Rencontre avec le Diable [PV Avril]

Lorsque la sonnerie retentit, je sursaute de ma chaise. La journée est passée avec une rapidité exceptionnelle. Je n'ai pas vu le temps passer. Pourtant, rien de spécial ne s'est passé aujourd'hui. Tout en rangeant mes affaires, je réfléchis à une éventuelle occupation jusqu'au dîner. Je pourrais aller traîner en ville. Ou alors, jouer un peu de violon. Je peux aussi aller faire un peu de basket. Les choix se multiplient à une vitesse affolante. Au final, je ne sais pas quoi faire. Je sors de la salle de classe en adressant un joyeux "au revoir" au professeur. C'est toujours un soulagement lorsque les cours prennent fin.

Indécis, je décide de vagabonder dans le pensionnat. Les couloirs sont remplis par les élèves. Il faut mieux que je sorte. Après avoir descendu les escaliers, je me retrouve au balcon. Cet endroit est toujours bondé de monde, malgré que c'est à l'étage des E. J'y vais souvent. Mon éternel sourire scotché aux lèvres, je cherche une place des yeux. Je tombe sur un spectacle des plus étonnants. Une fille qui frappe un garçon. Une fille qui frappe un garçon... J'ouvre de grands yeux étonnés. Depuis quand une fille ça tape un mec ? Surtout que l'individu masculin a l'air en mauvaise posture. Très mauvaise même. On dirait qu'il a un œil au beurre noir. J'aurais pu rire, mais ça m'effraie. Ce spécimen est en train de bouleverser l'image que j'ai de l'espèce féminine. J'approche prudemment et observe la scène d'un œil curieux et craintif.

« C'est pas bien de taper les gens, tu sais ? »

La fille se retourne en m'adressant des yeux meurtriers. Malgré la crainte que m'inspire son regard, je ne peux m’empêcher de la détailler. Cheveux rouges flamboyants, yeux rouges flamboyants, vêtements rouges flamboyants... Deux secondes, tout est rouge chez elle ? Après une très courte réflexion, je me rends compte que non. Sa peau n'est pas rouge. Je ris, mais seulement intérieurement et pendant juste un instant. Parce qu'elle m'adresse la parole, et pas sur un ton amical. « Toi, tu tiens pas à la vie. ». Je déglutis difficilement, mais par pur honneur, je reste devant elle et ne prends pas mes jambes à mon cou.

Je la vois s'avancer vers moi. Elle ne le sait sûrement pas, mais là elle ressemble à une psychopathe. Elle me fait peur. Vraiment peur. Avant que je puisse prendre une décision, elle me frappe. C'est un coup de poing que je me souviendrais toujours. Je n'ai pas pu l'esquiver. Je tombe à terre, K.O. Elle m'a cassé le nez. J'en suis persuadé. Une fille m'a frappé. À marquer dans les annales de l'Histoire. Je reste allongé un moment avant de me relever d'un bond en me tenant le nez.

« Putain, ça fait mal ! »

J'ai les larmes aux yeux. Et une vengeance à accomplir, à l'occasion. Un regard semblable au sien, je fonce sur elle et lui lance un coup de pied à la mode ninja. Genre « Wataaa ! ». Au pire, si elle l'esquive, je lui brûlerais ses cheveux. Je la rendrais chauve. À cette idée, je me mets à rire comme un psychopathe. Je suis fou et j'assume.

Je me bats rarement. Je ne me suis jamais battu contre une fille. C'est étrange. En temps normal, j'aurais eu l'impression de faire quelque chose de mal, mais là c'est différent. Elle m'a provoqué. C'est elle qui est en tort. Je crois. Et puis, de toutes façons, niveau corpulence je suis beaucoup plus massif qu'elle. J'ai plus de muscles. Je lui donne un coup de pied, ninja style. Elle se le prend en pleine figure et je ne peux m'empêcher de rire malgré la situation. C'est ce qu'on appelle un headshot. La plupart du temps, ça met un ennemi K.O. J'aurais dû faire plus attention. Vraiment. Elle a un sac dans les mains et j'aurais dû me douter qu'entre les mains de ce monstre, ce sac de cours peut se transformer en arme fatale.

Je me prends le sac dans la tête alors que j'étais en train de rire. Elle m'a stoppé dans ma scène rire psychopathe. Je vais lui faire ravaler son sac. Les garçons gagnent toujours dans les bastons. C'est un axiome. Mais je commence à douter de ce principe : les filles ne sont pas sensées se battre. Tandis que je me masse le visage pour faire passer la douleur, elle passe derrière moi et me donne un coup dans le dos. Je tombe au sol la tête la première. C'est un monstre. Il n'y a pas d'autres explications. Je me relève, une expression furieuse au visage. Elle ose profiter d'un de mes moments de faiblesse. Sûr de moi, je tends les mains vers elle avant qu'elle ne me saute dessus pour me frapper et crie :

« Arrière, mauvais esprit ! »

Je fais apparaître une flamme entre mes mains. Parfois, maîtriser son don peut s'avérer vraiment pratique. Un sourire malsain aux lèvres, je l'observe. Intérieurement, j'espère qu'elle sera effrayée par ma démonstration de puissance. Y a intérêt.