire ça, puisqu'il sait que je suis plus pour les hommes que les femmes. Je souris en finissant de manger mon beignet, et je hausse un sourcil. Certes ça m'amuse, mais je voudrais pas lui faire peur non plus. Je vérifie quand même que personne n'était autour de nous, parce que si jamais on a été vu, je pense que Léo va rapidement péter un câble, déjà que je crains ce qu'il va me dire à cause de ce que j'ai fait..

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La réaction est celle que j'attendais. Il devient rouge tomate, et tourne le regard, faisant mine de regarder ailleurs. Et voilà, j'ai gagné. Déstabilisé ? Peut-être. J'espère lui avoir mis le doute du « Je te veux » et du « Je te veux pas » .. C'est assez drôle, je dois l'avouer. Je le regarde mordre dans son beignet se mettant volontairement -ou non- du chocolat sur les doigts avant de venir l'étaler dans mon cou. Je me demande ce qu'il a dans la tête, et je vois que les gens arrivent, l'après-midi arrivant de plus en plus, en même temps que le beau temps, peut-être avaient-ils, eux aussi, envie de sortir, comme Léocade et moi. Soit. Je le vois alors s'approcher, puis je sens sa langue glisser contre mon cou, le nettoyant entièrement, retirant toute trace de chocolat. Ses dents se plantent doucement à l'endroit où résidait ledit chocolat, et je ferme les yeux en laissant un soupire échapper d'entre mes lèvres. Quand mon ami se recule, je le dévisage, et je sens le regard des passants sur nous. Je m'en fiche totalement, et j'avoue que voir que lui aussi en a rien à faire, ça m'amuse. Il me ressort la phrase que je lui avais dit, et il me tourne le dos en me disant qu'il voulait qu'on bouge, le monde commençant à arriver peu à peu. Je me demande pourquoi il a fait ça. C'était quoi son but ? Son truc, c'est les filles, alors ça m'étonne assez, c'est vrai. Je soupire et me décide enfin à le suivre, ne sachant pas vraiment où il voulait qu'on aille. Bon, au pire, je choisis ? Après tout, il m'avait posé la question avant notre petite scène de pseudo-couple amoureux. Où aller ? Hum. Je sais pas. Je réfléchis et je regarde autour de nous. A dire vrai, y'a pas grand chose d'intéressant ici, si ce n'est des restaus de bouffe, à moins d'aller se poser dans un coin, un peu plus loin, genre au parc. Hum. Pourquoi pas, après tout, on a que ça à faire.

« Bon aller, on va se poser au parc, on sera p'têtre tranquille. » Sans qu'il ait le temps de dire quoi que ce soit, voilà que je le tire déjà vers le parc, débitant un flot de conneries histoire de remettre une ambiance habituelle, pas aussi tendue que celle-ci. Arrivés au parc, je constate qu'il n'y a presque personne. Hum. Étonnant. Je regarde et je vois un arbre assez imposant, un peu loin, mais écarté de tous au moins. Il n'y a personne autour, et je lui tire une nouvelle fois le bras pour qu'on y aille, continuant de parler de tout et de rien sur le chemin. N'empêche, c'est hallucinant à quel point je peux parler pour ne rien dire et ce, en même pas une heure de temps. J'ai gardé le sourire tout le long, et là encore. Je crois que je suis coincé à force, parce que quand je souris plus j'ai mal. Enfin bref. Je m'assois, m'adossant contre l'arbre, et je tire fermement Léo avec moi, et je le fais tomber sur moi. Je le regarde dans les yeux et je hausse un sourcil, un sourire aux coins des lèvres, avant de le pousser gentiment pour qu'il se pose un peu plus loin de moi. Plus j'y pense, plus je me dis que son geste de tout à l'heure me donne envie. Si ça m'inquiète ? Un peu. Je sais pas, il est hétéro après tout, et quand je vois qu'avec Drew ça a fini notre amitié, je me dis que ça craint si c'est pareil avec Léocade. Moi c'est mon pote, et je veux pas non plus qu'il parte. Je ne le quitte pas des yeux, ayant un air trop sérieux au visage. Plus aucun signe de sourire, et mes sourcils sont froncés. Je soupire, encore, et je me rends compte que depuis tout à l'heure je le fixe, alors je regarde rapidement ailleurs, faisant mine d'admirer la vue, alors qu'en fait, ce n'était que des abrutis qui venaient faire leur bordel. Je me décide à briser ce silence, même si je sais pas encore ce que je vais dire, donc j'ose un nouveau coup d’œil vers Léo.

« Tu sais, tout à l'heure, je faisais ça pour rire. C'était vraiment pour déconner hein.. » Connor, tu radotes. Trouves autre chose. « J'espère que tu as rien imaginé, parce que sinon ça craint, tu sais.. enfin.. voilà. » C'est pas bon ça Connor, vraiment pas bon. Pourquoi tu perds tes mots devant lui si, comme tu l'affirmes, c'est un pote ? Tu vas pas me dire que ce qu'il t'a fait tout à l'heure t'a vraiment fait de l'effet, hein ? Et ben si. Je soupire en tournant la tête vers la verdure qui s'étalait pendant des mètres. Pathétique. Je suis pathétique. Ce que j'ai dit est pathétique. J'ai les jambes repliées, un peu écartées, et j'ai mes bras posés sur mes genoux, laissant mes mains pendre dans le vide. Je baisse la tête, un peu gêné par la situation, et je reste silencieux, n'osant pas bouger, n'osant plus parler, de peur de dire des conneries.

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J'entends son corps retomber sur le sol, ce qui me force à tourner la tête vers lui en fronçant les sourcils à cause de ce qu'il me dit, puis là je le vois commencer à tirer sur son propre t-shirt. Pourquoi ? J'en ai aucune idée. Je ne le lâche pas du regard, souriant en coin à cause de ses gestes, de ses paroles. Alors qu'il se décide à enfin terminer sa comédie, remettant son t-shirt bien en place, puis sans prévenir, je me redresse et m'installe à califourchon sur lui. Imaginer ça ? Oh, s'il savait. Je passe mes mains sur haut pour caresser doucement son corps. Pourquoi je fais ? Pour lui faire « peur » ? Pour rire ? Parce que j'en ai envie ? Hum. Les trois, ou peut-être juste la dernière option. Je baisse mon visage jusqu'au bas de son ventre sur lequel je dépose quelques baisers, remontant jusque dans son cou en traversant tout son torse. Plus je monte, plus j'enlève son t-shirt. Est-ce que c'est assez ou est-ce que je dois continuer mon petit cinéma ? Je ne sais pas vraiment. Continuer me donne encore plus envie, et puis bon, on pourra pas vraiment dire que c'est désagréable, que ce soit un garçon ou une fille, en ce qui concerne ces gestes, c'est du pareil au même. Sans même attendre qu'il réagisse, je dépose mes lèvres dans son cou, l'embrassant, le mordant.. J'en viens même à lui faire un petit suçon assez discret. Je relève mon visage lentement, et c'est désormais à mon tour de rire. Je recule carrément mon corps, reprenant ma place initiale contre le tronc d'arbre.

« Ou ça, qui sait ? » Je le regarde alors qu'il a encore son haut relevé, et je souris en coin, fier de moi. Puis je me décide à tourner la tête, vérifiant que personne ne nous avait vu, après tout, Léo a sa réputation de A, il faudrait pas que quelqu'un nous ai surpris. Personnellement je m'en fiche. Je suis gay, je l'assume, et celui qui n'est pas content, et bien c'est la même chose. Je me fous totalement des avis des autres, et ça a toujours été comme ça. Je soupire un peu et reporte mon attention sur mon ami. Je me demande ce qu'il va me dire, puis au fond je ne préfère pas y penser. Vous imaginez s'il réagit comme Drew quand j'ai essayé de l'embrasser la première fois où je l'ai rencontré ? C'était drôle, en fait. Il avait réagi si excessivement. Repenser à lui, ça me fout mal, putain. Je suis con. Je savais très bien ce que ça allait me faire. Je tente un sourire malgré tout, ne voulant pas laisser mon malaise apparaître aussi facilement.

« Aller mec, c'est bon. Je me venge juste. » Je me venge ? Non. Ce n'est pas le bon verbe. Je m'amuse. Je profite. Voilà ce que je fais. Et puis, cette phrase c'est tout ce qui est venu. J'ai utilisé la carte de la plaisanterie plus d'une fois aujourd'hui, alors je devais trouver autre chose, et je n'ai pas trouvé mieux. Je m'étire bruyamment, décidant finalement de m'allonger sur l'herbe fraîche. Ma tête et le haut de mon torse au soleil, et le reste de mon corps à l'ombre que donnait cet arbre assez imposant. Je croise mes bras derrière ma tête, et je ferme les yeux, un petit sourire en coin. Pour une fois, j'étais bien. Ouais. Ça fait un moment que je me suis pas senti comme ça. Je sens que je change peu à peu, et j'avoue, ça me fait un peu peur. Un peu beaucoup, en fait.

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Je sens son corps près du mien. Et si je recommençais ? Ouais, en fait vaut mieux pas. Je veux pas qu'il flippe rien qu'en me voyant, ça serait trop chiant, et super chelou. J'ouvre les yeux en entendant le son de sa voix et je tourne la tête vers lui, fermant un œil à cause du soleil qui m'aveuglait. Je souris en coin et hausse les épaules. Pas son cou ? Hum, c'était intéressant à savoir dites-moi. Je décide finalement de m'allonger sur le côté, afin de pouvoir regarder Léo. Ses joues sont rougis à cause de ses paroles, et ça m'amuse. Il est mignon quand il rougit. Nan. Il est mignon tout court. Il a pas mal de filles à ses pieds, et j'avoue que je comprends pourquoi. Je soupire et secoue la tête. Pourquoi il est hétéro ? C'est nul ça, sérieusement. Un jour, je suis presque sûr que je l'aurais. Quoi que. C'est ce que je pensais avec Drew, et finalement on se parle plus. Ahah, c'est tellement amusant comme situation. Et si j'essaie ce que j'ai fait à Drew ? Mais j'ai peur que lui, il aille jusqu'au bout, et qu'il me fout vraiment un coup. Drew s'était retenu, mais Léo, il va faire quoi ? J'ai vraiment envie d'essayer, je sais qu'il va mal le prendre, éventuellement faire la gueule, mais après tout, pourquoi pas ? Enfin, je veux dire, pourquoi pas essayer. Je ne risque pas de perdre grand chose... J'hésite encore un peu. Ce n'est pas un truc que je peux faire comme ça, sans prendre la peine de réfléchir à l'après. Je l'avais fait trop de fois déjà. Réfléchir avant d'agir. Je crois que je vais me sortir cette phrase à moi-même à chaque fois que je ferai un truc inconnu. Je soupire et je me redresse, restant assis dans l'herbe fraiche, ne faisant que regarder le tronc du gros arbre face à moi.

Au bout de quelques secondes qui ont pourtant parues être une éternité,  je me lève et je m'assois sur lui à califourchon, encore, et j'approche mon visage du sien. Je soupire et pose ma main sur ses yeux, sans appuyant, les laissant seulement planer au-dessus, et, après une courte hésitation, je pose mes lèvres sur les siennes. C'est moins rapide qu'avec Drew. C'est plus tendre qu'avec Drew. C'est plus mieux qu'avec Drew. Je garde mes lèvres posées sur celles de Léo et j'enlève finalement ma main. A quoi elle aura servi ? A ce qu'il ait une autre vision de tout ça. C'est vrai. Les yeux fermés, on peut tout imaginer. Il aurait pu s'imaginer que c'était une fille, ou un truc du genre. Je la déplace donc jusque sur sa joue, où je la pose délicatement, et je continue de l'embrasser. Mon cœur bat à 100 à l'heure. C'est affolant. Je ne dis rien. Je ne réagis pas. Je me contente de sourire contre ses lèvres et de relever enfin mon visage. Je le regarde dans les yeux alors que mon corps reste figé, m'obligeant à rester sur Léocade, que je le veuille ou non. Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? Je n'ai pas envie de bouger, en fait. Non. Je ne veux pas. Léo. Embrasse-moi ? Aaah. Connor. Tu es pathétique. Tu espérais pareil pour Drew, et finalement il a failli te foutre un coup de poing, pourquoi lui il ne ferait pas pareil. Je baisse les yeux, me demandant ce qui allait se passer.

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Je l'entends, mais je n'ose pas parler, ni même lever les yeux vers lui. Pourquoi de toute façon ? J'ai peur de son regard sur moi. J'ai peur qu'il me déteste maintenant, qu'il ne veuille plus qu'on se voit. Tellement de choses se bousculent dans ma tête, tellement d'après envisageables. J'aurais tellement voulu qu'il m'embrasse, ou l'embrasser encore une fois, mais ne vaut mieux pas. Déjà que là c'est mal parti pour le revoir ou lui reparler au cours de ces prochains jours, je ne veux pas empirer les choses, mais mon dieu, je veux tellement sentir ses lèvres sur les miennes à nouveau. Je pourrais le faire, après tout je suis toujours sur lui, parce que même me bouger je n'en ai pas le courage, je n'en ai pas la force. Je me penche vers le visage de Léo, je veux lui parler, et je me ravise. Hum, non, vaut mieux pas en fait, ça risquerait de mal tourner. Il a dû avoir peur que je m'approche de nouveau de lui, parce que bon, ça reste quand même récent le baiser qu'il y a eu entre nous. Mais merde, pourquoi t'es hétéro toi ? Je soupire et je me redresse pour me mettre à genoux à côté de lui, le regardant dans les yeux, se pinçant les lèvres. Il faut parler. Il faut briser ce fuckin' silence. Je ne vois pas quoi dire, si ce n'est un stupide désolé, mais à quoi ça servirait ? Je ne vais pas non plus lui faire un discours, parce que, ça ne servirait pas à grand chose non plus. MERDE A LA FIN. Dans ma tête, c'est Bagdad, sérieusement, voire pire ! Je tourne la tête, les yeux clos, et je respire longuement. La seule chose à éviter pendant que je lui parlerai, c'est le regarder. Surtout, mais surtout, ne pas le faire.

« Léocade, je suis vraiment désolé. » C'est rare que je l'appelle par son prénom entier. Bref, je continue. « Je voulais juste essayer avec toi, voir comment ça faisait, tu sais ? Et puis au moins tu sais ce que ça fait, avec un mec. » Bon, je sais que je suis pas crédule sur ce coup, mais j'essaie. Et même, mon baiser était bien trop passionnée pour un simple essai, un simple test. Bon, tant pis, il va comprendre que je lui ai menti, et il va me détester, et partir loin, peut-être même en courant ? Ou me foutre un coup de poing. Dis Léo, tu veux pas essayer toi, non ? Je secoue discrètement la tête. Connor, arrête de te faire des films, ça arrivera jamais. Pas avec lui. Je soupire me lève, lui tournant le dos pour aller m'appuyer contre mon arbre, posant ma tête sur le tronc, levant un peu celle-ci vers le ciel. Je suis tellement désolé mon pote, mais laisse pas ça gâcher notre belle amitié merde..

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