Retenue et baignade △ PV PEPPER ♥

« Noooooooon ! NO WAY ! » Parce-que non, elle n’allait pas participer à ce parcours de santé POURRI, sous la pluie, dans la boue, à escalader des obstacles dégueulasses et se jeter par terre pour les beaux yeux du prof. NO-WAY. Alors il avait râlé, elle avait râlé. Il avait gueulé, elle avait gueulé. Il l’avait collée, elle avait boudé. Parce-que c’était loin d’être la première fois qu’elle ne voulait pas se salir en cours de sport. Ok, ce prof était adorable, mais pas au point de dégueulasser ses fringues (déja qu’il avait fallu acheter une tenue de sport...), ni de se casser les ongles. Alors, elle se faisait engueuler, sans jamais aucune conséquence. Sauf aujourd’hui. La fois de trop. Une heure, juste une heure. « Pour le bien de ta mentalité »avait-il dit. Pff. Comme si elle avait une façon de penser étrange. Il n’y avait rien d’étrange à vouloir rester belle et classe en toute circonstance.

D’ailleurs, c’est chaussée d’escarpins rouges, de son uniforme, sans la veste, et de maquillage qu’elle exécutait son heure de colle. Une longue queue de cheval attachait ses longs cheveux bouclés, descendant encore presque au milieu du dos. Sur la pointe d’un pied, difficilement, elle manipulait la longue perche, nettoyant la surface de l’eau. Celle-ci rendait la manoeuvre difficile, pour des petits bras comme les siens, si peu musclés (si seulement elle acceptait de se salir de temps en temps, elle ne serait pas si ridicule côté muscles). Elle pestait intérieurement contre le gardien qui passait, repassait, la surveillant d’un mauvais oeil. Elle était persuadée que ce sale pervers dégueulasse essayait de jeter un oeil sous sa jupette, trop courte pour l’occasion. Chaque mouvement faisait retentir ses bijoux, faisait glisser ses cheveux le long de ses épaules, soulevait sa jupe qui, d’accord, admettons-le, était mise haute sur la taille pour être plus courte que la normale. Quoi, y’a pas de mal à vouloir être sexy.

« Bonjour Pepper. » Un sursaut, un cri étouffé, alors que ses petites mains s’étaient cramponnées à la perche. « Han... Nemesis... C’est toi... » Un souffle. Elle avait cru que c’était l’autre pervers la, tout à coup, si proche d’elle. « Qu’est-ce que tu as bien pu faire pour écoper d’une tâche aussi fatigante, dis moi ? » Elle grommela, racontant à Nemesis le cours, le parcours, la boue, tout ça. « C’est déja insupportable de porter un jogging, alors courir, et sous la pluie... » Elle était bien consciente de passer pour une pimbêche. Pour une fille superficielle, tout ça. Peut-être même que Nemesis la trouvait ridicule. Qu’importe. A la seconde ou il eu le regard détourné, elle détacha un bouton de sa chemise, imperceptiblement, et continua son travail l’air de rien. « Et toi, c’est pas hasard si t’es là j’imagine... ? » Ironie. Fausse innocence. A chaque fois qu’elle avait besoin de déplacer ses mains sur la perche, elle le faisait d’une façon très suggestive, doigts tendus, mains souples, glissant d’une toute autre façon qu’il y a dix minutes. Cependant, elle ne posait pas les yeux sur lui. Etre provocante sans être vulgaire. Tout en finesse, en suggestions. D’un petit sourire amusé, elle fit quelques pas pour atteindre une autre saleté, roulant des fesses à en faire rougir le gardien qui n’avait, lui, pas eu le droit à se spectacle. Ses yeux, de temps à autre, glissaient sur Nemesis. Elle haussa un sourcil, attendant sa réponse, le regardant alors qu’elle se penchait légèrement, maintenant la perche avec fermeté.

Nemesis était affalé sur sa chaise, mains dans les poches, à révasser alors qu’elle lui expliquait ses misères. Hey nan mais oh ? Tu te réveille oui ? Allô ? Elle pestait intérieurement, pas franchement convaincue qu’il l’écoutait. Goujat. « On dit pourtant que la boue c’est bon pour la peau. » Elle entrouvrit les lèvres, surprise, l’homme mettant fin à ses pensées négatives. Non seulement il l’écoutait, mais en plus, il s’y connaissait un minimum; du moins, sa remarque - pour un homme - n’était pas profondément débile. « ... Je ne suis pas superficielle au point de profiter des cours de sport pour me faire mon bain de boue hebdomadaire. » Elle lui tourna le dos, levant le menton, comme une petite fille capricieuse et boudeuse, reprenant son travail de sorte à être dos à lui. Elle s’épuisait les bras, à aller chercher à chaque fois les saletés au plus loin pour ensuite les sortir de l’eau. Pas la meilleure méthode, en effet, mais Pepper n’était pas d’une intelligence remarquable, ce n’était un secret pour personne, quoi qu’on ait déja vu bien pire qu’elle.

« Et toi, c’est par hasard si t’es là j’imagine… ? »
« Je voulais piquer une tête mais j’ai oublié mon maillot, alors je vais simplement me contenter de te surveiller.»

C’est qu’il se fouttait d’elle en plus. Lui adressant un regard courroucé, elle lâcha un simple « Tsss » en se remettant à sa tâche. Silence. Lui était dans ses pensées, mais également dans celles de la jeune fille. Elle avait beau rêver de lui, elle avait beau fantasmer sur lui, elle avait beau parler de lui à qui voulait l’entendre, elle en restait une fille, une fille très susceptible. Nemesis, qu’il le fasse exprès ou non, avait le don de la faire se sentir stupide. Son âge, sa maturité, ses réponses trop directes, trop franches. Bien souvent, elle se retrouvait à faire une moue boudeuse, comme à cet instant, pour pas grand chose. Comme une petite fille qu’on essaie de convaincre que le père noël n’existe pas, alors qu’elle veut y croire dur comme fer.

A quoi voulait-elle croire ? A lui. A eux. Elle le voulait. Et le voir si détaché, en réalité, c’est ça qui la rendait agacée. Ignorée, et considérée comme une cruche. Parfait Pepper, combot parfait. Elle lâcha un long soupir.

«Il faudra qu’on m’explique un jour comment les femmes peuvent travailler avec des chaussures pareilles.» Mon pauvre, les filles sont tellement supérieures aux mecs, en tout points. Le pouvoir. Le girl power. Ce après quoi Pepper courrait. Pouvoir faire craquer un mec en un claquement de doigt. Oh, elle y arrivait avec ceux de son âge, Dwayne, son petit ami, en était la preuve. Bon, leur relation n’était pas exactement ce qu’on imaginait, mais bref - elle aurait tellement aimé être une de ces femmes parfaites. Celles qui font fantasmer tout les hommes. Celle sur qui fantasmerai Nemesis. Quelle pouvait être ce genre de femme ? Comment se comportait-il avec les femmes de l’établissement ? Préferait-il les blondes ? Les brunes ? Il y en avait des jolies. Des très jolies. Pepper pesta intérieurement contre Betsabe, la cuisinière au physique parfait. Elle l’admirait tellement. Mais alors qu’elle était dans ses pensées, à un tel point qu’elle ne faisait même pas attention à Nemesis, elle sentit celui-ci derrière elle, l’enlacer, posant ses larges mains, puissantes et viriles,  sur les siennes, si petites, si frêles. Sa bouche pulpeuse, maquillée de rouge s’entrouvrit, alors que sa respiration se coupait. Plus de pensée. Plus aucune. Elle sentait la chaleur sous son visage, devinant celui-ci rouge pivoine. Heureusement qu’il était dans son dos... Elle l’y sentait, entièrement. Son torse, contre son dos, ses épaules autour des siennes. Son bassin près de son fessier, sans le toucher toutefois. Elle déglutit difficilement. Elle ne tenait même plus la perche, ayant perdu tout à coup toutes ses forces. Ses yeux fixaient ses mains sur les siennes. Ses mains. Elles étaient magnifiques. Des mains d’homme. Oui, Pepper avait ce truc avec les mains des gens. Et dans celles de Nemesis, chaque os, chaque muscle exprimait son âge mur. Sa virilité. Le coeur de la jolie fleur s’emballait, alors qu’elle sentait son souffle près de son oreille. Pouvait-il, grâce à son don, sentir ses pulsations ? Elle ne l’écoutait pas. Elle entendait sa voix, sans en saisir le sens. Elle sentait son odeur, également. Son odeur corporelle, unique à chacun. Celle de Nemesis était la perfection. Elle en était totalement accro, au point de respirer fort à chaque fois qu’il la frôlait, au quotidien. Cette odeur d’homme. Son odeur à Lui. Elle cligna des yeux, totalement décontenancée.

Alors, sa main, sa magnifique main vint se poser sur sa taille. Electrique. Un frisson parcouru son corps entier. Explosion. Ce contact, si simple. Bon sang. Comment pouvait-il lui faire tant d’effet ? Elle déglutit de nouveau, la gorge sèche, pétrifiée, cramponnée à la perche, désormais. Alors, trop vite, beaucoup trop vite, le contact disparû. Sa main la quitta. Non. NON NON NON. Pourquoi. Voila. La fin. la fin d’un instant parfait. Sa vie ne serait plus jamais aussi intêressante  que ces quelques secondes de perfection, ou tout ses sens, son coeur, son esprit et son âme s’étaient retrouvés noyé dans le bonheur. Elle cligna des yeux, acquiesçant à la question qu’il venait de lui poser, sans même se souvenir, déja, de ce qu’elle était.  Chaud. Il faisait beaucoup trop chaud. « Et tu devrais enlever tes chaussures. C’est pas vraiment prudent. Tu risques de glisser et de te faire mal. Ou pire encore. Glisser, te cogner, tomber dans l’eau et te noyer. » Elle cilla, et après quelques secondes nécessaires pour revenir sur la planète Terre, elle acquiesça de nouveau. Oui. oui, les chaussures. Elle confia la perche à Nemesis, la lui posant directement entre ses mains, son regard s’attardant encore un instant sur elles. C’était peut-être ce qu’elle préférait en lui. Stupide hein ? Bah voila, merde. Hésitant une seconde, elle posa sa main sur l’épaule de Nemesis, se hissant sur un pied pour ôter son escarpin.

Son épaule. Sa peau chaude, dessous. Elle inspira discrètement et leva son regard azur dans le sien. Et parce-qu’elle n’était pas qu’une petite pucelle innocente, elle maintint son regard dans le sien. Elle n’avait pas peur de l’affronter. Chaque seconde passée dans ses yeux faisait battre son coeur plus fort, mais qu’importe. Elle voulait faire passer des choses dans ce regard. La fierté. La maturité. Le défi. Elle ôta son second escarpin, et alla les poser soigneusement sous un banc, le quittant des yeux sans un mot, et toujours avec cette petite moue fière. En revenant, elle s’attachait les cheveux en un chignon à la fois compliqué et désordonné, des mèches s’en échappant, et encadrant son visage, de part et d’autre de sa frange. Pieds nus, elle avait perdu près de quinze centimètres. Elle dépassait à peine les épaules de Nemesis. Qu’importe, elle se devait de trouver un autre moyen d’être sexy. Toujours. Attrapant le bas de sa chemise en deux endroits, elle les noua ensemble, dégageant son ventre à l’air libre. Excuse parfaite : il faisait toujours diablement chaud autour des piscines, et de toute manière, c’était la réalité, elle mourrait de chaud. Mais la cause n’était pas extérieure... « Merci. » Lâcha t-elle simplement, récupérant la perche sans lui adresser un regard, la tête toujours légèrement levée, hautaine, ridiculement hautaine, puisqu’il faisait une tête de plus qu’elle. Sans un regard pour lui, elle reprit son travail, réussissant, étonnement, à se souvenir de ses conseils, et les appliquant.