• PV: Selphie - Sarah - Drew • When to tell the truth, tell the truth or lie

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Les pâtes carbonaras de Prismver.
C’est quelque chose. Quelque chose de gros. De fat.
Une histoire d'amour aux tendances SM.

Crème beurre crème lardon beurre crème. Une sauce à l’odeur envoûtante, qui vous attire inexorablement. Piège. Prédateur. Car une cuillère de cette mixture, et vous en avez pour 200 grammes dans les fesses.
Violent. Et extrêmement dangereux pour les newbies de la pâte comme on en croise à la pelle ici-même.
Mais pour moi, Sarah Edwige, ce plat, ce n’est rien. Une broutille. De la margarine sur une biscotte. Bwahahahahaha. Et je retourne au self pour demander à ce qu’on me resserve une assiette. Oui. Une quatrième fois.

Avant de m’asseoir à un bout de table vide – qui serait resté avec moi si longtemps dans cette cafèt’ à l’odeur chlorée ? Resté me regarder, moi,  me goinfrer comme une vache. Surement pas Marwin.

Vous étiez vous déjà demandé ce qu’il arrive à Sarah E. Blackmore lorsqu’elle frise la dépression ? Lorsqu’elle brûle de stress ? Se sent au bord du suicide ? Et bien ce qu’il lui arrive, c’est qu’elle se met à bouffer en se foutant de la gueule des autres filles du self qui prennent des pâtes nature. C’est qu’elle se sent puissante, elle et sa faculté de ne prendre pas un seul gramme malgré les quantités énormes de dégueulasseries qu’elle ingère.
Au fond du trou, Sarah craque son slip.

Je craque mon slip.

Tout en vous dévisageant vous, pauvres petits paysans que vous êtes. Des têtes, des visages … Les gens ici sont tous fous. Regardez le freluquet aux cheveux longs là-bas, balai dans les fesses et regard dédaigneux. Oh. Il me regarde. Je lui souris, amusée. Il passe nonchalamment son chemin.
Je dois sûrement faire peur à voir. Pauvre papa, s’il me voyait comme ça, moi, sa si belle fille chérie. Teint livide, cernes d’encres.  Des nuits que je ne dors plus, hantée par des cauchemars sans visage.  Sans visage …. Quoique. Ce serait mentir de dire qu’ils n’en n’ont pas. Cruels démons qui attisent ma culpabilité, et qui appuient là où ça fait mal. J’aurai cru être suffisamment masochiste pour vouloir m’endormir de nouveau, mais apparemment, ce n’était pas le cas. Je suis officiellement devenue une chouette  qui vit la nuit et pique des siestes le jour. Ah, papa se foutrait bien de ma gueule. Une fois de plus.

Tournicoti tournicoton, et voilà une autre fourchette qui se vide dans ma bouche. Je n’ai même pas faim. Je fais juste ça par pure frustration. Et c’est sûrement ça le pire. Lachant un long soupir, je décide de me lever afin de remplir la carafe pour les prochains arrivants. Sarah, si remplie de gentillesse. Sarah, si désireuse de se déculpabiliser à chaque occasion qui se présente.

Ou sont les distributeurs ? Malgré toutes les heures que j’ai passées ici, je n’en ai pas la moindre idée. Faut dire que je ne m’étais jamais rabaissée à faire ça, avant. Ce truc de naze.
Je crois aperçevoir ce que je cherche là-bas. Près de la table à laquelle est accoudée une demoiselle en fauteuil. J’y marche. Sans me presser. Restant droite et fraîche malgré le fait que je viens juste de me manger le quart de mon poids de pâtes.

Voilà. Un distributeur. Un bouton. De l’eau. Woaw. Toute une histoire palpitante. Je tiens peut être là le nouveau scénario Disney ? Je laisse glisser mes ongles tout de noir vernis sur la hanse. C’est long. Des bruits de pas, et je tourne la tête instinctivement.

Je me sens mal tout d’un coup. Mal, au point d’être sur le point de vomir mon repas trop copieux.

A quel point suis-je poisseuse ?  Si je le suis au point de tomber sur Drew dans ce self immense, je n’ai plus qu’à prier pour ne pas mourir noyée dans une flaque d’eau.

Je le regarde.
Il se retourne.
Il la regarde. La fille au fauteuil.
Il se retourne - ayant l'air complètement con au passage.

Et fait en sorte de s’éloigner de moi le plus possible. Youhou. Non seulement il me snobe, mais en plus, il me traite comme si je puais la mort. Génial ! Voilà qui va éclaircir mon humeur déjà massacrante. La carafe déborde. Tout comme ma santé mentale qui ne demande qu’à exploser en miettes.
Sur le chemin du retour, je passe à côté de lui. Parmi tous les chemins. Lentement. Je frôle son épaule, regardant droit devant moi, les sourcils froncés. Tu vois Drew, moi aussi je peux ignorer les gens. Les choses. Les paroles. - un bout de souvenir brisé- et voilà qu'un goût amer envahit ma bouche alors que bois l’eau durement acquérie.

Un goût désagréable.

Les forces m’ont quittées. Et je me retrouve sur le moment incapable de débarasser mon plateau. Je reste donc là, assise sur le bout de la table qui se remplit sans se soucier de moi, les doigts crispés autour de mon verre.

Fixant inlassablement.
Fixant inlassablement une certaine table à laquelle une jolie jeune fille en fauteuil est accoudée.

liar game.

Et j'ai effacé ce post en appuyant sur éditer au lieu de citer.
Je vais me suicider maintenant.
Adieeeuuuu !

dust.

Mettre de côté ses émotions. Mettre de côté sa peur. Mettre de côté ses sentiments. Des sentiments ? Est-ce que j’en avais d’abord ? La méchanceté pure qui avait pris le contrôle de tout mon être semblait me dire que non. J’étais devenue une poupée. Un robot.

Un reste de rêve brisé.

Je m’étais laissée rongée par la responsabilité d’avoir détruit Drew. Petit à petit, elle m’a avalée, alors que je tentais de me débattre. De l’aider. De dire les vérités. D’entretenir le petit morceau de flamme qui brûlait pour lui.
Combien de fois lui avais-je tendu la main, et combien de fois m’avait-il ignoré ? Jusqu’à me laisser m’auto-flageller, crevant dans une mare de culpabilité. J’avais tenu longtemps, à m’insulter de tous les noms. A prendre le rôle de la coupable. A essayer de résoudre le problème. Trop longtemps. Maintenant, je n’en pouvais plus.

C’était à mon tour de crier ma haine, de répandre mon venin, longtemps restée enfermé dans mon cœur. Ma haine envers Drew et sa passivité, ma haine envers Anshu qui s’amuse à nous regarder, ma haine envers la jeune fille en fauteuil qui ne sait rien, rien du tout, toujours protégée. Et plus que tout : ma haine envers moi-même, qui comme une idiote, comme une égoïste, a toujours cru être aimé par Drew, quelque part, au fond.

« Oui, Sarah, c’est avec lui que je répare mes blessures. Oui, je suis tombé bas, au plus bas. Tu t’attendais à autre chose ? Non. Tu le sais. Tu le sais très bien que tu m’a envoyé 6 pieds sous terre. Et tu es parfaitement consciente que c’est entièrement de ta faute. Alors maintenant, le mieux que t’ai à faire, je pense que, c’est de t’écraser. »

Ces mots étaient ceux auxquels je m’étais préparée, la dernière fois qu’on s’était vus. Ce jour là, j’avais soigneusement fermé mon cœur, pour pouvoir les encaisser. Et alors que je les attendais, les mots n’étaient jamais venus. Et maintenant. Là. Il y avait quelque chose de cruel. Il m’avait jeté ces mots au visage, les avais craché. Mais moi, je n’étais plus prête à les encaisser.

« J’assume de faire le plus de mal à Sarah possible. Parce-que oui, c’est mon ex. Et oui, elle m’a détruit. Alors tu vois, Anshu. Il n’y a plus rien à briser en moi. Le peu que j’avais, elle me l’a déja pris, bien avant toi. »

C’était de loin la chose la plus douloureuse qu’il avait fini par me dire. Me dire ? Dire à Anshu. Et c’était ça, le pire. C’était une vérité, la vérité, elle il ne me l’avait pas dit à moi, mais à lui. - et c'était pour moi le plus douloureux des coups de poignard.

J’ai envie de pleurer – je sens déjà mon cœur qui s’affole, mes mains qui deviennent moites, et ma respiration qui s’accélère. Les mêmes symptômes que l’amour – avec un résultat bien plus mouillé. Je ne peux pas pleurer. Je suis bloquée.  Mon masque se fissure face au regard si dur du jeune homme. De l’inconnu. Mes yeux se perdent, je doute, avant de reprendre contenance, et de me forcer à sourire – tu vois bien Drew, ce que tu fais est horrible. Ce que nous faisons.

« Ah et bien, te voilà bien plus bavard tout d’un coup. M’écraser ? Pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ? Pourquoi ne me l’as-tu pas dit quand je te l’avais demandé ? Tu avais pitié ? C’est vrai, c’est le genre d’émotion qui te va si bien ! Et bien,  Ça nous aurait évité bien du temps perdu, à toi, comme à moi. »

Comme à moi.- Le mensonge fuse en un éclair, et je n’ai même plus le courage de le reprendre. Ni l’humilité. J’essaie de projeter avec force et  désinvolture les mots, mais au fond, ma voix se meurt. Il me haissait haissait haissait. Et n’avais jamais eu le courage de le dire jusqu’à maintenant .

« Et bien maintenant, c’est fini. » Je ne veux pas. « Il nous en aura fallu du temps, pour nous dire adieu. » Je ne veux pas !

Et la fière Sarah, la Sarah que je hais, sourit une dernière fois , consciente des regards des curieux sur ses épaules . La fière Sarah écoute avec lassitude Drew - qu’il l'exècre-  lancer son venin sur Anshu qu’elle hait maintenant un peu moins. Pourquoi ? Par pitié. Pourquoi ? Car il est le type de personne qui déteste la pitié. Et faire des choses que les autres détestent étaient en ce moment même le plus brûlant des réconforts.

Drew finit sa longue tirade sur une autre vérité froide, qui ne trouve même plus d’écho dans mon cœur. J’ai cessé d’écouter, j’ai cessé de réfléchir, j’ai même cessé de penser. Mes yeux rivés sur son dos qui se dirigeait vers la sortie. Disparaissait. S’évaporait comme un spectre.

Et si tout était un cauchemar ? Après tout, c’était possible. Il ressemblait bien aux obsessions qui hantaient mes nuits.
Sauf que mes cauchemars ne duraient pas. Et qu’ils ne faisaient pas mal au point de croire que l’on va vomir ses entrailles.

J’ai tourné mon regard fatigué vers l’ange qui nous regardait. L’ange dont on brûlait les ailes en ce moment même. Selphie. Elle qui n’avait rien demandé, elle qui avait tout reçu, mes blessures comme celles d’Anshu à travers Drew. Elle qui d’un instant à l’autre allait perdre sa candeur et sa lumière de petite fille. Je me suis approchée d’elle, l’ai regardé avec des yeux qui se voulaient compatissants, mais qui n’étaient sûrement plus que des billes creuses dénuées d’émotion. Je me suis accroupie, et ai posé mes mains sur ses genoux.

Et j’ai dit doucement à la petite princesse la raison de tout cela. Je lui ai dit comme un adulte explique les grandes choses aux enfants, doucement.

« La vérité c’est que nous sommes tous  menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels . La vérité, c’est que tous les Hommes sont fait ainsi. La vérité, c’est que le prince ne sera jamais bon et aimant. La vérité, c’est que le monde est un énorme tissu de mensonges, et que tu finiras par t'y étouffer un jour, comme tout le monde.»

Et c’est tout. Je me suis relevée, laissant glisser les cheveux de l’innocente de mes doigts. Lui murmurant un « désolée » sans conviction mais vital, et me retournant vers tous ceux qui regardaient, loin de nous, loin de ce monde. Les yeux remplis de cette curiosité malsaine qu’ont les gamins devant des animaux en cage. Qu’est ce qu’ils croyaient ?

« Maintenant dégagez, il n’y a plus rien à voir ici ! » - sommai-je, leur demandant de s’écarter d’un mouvement de bras.

Ils m’ont regardé. Et ont détourné les yeux, avant de se disperser. Comme les spectateurs de cirque s’éparpillent une fois que le numéro est terminé.
Notre numéro.

blackout.

Le bruit sinueux du fauteuil roulant sur le carrelage me fit sursauter. Frisson. C’est vrai. J’avais presque oublié à quel point je détestais ce son – et les souvenirs auxquels il était associé.

« Je n’ai plus de jambes, pourtant j’avance. Rien n’est irrécupérable dans ce monde, penser le contraire n’est que se lover dans le désespoir et se priver soi-même d’un moyen de continuer à vivre. »

Mes yeux s’écarquillèrent légèrement à l’entente de la voix cristalline de la jeune fille, qui avait réussi à percer en douceur le bruit planant dans la salle. Les mots étaient justes, droits, purs, et empreints d’une vérité propre à en pleurer.  Sortis de sa bouche, ils étaient doux et gentils, et pourtant, il n’y avait plus cette candeur si particulière. Celle de l’ange.
Elle aussi, elle avait fini par prendre les armes. J’émis un son écoeuré.  Les mots ne m’étaient pas destinés, et bien heureusement. Car  face à cette phrase philosophiquement à la hauteur d’un maître Yoda, j’aurais bien eu du mal à répondre.

Moi, qui ne sais même plus faire la différence entre la tristesse et la joie.

C’est alors que retentit de nouveau le glissement des roues. C’est  alors que sous mes yeux se dresse un spectacle des plus choquants.
Je n’aime pas spécialement Anshu. Il est d’ailleurs exactement le type de personne que je ne peux supporter. J’ai aimé et aime encore Drew. Il est ce que je vis, ce que je respire. Ce qui m’empoisonne.

Et là, tout était en train de changer. Les hommes devant n’étaient ni Anshu, ni Drew. Ni mêmes des êtres humains. Ou si, au contraire. Ils étaient des êtres humains, qui plus que tout, sont des êtres animés par une cruauté qui dépassait de loin celles des animaux.
Anshu pleurait – offrant à tous un spectacle pitoyable, méprisable – jubilatoire pour certains ? – aux yeux de tous. Et alors que son image n’était plus que cendres, Drew l’acheva. Bourreau qui adorait faire des heures sup’. Sous mes yeux, sous les yeux des autres, sous les yeux de Selphie, ils s’embrassèrent. Il l’embrassa. Même si « embrasser » était loin d’être le terme correct.

Car ce n’était pas un baiser. C’était juste quelque chose de brutal, féroce et tortueux. Quelque chose de malsain. Et, contrairement à tous ces gens qui regardaient ces langues se saigner avec avidité – je ne pouvais pas le supporter.

Je. Je crois que je ne me sens pas bien. Ma tête tourne.  Mon cœur brûle. Je veux vomir. Mes yeux se fermèrent hermétiquement alors que je sentis le sang se vider de mon visage. Je n'écoutais plus. Je ne voulais pas écouter. Ne pas voir. Ne pas sentir.

Je pouvais voir du sang, du sexe, de la violence sans ciller, loin d'être une petite nature. Mais cette malsanité rampante était bien plus que ce que ne pouvait soutenir mon estomac. La cruauté de Drew m’avait frappée comme un boomerang, avant même que je ne puisse recomposer mon armure. C’était loin d’être la première fois. Mais c’était peut être la dernière. Oui, ça devait être la dernière.

Je me levai donc, poings serrés et front moite. Et commença à doucement marcher vers la sortie, qui était bien trop éloignée à mon goût. Et bien trop près de Drew. Je cherchai rapidement des yeux une autre échappatoire, en vain. Il n’y avait qu’une sortie. Qu’une décision à prendre. C’est la vision trouble que je passai à côté de lui, et le cœur en chaos que je m’arrêtai en face.  Les yeux en colère, en tristesse, en pleur, en dégoût, et en amour- surtout en amour, je le fixai intensément. Posant mes mains sur ses épaules –contact ardent- y enfonçant mes ongles. Articulant chaque mot.

« Je ne veux plus jamais entendre parler de toi. »

Et maintenant il fallait partir. Partir loin loin loin d’ici. Fuir. Allez crier, vomir, et pleurer toute mon âme, afin d’en ressortir nouvelle et heureuse. Mais à mon habitude, je soignais toujours plus mes entrées que mes sorties,  et je restai immobile. - ayant perdu le contrôle de mon corps, et de mon coeur -
Sûre que si jamais je faisais un seul pas en direction de la sortie, je m’évanouirai au milieu de tout le monde.

Et pour la fière Sarah, il en était hors de question.