Non je ne mettrais pas cette tenue ! Je ne suis pas une fille !

Cela ne faisait pas longtemps que j'avais intégré le pensionnat Prismver et j'eu encore beaucoup de mal à m'intégrer et le fait que je ne voyais rien était à mon désavantage. Cependant, le directeur avait eu la sympathie d'accepter que j'emmène Haru avec moi et c'est ainsi que mon labrador, mon chien d'aveugle m'accompagna, même en cours.
Ce jour là cependant, j'entendis un brouhaha dont je n'étais pas habitué. Apparemment, plusieurs élèves avaient eu vent qu'il y avait un chien au sein du pensionnat donc tout le monde voulait le caresser, le trouvant mignon et je dû faire de mon possible pour rester sur mes jambes et ne pas être trop bousculé. Moi qui ne voulait pas attirer l'attention sur moi, c'était raté...

« Il est trop beau ton chien, comment il s'appelle ?
-Pourquoi tu as eu le droit de l'emmener à l'école, c'est cool !
-Dis, je peux le caresser ? Il est gentil j'espère ? »

Les questions fusaient dans tous les sens et je n'avais aucun moyen de repère, essayant de tourner la tête vers tous ceux qui me sollicitaient mais... Je finis par ressentir rapidement un certain vertige et je dû me pencher pour saisir mon chien pour ne pas m'aplatir par terre. Sentant sûrement mon malaise, Haru poussa un aboiement sec et me lécha la main, me signalant que tout allait bien, que je ne devais pas paniquer mais... C'était plus facile à dire qu'à faire malheureusement.
Sentant également le tremblement de ma main, mon chien se désintéressa bien vite de ses « admiratrices » pour venir me lécher le visage à grands coups de langue réconfortante, ce qui me fis rire quelques instants :

« Haru arrête ! Tu vas me tremper ! Je vais mieux maintenant, rassure toi »

J'entendis un petit couinement inquiet, qui me signala que mon chien ne me croyait pas et je me justifiais en caressant sa tête à tâtons, pendant que la sonnerie signalait la fin de la récréation. Aussitôt un autre brouhaha se fit entendre : celui des murmures et des pas pressés des élèves qui couraient pour rejoindre leurs salles de classe.
En y repensant, je me souvenais que j'avais cours moi aussi et, d'après ce que j'avais entendu venant d'une conversation d'un camarade de ma classe, la classe B devait avoir cours avec un certain professeur Sully et son cours devait avoir lieu dans la salle des cours située au quatrième étage du pensionnat :

« Je n'ai pas d'autres choix que de compter sur toi pour m'y emmener. Tu veux bien me guider, Haru ? Il faut monter au quatrième étage. Tu te souviens comment faire ? »

Un nouvel aboiement se fit entendre. Haru avait l'habitude de monter les escaliers et j'avais une confiance aveugle – sans mauvais jeu de mots avec mon état... - en mon animal. Cependant, j'étais nerveux en me demandant si le professeur Sully allait accepter mon chien dans son cours. Je l'espérais parce que je ne me voyais pas me séparer, même une heure, de lui.
D'ailleurs, je ne tardais pas à sentir Haru me tirer en avant me signalant qu'il fallait avancer. Prenant donc fermement la laisse dans ma main, je le suivis, me guidant à ses aboiements cours quand il s'agissait de monter les marches. Soudain, cependant, arrivé au troisième étage il me semble, enfin non... Il s'agissait du quatrième en fait, des éclats de voix se firent entendre : on se bagarrait apparemment dans les couloirs et je pus entendre un nom : Tom et ce nom me paru étrangement familier : serait ce un élève de classe B donc un de mes camarades de classe ? Quoi qu'il en soit, Haru aboya de nouveau sèchement :

« Oui, tu as raison Haru, ce ne sont pas mes affaires et nous devons nous dépêcher si je ne veux pas être en retard au cours de Monsieur Sully »

Mais, je ne constatais aucun mouvement de la part de mon chien qui, apparemment, n'avait aucune envie d'avancer. Étonné, je me demandais pourquoi mais je ne tardais pas à avoir la réponse à ma question en entendant des pas qui s'avançaient vers moi. Serait ce le fameux Tom ? Je n'en savais rien...
En plus, la salle de cours ne devait pas être loin... J'espérais ne pas m'avoir attiré de problèmes... 

Tout s'enchaina bien vite, tellement vite que je ne compris absolument pas ce qu'il venait de se passer. Bien vite, je sentis la main d'un garçon dans la mienne tandis que la laisse de Haru m'échappais également et qu'une voix masculine, sûrement la voix du propriétaire de cette main, me dis de ne pas m'inquiéter, qu'il allait me guider jusque dans la salle de classe et que je ne risquais plus rien parce qu'il les aura fait peur.
Évidemment, je pensais répondre quelque chose mais, une voix assez... Enjouée ne tarda pas à faire son apparition. Tellement enjouée même que j'eus l'impression de voir une fille débarquer. De plus, je ne connaissais pas notre professeur et je ne pouvais pas le voir alors... La première impression d'être en face d'une fille se confirma rapidement, mais, apparemment, il s'agissait bien du professeur parce que je l'entendis saluer chaleureusement les élèves qui répondaient, certains même un peu gênés par un « bonjour professeur ».
Soudain, cependant, tout s'arrêta et je n'entendis plus la voix enthousiaste du professeur. Que s'était il passé ? Je commençais légèrement à paniquer et osa un timide :

« Euh... Que se passe t i... »

Mais je n'eus pas le temps de continuer que le professeur semblait avoir reprit de la voix, manquant de me faire sursauter. Apparemment, il avait repéré mon chien. Haru poussa un grognement comme ennuyé du hurlement soudain, n'ayant pas l'habitude d'entendre un tel cri parce que, personnellement, j'étais, généralement, silencieux mais s'arrêta au bout du troisième aboiement, tandis que j'essayais de me justifier :

« Hem... Oui Professeur... Il s'agit de mon chien. Il s'appelle Haru et... Heureux d'entendre que... Qu'il vous plaise autant... »

étrangement, je me rendis compte que, même après tout ce temps, je n'avais pas lâché la main de Tom et je commençais à être réellement gêné. Peut être même le rouge me montait il aux joues ? Mystère puisque je ne pouvais pas m'en rendre compte... Mais, encore une fois, je n'eus pas le temps pour me poser ce genre de question.
En effet, même si je ne pouvais pas le voir, je pouvais sentir le raidissement du corps de Haru qui signifiait que quelqu'un s'approchait de moi et... Je manquais une nouvelle fois de sursauter parce que, j'avais beau être aveugle, je n'étais pas muet et encore moins sourd donc je pouvais entendre que ce professeur m'appelais... Son « chou à la crème » ?! Euh... Et bien euh... Je ne savais pas quoi répondre mais j'essayais quand même :

« En effet... Monsieur... Je... Suis nouveau et.... Je m'appelle... Eden Hope Patterson... »

Petit à petit même, je remarquais qu'au lieu de se retirer de celle de Tom, ma main avait la fâcheuse tendance de s'accrocher à elle même si cela m'embarrassais atrocement. En fait la vérité était que j'étais embarrassé par le simple fait d'embarrasser Tom également mais là... Tout allait trop vite et tout était trop... Bruyant d'un coup.
Puis je constatais que je n'avais plus la laisse d'Haru en main et me souvenais que c'était également Tom qui l'avait prise. J'allais lui demander de me la rendre lorsque je constatais un changement dans la voix du professeur qui allait pour surnommer Tom pareille que moi mais... Apparemment, il choisi de l'appeler par son prénom au dernier moment.
Bien que je ne comprenais pas tout ce qu'il se passait autour de moi, je lâchais timidement la main de Tom pour lui demander, sur un ton toujours pas très rassuré :

« Euh Tom je... Je te remercie de m'avoir guidé jusqu'ici... Vraiment mais... Est ce que je peux te demander de me rendre la laisse d'Haru ? Ce n'est pas contre toi mais... Je me sens plus assuré quand c'est moi qui tiens sa laisse »

Quelle horreur... L'intonation de ma voix résonnait comme celle d'une jeune fille timide et prude... Heureusement que je n'hésitais plus trop à la fin de ma réplique...    

Dites moi que ce n'était pas sérieux et que je rêvais parce que je n'en croyais pas mes oreilles. Comment un professeur pouvait  il se comporter comme ça ?... Enfin, tout d'abord il fallait que je me calme parce que je commençais réellement à paniquer. Était ce de la nervosité ou autre chose ? Disons sûrement le fait d'être privé de la vue et d'avoir les oreilles remplies de remarques hystériques de la part d'un professeur.... De couture ?!
Si j'avais pu écarquiller les yeux nul doute que je l'aurais fais malheureusement cela n'aura servi à rien. De plus l'homme... Ou la femme, je ne savais pas... Semblait tout comprendre de travers. Faisait il/elle exprès ? Encore une fois je n'en savais rien. Il y avait tellement de paramètres que je n'arrivais pas à comprendre...
Mettre mal à l'aise mon chien ? A l'entente des aboiements agacés de Haru, s'était fort probable oui... Heureusement pour le professeur que mon chien ne soit pas de nature agressive parce qu'il lui aurait sans doute mordu la cheville. Enfin, Haru était un labrador et, généralement, cette race de chien était de nature calme et compréhensive.
D'ailleurs, toujours en me fiant à mon ouïe maintenant développée, je pus entendre comme quelque chose qui fouettait calmement le sol. Apparemment, Haru agitait la queue en réponse à quelque chose : une caresse peut être ? Puis, un aboiement sec mais non agressif, je dirais même assez joyeux, comme s'il remerciait le professeur dont la voix se fit plus proche. Peut être ses paroles m'étaient elles adressées ? J'en eus rapidement la réponse.
L'homme/la femme, se présentait comme étant mon professeur de couture et... Comment ça accessoirement mon styliste ?! Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour tenter de le contrôler, je sentis de nouvelles rougeurs apparaître sur mon visage. Comment ça j'étais très mignon ?... C'était gentil mais il ne fallait pas en rajouter de trop non plus... :

« Je suis... également enchanté... Professeur... Mais je ne pense pas avoir besoin d'un... Euh... Styliste... Et puis votre compliment me... Touche même s'il est un peu... Embarrassant, je dois l'avouer... Enfin... Merci quand même... »

Je ne savais pas trop où me mettre et nous n'étions pas encore installés à nos tables. Étions nous même entrés dans la salle de cours ? A l'entente des élèves qui murmuraient et qui chuchotaient entre eux je ne pouvais le dire mais j'avais remarqué que Tom m'avais redonné la laisse d'Haru. Je remerciais alors le jeune homme d'un sourire bien que j'eus un peu de mal à le repérer, malgré le son de sa voix : en effet, la voix hystérique du professeur couvrait toutes les autres.
Enfin, un peu plus rassuré, je pliais un genou pour être à la hauteur de mon chien dont je caressais le dos tandis que le professeur s'adressait à Tom en comprenant encore de travers ce qui réussis à me faire rire. Finalement, malgré son coté hystérique, ce professeur était amusant. En effet, croire que c'était mon chien qu'il fallait habiller, il fallait le faire. Soudain, je fus pris d'un fou rire que j'essayais de contrôler en enfouissant mon visage dans le pelage de mon chien qui poussa un petit couinement surpris.
Quelques minutes plus tard, je relevais la tête, toujours un genou sur le sol et m'excusais auprès du professeur entre deux rires :

« Excusez moi... Professeur... Loin de moi de... Me moquer de vous mais... Je dois avouer que votre fausse interprétation était amusante... Rassurez moi... Vous avez fait exprès de nous faire croire que vous aviez compris que c'était mon chien qu'il fallait habillé ?... Vous nous avez fait une blague n'est ce pas... »

J'étais loin de me douter qu'il était sérieux et je croyais toujours à une blague quand je voulu me relever. Malheureusement, je dû avoir un moment de faiblesse parce que je me sentis partir en avant, pour atterrir sur un torse masculin. Avais je atterrit sur Tom ? Je n'en savais rien mais j'étais de nouveau, terriblement gêné