La tête en l'air~
ft. Takagi Harisawa
Ferme les yeux, inspire, gueule. Déchaîne toi ; à t’en briser les cordes vocales, jusqu’à ne plus avoir de souffle. Cela fait du bien, pas vrai ? Après, tu peux t’affaler, là, dans l’herbe fraîche, fermer les yeux, rire comme un con ; après, tu vas mieux, tu te sens libéré d’un poids. Toute ta peine, ton malaise, ton stress ; tout cela part, quand tu gueules un bon coup.
Eden, n’était réellement pas le style à stresser, à se sentir mal-à-l’aise à être triste et à ne rien faire, à déprimer dans son coin. Là, étalé de tout son long dans cette verdure, il riait, tellement, il riait. Il gueulait des trucs, sans queue ni tête ; il était bien. Il paraissait fou ? Et alors ? Encore un autre visage, Eden… ? Non, tu es toi ; tu te sens bien, tu es toi-même, comme si tu t’étais enfin trouvé. Il savait bien que ce n’était pas le cas ; cet état n’était que passager, mais tout de même. Il se régalait.
Ce qu’il avait fait avant ? Qu’est-ce qu’on en à faire ? On est bien, là, maintenant ; il est bien, là maintenant, et rien d’autre ne compte. Il chantonnait des comptines pour enfants, pensait à voix hautes, récitait ses cours, insultait ouvertement ceux qui l’emmerdait et critiquait dans le vide ; il riait tout seul, se rappelait ses tâches à faire, dans l’immédiat, faisait même son emploi du temps. Là, allongé en étoile. Il faisait du yaourt ; une chanson française qu’il avait entendu plus tôt il ne savait plus où et qui ne l’avait plus lâché depuis. Ouais, vous l’aurez compris, il avait l’air con, fou, ce mioche étalé dans l’herbe à parler tout seul, tel un déluré ou un schyzo’. Mais comme il se sentait bien, il en avait rien à battre; et puis, il était surement seul à 3km à la ronde.
Tu es bien, là, hein ? Oui, mais rien n'est éternel; Eden, lèves toi. Eden, cours. Eden, avance !
Comment ? Oh, non, rien de bien triste; il était heureux, étrangement; bon, c'est vrai que depuis qu'il était arrivé à Prismver sa vie était devenue un véritable bordel, mais il était bien. Il avait découvert la vie, la vraie,
auchan et grandissait. Mais voilà; Eden, restait fixe à un point, il savait pas faire, il savait pas. Il devait bouger, faire quelque chose, courir, avancer ! Alors, au bout d'un moment, il se releva, chopa son sac et se paya le sprint de sa vie; où il allait ? Mystère et boule de gomme. Il courait pour courir, hein, pas pour aller quelque part en particulier. De toute façon, ç'aurait été inutile; il se perdait tout le temps. Et il avait la banane, ce gosse qui courait, au point de ne plus réussir à respirer correctement.
TIENT, UN TOIT. C'EST COOL UN TOIT. Ouais, on ellipse un peu, hein, on va pas parler pendant une heure de son errance qui le conduisit finalement à cet endroit merveilleux le plus près du ciel de l'établissement. En plus, ce toit là, l'est un peu à l'écart, bonheur et tranquillité assurée; pas la tasse de thé d'Eden quoi, mais avec la pêche qu'il avait, il était près à courir le plus vite possible afin d'atteindre rapidement le sommet et de battre un record stupide et dont lui seul aurait pu avoir l'idée. Il arriva assez vite, donc, complètement mort, et défonça la porte -enfin non, il s'était appuyée dessus et il s'était avéré qu'elle était ouverte, nuance. Et il s'était étalé de tout son long sur le dur sol. Et encore, s'il avait été seul, cela aurait été moins humiliant... Ouais, mais cela n'était pas le cas. Et il se redressa rapidement, sans le voir, gueula un truc du genre "
ON A RIEN VU" avant de se tourner face à la--... vue... Ah. Merde. Il était VRAIMENT PAS seul en fait. Et on avait SUREMENT TOUT vu. Bon, continuons sur la voie de l'imbécile heureux. Enjoy.
"
Euuuh... Salut ?"