Je ne cherche pas d'excuse... [Judith]

Je me sens revenir de mon sommeil... Oh, j'aime pas me réveiller. Je me reconfigure en vitesse, savoir dans quel état j'étais avant de dormir, mes derniers souvenirs... Arya. J'étais avec Arya et... Je sens au manque de chaleur contre moi qu'elle n'est plus là. Rho putain... Tu veux savoir si tu est frustrée ? Envoie MERDEELLEESTPARTIE, au 8 22 22. J'ouvre lentement les yeux en me redressant et regarde si elle n'est pas dans la chambre. Wow... Because I'm tout seuuul... Je soupire profondément. J'me rends compte que j'aime pas me réveiller seule. Remarque vu la tronche que j'ai maintenant vaut mieux pas qu'Arya soit là, en plus si ça s'trouve j'pue d'la gueule alors bon...

Je me gratte la tête et m'étire, avant de sortir de la couette. Oui quand j'suis alone j'me réveille vite parce que dans un lit seule j'me fait chier. Autant avec quelqu'un, jor j'peux parler et avec Arya éventuellement la câliner, mais là seule ouais bof ça me tente pas d'rester allongée. Je regarde vaguement autour de moi avant de tomber sur un bout de papier. C'est Arya qui a écrit... Elle est jolie son écriture... A l'infirmerie donc.

Bon bah j'fais quoi, j'reste là à l'attendre ?... Je regarde autour de moi. Evaluons la situation. Donc je suis alone, j'ai pas ma game boy, ni ma psp parce qu'elle est déchargée, et rien pour dessiner. En gros si je reste là j'vais m'faire chier. Bon bah, y a pas trente six chemins pour aller vers l'infirmerie, j'vais la rejoindre. Ca fait un peu glue mais bon, si j'lui dit que j'savais pas quoi faire d'autre ça devrait aller, après ce qu'on fera j'sais pas, ptet se balader un peu, j'en sais rien on verra. Je me lève et m'étire à nouveau, faisant craquer certains de mes os, et remet mes godasses avant de vérifier si mes fringues sont pas trop foutues à l'arrache, et sors pour me mettre en route vers l'infirmerie. J'aime pas me balader sans musique putain...

Pfff bon, quelle baaarbe... Putain c'est si long que ça sans musique de faire un trajet ?... Quoi que, j'crois qu'il se passe un truc là bas, j'entends des rires... Sur le chemin de l'infirmerie. Putain j'espère qu'il n'est rien arrivé à...

BUG.

Putain mais... Je vois Arya, en statue au beau milieu de la pièce, avec tout un troupeau de gens autour d'elle. De l'adrénaline. Une grosse dose d'adrénaline. Pourquoi toujours elle ? Pourquoi c'est toujours les gens les plus faibles qui prennent ? Je serre les poings et serre les dents, le regard noir. Je sens un énorme flux d'énergie en moi, et sans que je ne puisse me contrôler ou avoir le temps de maitriser quoi que ce soit, mon poing part dans le mur, dans un choc assourdissant. Je crois que j'ai fait un trou, j'en sais rien j'ai pas envie d'regarder. Toujours Arya qui prend, et eux, ces abrutis, pas un seul pour lui venir en aide. Nan forcément, ils se font tellement chier dans leur vie que dès qu'il y a un peu d'action ça s'attroupe comme une nuée de pigeons autour de miettes de pains. Certains se retournent vers moi, je sais pas si je dois leur rentrer dans le tas ou si je dois essayer d'être calme. Y a un truc qui monte en moi aussi, j'aime pas ça, parce que c'est pas de l'énergie. J'essaye d'articuler entre mes dents serrées.

-Tous... Dégagez...

Ma voix n'a rien à voir à celle que j'ai d'ordinaire, elle est sourde, sombre et rocailleuse. Mon regard doit sans doute faire peur aussi. Certains s'écartent un peu, tandis qu'un mec se tourne vers moi avec un air dédaigneux.

-Tu t'prends pour qui là ? T'as cru t'étais Hulk ou quoi ?

Je le vois qui rit et qui s'approche de moi, pour me montrer aux autres, pour parler de moi comme une espèce d'animal qui croit qui va faire sa loi parce qu'il frappe dans un mur. Je le fusille du regard. C'est ça mon grand, approche... Approche donc... Je le fixe intensément, et quand il retourne sa gueule d'abruti vers moi, je lui fous un grand coup de crâne entre le front et l'arrête du nez. Le voilà par terre, je le toise avec mépris.

-Ta gueule.

J'avance vers Arya, en poussant ceux qui ne s'écartent pas assez vite, certains tombent, mais j'm'en fout, ils ont pas à rester là. Ils avaient qu'à l'aider au lieu de rester là comme des ronds de flan à la regarder. J'arrive devant Arya et baisse les yeux, pour qu'elle n'ait pas à voir le regard que j'ai actuellement, puis pose ma main sur son ventre, pour essayer de réguler son flux d'énergie et annuler la fusion. Là ça va, avec la montée d'adrénaline que j'ai eu j'ai largement assez de concentration pour annuler la fusion rapidement. Je murmure tout de même, pour ne pas lui faire entendre ma voix rauque. J'peux pas lui parler comme ça à Arya.

-Qui t'a fait ça...

-Regardez ! On dirait les statues dans les parc, couvertes de merde de pigeons !


Je ne voulais pas croire ce que j'entendais. Je ressemblais vraiment à cela ? C'était horrible... Plus ils parlaient, plus je m'imaginais la scène, ce qui était encore pire... aller savoir pourquoi cela renforça ma fusion !


Et puis j'entendis une voix sombre, rocailleuse, effrayante. Elle leur ordonnait de bouger. Il y eut un plaisantin pour répondre, suivi des vibrassions d'un choc. Je ne reconnaissais pas cette voix, pourtant, elle me disait quelque chose. La foule s'écarta. Je sentis des vibrassions. Y aurait-il eu des chutes ? Était-ce le propriétaire de la voix qui venait jusqu'à moi ? Oui, "le" parce que pour moi, une voix aussi grave ne pouvait appartenir qu'à un homme. Sauf que quand la personne se retrouva face à moi j'eus un hoquet mental. Judith ! Pourquoi fallait-il que se soit elle ? Encore une fois c'était elle qui venait à mon secours ! Certes, personne n'avais broncher mais tout de même... Alors quand elle posa sa main et je sentis qu'elle utilisait son pouvoir sur moi, je me crispai d'avantage. Non ! Judith ! Non ! Je ne veux pas... Pas ici... Pas maintenant... Si je reprends mon état normal maintenant je vais juste éclater en sanglots... alors s'il te plait non !


Mais cela était inutile, puisqu'elle ne lisait pas dans ma tête, et puis j'étais forcée d'admettre que quand elle me magnétisait comme elle le faisait là, cela faisait un bien fou et me décontractait. Mais je luttai pour ne pas reprendre mon apparence normale... Je ne voulais pas ! Sauf que j'arrivais à ma limite... Et puis je ne pus plus tenir plus longtemps et je retrouvai finalement mon état normal. La fatigue me tomba dessus aussitôt et mes jambes me lâchèrent. Je me retrouvai à genoux aux pieds de Judith. Pitié... pas de questions... Je ne veux pas... Je... Je... 


J'avais les pensées en désordre total et les larmes qui coulaient sans retenues le long de mes joues. Je portai les mains à mon visage, me cachai et tâchai de pleurer en silence, déjà qu'il y avait du monde... Je n'avais jamais subi pire humiliation de ma vie !

Je sens une retenue de la part d'Arya, je sais pas pourquoi. Je ne me pose pas vraiment la question en fait, elle doit sans doute être trop mal pour récupérer son état normal. Derrière, je sens que quelques personnes ont préféré partir, mais la majorité est restée. Bande de ploucs...

Finalement Arya cède, et tombe à genoux devant moi. Enfin, j'ai le réflexe de la rattraper et l'accompagner dans sa chute, en la gardant contre moi. Elle pleure... Ca me fait mal, ça me rappelle l'épisode au restaurant japonais... Bon puis toute cette bande de cons autour qui m'saoulent, je sais pas si j'les dégage ou si j'les ignore. Je ramène la tête d'Arya dans mon cou et glisse mes mains dans ses cheveux en la serrant contre moi, et lève la tête vers le premier glandu qui traine, froide et fermée.

-Qui lui a fait ça ?

Ca va il a l'air d'un mec timide et pas trop con, il se dandine un peu.

-Euh... Trois types en skate...

Je plisse les yeux. Si j'en croise des comme ça j'vais leur faire leur fête. Je berce doucement Arya et baisse ma tête vers elle, pour essayer de parler le plus doucement possible.

-Viens, ne restons pas là... Tu es déjà allée à l'infirmerie ?

J'essaye de faire un mouvement pour qu'elle comprenne qu'elle doit se lever, sans me dégager d'elle complètement non plus, j'veux pas être brusque avec elle.

Je sens Arya qui s'appuie sur moi de toutes ses forces. Ouais, pour qu'elle s'épanouisse j'ai un gros travail à faire pour l'aider, j'attends encore quelques jours pour commencer à la secouer, qu'elle se défende un peu, et j'm'occuperai de l'entrainer au niveau de ses pouvoirs, vu que mon pouvoir peut s'accorder avec le sien, j'ai plusieurs idées déjà. C'est bon de se sentir utile, mais faut aussi qu'elle apprenne à se défendre par ses propres moyens. C'est pas parce qu'elle me saoule que j'pense ça, mais parce que c'est le mieux à faire pour elle.

Je passe ma main autour de sa taille et fais en sorte de passer son bras autour de mon épaule puis la serre contre moi, en ignorant les autres. Ca va, l'infirmerie n'est pas loin. Je peux pas lui dire maintenant ce à quoi je pense, elle serait blessée et perdrait encore plus confiance en elle.

-C'est fini Arya, n'y pense plus...

Elle pleure le long du chemin, ça me fait mal au coeur. J'imagine assez bien l'état dans lequel elle se trouve. Elle doit se sentir réduite à néant, faible et incapable. Pourtant il lui manque peu de choses pour aller vraiment bien. J'l'aiderai de toute façon. Une fois devant l'infirmerie, je me mets face à elle et prend son visage entre mes mains pour la forcer à me regarder.

-Arya, on va aller à l'infirmerie pour tes absences, et voir aussi si tout va bien, enfin... Physiquement parlant je veux dire.

J'esquisse un petit sourire et passe ma main dans ses cheveux, doucement. J'essaye de rendre le ton de ma voix rassurant et posé, de toute façon je ne lui en veux en rien.

-Et quand tu seras un peu plus reposée, que ce soit aujourd'hui ou un autre jour, je t'apprendrai à gérer tes énergies pour tes fusions, même si j'imagine que c'est pas drôle pour toi. Mais plus on s'y prendra tôt, moins ça te fera de soucis avec les autres, parce que je suppose que ta situation n'était pas simple à tenir... Mais d'abord faut voir si ton corps va bien.

Puis, comme pour lui dire que ma vision d'elle ne change pas, je l'embrasse doucement et furtivement, un petit smack, pour pas l'alerter de trop non plus, et lui sourit doucement.

-D'accord ?

Judith dut sentir que je ne pouvais pas marcher sans aide. Elle m'enserra la taille et plaça mon bras sur son épaule. C'était trop inconfortable pour moi parce qu'elle était trop grande. Je le redescendis pour lui tenir la taille.

-C'est fini Arya, n'y pense plus...


Ne plus y penser ? Ne plus penser à quoi ? Aux trois imbéciles sur leurs skates, ou à l'humiliation dont j'avais été la victime ? Ou au fait que je n'étais bonne à rien d'utile en ce bas monde hormis créer des catastrophes ou des problèmes à ceux qui me voulaient du bien? Moi? En colère ? Oui. Énormément en cet instant. D'ailleurs, je ne compris pas trop pourquoi... C'était étrange. Il aurait été tellement plus facile de me morfondre...A ce propos, je pleurais toujours... Quelle... tiens, voilà  Je n'ai même plus de mots pour me décrire ! 


Puis Judith s'arrêta, et moi avec. Elle prit mon visage entre ses mains et m'obligea à la regarder sans que je puisse détourner le regard ou la fuir du regard. Ses yeux avaient quelque chose d'hypnotiques.


-Arya, on va aller à l'infirmerie pour tes absences, et voir aussi si tout va bien, enfin... Physiquement parlant je veux dire. 


Mais je vais bien ! Enfin, je suis vidée, mais mon corps se porte bien... je crois... Oh ! et puis zut ! Ils ont cas m'attaché à un lit d'hôpital jusqu'à la fin de ma scolarité s'ils veulent ! Au moins je ne ferai plus rien qui puisse mettre qui que ce soit en danger ! La révolte gronde au loin. Je ne sais pas d'où ça vient... ou je ne sais plus. En tout cas, cela me fit arrêter de pleurer radicalement. Et je me reconcentrai soudain sur les yeux gris de Judith. De jolis yeux, dit en passant. Apaisant. Appelant au calme. Tandis qu'une main se balade dans mes cheveux. 


-Et quand tu seras un peu plus reposée, que ce soit aujourd'hui ou un autre jour, je t'apprendrai à gérer tes énergies pour tes fusions, même si j'imagine que c'est pas drôle pour toi. Mais plus on s'y prendra tôt, moins ça te fera de soucis avec les autres, parce que je suppose que ta situation n'était pas simple à tenir... Mais d'abord faut voir si ton corps va bien.


Ma première pensée fut :"Pourquoi faire ?" La seconde fut : "Ouais ! Vengeance !" La suivante fut parasitée par un mouvement brusque de Judith. Elle venait de... m'embrasser ? Là, comme ça ? En plein couloir ? Automatiquement, je me sentis rougir et portais mes deux mains à ma bouche. Comme si je voulais garder pour moi, le plus longtemps possible cette trace. Ce baiser avait été moins bien que celui d'avant, mais différent en même temps...C'était étrange mais cela débloqua quelque chose en moi...

Dans le regard d'Arya, j'en vois des choses. Une immense confusion et même de la haine. Une personne si douce... C'est triste. Mais quoi de plus normal quand on vient de se faire humilier en publique ? Seulement j'peux pas la laisser comme ça monter une haine en mayonnaise, si elle vit dans la haine elle sera malheureuse. J'suis pas une prôneuse d'amour mais j'refuse la haine à l'état pur, c'est tout. Mais son regard change quand je l'embrasse. C'est bizarre, je sais pas si j'ai bien fait ou non. En fait je l'ai fait presque instinctivement, puis aussi pour lui faire comprendre que j'allais pas la renier quoi. Elle porte ses mains à sa bouche en rougissant. Elle est vraiment choupinette, mais je sais pas si j'l'ai agacée davantage ou un truc du genre.

- Judith ! Tu... Pourquoi ?

Je fronce brièvement les sourcils, sans comprendre la question. Pourquoi quoi ? Pourquoi je l'ai embrassée en plein couloir ? Merde ouais, 'ça s'trouve elle est pudique elle veut pas que j'l'embrasse en publique... Ou pourquoi quoi, je sais pas, un truc qui merde dans c'que j'ai dit ? Pourquoi je lui dit ça peut-être ? Pourquoi suis-je si maladroite ? Rho j'en sais rien !! Autant demander directement à l'intéressée. J'incline la tête en la scrutant, mon regard reflétant sans doute bien mon incompréhension.

-Pourquoi quoi? J'ai fait ou dit quelque chose de mal?...

Peut-être que ma réaction tout à l'heure ne lui a pas plu, peut-être qu'elle a vu ce que je cache en moi à travers mon regard, ou... Je sais pas.

Elle ne réponds rien... Je vois bien qu'elle est rouge et qu'elle sourit, donc dans un sens c'est c'est rassurant, mais... Elle s'écarte de moi pour rentrer. J'me sens un peu vide, j'crois que j'ai fait une bêtise... Peut-être que je me sens trop sûre de moi et que j'fais des conneries à cause de ça. J'aurais fait quelque chose de blessant pour Arya?... Merde... Peut-être que j'devrais moins respirer l'assurance, elle serait capable de se sentir inférieure à moi alors que bah... J'porte juste un putain de masque que j'ai hyper bien fixé à mon visage... Je rentre quand même avec elle dans l'infirmerie, n'ayant rien de mieux à faire, et referme la porte. J'avance un peu vers Arya, en restant derrière elle tout de même. Je crois que je devrais éviter de l'embrasser en fait... Enfin je sais pas pourquoi elle a réagit comme ça, j'comprends pas trop... En fait, c'est le fait de pas avoir de réponse qui m'interroge. Je connais pas la nature de sa question, ni à quoi elle pense. Bordel mais pourquoi j'suis pas télépathe ? Quoi que, être télépathe ça doit bien ruiner les relations sociales... Je vois Arya devant qui flanche et manque de tomber, par réflexe mon bras lui fait barrière au sol aussitôt. Est-ce que je fais bien de la rattraper, est-ce que le fait de se dire qu'elle ne peut pas marcher sans tomber si je suis pas là va la rabaisser ? Mais si je la laissais tomber ce serait sans doute plus humiliant pour elle, parce que ce sera un évènement marqué, tandis que les idées qu'elle se fait qui sont négative je peux les gommer. Je la regarde avec un léger sourire timide, avec déjà beaucoup moins d'assurance, puis l'aide à se relever et rapproche une chaise pour qu'elle puisse s'asseoir. Ca fait assistance à personne âgée mais c'est ça ou j'la laisse par terre, alors oui c'est pas confortable pour elle m'enfin. Je me recule ensuite un peu, attendant qu'Arya prenne la parole. Après tout je n'ai pas à parler pour elle, elle va se sentir exclue après, même si elle bégaye au moins c'est elle qui aura prit l'initiative de parler.

Je m’apprêtais à heurter le sol quand un bras qui ne m’était pas inconnu, m’empêcha de m’éclater la figure contre le carrelage. Et l’heureuse propriétaire de ce bras n’était autre que Judith ! Je levai la tête pour la remercier mais je me bloquai en remarquant son sourire moins éclatant que d’habitude. Etait-ce à cause de moi ? Etait-elle triste à cause de moi ? Aurais-je dû être plus expressive après qu’elle m’ait embrassé ? Je me senti rougir en y repensant. Et je fus heureuse de tourner le dos à l’infirmière qui s’était levée pour aider Judith à m’asseoir sur une chaise.
 
-Merci… Je vais… bien… Je suis juste… un peu… fatiguée…
- Oui, je vois ça, ironisa l’infirmière. Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Demanda-t-elle en prenant entre ses doigts un peu du mélange pâteux dont j’avais été couronnée.
 
Entre ma voix fluette, presque inaudible et la brusque franchise de la dame, qui ne s’adressait pas à moi, je ne savais plus que dire ou comment me tenir. Je me recroquevillai sur ma chaise en serrant la main de Judith que j’avais attrapée pour prendre appui afin de m’asseoir, et que je n’avais pas lâchée depuis. J’avais même l’impression de me raccrocher à elle comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. Etait-il possible de dépendre à ce point de quelqu’un ? Je préférai quand on était que toutes les deux… Au moins je ne me posais pas de questions, et j’étais bien. Très bien même. Tout à fait en sécurité. Je regardai Judith et chuchotai en pensant à ma non-réaction suite à son baiser et à sa question à laquelle je n’avais pas donné suite :
 
-Je suis désolée…

Bon j'ai pas été discrète vu la tête que fait Arya en me regardant. Elle a du voir un truc dans mon regard.

-Merci… Je vais… bien… Je suis juste… un peu… fatiguée…
- Oui, je vois ça.Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

Je regarde ce que tiens l'infirmière entre ses doigts, en sentant qu'Arya n'a pas lâché ma main. Dans un sens ça me rassure, elle ne m'en veut pas. Elle ne m'en veut pas de me montrer peut-être un peu trop sûre de moi, elle ne m'en veut pas de l'avoir embrassée avec une telle facilité, mais je pensais que ça la détendrait un peu, j'ai pas tout à fait foiré mais même... J'incline ensuite très légèrement ma tête en voyant la posture d'Arya. Non ma belle, ce n'est pas à toi d'avoir honte, de chercher à te cacher...

-La preuve de la stupidité incontestable de certains élèves de l'établissement madame, du papier toilette imbibé d'eau, dont certains sont restés encore assez primitif pour comprendre que sa place était au fond des toilettes et non pas sur leur prochain.

Ma voix était plate, assez froide, tout comme mon expression en pensant à eux. Je méprise ceux qui ont humilié Arya. Et elle s'excuse avec ça... Pour détendre un peu Arya je caresse doucement sa main de mon pouce, pour que ce signe soit discret, j'imagine qu'elle ne veut pas que je lui dise de se redresser face à l'infirmière, elle se sentirait comme une gamine entre deux adultes et perdrait encore plus confiance en elle. Donc je me contente d'un signe discret, même si en cet instant j'aimerais la prendre dans mes bras et lui murmurer des mots rassurants. Je ferai ça quand on sera sorti de l'infirmerie.