Une passion commune

L'ennui est un fléau qui me touche personnellement, qui me ronge et qui me pousse à réfléchir à ce que nous sommes, nous pauvres être mortels et corrompus. Ces pensées ne m'amènent généralement que de la souffrance et me plongent dans un état mélancolique. C'est par les divertissements, par ce que j'aime, que je fui cet ennui existentiel qui est bien plus vicieux et amer qu'un simple ennui de situation. Ne dit-on pas « qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères » ?

Je marchais, sans but à travers le pensionnat. Je ne cherchais pas forcément quelque chose à faire, ni quelqu'un. Je me promenais simplement, libérant mon esprit, le laissant vagabondé aux grès de ses envies, porté par la douce brise qui me caressait le visage.  Les jardins de Prismver étaient des plus agréables, calmes et ouverts sur l'horizon. Un bon moyen de se ressourcer, seul, de la musique dans les oreilles. S'asseoir au pied d'un arbre, protégé des rayons brûlants du soleil par l'ombre de son feuillage épais, dansant sur le rythme du vent. Rêver...
Je vis soudain au loin quelqu'un aux cheveux roses accrocher quelque chose sans vraiment y prêter attention et restais là, à flâner sous mon arbre.

Quand ce fut l'heure de rentrer je me souvins de ce que j'avais vu et décidais par curiosité de faire un petit détour et d'aller voir ce qui avait été accroché. Je souris légèrement. J'arrachai le papier et le mis dans ma poche pour me souvenir de ce qui était inscrit dessus. Samedi s'annonçait comme la naissance de quelque chose de nouveau...

[…]

Samedi était arrivé. Mon réveil sonna vers 10 heures et je me levais comme d'habitude, calme et assez détendu. Je me préparais lézardant entre chaque étape, j'aimais prendre mon temps. J'avais essayé de me motiver pour arriver à l'heure au lieu de rendez-vous figurant sur l'annonce. Mais n'étant pas de nature très ponctuel, je savais que j'arriverais en retard, je m’attelais tout de même à réduire celui-ci. Je vérifiais ma guitare électrique, en profitais pour jouer quelque chose pour m'échauffer les doigts, puis la rangeai dans sa housse avant de la mettre sur mon dos et de quitter mon lieu de résidence. Je marchais en direction de la salle de musique, me demandant si beaucoup de personnes avaient répondues à l'appelle.

Arrivé devant la salle, avec finalement un petit quart d'heure de retard, je frappai quatre fois puis entrai. Je balayai rapidement la salle des yeux et vis un étui sur une table d'une forme et d'une taille qui me faisait penser qu'il renfermait un violon. Deux personnes se trouvaient ici. Le gars aux cheveux roses que j'avais aperçu il y a quelques jours, et une fille au fond, au visage familier. Selwyn, la demoiselle mystérieuse de la galerie marchande. Je lui lançai un petit sourire avant de me diriger vers le poseur de l'annonce.

« Salut, je viens en réponse à l'annonce » Je sortis le petit papier de ma poche et lui montrai « ça m'intéresse cette histoire de groupe »

Je posai la housse contenant ma guitare sur une table juste à côté de moi, et attendais d'entendre leur réponse, intrigué par cette histoire de groupe, curieux de rencontrer des personnes partageant la même passion que moi.