This is Sparta.[Pv Sarah & Drew]

J’ai toujours détesté les pâtes. C’est un fait. Je suis une personne censée moi. Ou suis-je ? Dans le réfectoire. Seule ? Non. Ces cheveux aux couleurs saturées qui m’entourent montrent que je suis entourée. Encerclée. Par des gens sans visage, aux arrières goût de Slenderman. Je marche sur un carrelage infini, sans trop savoir pourquoi. Et là, ils m’interpellent.
Ils – un groupe de personne aux cheveux bien trop vifs pour mes yeux fatigués. Je les connais, ils sont trois. Un aux cheveux longs et roses, une en pédalo et le dernier … en noir et blanc. Drew. Anshu. Selphie ? Quelque chose de va pas, je n’aime pas quand ces trois personnes sont ensemble. Je ne veux pas. Non. Puis soudain, quelque chose de criard et cuisant jailli. C’est rouge, si rouge. Et voilà que je me noie dans une mer de sang, ouvrant la bouche sans pouvoir crier – à l’aide au secours quelqu’un -

J’ai oublié ce cauchemar à la seconde au j’ai ouvert les yeux – sur le ciel si bleu de Prismver. Hmm. J’entends quelque chose. Je . Qu’est ce que je fais là déjà ? Ah oui, j’avais du temps avant les cours, alors j’étais allée lire dans un endroit où personne de mon entourage ne m’aurait trouvé – il faut dire que j’ai pris la sale habitude de me cacher pour lire, afin de préserver mon image -  mais la chaleur était si forte que j’avais enlevé mon collant et mes chaussures – et puis pouf, je m’étais endormie. C’est bon. Ca me revient. Je m’assieds nonchalamment, avant de tourner la tête, à droite, puis à gauche puis …

MARWIN ?  Marwin qui sourit ?

Je sursaute, les yeux encore embrumés, avant d’observer ma main dans la sienne avec circonspection. De la serrer un peu – toujours vérifier si c’est le réel est réel. Bon. Marwin est bien là, juste à quelques centimètres de mon visage.  Il m’avait trouvé.

« Marwin. »

Et bien, c’est un bon début de phrase mais … uh. J’ai mal au crâne.

« Tu peux me frapper s’il te plaît ? » - je marmonne avec difficulté.

Histoire que je me remette le cerveau en place – parce que là, j’ai un peu du mal. Comment Marwin, qui était loin d’être le genre de personne à sortir dehors parmi les fleurs qui sentent bons ; avait pu se retrouver ici ? Comment ? Oh et puis tant pis, j’avais un peu la flemme de réfléchir – et au fond, j’avais le sentiment d’être heureuse que se soit lui qui m’ait retrouvée. (Même si j’aurais préféré qu’il me réveille comme une princesse avec un baiser, avant de me porter et de m’emmener sur son cheval … qu’est ce que je raconte moi ?)

- Hello Snow White Queen. Bien dormi ?

Que quoi ?

« Blanche Neige était une princesse. La reine, c’est la méchante belle mère. » - fais-je remarquer avec un air de blasitude totale – qui devrait sûrement rentrer en concurrence avec une certaine Kristen S. Je soupire, avec le désespoir d’une personne qui vient de se réveiller avec une gueule de bois de 100 ans.

« Et non, je crois que j’ai fait un cauchemar. »

A en juger par la moiteur de mon front et l’humidité dans laquelle je macère – tout en restant superbement sexy bien sûr – c’était forcément un cauchemar. Oui, les rêves ne vous laissaient pas cette boule au creux de l’estomac ; et puis de toute façon, je ne faisais que des cauchemars, ces derniers temps.
Je m’étire doucement, faisant attention de ne pas enlever ma main de celle de Marwin, avant d’essayer de me lever – sans grand succès. Mes jambes ne répondent plus, et mon manque d’équilibre naturel  me fait immédiatement retomber sur les genoux – en poussant un grognement. Je déteste. Etre. Tirée du lit.

Je me rallonge donc, lâchant toute prise, étalée sur le sol en bonne crêpe oppressée et fondue par la chaleur. Je déteste. La chaleur.
Elle me rend faible – rien que maintenant, j’ai l’impression d’avoir la consistance d’une méduse. Fixant les feuilles de l’arbre qui vacillent délicatement, je lance une question, à Marwin, dans le vide.

« Ca fait deux soirs que je t’ai pas vu. T’étais où ? »

Comme je suis stupide. Mais c’était là la première question qui m’était venue à l’esprit – et sûrement pas une dont je voulais savoir la réponse. Je regrettais déjà de l’avoir posée. Tournant ma tête à l’opposé de Marwin, la joue dans l’herbe, je chuchote un « Oublie » imperceptible.
Il fait beau, il fait chaud, nous sommes tous les deux. Il serait bon d’être insouciant et heureux. Rien qu’une fois.

Et alors que je me targuais mentalement du rôle de princesse débile, je vis quelqu’un arriver, au ras-du sol. De simples jambes. Que malheureusement, je ne connaissais que trop bien.

« Drew. »

Un souffle éraillé, alors que mes yeux s’agrandissent de terreur et que ma main se met à serrer, cramponner, griffer celle de Marwin jusqu’au sang. Peut être que tu es encore en train de rêver Sarah.
Peut être que c’est un autre cauchemar.
C’est sûrement un autre cauchemar. N’est ce pas ?

This is Sparta.

Combien de fois avais-je essayé d’imaginer cette situation ?
Combien de scénarios étaient nés, combien de solutions toutes faites avaient été crées ?
Apparemment, pas assez pour calmer la panique sourde qui s’était emparée de moi.
Papa à l'aide.

La voix de Drew appela mon prénom. Une fois. Frisson. Horreur, stress, migraine – mon imagination défaillante était loin d’avoir calculé  tous ces détails, perçants, qui transformaient maintenant ce doux début d’après-midi en cauchemar. Apocalypse. C’est la fin, je vais mourir, mon cœur va tomber définitivement en poussière. Je  vais être ridicule,  niaise, insupportable.

J’ai peur j’ai peur j’ai peur.

J’ai peur de Drew qui veut me dire quelque chose – n’avais-je pas tout fait, tout dit ? n’avait-il pas tout le temps fui ? Pourquoi maintenant ? Incompréhension, délire. Alors que ma main ne peut quitter celle de Marwin, paralysée, collée. Alors que mes yeux n’arrivent pas à se détacher de cette attelle. Souvenirs, cauchemar, ne revenez pas, je n’ai pas besoin de vous. Disparaissez. De nouveau, je marche sur cette corde raide qui ne demande qu’à me pendre. Respire Sarah, ne te mets pas à trembler, vide ton esprit, réponds et règle la situation avant que tout ne soit perdu.  « Tu veux lui parler ? » -me dit doucement Marwin. Je lui lance un de ses regards désespérés, avant de secouer la tête par pur réflexe, me raccrochant stupidement à la chaleur de cette main – Marwin Marwin s’il te plait, sauve moi, emporte moi loin, cache moi juste le temps que je calme cette peur diffuse.

Acérée.

Comme la langue de Marwin, qui se met à devenir violente. Comme ses gestes. J’observe la scène yeux écarquillés - qu'est ce qu'ils se susurrent à l'oreille, oh, je veux savoir merde - retenant un glapissement d’horreur alors qu’il en vient aux mains. « Arrête ! » - je souffle difficilement, et vainement. C’est à peine si je m’entends moi-même, alors que je suis sans comprendre la tournure des événements.

Oh.
Oh là. On se calme. OH.

« J’ai dit arrête putain ! » - Ma voix commence à redevenir claire, alors qu’il saisit la main de Drew, cette main, et commence à la serrer – fort, trop fort. Le bruit des os craquants, ce jour au réfectoire, me revient à l’esprit et me brûle – je recommence à trembler. De peur certes, mais surtout de colère. Devant mon impuissance, devant ma stupidité, devant cette violence qui n’a pas lieu d’être. Devant Marwin qui ne sait rien, ne voit rien, ne calcule rien, qui se contente juste d’aboyer comme un chien.

Tais-toi.

« T’as couché avec elle ? Combien de fois ? »
Tais-toi bordel.

Je mords ma lèvre d’impatience, alors qu’il s’accroupit devant moi, sourcils fronçés, l’air de me reprocher quelque chose. Je.

« T'as couché avec c'te con ? Bien sur quelle question c'est débile...Combien de fois ? Y'a combien de temps ? T'es sur que tu sors plus avec lui ? J'croyai tu lui parlais plus depuis que vous avez "casser". Tu prenais bien ton pied quand tu couchais avec lui ? »

QSDSQDSDSDSQDSQD. Je vais le buter, je vais tous les buter, puis j’irai me tuer après, et comme ça tout sera réglé et ….
Les filles sont censées mettre des gifles. Personnellement, j’ai toujours préféré les poings. Le mien s’écrase contre sa joue, me faisant mal au passage, et j’en profite pour lui rajouter un coup de genou dans le ventre – avec un force de fille, oui, mais une force de fille enragée. PRENDS MON FALCON PUNCH, SALAUUUUUUUD.  Encore heureux pour lui, j’aurais pu l’émasculer sur place. Ce connard.

Me voilà debout maintenant, vibrante de colère.

« Mais tu vas fermer ta gueule oui ? Pourquoi t’es incapable de comprendre ? Comment tu peux être si con sérieux ? » - Je crie, ma voix en colère partant dans les aigus, s'éraillant, avant de se briser. Fatalement et lamentablement.

Je lui lance un regard noir, serrant les dents, avant de me tourner vers Drew, au sol.
Je ne peux pas l’aider à se relever, pas plus que je ne peux lui demander si tout va bien. D’ailleurs, je n’en ai même pas la patience. Ni le courage. Ni même l'envie. Ce n’est pas de lui dont je dois prendre la défense, c'est de moi. Alors je me contente juste de le dévisager, le reproche dans les yeux, alors que je lui crie à lui aussi ce que j’ai sur la conscience –

« Et toi Drew ! Combien de fois je t’ai laissé la chance de parler, combien de fois tu m’as ridiculisée ?! Je pense que j’ai été assez claire à ce sujet putain de bordel de merde ! »

Je ferme les yeux, poings serrés, respirant longuement afin de calmer les spasmes et tremblements qui me secouent.
Sans grand succès, je shoote dans la première chose qui se trouve à portée de mes pieds – mon livre, joli livre, cher livre en l’occurrence. Raaah mais quels chieurs, c’était un livre que j’avais acheté de mes sous pour une fois ! Je les haiiiiiiis.

Je croise le regard de Drew, et fait immédiatement volte-face vers Marwin.
« Quand est-ce que tu arrêteras de te comporter comme un putain d’animal ? »

Et comme si ce n’était pas évident, je me sens obligée d'ajouter.

« Vous me les broutez sérieusement ! »

Sarah, la colère ne te va pas au teint, arrête de parler à ces animaux et va-t-en. Deviens lesbienne aussi. Ca marchera peut être.
Peut être.